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Job

G. André

 

 

Table des matières abrégée

1      Introduction

2      Prologue (ch. 1-3)

3      Les débats de Job et de ses amis (ch. 4 à 26 = 23 chapitres)

4      Le monologue de Job (ch. 27 – 31)

5      Élihu (ch. 32 – 37 = 6 chapitres)

6      L’Éternel répond à Job (ch. 38 – 41)

7      La fin du Seigneur (ch. 42)

 

 

Table des matières détaillée

1      Introduction

2      Prologue (ch. 1-3)

2.1       Job et sa famille : La prospérité (1:1-5)

2.2       Satan

2.2.1        La première scène dans le ciel (v. 6-12)

2.2.1.1     Satan, l’adversaire

2.2.1.2     Les coups frappant Job (v. 13-19)

2.2.1.3     La réaction de Job

2.2.2        La deuxième scène céleste (2:1-6)

2.2.3        Les trois amis (v. 11-13)

2.3       La détresse de Job (3)

3      Les débats de Job et de ses amis (ch. 4 à 26 = 23 chapitres)

3.1       Première série, chapitres 4 - 14 (11 chapitres)

3.1.1        Premier discours d’Éliphaz (4 - 5)

3.1.2        Première réponse de Job (6 - 7)

3.1.3        Premier discours de Bildad (8)

3.1.4        Deuxième réponse de Job (9 - 10)

3.1.5        Premier discours de Tsophar (11)

3.1.6        Troisième réponse de Job (12 - 14)

3.2       Deuxième série, chapitres 15 - 21 (7 chapitres)

3.2.1        Deuxième discours d’Éliphaz (15)

3.2.2        Quatrième réponse de Job (16 - 17)

3.2.3        Deuxième discours de Bildad (18)

3.2.4        Cinquième réponse de Job (19)

3.2.5        Deuxième discours de Tsophar (20)

3.2.6        Sixième réponse de Job (21)

3.3       Troisième série, chapitres 22 - 26 (5 chapitres)

3.3.1        Troisième discours d’Éliphaz (22)

3.3.2        Septième réponse de Job (23 - 24)

3.3.3        Troisième discours de Bildad (25)

3.3.4        Huitième réponse de Job (26)

4      Le monologue de Job (ch. 27 – 31)

4.1       Chapitre 27

4.2       Le chapitre 28 met en contraste l’habileté de l’homme (v. 1-11) et la sagesse de Dieu (v. 12-28).

4.3       Chapitre 29 — Autrefois

4.4       Chapitre 30 — Et maintenant

4.5       Chapitre 31 — Protestation de pureté et d’intégrité

5      Élihu (ch. 32 – 37 = 6 chapitres)

5.1       Élihu se présente (32, 33:7)

5.2       Le but de Dieu dans la discipline (33:8-33)

5.3       Élihu justifie Dieu (34)

5.4       Dieu est plus grand que l’homme dans son orgueil (35)

5.5       Encore des paroles pour Dieu (36 - 37)

6      L’Éternel répond à Job (ch. 38 – 41)

6.1       Que va dire Job quand il entend la voix de l’Éternel lui-même ?

6.2       La première réponse de Job (39:36-38)

6.3       Deuxième réponse de l’Éternel

7      La fin du Seigneur (ch. 42)

7.1       Deuxième réponse de Job : son repentir (42:1-6)

7.2       La restauration de Job (42:7-17)

 

 

 

 

1                    Introduction

Job fait partie des livres de la Bible dits « poétiques », comme les Psaumes, les Proverbes, l’Écclésiaste, le Cantique des Cantiques, auxquels s’ajoutent les Lamentations de Jérémie. On les a aussi appelés « livres de l’expérience ». C’est particulièrement le cas de Job, qui nous conserve l’expérience d’un homme, comme, des siècles plus tard, Romains 7:8-25 présentera l’exercice profond et tout à fait personnel de tout croyant asservi à la loi et au péché, qui trouve la libération en Christ.

L’écrivain du livre est inconnu. On peut remarquer qu’il n’y est fait aucune allusion à la loi ; l’holocauste offert pour les péchés éventuels des fils du patriarche n’est pas celui du Lévitique, puisque cette offrande était entièrement pour Dieu, tandis que d’autres sacrifices répondaient au péché ou au délit. Nous en avons la contrepartie en Romains 5:12-14 où « le péché » (la transgression) n’est pas mis en compte tant qu’il n’y a pas de loi ; d’ailleurs on ne trouve pas dans la Parole une mention expresse de sacrifice pour le péché jusqu’à ce que la loi soit donnée.

Il est intéressant de relever que Job est nommé simultanément avec Noé et Daniel en Ézéchiel 14:20 ; en Jacques 5:16 sa patience est spécifiquement mentionnée ; en 1 Corinthiens 3:19, un texte de Job est cité (5:13). N’en peut-on pas conclure que l’homme a vraiment existé et que son livre fait partie de l’ensemble de la révélation ?

Notons en passant, à propos de l’inspiration de l’Écriture (2 Pierre 1:21 ; 1 Cor. 2:13, etc.) que les paroles prononcées par Satan ou les amis de Job, par exemple, ne sont pas en elles-mêmes inspirées, mais bien le récit qui nous les rapporte.

 

Pour ceux qui désirent étudier ce livre de plus près, signalons :

W. Kelly « Entretiens sur Job »

J.N. Darby « Études sur la Parole : Job »

C.H.M. « Job et ses amis »

C. Stanley « La conversion de Job »

 

2                    Prologue (ch. 1-3)

 

2.1   Job et sa famille : La prospérité (1:1-5)

Quatre qualités sont relevées chez Job : il était parfait (un homme à qui rien ne manque), droit, craignant Dieu et se retirant du mal. Sa connaissance de Dieu était limitée ; Il était pour lui le Créateur, Celui qui intervient dans la vie, à qui sont la puissance et la force ; mais Job ne le connaissait pas Lui-même, ni sa grâce. Encore moins avait-il sondé son propre cœur ; il était persuadé de sa perfection (« mon cœur ne me reproche aucun de mes jours » 27:6) et de l’importance de sa personne (« comme un prince je m’approcherai de Lui » 31:37). Sa foi était donc faible, mais réelle ; elle ira en s’affermissant peu à peu dans le cours du livre, pour triompher à la fin.

Il était béni dans sa famille : dix enfants ; dans ses biens : troupeaux, serviteurs ; il était « plus grand que tous les fils de l’Orient ».

À leur jour anniversaire, chacun de ses fils invitait ses frères et sœurs dans sa maison pour boire et manger avec eux. Quand le festin était terminé, Job offrait des holocaustes pour ses enfants, craignant qu’ils n’aient péché ou maudit Dieu... mais il n’offrait pas de sacrifice pour lui-même.

 

2.2   Satan

2.2.1       La première scène dans le ciel (v. 6-12)

Les fils de Dieu, les anges, viennent un jour se présenter devant l’Éternel ; Satan aussi vient au milieu d’eux. La scène est pour nous étrange et mystérieuse. On en trouve une un peu semblable dans la prophétie de Michée (1 Rois 22:19-22). Un certain parallèle se présente avec Ésaïe 6, où cependant la vision du jeune homme se déroule dans le temple. 1 Timothée 6:16 lorsqu’il nous présente Dieu comme « Souverain », ajoute qu’il « habite la lumière inaccessible, lequel aucun des hommes n’a vu ni ne peut voir ». Les anges, qui sont des esprits, ont accès dans une mesure à la présence divine ; l’homme, poussière de la terre, ne le peut ; il a une nature différente de celle des anges, aussi de celle des rachetés ressuscités (Luc 20:34-36).

 

2.2.1.1              Satan, l’adversaire

Il découle de tous les passages qui nous en parlent que Satan a, comme les anges, une nature spirituelle. En Ézéchiel 28:11-17, il nous est présenté, sous la figure du roi de Tyr, comme « un chérubin oint ». Toutes ses qualités sont relevées ; il est précisé qu’il a été en Éden, le jardin de Dieu ; mais il n’est qu’une créature (v. 13 et 15). Il fut parfait dans ses voies « jusqu’à ce que l’iniquité s’est trouvée en toi » (v. 15). Quelle iniquité ? — « Ton cœur s’est élevé pour ta beauté ». Toute la suffisance de celui qui est appelé astre brillant (Lucifer) est relevée en Ésaïe 14 : « Je monterai... j’élèverai mon trône... je serai semblable au Très-haut » (v. 13 à 14) : l’orgueil, voilà « la faute du diable » (1 Tim. 3:6), que l’homme est si prompt à imiter. Quel contraste avec le Seigneur Jésus qui « étant en forme de Dieu, n’a pas regardé comme un objet à ravir d’être égal à Dieu, mais s’est anéanti lui- même, prenant la forme d’esclave, étant fait à la ressemblance des hommes » (Phil. 2:6-8).

Et le prophète poursuit : « On t’a fait descendre dans le shéol, au fond de la fosse... Je t’ai précipité de la montagne de Dieu comme une chose profane » (És. 14:15 ; Ézéch. 28:16). Pourtant, si mystérieux que cela nous paraisse, Satan garde l’accès dans la présence de Dieu (Éph. 6:12), tout en se promenant « çà et là sur la terre » (Job 1:7) ; il reste doué d’un grand pouvoir, sans toutefois posséder l’omniprésence, réservée à Dieu seul.

Sa puissance morale est grande : il peut « aveugler les pensées des incrédules » (2 Cor. 4:4) ; il est le « père » de ceux qui s’opposent à Jésus (Jean 8:44) ; par suite du péché il a « le pouvoir de la mort » (Héb. 2:14 ; Rom. 6:23). Mais pour le croyant, Jésus, par la croix, l’a rendu « impuissant ».

Satan n’est pas maître des lois de la nature ; il n’a rien créé. Seul le Seigneur Jésus est à la fois le Créateur et celui qui « soutient toute chose par la parole de sa puissance ». Les hommes découvrent et utilisent les lois de la nature, mais ne peuvent les forcer. Le pouvoir de Satan dans le monde physique est donc limité par la « permission » de Dieu, selon qu’Il le juge bon, avec un but favorable (voir par exemple 2 Cor. 12:7).

Lorsque l’Éternel attire l’attention du diable sur Job, l’adversaire répond ironiquement : « Est-ce pour rien que Job craint Dieu ? » Tu l’as béni de toute manière, ce n’est pas étonnant qu’il te craigne. Mais « touche à tout ce qu’il a : tu verras s’il ne te maudit pas en face ». L’Éternel permet alors à Satan de dépouiller Job de tous ses biens, mais lui interdit de porter la main sur lui-même. Satan sort de la présence de l’Éternel (cf. Jean 13:27 et 30).

