[ page principale | nouveautés | La Bible | la foi | sujets | études AT | études NT | Index auteurs + ouvrages + sujets ]

 

Henri Rossier — Courtes méditations

 

 

Trois Demeures — Psaumes 71 * 84 * 27

H. Rossier — Courtes méditations — n°32 [28 bis]

ME 1923 p. 77-80

Aussi longtemps qu’il est dans ce monde, le chrétien a trois demeures fixes et inébranlables. Nous disons «fixes», parce que ce qui caractérise son pèlerinage, c’est une tente, dressée jour après jour, dans le désert. Dans ce sens, la tente nous suffit, comme aux patriarches. Nous savons qu’elle n’est pas durable, qu’elle peut-être détruite d’un moment à l’autre, mais nous savons aussi que déjà notre domicile éternel est préparé dans les cieux, dans la personne d’un Homme ressuscité et assis, comme tel, à la droite de Dieu.

Les trois demeures dont nous parlons sont tout autre chose. Pendant qu’il traverse le monde, le chrétien a un lieu de refuge, un lieu de repos, un lieu de délices, lieux entièrement en dehors des limites de cette création, et par conséquent célestes ; or c’est de ces demeures-là que nous désirons dire quelques mots.

Le Psaume 71 nous parle de la première. Comme le croyant dans ce Psaume, nous, chrétiens, nous sommes menacés, pendant le voyage, de dangers de toute espèce, dangers suscités par Satan, et dont il cherche à faire usage pour nous perdre. Ces dangers sont une menace de chaque instant pour notre vie spirituelle. Au dehors, les ennemis nous environnent, prompts à nous assaillir : la haine, la tribulation, les obstacles ; — au dedans, d’autres ennemis nous assaillent, par le moyen des convoitises que le monde nous offre pour nous faire succomber, si nous prêtons l’oreille à ses appels. Ces ennemis sont de tous les instants. Comment leur échapper ? «Viens, mon peuple, dit le Seigneur ; entre dans tes chambres et ferme tes portes sur toi ; cache-toi pour un petit moment» (És. 26:20). Il nous faut avoir un refuge assuré contre le danger. C’est ce que nous voyons dans ce Psaume 71. Ce refuge est Dieu lui-même : «Sois pour moi un rocher d’habitation, afin que j’y entre continuellement ; tu as donné commandement de me sauver, car tu es mon rocher et mon lieu fort». Quelle sécurité ! Du moment que nous nous réfugions dans cette forteresse, nous pouvons être certains d’y trouver une consigne absolue donnée en notre faveur, une délivrance, un salut inébranlable. Ce rocher nous offre une habitation ; il nous faut y «entrer continuellement». Dès qu’un danger surgît, il nous faut courir à Dieu lui-même, notre refuge. Il garde toujours la même valeur, depuis notre naissance spirituelle, à travers toute notre jeunesse et jusqu’aux cheveux blancs (v. 5-6, 17-18).

Il y a sans doute, outre un refuge à chercher, un combat à livrer à ciel ouvert, et pour lequel nous avons à revêtir l’armure complète de Dieu ; mais ce dont nous parlons ici, c’est des ennemis embusqués, nous guettant pour nous faire tomber dans la fosse, et non pas du combat en rase campagne. Résistons à l’ennemi quand il se démasque ; fuyons devant les ennemis embusqués, pour nous réfugier en Dieu dans la forteresse qui nous offre une sécurité absolue. Le danger passé, nous pourrons en sortir pour vaquer à d’autres devoirs, mais le moment d’après il nous faudra peut-être en reprendre le chemin. Ne nous est-il pas dit : «afin que j’y entre continuellement» ? Cette entrée est pour nous la confiance, la prière, un recours continuel à Celui qui est notre gardien et notre force.

Le refuge nous offre ainsi une sécurité de chaque instant.

Au Psaume 84 notre trouvons la seconde demeure. Ce n’est plus la forteresse ; c’est le temple qui n’est pas un lieu de refuge, mais un lieu de repos, après lequel soupire une pauvre âme craintive et que le moindre souffle agite. Dans le temple, dans ces parvis de Dieu, le croyant trouve une double source de repos : D’abord le repos fondé sur la personne du Fils du Dieu vivant qui, après avoir achevé son oeuvre en notre faveur, nous a devancés et s’est assis à la droite de Dieu — ensuite le repos fondé sur l’oeuvre elle-même, sur le sacrifice de Christ, sur les autels de Dieu. À cette oeuvre il ne reste rien à ajouter, puisque Dieu lui-même y a trouvé Son repos.

Le résultat de l’habitation dans ces aimables demeures et du repos dont l’âme y jouit, c’est l’adoration ou le Culte : «Bienheureux ceux qui habitent dans ta maison ; ils te loueront sans cesse !» (v. 4).

Au Psaume 27, nous trouvons la troisième demeure. Ce n’est plus le temple et ses sacrifices, mais le lieu secret du temple, la «loge» de la maison de l’Éternel, le lieu très saint. C’est une demeure beaucoup plus intime que les «parvis» de l’Éternel : une merveilleuse habitation ! Le croyant ne demande qu’une seule chose, c’est d’y habiter tous les jours de sa vie, et non pas de s’y réfugier à l’occasion. Il veut y contempler «la beauté de l’Éternel» et «s’enquérir diligemment de Lui dans son temple». Il faut pour cela un travail soigneux et continuel, une étude heureuse, une activité spirituelle constante, mais qui n’a rien de difficile ni de décourageant. L’âme est abreuvée au fleuve des délices de Dieu qui est Christ.

C’est plus que le repos, c’est la communion, un état dans lequel l’âme est pleinement à l’unisson de tous les sentiments, de tous les désirs, de toutes les joies du Père et du Fils. Rien n’est plus élevé dans la vie chrétienne. Nous en avons parlé longuement ailleurs (*).

(*) Communion et Psaumes de communion, par H.R. — Bibliquest : voir index des études bibliques sur l’Ancien Testament, à Psaumes

Remarquez que, lorsque vous avez la Communion, vous avez aussi tout le reste. La communion nous donne un refuge assuré contre toutes les entreprises de l’ennemi : «Car, au mauvais jour, il me mettra à couvert dans sa loge, il me tiendra caché dans le secret de sa tente, il m’élèvera sur un rocher. Et maintenant ma tête sera élevée par-dessus mes ennemis qui sont à l’entour de moi» (v. 6). — De même la communion est à la base du culte et de l’adoration : «Et je sacrifierai dans sa tente des sacrifices de cris de réjouissance ; je chanterai et je psalmodierai à l’Éternel» (v. 6).

Les ennemis, les dangers de la route, ne pourront jamais abattre celui qui est en communion avec le Seigneur et demeure dans le lieu secret de son tabernacle — son repos ne pourra jamais être troublé et son culte sera digne de son Objet !