De fait, si c’est bien le diable qui frappe Job (2:7), c’est l’Éternel lui-même qui le commande. Dieu a son but secret en agissant ainsi ; il faudra la longue et douloureuse expérience de tout le livre, l’intervention d’Élihu et de l’Éternel en personne, pour que le dessein divin soit révélé et que Job le saisisse.

 

2.2.1.2              Les coups frappant Job (v. 13-19)

Les bœufs, instruments de travail (Prov. 14:4), sont pris par les gens de Sheba ; les bergers sont mis à mort. La foudre brûle les brebis qui fournissaient la nourriture et le vêtement ; leurs gardiens sont consumés. Les chameaux, moyens de transport base du commerce, sont enlevés par les Chaldéens ; les jeunes hommes sont frappés par l’épée.

Les fils et les filles, qui mangeaient et buvaient dans la maison de leur frère aîné, sont écrasés par l’effondrement de l’immeuble sous l’effet d’une tempête.

Quatre coups terribles, simultanés, au milieu de la prospérité... et de la piété. Il y a de quoi se révolter.

 

2.2.1.3              La réaction de Job

Mais Job supporte l’épreuve avec dignité. Dans son deuil, il se lève, déchire sa robe, rase sa tête, se jette à terre et se prosterne. Il reconnaît n’avoir rien apporté dans ce monde, et ne pouvoir rien en emporter. Il a reçu la bénédiction de la part de l’Éternel — « l’Éternel a pris, que le nom de l’Éternel soit béni » ! Il estime n’avoir aucun droit, et accepte le désastre de la main de Dieu ; il n’attribue à celui-ci rien d’inconvenable. Satan n’a rien gagné, Dieu est honoré ; mais si l’épreuve s’était arrêtée à ce moment-là, quelle gloire pour Job, qui n’aurait pas manqué de s’en prévaloir !

 

2.2.2       La deuxième scène céleste (2:1-6)

L’Éternel poursuit son dessein. Lorsque Satan se présente de nouveau devant lui, l’adversaire ne peut plus prétendre que la piété de Job découle de sa prospérité. Méchamment il déclare : les biens d’un homme ne sont rien en comparaison de sa vie. Il incite Dieu à toucher « à ses os et à sa chair » : « Tu verras s’il ne te maudit pas en face ». L’Éternel met alors en la main de Satan la santé de Job, mais non sa vie.

Sorti de la présence divine, Satan frappe Job d’un ulcère malin, qui le tourmente jour et nuit (7:3), provoque de terribles démangeaisons (2:8), couvre sa peau de vers, de croûtes, de suppuration (7:5) ; le pauvre homme va maigrir terriblement (16:8) ; son haleine sera odieuse, même à sa femme (19:17) ; il est délaissé par ses amis et sa famille (19:14-19) ; il est assis dans la cendre (2:8).

Son épouse, loin de se montrer « l’aide qui lui corresponde », met en doute la fermeté de sa « perfection » (v. 9) et va jusqu’à lui conseiller le suicide (v. 9). Mais, dit Job, tu parles comme parlerait une insensée ; ne faut-il pas recevoir de la part de Dieu non seulement le bien, mais aussi le mal ? À nouveau Job accepte l’épreuve de la main divine. Mais il n’en recherche devant Sa face ni les motifs, ni le but.

2.2.3       Les trois amis (v. 11-13)

Pleins de bonnes intentions, trois amis de Job viennent de loin et se concertent pour « le plaindre et le consoler ». Ils ignorent combien il est difficile d’apporter des paroles à propos à un frère dans l’épreuve. Quand ils voient Job, ils ne le reconnaissent pas, et sont épouvantés à sa vue. Ils donnent des signes de leur chagrin, pleurent, déchirent leurs vêtements, répandent de la poussière sur leurs têtes, mais ne savent que dire. Assis à terre, désolés, pendant sept jours et sept nuits ils sont là dans le silence, remuant leurs pensées qui, comme on le voit plus loin, arrivent à la conclusion que Job a dû terriblement pécher et commettre bien des fautes pour que Dieu le châtie ainsi.

Devant ce silence plein de reproches, Job n’en peut plus et sa douleur éclate.

 

2.3   La détresse de Job (3)

Après ces quatre épreuves successives : la perte de ses biens ; celle de sa santé ; les incitations de sa femme ; la présence de ses trois amis — Job en vient à souhaiter n’être jamais né (v. 3-10). Voilà déjà un reproche indirect à Dieu qui lui a donné la vie. D’un seul homme il a pu être dit — et par le Seigneur lui- même — qu’il eût mieux valu qu’il ne fût pas né : Judas (Marc 14:21). Devant la perspective terrible de ce qui l’attendait, Jésus dit : « Mon âme est troublée, et que dirai-je ? Père, délivre-moi de cette heure ? » Il accepte pourtant pleinement la volonté du Père, comme il l’avait fait avant de venir sur la terre : « Mais c’est pour cela que je suis venu à cette heure. Père, glorifie ton Nom» (Jean 12:27-28).

Job souhaite ensuite avoir été mort-né (v. 10-12), ou de bénéficier maintenant du repos du sépulcre (v. 14-22). Il souligne sa misère (v. 24) ; son pressentiment ne l’avait pas trompé : sa prospérité ne serait pas pour toujours et pourrait se transformer en désastre : « Ce que j’appréhendais m’est arrivé » (v. 25).

Quatre fois dans ce chapitre, Job demande pourquoi ? pourquoi ? sans recevoir de réponse. Ses amis se chargeront de la donner à leur manière.

Quel contraste avec les psaumes 42 et 43, où neuf fois de suite l’âme dans la détresse demande pourquoi ? mais souligne aussitôt l’attitude à prendre : « Attends-toi à Dieu ; car je le célébrerai encore : sa face est le salut ». Confiant malgré tout dans ce Dieu fidèle qui donnera la délivrance, le psalmiste reste assuré que : « Il est le salut de ma face et mon Dieu ».

 

3                    Les débats de Job et de ses amis (ch. 4 à 26 = 23 chapitres)

Les discours alternés de Job et de ses amis se divisent en trois séries :

À tour, chacun des trois parle et Job répond à chacun d’eux. Une seconde fois, l’un après l’autre présentent leurs arguments avec toujours plus de virulence, et Job les conteste. Dans une troisième série, seuls deux amis s’expriment, le second très brièvement, et Job répond de même. La première série (4 à 14) comprend 11 chapitres ; la deuxième (15 à 21), 7 chapitres ; la troisième (22 à 26) se borne à 5 chapitres.

Ces divers discours sont encadrés par la complainte de Job au chapitre 3 et par son monologue des chapitres 27 à 31 ; aucun de ces longs exposés n’amène de solution.

La pensée essentielle de tous ces débats est que la souffrance est punitive ; elle résulte de la justice de Dieu s’exerçant envers le péché. Les amis accusent Job d’avoir péché gravement, et de ne pas vouloir le reconnaître : tes souffrances sont, sur tes fautes, un châtiment de Dieu qui laisse même dans l’ombre beaucoup de ton iniquité. Repens-toi donc, et il te bénira, sinon... — Job se défend : Je suis innocent ; vous vous acharnez à tort contre moi. Dieu est injuste, qui me fait souffrir sans cause.

Ainsi est soulevé le problème de la souffrance.

Celle-ci peut être en effet un châtiment dû à la justice de Dieu à l’égard du péché. Par exemple Israël, ayant refusé de monter à la conquête du pays de Canaan (Nomb. 14), doit errer dans les solitudes, portant la peine de sa faute « jusqu’à ce que vos cadavres soient consumés dans le désert ». Ceux qui se découragent en chemin et parlent contre Dieu et contre Moïse, taxant la manne de « pain misérable », sont mordus par les serpents brûlants (Nomb. 21:4 et 6). En 1 Corinthiens 11, le châtiment atteint ceux qui participent à la cène du Seigneur « indignement » (v. 30).

Mais la souffrance n’est pas toujours un châtiment. Provenant de l’amour de Dieu pour ses enfants, elle est une discipline, qui peut être éducative, selon Hébreux 12:4-11. Cette discipline est celle d’un père envers son fils. Elle a pour but notre profit, « afin que nous participions à Sa sainteté » (v. 10). Il importe de ne pas la mépriser, ni de perdre courage quand on est repris par le Seigneur (v. 5). Pour le présent, elle semble être un sujet de tristesse ; mais plus tard « elle rend le fruit paisible de la justice... non pas pour tout le monde, mais... à ceux qui sont exercés par elle » (v. 11).

La souffrance peut aussi, dans certains cas, être « pour la gloire de Dieu ». Le Seigneur précise en Jean 9 que ni l’aveugle lui-même, ni ses parents, n’ont péché, mais « c’est afin que les œuvres de Dieu soient manifestées en lui ». Quel témoignage rendra cet aveugle : « Je sais une chose, c’est que j’étais aveugle, et que maintenant je vois » (v. 25). Et finalement il rendra hommage au Fils de Dieu lui-même. En Jean 11, la maladie de Lazare était spécifiquement « pour la gloire de Dieu, afin que le Fils de Dieu soit glorifié par elle ».

La souffrance humaine, par contre, n’est jamais expiatoire, quoi que plusieurs puissent en penser. Des actes méritoires ne peuvent, devant Dieu, compenser des fautes, ni les siennes, ni celles d’autrui : « Un homme ne pourra en aucune manière racheter son frère, ni donner à Dieu sa rançon » (Ps. 49:7). Seul le Seigneur Jésus pouvait, par ses souffrances et sa mort, expier nos péchés : «Lui-même a porté nos péchés en son corps sur le bois » (1 Pierre 2:24) ; ou encore : « Celui qui n’a pas connu le péché, il l’a fait péché pour nous » (2 Cor. 5:21). « Il n’y a point d’autre nom sous le ciel, qui soit donné parmi les hommes, par lequel il nous faille être sauvés » (Actes 4:12).

 

3.1   Première série, chapitres 4 - 14 (11 chapitres)

Les amis ne profèrent pas encore d’accusations directes contre Job, mais procèdent plutôt par sous- entendus.

Éliphaz, apparemment le plus âgé, fonde ses reproches sur l’expérience : «Selon ce que j’ai vu... Nous avons examiné cela ; il en est ainsi » (4:8 ; 5:27). Il souligne la grandeur et la justice de Dieu.

Bildad est imprégné de la tradition : « Interroge, je te prie, la génération précédente, et sois attentif aux recherches de leurs pères... ceux-ci ne t’enseigneront-ils pas ? » (8:9-10). Importent pour lui les pensées de nos « devanciers ». Il estime la souffrance une rétribution.

Tsophar est le plus jeune, semble-t-il. Dur et sévère, véhément, il est catégorique dans ses assertions : Tu as péché, donc tu souffres.

Ces trois caractères ne se retrouvent-ils pas bien souvent de nos jours ? Ils ne sont pourtant pas ceux d’un homme de Dieu. Pour gagner les âmes, il faut se mettre à leur niveau ; s’approcher d’elles avec compréhension et sympathie ; être conscient que seule la Parole de Dieu agira dans les cœurs : « Le Seigneur l’Éternel m’a donné la langue des savants pour que je sache soutenir par une parole celui qui est las » (És. 50:4). On ne le peut qu’en ayant, comme Jésus lui- même, « chaque matin l’oreille réveillée » pour L’écouter.

 

3.1.1       Premier discours d’Éliphaz (4 - 5)

Le Thémanite reproche à Job qu’après en avoir enseigné plusieurs, avoir encouragé les autres, il est irrité et troublé maintenant que le malheur est venu sur lui (4:1-6).

Il lui rappelle que « ceux qui labourent l’iniquité moissonnent la misère » (v. 8 – 5:7). « Qui a péri étant innocent ? » — (sous-entendu : personne !) Éliphaz ignorait-il Abel, et tant d’autres après lui ?

Il présente ensuite la grandeur de Dieu (5:8-16). C’est Lui qui fait la plaie mais aussi la bande. Il peut guérir Job, si celui-ci ne méprise pas le châtiment du Tout-puissant (v. 17-26).

 

3.1.2       Première réponse de Job (6 - 7)

Ses amis ne comprennent pas combien il souffre (v. 1-7). Si seulement Dieu voulait le retrancher, il aurait au moins la consolation de n’avoir pas renié les paroles du Saint (v. 8-13).

Au lieu de lui apporter leur soutien, ses frères l’ont « trahi » (v. 14-30). Ils sont comme un oued du désert, plein d’eau à la fonte des neiges, mais qui se perd vite dans le sable jusqu’à disparaître quand la chaleur de l’été frappe ; les caravanes assoiffées ne trouvent plus rien à boire. La censure de ses amis, que reprend- elle ? Qu’ils l’enseignent vraiment, et lui se taira.

Au chapitre 7 (v. 1-10), Job souligne la brièveté de la vie, la misère qui l’a atteint, les nuits sans sommeil, sa chair couverte de vers et de croûtes ; il n’y a plus pour lui que la mort. Dans la détresse de son âme, il commence à s’en prendre directement à Dieu et renouvelle ses pourquoi ? (v. 11-21). Précédemment, il avait dit : « L’Éternel a donné, l’Éternel a pris, que le nom de l’Éternel soit béni » (1:21 et 2:10). Maintenant, au lieu de chercher à comprendre ce que Dieu permet, il l’accuse : « Que t’ai-je fait ? Toi qui observes l’homme, pourquoi m’as-tu placé pour être l’objet de tes coups ? » (7:20).

 

3.1.3       Premier discours de Bildad (8)

Le Shukhite met en avant la justice de Dieu : « Est- ce que Dieu pervertit le droit ? » (v. 3). C’est parce que les fils de Job ont péché qu’il les a livrés à leur rébellion (v. 4).

Interroge les anciens, et tu verras que le châtiment divin est réservé à ceux qui oublient Dieu et aux impies (v. 13). « Dieu ne méprisera pas l’homme parfait » (v. 20) (mais tu ne l’es pas !).

 

3.1.4       Deuxième réponse de Job (9 - 10)

Job comprend bien que Dieu bénira les parfaits (8:20), « mais comment l’homme sera-t-il juste devant Dieu ? » (9:2). Voilà la question capitale à laquelle tant de siècles plus tard répondra l’épître aux Romains. Pour Job et ses amis, elle est restée sans solution (25:4).

Dieu est infiniment plus grand que l’homme, dit Job (v. 3-24). Il ne répondra pas à celui qui voudrait contester avec lui (v. 3). « Je ne le vois pas... Je ne l’aperçois pas » (v. 11). Il m’écrase dans une tempête ; il multiplie mes blessures sans cause, il me rassasie d’amertume. Le patriarche en vient même à déclarer : « Si j’étais parfait, il me montrerait pervers » (v. 20) ; et plus loin : « Si je me lave... il me plongera dans un fossé » (v. 30-31).

La seule solution serait qu’il y ait « entre nous un arbitre qui mettrait sa main sur nous deux » (v. 33). Cette pensée de l’arbitre, du médiateur, ira s’accentuant dans les discours de Job, jusqu’à ce que Dieu lui envoie Élihu, type de Christ, « l’homme Christ Jésus, seul médiateur entre Dieu et les hommes » (1 Tim. 2:5-6).

Le malheureux donne libre cours à sa plainte : « Mon âme est dégoûtée de ma vie ». Il perd la foi en la bonté de Dieu (10:1-17) : « Prends-tu plaisir à opprimer... tu scrutes mon péché et tu sais que je ne suis pas un méchant... » (v. 3, 6-7).

De nouveau revient le désir de la mort, comme, lui paraît-il, la seule issue à son désespoir (v. 18-22).

 

3.1.5       Premier discours de Tsophar (11)

Après avoir traité Job de grand parleur et de menteur, il souhaite que Dieu « ouvre ses lèvres contre lui » (v. 5). De fait « Dieu laisse dans l’oubli beaucoup de ton iniquité » (v. 6). Le Tout-puissant est tellement plus grand que l’homme !

Mal à propos, il adresse à Job un appel à se repentir de son iniquité, de son injustice, et conclut que « les yeux des méchants (sous-entendu Job) seront consumés » (v. 20).

 

3.1.6       Troisième réponse de Job (12 - 14)

Le patriarche déploie son ironie envers ses amis maladroits qui le méprisent (v. 1-5). Il souligne la toute-puissance de Dieu (v. 6-25), et l’accuse d’être l’auteur du mal (v. 14-25). Il traite ses interlocuteurs de faux accusateurs, de « forgeurs de mensonges » et souhaite qu’ils se taisent (13:4-13).

Un éclair de foi montre qu’il n’a pourtant pas perdu tout espoir : « Voici qu’Il me tue, j’espérerai en Lui » (v. 15). Mais tout aussitôt il invoque sa propre justice : « Seulement, je défendrai mes voies devant lui... J’exposerai ma juste cause : je sais que je serai justifié » (15:15, 18).

Il se lance dans une longue diatribe contre Dieu (13:20 – 14:22). Même pour un arbre il y a de l’espoir ; s’il est coupé, il repoussera (14:7). Mais l’homme meurt et gît là (v. 10). Il ressort pourtant chez Job un certain pressentiment de l’au-delà : « L’homme se couche et ne se relève pas : jusqu’à ce qu’il n’y ait plus de cieux, ils ne s’éveillent pas... Si un homme meurt, revivra-t-il ? » Il n’y a pas encore de révélation à proprement parler de la résurrection, mais quelque vague espoir d’une nouvelle vie après la mort.

 

3.2   Deuxième série, chapitres 15 - 21 (7 chapitres)

Les discours des amis continuent sur le même thème, mais deviennent plus durs, et tendent à écraser Job et à le pousser presque au désespoir.

De son côté Job est toujours plus amer devant, selon lui, l’anomalie de ses souffrances et l’acharnement de Dieu contre un innocent. Pourtant il a çà et là des éclairs de foi de plus en plus remarquables.

 

3.2.1       Deuxième discours d’Éliphaz (15)

Tous les discours, tant des amis que de Job lui- même, débutent par des blâmes réciproques. Est-ce ainsi qu’on « gagne » les âmes ? Éliphaz taxe de « vent » les paroles du patriarche, et lui rétorque que les consolations du vieillard ne sont que « paroles de vent » (15:2 ; 16:3) !

Après des propos de dérision (15:1-6), Éliphaz affirme que son interlocuteur n’est pas plus sage que d’autres (v. 7-13) : « Que sais-tu que nous ne sachions ?... Parmi nous il y a des hommes à cheveux blancs, des vieillards plus âgés que ton père... Tu tournes contre Dieu ton esprit ! » Une assertion d’Éliphaz peut pourtant être susceptible de redresser un esprit découragé : « Est-ce trop peu pour toi que les consolations de Dieu et la parole douce qui se fait entendre à toi ? » (v. 11).

Qu’est-ce que l’homme devant Dieu, pour qu’il soit pur ou juste (v. 14-16) ? Donc Job n’est pas pur, il n’est pas juste ; au contraire ! Éliphaz met en évidence le châtiment réservé aux méchants (v. 17-35) : «Tous ses jours le méchant est tourmenté » (v. 20). « Il a étendu sa main contre Dieu » (v. 25). Et suivent en grands détails les jugements qui atteignent l’impie sur la terre. Tout cela étant, sans le dire et combien à tort, appliqué à Job lui-même.

 

3.2.2       Quatrième réponse de Job (16 - 17)

Que peut répondre Job ? Le discours d’Éliphaz n’a rien apporté de nouveau. Ses amis sont « des consolateurs fâcheux ». Qu’ils se mettent un peu à sa place (v. 1-5).

De fait, dit Job, et Dieu et les hommes sont contre moi (v. 6-14). Il accuse le Tout-puissant d’avoir dévasté sa famille, d’avoir ruiné sa santé : « J’étais en paix, et il m’a brisé... il m’a broyé ».

Le malheureux décrit sa misère (v. 15-22), son visage enflammé, la moquerie de ses amis... Et pourtant sa foi se ressaisit : « Mon témoin est dans les cieux... vers Dieu pleurent mes yeux ». Réapparaît le désir de « l’arbitre », du médiateur, qui interviendrait entre Dieu et lui.

Et la détresse augmente (17:1-12) : « Mes jours s’éteignent : pour moi sont les sépulcres ». « Mes jours sont passés, mes desseins sont frustrés — les plans chéris de mon cœur ». Quel espoir reste-t-il, sinon la fosse et le repos dans la poussière ? (v. 13-16).

Quel changement si, au milieu de sa peine, Job avait su se taire et écouter Dieu !

 

3.2.3       Deuxième discours de Bildad (18)

Les reproches de Job sont injustifiés (v. 2-4) : « Toi qui déchires ton âme dans ta colère, la terre sera-t-elle abandonnée à cause de toi ? »

Le sort du méchant sur la terre est terrible (v. 5-21). « De toutes parts des terreurs l’alarment... il est forcé de marcher vers le roi des terreurs... il n’a pas de postérité parmi son peuple » (cruelle remarque vis-à-vis d’un homme qui a perdu tragiquement tous ses enfants !). Et ce noir tableau, dans l’esprit de Bildad, s’applique bien sûr à Job.

 

3.2.4       Cinquième réponse de Job (19)

Job considère comme des outrages les paroles de ses amis (v. 1-5). « Sachez donc que c’est Dieu qui me renverse ». Une fois de plus son amertume contre le Tout-puissant se donne libre cours (v. 6-13).

Ses proches l’ont délaissé (v. 14-19). «J’ai appelé mon serviteur, et il n’a pas répondu ! » (verset que l’on peut appliquer à l’appel du Seigneur lui-même, invitant l’un de nous à Son service, quelle qu’en soit l’importance. Au lieu de répondre comme le jeune prophète d’autrefois : « Me voici, envoie-moi », on ne donne pas suite à l’occasion proposée).

Dans sa peine, Job fait appel à la pitié de ses amis (v. 21-24). En pensant à tout son malheur, il voudrait qu’au moins ses paroles soient gravées dans le roc pour toujours.

Alors, pour un instant, l’Esprit de Dieu déchire le voile de l’au-delà et donne à Job l’espérance centrale de son livre (v. 25-27) : « Moi je sais que mon rédempteur est vivant... et après ma peau ceci sera détruit, et de ma chair je verrai Dieu, que je verrai, moi, pour moi-même ; et mes yeux le verront, et non un autre ». Prémonition de la résurrection, du « voir face à face » envisagé à trois reprises ; espérance glorieuse de tout racheté, combien plus précise dans le temps de la grâce :

 

Nos yeux contempleront, sur ta face adorable,

Du Sauveur, de l’Époux, la suprême beauté...

 

Job entrevoit une résurrection de la chair, du corps (v. 26 ; 1 Cor. 15), pas une résurrection spirituelle seulement. « Il est semé corps ‘ animal ‘ (c’est-à-dire animé seulement par son âme créée), il ressuscite corps spirituel » (1 Cor. 15:44). Le sang est le principe de vie du corps terrestre ; l’Esprit, celui du corps céleste (voir Luc 24:39) (W. K.).

La lumière a brillé pour quelques moments ; elle est de nouveau voilée ; mais Job saisit l’occasion pour avertir ses amis du jugement qui pourrait les atteindre s’ils ne reviennent pas vraiment à Dieu (v. 29, cf. 42:7).

 

3.2.5       Deuxième discours de Tsophar (20)

Avec sa véhémence coutumière, Tsophar n’a pas d’autre argument que de répéter ses diatribes sur « l’exultation des méchants » (v. 5).

Il en vient à des reproches directs à Job : « Il a avalé les richesses et il les vomira... Il a opprimé, délaissé les pauvres ; il a pillé une maison qu’il n’avait pas bâtie... Rien n’a échappé à sa voracité... Toutes les ténèbres sont réservées pour ses trésors ».

Tsophar ne parlera plus. Son fiel est pour ainsi dire épuisé.

 

3.2.6       Sixième réponse de Job (21)

Job trouve l’argument décisif pour répondre à ses amis. Il est faux de dire que les méchants sont jugés constamment sur la terre (21:7-34). « Pourquoi les méchants vivent-ils, deviennent-ils âgés et croissent- ils même en force ? » Tout va bien pour eux, pour leurs troupeaux, pour leurs enfants. Ils disent à Dieu : « Retire-toi de nous ».

Et le mystère demeure : « L’un meurt en pleine vigueur, entièrement tranquille et à l’aise... l’autre meurt dans l’amertume de son âme et n’a jamais goûté le bonheur. Ils gisent ensemble sur la poussière et les vers les couvrent ». N’entendra-t-on pas l’écho des paroles de Job dans l’Écclésiaste, où nous trouvons un homme « sous le soleil », sans la révélation divine, n’ayant d’autre issue que de « faire désespérer son cœur » (2:20). Sans doute Dieu juge-t-il parfois les méchants, ou leurs fils (21:19) ; de fait, la mort atteint les impies comme ceux qui craignent Dieu.

 

3.3   Troisième série, chapitres 22 - 26 (5 chapitres)

Les amis ne peuvent que se répéter, et finalement... se taire. Job a des arguments plus forts, leur ferme la bouche, mais reste quant à lui-même sans soulagement, ni solution.

 

3.3.1       Troisième discours d’Éliphaz (22)

« L’homme peut-il être de quelque profit à Dieu ? » (v. 2). Être juste est un gain pour lui-même, mais est-ce une raison pour que Dieu « conteste » avec lui (v. 2-4) ?

Le Thémanite amoncelle une fois de plus les accusations directes contre Job (v. 5-20). Que d’assertions fausses : « Tu n’as pas donné d’eau à boire à celui qui se pâmait de soif... Tu as renvoyé les veuves à vide, et les bras des orphelins ont été écrasés » (v. 9).

Éliphaz de conclure (v. 21-30) : « Réconcilie-toi avec Lui... Si tu éloignes l’iniquité de ta tente... alors tu trouveras tes délices dans le Tout-puissant ». Vérité certainement, mais mal appliquée. L’iniquité ne remplissait pas la demeure de Job, au contraire, sa vie était marquée par la crainte de Dieu, la droiture. Qui tenait donc la grande place dans son cœur, sinon lui- même, sa propre justice, ses propres mérites ?

Pourtant, pour conclure son dernier discours, Éliphaz a une parole toujours valable : « Celui qui a les yeux baissés, Il le sauvera » (v. 29).

 

3.3.2       Septième réponse de Job (23 - 24)

Le désir profond du patriarche serait de pouvoir « parvenir où Dieu est assis » et d’« exposer sa juste cause devant lui ». Mais il ne peut, dans cet état d’esprit, accéder à sa présence : « Je vais en avant, mais il n’y est pas ; et en arrière, mais je ne l’aperçois pas ; à gauche, quand il y opère, mais je ne le discerne pas ; il se cache à droite et je ne le vois pas » (v. 8-9). Dieu est encore un Dieu de loin, il n’est pas déjà un Dieu de près (Éph. 2:15). Pourtant l’aboutissement de ses voies envers Job sera de l’amener dans sa présence.

Un nouvel éclair de foi : « Il connaît la voie que je suis ; il m’éprouve, je sortirai comme de l’or » (23:10). Mais sans désemparer Job souligne une fois de plus sa propre justice (v. 11-17), affirmant que le Tout-puissant est son ennemi ; il a fait « défaillir mon cœur et m’a frappé de terreur » (v. 16).

Reste le sort des malheureux qui errent çà et là sans asile, exploités par les forts ; des soupirs montent des villes (24:1-12). Suivent toutes les iniquités des « ennemis de la lumière » (v. 13-24), tous les crimes, les meurtres, les adultères, les pillages ; pourtant « Dieu leur donne la sécurité et ils s’appuient sur elle » (v. 23). Puis, tout d’un coup, « dans peu, ils ne sont plus... ils sont coupés comme la tête d’un épi ».

L’énigme de la prospérité des méchants, des iniquités qui remplissent le monde, alors que le croyant est souvent dans l’épreuve, a tourmenté Asaph. Il nous donne le récit de son expérience dans le psaume 73.

Le psalmiste a porté envie aux arrogants, en voyant la prospérité des méchants (v. 3). Lui Asaph a purifié son cœur, il a lavé ses mains dans l’innocence (v. 13) ; or tous les jours il est éprouvé ; son châtiment revient chaque matin (v. 14). Il ne voudrait pas imiter les impies et être infidèle. Méditer ce mystère « fut un travail pénible à ses yeux » (v. 16).

Mais un jour il est « entré dans les sanctuaires de Dieu » (v. 17). Alors il a compris ! Le jugement de Dieu atteint les méchants à Son heure ; quant au croyant, même si ses circonstances restent pénibles, il était « stupide » de tourmenter son cœur ; maintenant, étant entré dans la présence de Dieu, Asaph peut dire : « Je suis toujours avec Toi : tu m’as tenu par la main droite... Ma chair et mon cœur sont consumés (l’entourage n’a pas changé) ; Dieu est le rocher de mon cœur... Pour moi, m’approcher de Dieu est mon bien ; j’ai mis ma confiance dans le Seigneur l’Éternel ».

Telle sera la solution pour Job, quand il aura été vraiment amené dans la présence de Dieu.

 

3.3.3       Troisième discours de Bildad (25)

Le pauvre homme n’a pas grand chose à ajouter. Deux versets sur la grandeur de Dieu (v. 2-3), trois versets sur la petitesse de l’homme, « un vermisseau » qui ne peut être « juste devant Dieu ».

 

3.3.4       Huitième réponse de Job (26)

Ironiquement il fustige la futilité des paroles de Bildad (v. 2-4). Il souligne la puissance du Dieu Créateur, mais rappelle que « ces choses sont les bords de ses voies, et combien faible est le murmure que nous en avons entendu » (v. 14).

Le long débat se termine sur deux points d’interrogation : « Comment l’homme sera-t-il juste devant Dieu ? » et « Qui peut Le comprendre ? » — À quoi servent tant de discussions, auxquelles on se complaît souvent et qui restent sans profit ? On en vient parfois à des reproches réciproques, et on se sépare sans qu’aucune issue ait été trouvée.

Il importe bien plutôt de venir humblement, « les yeux baissés », dans la présence de Dieu, d’entrer ensemble dans le sanctuaire, de prier ensemble, de se placer ensemble devant la grandeur du Seigneur, mais aussi devant son amour et sa grâce. Dans une réelle humiliation on trouvera alors l’issue qu’il ne manquera pas de donner à ceux qui Le recherchent.

 

4                    Le monologue de Job (ch. 27 – 31)

Les trois amis se sont tus. Job a réfuté leurs arguments, en particulier leur thèse que Dieu punit toujours immédiatement les méchants (21:7-15) ; mais rien n’a été résolu. Si le livre se terminait là, Job, comme il va le faire, se glorifierait ; Dieu n’aurait pas atteint le but qu’il poursuit pour la bénédiction de son serviteur et la défaite de Satan.

Le patriarche éprouve encore le besoin de vider son cœur. L’Esprit de Dieu a voulu nous conserver ses longs discours, certainement pour notre instruction. Comme dans tant d’autres portions, la Parole nous présente l’exemple à imiter, mais aussi celui à éviter.

 

4.1   Chapitre 27

Sans ambages, clairement, Job se justifie (27:2‑6).

D’une part « Dieu a écarté mon droit » et met l’amertume dans mon âme. D’autre part, « jusqu’à ce que j’expire, je ne lâcherai pas ma perfection ». Il ne songe nullement à donner raison à ses amis en reconnaissant que lui est un méchant, car, dit-il, « mon cœur ne me reproche aucun de mes jours ».

Il ne peut subsister aucun doute que le patriarche se considère parfait, et que, selon lui, Dieu est injuste.

Quant aux impies, aux méchants, Dieu leur donnera la part qui leur revient (v. 7-23). A-t-il en vue ses amis dans de telles imprécations ? Espérons seulement en partie !

 

4.2   Le chapitre 28 met en contraste l’habileté de l’homme (v. 1-11) et la sagesse de Dieu (v. 12-28).

Du point de vue historique, il est intéressant d’apprendre qu’il y avait déjà à l’époque des exploitations minières, d’où l’on tirait l’or, l’argent, le fer, le cuivre et les pierres précieuses. Nous trouvons la description du puits par lequel on pénétrait à l’intérieur de la terre, des galeries où l’on se protégeait des eaux suintantes, afin de « produire à la lumière les choses cachées » (v. 11).

Tout cela n’est rien en face de la sagesse divine. Aucun mortel ne la connaît. On ne peut pas l’acquérir avec le produit de son travail, or, argent, ou pierres précieuses (v. 13-19). Elle est voilée aux yeux des hommes (v. 21). Dieu seul « comprend son chemin », soit dans la création (v. 24-26), soit dans sa révélation (v. 27-28).

La sagesse de Dieu ne peut être découverte par l’intelligence humaine, elle doit être révélée. Du temps de Job, l’essentiel en était : « Voici, la crainte du Seigneur, c’est là la sagesse, et se retirer du mal est l’intelligence ». C’est le niveau des Proverbes, qui enseigneront à l’homme la conduite à suivre, dans la crainte de l’Éternel, commencement de cette sagesse. Celle-ci y sera développée bien plus que dans Job, bien au-delà de l’Écclésiaste où l’homme, même privilégié, « sous le soleil », sans révélation, se désespère devant le vide de l’existence sur la terre. (N’est-ce pas très moderne ?)

La révélation des pensées et des conseils de Dieu a été progressive. Abraham a saisi la vie de la foi ; Moïse a parlé avec Dieu « comme un homme parle avec son ami » et a donné la loi ; David, après ses diverses expériences, a eu la révélation de la bonté de Dieu (Ps. 63, par exemple), de sa grâce (Ps. 51) ; et, par l’Esprit prophétique, il a pu parler des souffrances et des gloires de Christ. Les prophètes ont reçu de nouvelles révélations de la part de Dieu ; Ésaïe, plus qu’aucun autre, nous révèle Celui qui devait venir. Le Seigneur Jésus Lui-même, sur la terre, dit à ses disciples : « J’ai encore beaucoup de choses à vous dire ; mais vous ne pouvez les supporter maintenant » (Jean 16:12).

Il a fallu la venue personnelle de l’Esprit de vérité, du Consolateur, pour « conduire dans toute la vérité... annoncer les choses qui vont arriver... glorifier Christ ; prendre de ce qui est à lui et l’annoncer » (Jean 16:13-14).

Dans 1 Corinthiens 2:2, l’apôtre met en contraste l’Évangile et la sagesse. L’Évangile, c’est « Jésus- Christ, et Jésus-Christ crucifié » ; il est présenté sans distinction à tous les hommes, mais reçu par « quiconque croit ». Paul « parlait sagesse seulement parmi les parfaits », c’est-à-dire parmi les croyants que l’Esprit de Dieu a été libre d’enseigner sans qu’il y ait en eux d’obstacle moral à leur développement (3:2-3).

Cette sagesse (2:6-16), premièrement cachée en Dieu, avait été préordonnée avant les siècles. Les chefs de ce monde ne l’ont pas connue. Dieu l’a révélée par son Esprit à certains hommes, vases de révélation auxquels, par l’Esprit, il a été accordé de connaître les choses librement données par Dieu. Ceux-ci en ont parlé « non en paroles enseignées de sagesse humaine, mais en paroles enseignées de l’Esprit »  (v. 13). La communication de la vérité a donc été inspirée par l’Esprit de Dieu, non seulement dans l’essentiel de son contenu, mais même dans les mots employés pour transmettre la pensée révélée (2 Tim. 3:16 ; 2 Pierre 1:21).

Les « choses spirituelles » sont communiquées « à des [hommes] spirituels » (*). L’homme naturel ne les reçoit pas ; elles lui sont folie (v. 14). Il faut être spirituel pour discerner la pensée de Dieu. Chacun a pu faire l’expérience, en tâchant d’expliquer la Bible à un incrédule, que celui-ci ne saisit pas les enseignements présentés. Il y faut la nouvelle naissance et le Saint- Esprit, donné à quiconque croit au Seigneur Jésus (Éph. 1:12). Il n’en reste pas moins qu’il y a croissance dans les choses de Dieu ; selon 1 Jean 2, on peut passer du stade d’enfants à celui de jeunes gens, puis de pères. D’autre part, tout en étant croyant, on peut demeurer de « petits enfants en Christ », si l’on est « encore charnels » (1 Cor. 3:1-2).

La nature parle de la sagesse divine (Rom. 1:20), mais ne la communique pas. La crainte de Dieu (pour Job ou pour le brigand sur la croix) prépare à la connaissance de Sa grâce. La sagesse appliquée à la conscience amène à l’humiliation. Mais il a fallu la venue du Fils de Dieu sur la terre pour nous révéler le Père (Jean 1:18 ; Mat. 11:27).

 

(*) « Par des [moyens] spirituels » paraît moins en harmonie avec le contexte. Le mot grec peut avoir les deux sens.

 

4.3   Chapitre 29 — Autrefois

Job n’en a pas encore assez dit ! Il va comparer les jours d’autrefois, avant ses épreuves, avec sa situation actuelle.

Précédemment il était dans la prospérité et les honneurs (29:1-10). Cela ne l’empêchait pas d’apporter toute son aide aux déshérités (v. 11-17). Il délivrait le malheureux ; il faisait chanter de joie le cœur de la veuve ; il était un père pour les pauvres. Persuadé qu’il en serait toujours ainsi, il disait : « J’expirerai dans mon nid... la rosée séjournera sur ma branche » (v. 18-20).

Il rappelle avec quelque fierté comme, en ce temps-là, il était protecteur et conducteur (v. 21-25). « Après que j’avais parlé, on ne répliquait pas... on m’attendait comme la pluie... Je choisissais pour eux le chemin et je m’asseyais à leur tête. Je demeurais comme un roi au milieu d’une troupe, comme quelqu’un qui console les affligés ».

 

4.4   Chapitre 30 — Et maintenant

Avec douleur et amertume, le patriarche décrit sa situation présente. Il est l’objet de moqueries, même des petits enfants (v. 1-15) ; pour lui sont les jours d’affliction ; la maladie le tourmente (v. 16-19).

Il crie à Dieu, et celui-ci ne répond pas (v. 20-25) ; lui pourtant avait répondu à ceux qui étaient dans la peine. Pour la dernière fois, il décrit toute sa misère : « Je marche tout noirci... ma peau devient noire et se détache de dessus moi et mes os sont brûlés par la sécheresse... mon chalumeau est devenu la voix des pleureurs » (v. 26-31).

 

4.5   Chapitre 31 — Protestation de pureté et d’intégrité

Va-t-il enfin se taire ? Non. En un dernier sursaut, il énumère toutes ses vertus : sa pureté (v. 1-12) ; sa bonté (v. 13-23) ; son désintéressement (v. 23-25). Il ne s’est pas laissé aller à l’adoration des astres (v. 26-28) ; il a été plein de compassion pour les autres (v. 29-32) ; il n’a pas caché ses fautes, craignant « le mépris des familles » (v. 33-34). Si seulement Dieu voulait m’écouter, « comme un prince je m’approcherais de lui » (v. 35-37) !

La fin du verset 40 est certainement la meilleure conclusion à ce stade : « Les paroles de Job sont finies ! » Quand enfin il se tait, Dieu peut parler ; d’abord à travers Élihu, « l’arbitre » ; puis l’Éternel lui- même s’adressera à lui ; « Dieu le fera céder, et non pas l’homme » (32:13).

 

5                    Élihu (ch. 32 – 37 = 6 chapitres)

5.1   Élihu se présente (32, 33:7)

Il se peut qu’Élihu soit issu de Nakhor, le frère d’Abraham, dont l’un des descendants portait le nom de Buz (Gen. 22:21 ; Job 32:2). Relativement jeune, en tout cas plus jeune que les amis (32:4), il avait silencieusement prêté une oreille attentive à leurs paroles et à leur raisonnement (32:11-12).

À cette ouïe, sa « colère » s’était enflammée. Pas une colère charnelle ; mais « l’esprit au-dedans de lui le pressait» ; « il éclatait comme des outres neuves » (v. 18-19). D’où provenait cette colère ? De deux raisons : Le patriarche se justifiait lui-même plutôt que Dieu ; ses « consolateurs » le condamnaient (v. 2-3).

Les amis n’avaient pas su convaincre Job ; c’était mieux ainsi, afin qu’ils ne se vantent pas en pensant qu’eux avaient « trouvé la sagesse ». Seul Dieu pouvait enseigner son serviteur et le faire « céder » (32:13). Dorénavant, les trois hommes se taisent « confondus ». Élihu ne leur répondra pas ; il s’adressera uniquement à Job (33:1).

S’il déclare premièrement que « l’Esprit de Dieu l’a fait », il se hâte d’ajouter qu’il est « comme Job quant à Dieu, fait d’argile, lui aussi » (33:4, 6) ; il se place au même niveau. N’est-il pas un type — lointain il est vrai — du Seigneur Jésus, Fils de Dieu, plein de l’Esprit Saint (Luc 1:35 ; 4:1) d’une part, et d’autre part « venu en chair, fait à la ressemblance des hommes » (1 Jean 4:2 ; Phil. 2:7), sans toutefois participer aucunement à leur nature pécheresse (Héb. 4:15 ; 1 Jean 3:4).

Élihu ne s’adresse pas à Job « de haut en bas », mais en se mettant sur le même plan. Il ne va pas s’imposer, mais chercher à le gagner. Il n’y aura pas de controverse, mais une autorité morale exercée sans frapper Job d’effroi : « Voici, ma terreur ne te troublera pas, et mon poids ne t’accablera pas » (33:7). Il désire avant tout que son interlocuteur écoute : « Sois attentif, Job, écoute-moi » (33:31). Si celui-ci veut dire quelque chose, qu’il le fasse librement, car « je désire que tu sois trouvé juste» ; mais plutôt « tais-toi, et je t’enseignerai la sagesse » (33:33).

 

5.2   Le but de Dieu dans la discipline (33:8-33)

Élihu place devant Job ses deux fautes capitales : « Tu as dit... : Moi, je suis net, sans transgression ; je suis pur, et il n’y a pas d’iniquité en moi ». Puis — et c’était le plus grave dans les paroles du patriarche — : « Voici Dieu trouve des occasions d’inimitié contre moi, il me considère comme son ennemi » (v. 8-11).

Clairement, Élihu déclare : « En cela tu n’as pas été juste, car Dieu est plus grand que l’homme. Pourquoi contestes-tu avec lui ? » (v. 12-13). L’apôtre Paul exprimera la même pensée dans son épître aux Romains : « Toi, ô homme, qui es-tu, qui contestes contre Dieu ? La chose formée dira-t-elle à celui qui l’a formée : Pourquoi m’as-tu ainsi faite ? Le potier n’a-t-il pas pouvoir sur l’argile pour faire de la même masse un vase à honneur et un autre à déshonneur ? » (Rom. 9:20-21). Dieu étant parfaitement juste et connaissant toutes choses, on peut être certain que sa volonté est conforme à sa nature. S’il paraît éprouver douloureusement quelqu’un qui le craint, il a ses raisons pour cela. Israël avait dû errer dans le désert comme conséquence de ses fautes (Nomb. 14:33), mais dans la pensée de Dieu « l’Éternel t’a fait marcher ces quarante ans dans le désert afin de t’humilier et de t’éprouver... pour te faire du bien à la fin » (Deut. 8:2, 16).

Le Seigneur n’a pas à « rendre compte » de ses actions ; mais la foi peut avoir la certitude que « toutes choses travaillent ensemble pour le bien de ceux qui aiment Dieu » (Rom. 8:28).

Dieu parle (v. 14-18). Il se manifeste à l’homme « une fois, et deux fois — et l’on n’y prend pas garde ! » (v. 14). Du temps de Job, par le moyen de songes ou de visions, mais pour nous, par sa Parole et par le ministère fondé sur elle. Son but est de « détourner l’homme de ce qu’il fait », de son orgueil (v. 17). Il ne veut pas la mort du pécheur, mais sa vie (v. 18).

Si l’on n’écoute pas, il recourt à la discipline (v. 19-22) : une maladie, un deuil, une déception, une épreuve, afin que l’on revienne à lui, écoute sa voix, et le recherche.

Job avait demandé « un arbitre ». Dieu lui propose, en Élihu, « un messager, un interprète... pour montrer à l’homme ce qui, pour lui est la droiture » (v. 23). Élihu est bien, pour Job, le messager qui, pour nous, est Christ lui-même.

La « droiture », pour l’homme, est de se juger lui-même, se reconnaître pécheur, indigne de la faveur de Dieu. S’il y a cette repentance, alors Dieu « fera grâce » (v. 24), il délivrera de la fosse. Pourquoi ? Parce que l’homme a accompli des actes méritoires, ou compensatoires, ou expiatoires ? Pas du tout. Mais Dieu lui-même déclare : « J’ai trouvé une propitiation (ou une rançon) ». De bienheureux résultats en découlent, correspondant à la nouvelle naissance (v. 25) ; la communion avec Dieu : il « verra Sa face » (v. 26) ; la louange : « Il chantera... : J’ai péché... et il ne me l’a pas rendu ; il a délivré mon âme... et ma vie verra la lumière ».

Dieu a parlé, s’il le faut par la discipline et l’épreuve. Quand on écoute et se tourne vers lui, l’âme est libérée ; elle est « illuminée de la lumière des vivants ». Colossiens 1 nous en donnera la pleine réalité spirituelle : « Le Père nous a rendus capables de participer au lot des saints dans la lumière ; il nous a délivrés du pouvoir des ténèbres, et nous a transportés dans le royaume du Fils de son amour ».

Job n’a plus qu’à se taire et à écouter (v. 31-33).

 

5.3   Élihu justifie Dieu (34)

Après un temps de silence, Élihu reprend la parole et, se mettant au niveau de Job et de ses amis, les engage à « reconnaître entre nous ce qui est bon » (v. 4).

«Job a dit » (v. 5-9). Il faut qu’Élihu le lui répète. Probablement n’a-t-il pas encore réalisé que c’est bien là le sens de ses paroles : « Je suis juste, et Dieu a écarté mon droit ». En cela Job a marché dans la « compagnie des ouvriers d’iniquité », même s’il ne s’en rend pas compte.

Dieu rétribue justement (v. 10-30) ; il ne pervertit pas le droit. Il « soutient toutes choses par la parole de sa puissance » (v. 13-15). Dieu sait juger les méchants quand Son moment est arrivé (v. 20-27). Mais il sait aussi entendre le cri du pauvre et celui des malheureux : « Quand il donne la tranquillité, qui troublera ? »

De fait Job ne s’est pas repenti jusqu’à maintenant (v. 31-37). Il se croit juste et n’a pas dit à Dieu : « Ce que je ne vois pas, montre-le-moi » (v. 32). Ses discours ne sont pas intelligents. C’est pourquoi il est nécessaire qu’il soit « éprouvé jusqu’au bout... (v. 36), parce qu’il a... multiple ses paroles contre Dieu » ; c’était encore beaucoup plus grave que sa propre justice.

 

5.4   Dieu est plus grand que l’homme dans son orgueil (35)

Élihu a laissé encore une fois à Job le temps de réfléchir, puis il reprend la parole. De nouveau, il doit reprocher au patriarche d’avoir dit : Je suis plus juste que Dieu. Pour élever ses pensées un peu au-dessus de lui-même et l’amener à considérer dans une mesure la grandeur du Tout-puissant, il l’invite à « contempler les nuées : elles sont plus hautes que toi » (v. 5) ! Tu crois que Dieu te doit une récompense pour ta justice ? C’est pour toi-même que celle-ci a une valeur ; mais que lui donnes-tu en étant juste ?

« On crie... on appelle au secours... on ne dit pas : Où est Dieu mon créateur qui donne des chants de joie dans la nuit ? Et il ne répond pas, à cause de l’orgueil » (v. 9-12).

Job avait dit qu’il ne voyait pas Dieu et ne pouvait placer devant lui sa cause (23:8-9) ; pourtant la pleine connaissance de toutes choses est devant Lui : « Attends-le donc » (35:14). « Si sa colère n’a pas encore visité, Job ne connaît-il pas sa grande arrogance ?... Il entasse des paroles sans science ».

 

5.5   Encore des paroles pour Dieu (36 - 37)

Après la répréhension de la fin du chapitre précédent, Élihu à nouveau s’est tu. Job va-t-il enfin comprendre ? — Le jeune homme continue ; il a encore beaucoup à dire pour « donner justice à son Créateur ».

« Dieu est puissant et ne méprise personne » (v. 5-12). « Il ne fait pas vivre le méchant, mais il fait droit aux malheureux ». Il s’occupe du juste et le bénit. Mais s’il permet l’épreuve, c’est pour montrer au croyant ce qu’il a fait, même si ses transgressions sont grandes. Il faut qu’Il ouvre ses oreilles à la discipline. Deux conséquences peuvent en résulter : écouter, et trouver la bénédiction (v. 11) ; ne pas écouter, et subir le jugement de Dieu dans son gouvernement (v. 12).

Les « hypocrites de cœur » font pire encore ; le châtiment les atteindra (v. 13-14). Ils ont une « vie de façade », une piété affichée, mais, par derrière, une double vie soigneusement dissimulée à leur famille et aux autres croyants.

Dieu est plein de compassion pour le malheureux. Et toi Job il t’aurait délivré de la détresse, si tu n’étais pas « plein des jugements des méchants », que tu imites en accusant Dieu. Sa colère pourrait t’enlever par le châtiment. Il ne tiendra pas compte de tes richesses, et tu as tort de soupirer après la mort (v. 15-21).

« Qui enseigne comme Lui ? » (v. 22-37:10).

Dieu est grand. Il nous dépasse infiniment. Mais il a ses moyens pour atteindre la conscience et le cœur des hommes : les orages de la vie (36:29 – 37:10), et d’autre part les « nuées » (v. 11-21).

Les orages ne se déchaînent guère en hiver, mais bien au cœur de l’été, quand tout paraît beau et facile. Tout à coup le « tonnerre » éclate : un deuil sérieux dans la famille, un accident, une maladie, une déception. Qui peut comprendre ? (36:29). « À cause de cela mon cœur tremble et tressaille » (37:1). Et pourtant c’est Dieu qui « dirige » (v. 3). Il fait « de grandes choses que nous ne comprenons pas » (v. 5). Il a son but en grâce.

Les « nuées » se forment, elles tournoient en tous sens, et vont accomplir ce qu’Il leur commande. La lumière est voilée, la joie dans le Seigneur a baissé, la communion chancelle... Dieu le permet. C’est lui qui conduit « le balancement des nuages ». Il les fait venir « comme verge » si le châtiment est nécessaire, ou « en bonté» : la pluie est source de bénédiction (Ps. 84:6). « On ne voit pas la lumière brillante », elle est cachée ; le vent de l’épreuve passe... « et produit un ciel clair ! » (v. 21). Dès Genèse 1, quand Dieu intervient dans « le soir», il amène « le matin ».

 

6                    L’Éternel répond à Job (ch. 38 – 41)

Job avait demandé « que le Tout-puissant me réponde » (31:35). Les débats avec ses amis, et son monologue, avaient montré le fond de son cœur et préparé les discours d’Élihu. Ceux d’Élihu ont préparé Job à la rencontre personnelle avec Dieu. Et pendant quatre chapitres (combien moins que les longues discussions du début !), l’Éternel lui parle, et cela « du milieu du tourbillon », du sein de la tempête de l’épreuve. Job est encore malade, il a encore des nuits sans sommeil, sa peau suppure toujours et ses misères le dévorent. Mais Dieu lui parle.

À travers la Parole, combien de fois la voix de Dieu ne s’est-elle pas fait entendre ? À Adam, avec la première question de la Bible : Où es-tu ? À Caïn, avec la deuxième question : Qu’as-tu fait ? Et cette Voix parle encore à tout homme : Où es-tu depuis que tu as écouté l’ennemi ? Qu’as-tu fait dans ta vie ? — Et la conscience rend sensibles à l’esprit les fautes commises.

À Moïse, Dieu parle tout le long de sa carrière : au buisson (Ex. 2:4 sqq) lorsqu’il est invité à ôter les sandales de ses pieds, « car le lieu sur lequel tu te tiens est une terre sainte ». Au Sinaï, l’Éternel parle dans le feu brûlant, les ténèbres et la tempête (Héb. 12:12-18), de sorte que Moïse est « épouvanté et tout tremblant » (v. 21). Mais à son fidèle serviteur, le Seigneur fait aussi entendre sa voix dans le secret du sanctuaire, lorsque Moïse y pénètre « pour parler avec Lui » (Ex. 7:89).

Élie à Horeb entend la voix douce et subtile, alors que plein de lui-même il déclare avec amertume : « Je suis resté moi seul... ils ont abandonné ton alliance... » (1 Rois 19:13-15) ; et l’Éternel de lui répondre : « Va, retourne... » Un autre prophète s’élèvera à ta place : Élisée. Tu crois être resté tout seul, et pourtant il y a « sept mille hommes qui n’ont pas fléchi le genou devant Baal » !

Le jeune Ésaïe pénètre dans le temple et a la vision du Seigneur sur son trône haut et élevé (6:1-8). Que peut-il dire, sinon : « Malheur à moi ! car je suis perdu ; car moi je suis un homme aux lèvres impures » (v. 5). Le charbon de l’autel touche sa bouche et propitiation est faite pour son péché. Alors il entend la voix du Seigneur : « Qui enverrai-je, et qui ira pour nous ? — Et je dis : Me voici, envoie-moi. — Et il dit : Va » (v. 8). Il y a un parallèle évident avec Luc 5 où Simon, placé devant la puissance du Seigneur lors de la pêche miraculeuse, se jette aux genoux de Jésus, disant : « Seigneur, retire-toi de moi, car je suis un homme pécheur » (v. 8). Mais le Maître répond : « Ne crains pas ; dorénavant tu prendras des hommes ».

Sur le chemin de Damas, Saul avait entendu la voix du ciel : « Je suis Jésus que tu persécutes » (Actes 9:6), parole qui va marquer tout le ministère de l’apôtre, révélant l’union de Christ, la Tête avec son corps, l’assemblée composée de tous ses rachetés. Un peu plus tard, dans le temple de Jérusalem, le jeune homme devra expressément confesser au Seigneur qu’il a persécuté les croyants, les a lui-même battus dans les synagogues, et était présent et consentant lorsque le sang d’Étienne fut répandu. Alors « Il me dit : Va... » (Actes 22:17-21).

Au psaume 19, Dieu parle tout d’abord par la création : « Les cieux racontent la gloire de Dieu, et l’étendue annonce l’ouvrage de ses mains... Il n’y a point de langage, il n’y a point de paroles, toutefois leur voix est entendue ». II se fait connaître surtout par sa Parole, « parfaite, restaurant l’âme » (v. 7). Placé ainsi dans la présence du Dieu créateur et du Dieu qui s’est révélé, que peut dire le psalmiste : « Qui est-ce qui comprend ses erreurs ? Purifie-moi de mes fautes cachées » (v. 12).

 

6.1   Que va dire Job quand il entend la voix de l’Éternel lui-même ?

Il avait voulu reprendre Dieu et contester avec lui (39:35), voire l’enseigner. Il avait « entassé des paroles sans science » (35:16). L’Éternel le prend au mot : « Ceins tes reins comme un homme, et je t’interrogerai, et tu m’instruiras ! » (38:3). Comme il l’a fait à Adam, comme il l’a fait à Caïn, comme il l’a fait à Élie, Dieu va poser une question qui touche Job au profond de lui-même : « Où étais-tu quand j’ai fondé la terre ? »

Et l’Éternel fait passer devant le patriarche toute sa puissance en création, présentant successivement la terre, la mer, l’aube du jour, les portes de la mort, la lumière, tous les phénomènes de l’eau, les astres, la foudre, les nuages (38).

Puis il décrit devant lui diverses sortes d’animaux, soulignant le caractère propre à la nature de chacun : la lionne, le corbeau, les bouquetins, l’âne sauvage, la grande gazelle, l’autruche, le cheval, l’épervier, l’aigle. Sont-ils l’aboutissement d’une évolution, ou une création de Dieu, « chacun selon son espèce » ? Tant de discussions sur ce sujet nous rappellent que la science, quelle qu’elle soit, est, grâce à l’intelligence donnée par Dieu à l’homme, un moyen de connaissance qui peut découvrir progressivement les lois de la nature et les utiliser. Mais d’autre part Dieu s’est révélé dans sa Parole, de la manière qu’il a voulue, par des hommes conduits par l’Esprit Saint. Ne cherchons pas à concilier l’un et l’autre. Ce sont deux chemins différents, pour des buts différents, qu’il ne faut pas vouloir harmoniser. Les mettre en contradiction n’est autre chose que placer Dieu au même niveau que l’homme. Et surtout ne jamais faire dire à la Bible ce qu’elle ne dit pas !

 

6.2   La première réponse de Job (39:36-38)

Le patriarche rentre en lui-même. Qu’est-il en face du Dieu qui a tout disposé autour de nous pour faire connaître « et sa puissance éternelle et sa divinité » (Rom. 1:20) ? — « Voici, je suis une créature de rien, que te répliquerai-je ? Je mettrai ma main sur ma bouche ». Devant la grandeur de Dieu, reconnaître son néant, et... se taire !

Le travail dans l’âme éprouvée n’est pas terminé : Job est contraint, mais pas humblement soumis. Il répond — semble-t-il en boudant — : « J’ai parlé une fois, et je ne répondrai plus ; et deux fois, et je n’ajouterai rien » (v. 38). Puisque je ne suis rien, je ne dirai plus un mot ! Mais Job, il faudra que tu parles encore une fois, et tout autrement !

 

6.3   Deuxième réponse de l’Éternel

Il répète les mots du premier discours : « Je t’interrogerai et tu m’instruiras ! », comme pour dire : Tu n’as pas encore appris la leçon nécessaire. « Me démontreras-tu inique afin de te justifier ? » Voilà le point crucial. Mieux encore qu’Élihu, Dieu lui-même met à nu l’âme de Job (cf. Héb. 4:13) : Pour te justifier, tu me démontres inique ! Tu as dit que tu étais un « prince » qui s’approchait de moi. Eh bien, dit ironiquement l’Éternel : « Pare-toi, je te prie, de grandeur et de magnificence ; revêts-toi de majesté et de gloire... regarde tout ce qui s’élève et humilie-le... » (v. 5-7).

Il tourne les regards de Job vers deux animaux dont la force dépasse, et de combien, celle de l’homme. Sans doute, sous la figure du béhémoth (l’hippopotame ?) et du léviathan (le crocodile) se cachent d’autres puissances, dont l’existence nous est attestée par ailleurs.

Du béhémoth l’Éternel souligne la force, la retraite dans les marécages ( !)... un animal que l’on ne peut dompter (v. 19).

Quant au léviathan, on le suppliera en vain : « Mets ta main sur lui : souviens-toi de la bataille — n’y reviens pas ! » Et vient une description très poétique de cet ennemi redouté.

La Parole nous parle de trois choses, entre autres, qu’un homme ne peut dompter.

Tout d’abord de Satan, l’adversaire, préfiguré par le léviathan. À quoi bon combattre contre lui ? « Quand il se lève, les forts ont peur, ils s’enfuient, saisis d’épouvante » (v. 16). Mais il y en a Un plus grand, qui a vaincu l’homme fort (Luc 11:22). « Il a rendu impuissant celui qui avait le pouvoir de mort, c’est-à-dire le diable ». Mais quant à nous, répétons-le : « Souviens-toi de la bataille — n’y reviens pas ».

L’expérience de Romains 7 montre combien la chair ne peut être domptée, même par le croyant : « Je vois dans mes membres une autre loi qui combat contre la loi de mon entendement et qui me rend captif de la loi du péché qui existe dans mes membres » (v. 23). Mais quelle délivrance : « La loi de l’Esprit de vie dans le Christ Jésus m’a affranchi de la loi du péché et de la mort » (Rom. 8:2). Le premier verset de Romains 8 parle de tout croyant, de tous ceux qui « sont dans le Christ Jésus ». Pour eux, point de condamnation. Le deuxième verset, comme la fin du chapitre 7, parle d’une expérience personnelle : la loi de l’Esprit de vie m’a affranchi. On a souvent parlé de l’électro-aimant attaché à une grue, qui, lorsque le courant électrique est mis en action, soulève de la ferraille. La loi de la pesanteur est vaincue. Mais si le courant est interrompu, la ferraille retombe : la loi de la pesanteur a prévalu. Tant que se maintient notre communion avec le Seigneur, que l’Esprit n’est pas attristé, il peut agir et nous affranchit de la loi du péché. Mais s’il y a du mal non jugé, non confessé, l’Esprit n’opère pas, la chair reprend ses droits.

Enfin, dit Jacques : « Toute espèce de bêtes sauvages et d’oiseaux, de reptiles et d’animaux marins, a été domptée par l’espèce humaine ; mais pour la langue, aucun des hommes ne peut la dompter : c’est un mal désordonné, plein d’un venin mortel ! » Elle n’est qu’un « petit membre », mais que de mal elle fait ! Bien sûr, non pas la langue physique, mais : « De l’abondance du cœur la bouche parle » (Luc 6:45). — « Par elle nous bénissons le Seigneur et Père, et par elle nous maudissons les hommes faits à la ressemblance de Dieu ». Jacques se contente de dire : « Il ne devrait pas en être ainsi ». Romains 8 nous a donné la solution.

Un moyen pratique dans la main du Seigneur pour nous aider à ne pas prononcer des paroles déplacées, est, chaque fois que cela nous arrive, de le reconnaître vis-à-vis de celui à qui nous nous sommes mal adressés, que ce soit dans la colère, l’irritation, ou autre manifestation de la chair. Combien plus si nous avons menti, même si c’est très dur. Jacques lui- même le dira : « Confessez donc vos fautes l’un à l’autre, et priez l’un pour l’autre, en sorte que vous soyez guéris » (5:16). Si l’on a dû revenir deux ou trois fois vers la même personne pour avouer le même écart, et lui demander de prier pour nous, cela nous aidera beaucoup à ne pas recommencer ! (*)

 

(*) Il n’en est peut-être pas ainsi de la médisance (rapporter un mal réel pour se rehausser soi-même ou dénigrer autrui). En tout cas il ne convient pas d’aller vers celui duquel on a médit ; ce serait aggraver les choses. Et il faut du discernement pour savoir s’il faut toujours demander à celui à qui on médit de ne pas le répéter plus loin ; cela peut parfois accentuer le mauvais propos. Si par contre il s’agit d’une calomnie, d’un mal faux ou exagéré, il faut aller au plus vite vers son interlocuteur pour la rectifier (Prov. 10:18 ; 25:18).

 

7                    La fin du Seigneur (ch. 42)

7.1   Deuxième réponse de Job : son repentir (42:1-6)

Les discours de Job et de ses amis ont occupé des centaines de versets. Job a enfin appris à se taire et à écouter. Mais, après que l’Éternel personnellement lui a parlé, a fait défiler devant lui tant d’exemples de sa puissance créatrice et du pouvoir de l’ennemi, il suffira au patriarche de cinq versets pour témoigner de l’œuvre de grâce qui s’est accomplie en son cœur et amène enfin sa pleine restauration.

Job s’adresse directement à l’Éternel — non à ses amis, ou à Élihu — pour reconnaître Sa toute-puissance (v. 2) : « Je sais que tu peux tout, et qu’aucun dessein n’est trop difficile pour toi ». Que d’encouragement ces simples mots ont apporté à tant d’âmes en but à la tentation, qu’elle provienne de la convoitise ou de l’extérieur. L’ennemi s’acharne à faire tomber le croyant ; le regard de la foi se tourne vers Celui qui peut tout et pour qui rien n’est trop difficile : « Dieu est fidèle... avec la tentation il fera aussi l’issue » (1 Cor. 10:13).

Au début des paroles adressées à Job, l’Éternel avait dit, avec une certaine ironie : « Qui est celui-ci qui obscurcit le conseil par des discours sans connaissance ? » (38:2). Job répète la même question pour reconnaître que c’est lui qui a « parlé sans comprendre de choses trop merveilleuses pour moi, que je ne connaissais pas ». Quel contraste avec tant de chapitres où il prétendait tout connaître et tout savoir, être conducteur des autres : « Je vous enseignerai comment Dieu agit, je ne cacherai pas ce qui est par devers le Tout-puissant » (27:11). Quel aveu de son ignorance, qui a voulu outrepasser ce qui lui avait été révélé. Paul reprendra sévèrement certain des Colossiens qui « s’ingérait dans les choses qu’il n’a pas vues, enflé d’un vain orgueil par les pensées de sa chair » (Col. 2:18). Que de raisonnements déplacés sur des thèmes comme la prédestination, le sort final des méchants, les anges même ! Pourquoi vouloir faire comprendre ce que Dieu n’a pas pleinement révélé ? Et souvenons-nous surtout que dans la Personne du Fils, il reste un mystère inscrutable : « Personne ne connaît le Fils, si ce n’est le Père » (Mat. 11:27). Le Fils a révélé le Père (Jean 1:18) ; mais Celui qui est à la fois véritablement Dieu et véritablement homme en une seule personne, surpasse tout ce que nous pouvons sonder. Même quand il apparaît dans sa gloire « il porte un nom écrit que nul ne connaît que lui seul » (Actes 19:12). L’arche n’était qu’un type de Christ ; mais nul ne pouvait regarder dans l’arche sans risquer la mort.

 

Nom de Jésus que nul ne sonde,

Nom du Dieu fort d’éternité,

Et de l’Agneau Sauveur du monde

Et de l’Homme ressuscité (H.R.)

 

Job avait été si plein de lui-même et de son savoir que l’Éternel lui avait dit à deux reprises : « Ceins tes reins comme un homme, et je t’interrogerai et tu m’instruiras !» (38:3 ; 40:2). Maintenant c’est Job qui déclare, confus : « Écoute, je te prie, et je parlerai ; je t’interrogerai, et toi instruis-moi » (42:4). N’est-ce pas l’attitude à prendre, soit devant la Parole de Dieu, soit dans toutes les circonstances de la vie ? Trop souvent on voudrait, même sans s’en rendre compte, dire à Dieu ce qu’il doit faire — ou faire dire à la Parole ce qui nous convient mais qu’elle ne dit pas. On a une pensée préconçue, et l’on cherche un texte quelconque qui la corrobore ! « Toi, instruis-moi ».

Vient alors l’expérience profonde et décisive de Job et de tant d’autres après lui : « Mon oreille avait entendu parler de Toi, maintenant mon œil T’a vu » (v. 5). On a entendu parler du Seigneur Jésus, peut- être dès l’enfance, si on a eu le privilège d’être élevé dans une famille chrétienne ; ou l’on a entendu parler de lui quand, dans sa grâce, il nous a mis en contact avec l’un ou l’autre ou plusieurs de ses enfants, ou surtout avec sa Parole ; on a pu croire en Lui et l’accepter comme Sauveur. Mais c’est tout autre chose de le « voir ». Il ne s’agit pas d’extase, ni de révélation extraordinaire, mais de cette expérience profonde de l’âme, décrite en particulier en Romains 6 - 8, qui amène à ces conclusions merveilleuses : « Dieu est pour nous... Dieu justifie... Christ mort et aussi ressuscité intercède pour nous... Qui nous séparera de l’amour du Christ ?... Aucune créature ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu » (Rom. 8:31-39). Peut alors se réaliser le côté subjectif de l’expérience : « Je vous exhorte donc, frères, par les compassions de Dieu, à présenter vos corps en sacrifice vivant, saint, agréable à Dieu... Soyez transformés (impératif passif) par le renouvellement de votre entendement » (Rom. 12:1-2). C’est l’expérience de l’apôtre, telle qu’il la présente en Galates 2:20 : « Je suis crucifié avec Christ ; mais je vis — non plus moi, mais Christ vit en moi ».

Job avait été plein de lui-même, plein d’orgueil, plein d’arrogance. Quand il a « vu » Dieu, que dit-il ? « C’est pourquoi j’ai horreur de moi, et je me repens dans la poussière et dans la cendre » (v. 6). Comment avait-il pu s’élever pareillement à ses propres yeux, et surtout parler contre Dieu et l’accuser d’être injuste ? Avant il offrait sa signature pour que le Tout-puissant lui réponde, pour qu’il puisse s’approcher de Lui « comme un prince ». Maintenant... il ne reste plus que la poussière et la cendre ! Job a complètement changé de pensées — c’est la vraie repentance — quant à lui-même et quant à Dieu. Ce n’est pas ici à proprement parler la conversion initiale, puisque Job avait foi en Dieu et le craignait, selon la révélation qu’il avait reçue. Mais c’est ce travail profond de l’Esprit de Dieu dans l’âme qui l’amène à se détourner d’elle-même et à trouver toutes ses ressources dans le Seigneur.

Job n’a pas seulement horreur de ses paroles, de ses accusations, de ses lamentations, mais de lui- même. Un tel changement n’a pu avoir lieu que dans la présence même de Dieu. Les discours des amis n’ont fait que l’irriter ; ceux d’Élihu l’ont fait réfléchir ; le Seigneur seul pouvait opérer dans son cœur. Enfin il connaît la grâce.

 

7.2   La restauration de Job (42:7-17)

Parlant de Job, Jacques nous dit : « Vous avez ouï parler de la patience de Job, et vous avez vu la fin du Seigneur, savoir que le Seigneur est plein de compassion et miséricordieux » (5:11). Aurions-nous parlé de la patience de Job ? Elle ne ressort guère de ses discours. Mais quand il s’est repenti, que Dieu peut dire, voyant d’avance l’œuvre de Christ : «J’ai trouvé une propitiation » (33:24), tout le passé est effacé. Et le Seigneur, plein de compassion et de miséricorde, restaure son serviteur.

Il était maintenant en règle avec Dieu, mais pas encore avec ses amis. De l’amertume subsistait certainement dans son cœur. Les amis, qui avaient dû se taire, n’étaient pas à l’aise. L’Éternel reproche à Éliphaz de n’avoir « pas parlé de moi comme il convient, comme mon serviteur Job » (v. 7). Ils avaient attribué à Dieu une pensée injuste à l’égard de son serviteur. Leurs discours n’avaient pas du tout convenu à la situation. Job avait-il fait mieux ? Au contraire, lui- même reconnaît avoir « parlé sans comprendre ». Pourtant l’Éternel peut dire : «... comme mon serviteur Job». Là aussi tout le passé était effacé. La « propitiation » avait permis à Dieu de pardonner l’attitude du patriarche. Il restait la foi, qui malgré tout s’était montrée durant sa longue épreuve.

Les trois amis doivent offrir un sacrifice, seul moyen pour être restaurés. Job de son côté devait prier pour eux. Pardonner sans doute, mais aussi intervenir auprès de Dieu en leur faveur. Toute amertume devait être ôtée ; le patriarche, qui avait tant souffert de la part de ses amis, devait être pleinement réconcilié avec eux. Le sacrifice est offert ; l’Éternel a Job pour agréable ; Il peut rétablir son ancien état, « quand il eut prié pour ses amis ».

Voilà un point important à retenir. On peut avoir reconnu devant Dieu ses fautes, avoir pris une conscience plus profonde de son état de péché et de la grâce divine ; mais il faut aussi que l’amertume qui peut rester dans l’esprit contre un frère, contre une sœur, contre un ami, soit bannie, et que l’on puisse prier ensemble.

L’Éternel donne alors à Job le double de tout ce qu’il avait eu. Les relations de famille sont restaurées ; tous ses parents et ses amis viennent à lui, sympathisent avec lui, le consolent, répondent à ses besoins matériels. « L’Éternel bénit la fin de Job plus que son commencement ». Pour lui sans doute bénédictions avant tout terrestres, mais pour nous spirituelles qui découlent d’une épreuve où l’on a appris la leçon que le Seigneur voulait enseigner. Les troupeaux sont doublés, mais pas les enfants. On peut bien penser qu’à cause des sacrifices que leur père avait offerts pour eux, ceux qui étaient morts étaient sauvés. Job a de nouveau sept fils et trois filles : les anciens n’étaient pas perdus comme les brebis ou les bœufs.

Le patriarche voit ses fils, les fils de ses fils, quatre générations. La bénédiction de Dieu repose sur la famille. — Et Job, rassasié de jours, entre dans le repos qu’il avait autrefois souhaité dans son temps de misère.

Après son reniement, Pierre a connu la grâce du Seigneur, qui non seulement lui a pardonné, mais l’a restauré dans le service, a fait de lui un berger du troupeau. Il terminera sa première épître en parlant de « la vraie grâce de Dieu dans laquelle vous êtes ». Et sa dernière exhortation, avant de clore sa deuxième lettre : « Croissez dans la grâce et dans la connaissance de notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ» (2 Pierre 3:18).

Paul avait persécuté l’assemblée de Dieu. Il regrettait profondément d’avoir été un blasphémateur, et un persécuteur, et un outrageux. « Mais miséricorde m’a été faite... la grâce de notre Seigneur a surabondé» (1 Tim. 1:13-14). Toutes ses épîtres — c’était même son signe d’authentification — se termineront par l’expression de « la grâce de notre Seigneur Jésus-Christ ».

Et prenons notre Bible pour en lire le dernier verset : « Que la grâce du Seigneur Jésus-Christ soit avec tous les saints » (Apoc. 22:21).

 

Ta grâce ineffable

À tout fait pour Moi.

H. et C. 85 :1