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Le foyer chrétien

 

ou : Les relations domestiques

 

Edward Dennett

 

Paru en anglais en 1877 sous le titre « The Christian Household, and the relative duties »
Paru en français sous le titre « Les relations domestiques »,
ME 1880 p. 281 et suiv., et 2ème édition 1928.
La présente publication ne reprend pas les deux derniers chapitres (Serviteurs, et Maîtres)

 

Table des matières :

1     Relations chrétiennes et naturelles

2     Le cercle du foyer chrétien : Sphère du déploiement de la grâce de Dieu

3     La femme

4     Le mari

5     Les Enfants

6     Les parents

7     Conclusion

 

 

 

1                    Relations chrétiennes et naturelles

Je suis crucifié avec Christ ; et je ne vis plus, moi, mais Christ vit en moi ; — et ce que je vis maintenant dans la chair, je le vis dans la foi, la foi au Fils de Dieu, qui m’a aimé et qui s’est livré lui-même pour moi (Gal. 2:20).

Car pour moi vivre, c’est Christ (Phil.1:21).

Celui qui dit demeurer en lui, doit lui-même aussi marcher comme lui a marché (1 Jean 2:6).

 

Avant de considérer en détail le sujet des relations de famille et des responsabilités qui en découlent, il peut être utile de porter notre attention sur la manière dont l’Esprit de Dieu traite ces relations.

Avec la connaissance de la pleine révélation de la grâce de Dieu dans la rédemption, il s’est trouvé certains esprits, disposés à faire peu de cas des liens naturels. Cette tendance, due à l’ignorance et à une fausse interprétation de certaines portions de l’Écriture, a quelquefois revêtu des formes très fâcheuses dans l’histoire de l’Église, et l’on rencontre encore de nos jours des personnes en assez grand nombre, qui tombent dans le même genre d’erreur. Il est donc très important de remarquer que l’épître aux Éphésiens — celle qui expose le plus complètement la vérité quant à la position du croyant devant Dieu en Christ, et quant à l’Église comme corps de Christ — traite aussi de la manière la plus complète les diverses responsabilités qui se rattachent à nos relations naturelles. Le caractère obligatoire de ces relations se trouve ainsi maintenu, de la manière la plus positive, par la sanction et le commandement de Dieu, en même temps que nous sommes avertis de ne jamais oublier, au milieu de la pleine jouissance de nos privilèges chrétiens, les devoirs qui sont attachés aux diverses relations que Dieu a établies sur la terre. Il est parfaitement vrai que notre position devant Dieu, comme chrétiens, n’est pas dans la chair, mais dans l’Esprit, si du moins l’Esprit de Dieu habite en nous (Rom. 8:9) ; parce que, par la mort et la résurrection de Christ, nous avons été délivrés de notre état ancien, et introduits dans le nouvel état chrétien ; mais Dieu nous fait en quelque sorte retourner en arrière, pour nous replacer sur un principe nouveau, —celui de la grâce et de la vérité, telle qu’elle est en Jésus Christ, au lieu de celui de la simple nature, — devant chacun des devoirs qui nous incombaient, comme créatures de Dieu, dans notre condition première.

Le chap. 4 de l’épître aux Éphésiens met ce point clairement en évidence. Depuis le vers. 17 de ce chapitre, l’apôtre nous donne des exhortations pratiques, découlant de la vérité exposée dans la portion de l’épître qui précède ; et, dès le début de ces exhortations, en contraste avec les gentils qui marchent dans la vanité de leurs pensées (Éph. 4:17-19), il dit aux saints : « Mais vous n’avez pas ainsi appris le Christ, si du moins vous l’avez entendu et avez été instruits en lui selon que la vérité est en Jésus ; c’est-à-dire en ce qui concerne votre première manière de vivre, d’avoir dépouillé le vieil homme qui se corrompt selon les convoitises trompeuses, et d’être renouvelés dans l’esprit de votre entendement, et d’avoir revêtu le nouvel homme, créé selon Dieu, en justice et sainteté de la vérité » (Éph. 4:20-24). Puis plus loin : « Et n’attristez pas le Saint Esprit de Dieu, par lequel vous avez été scellés pour le jour de la rédemption » (Éph. 4:30). Ces paroles nous révèlent deux faits immenses, savoir que le croyant a revêtu (car cette exhortation est fondée sur ce qui est vrai de nous en Christ) le nouvel homme ; puis, que le Saint Esprit habite en lui. C’est pourquoi le chapitre suivant (chap. 5) commence par ces paroles : « Soyez donc imitateurs de Dieu comme de bien-aimés enfants ». Ainsi, comme on l’a bien dit, « étant créés selon Dieu, et Dieu demeurant en nous, Dieu est le modèle de notre marche, Christ, dans une vie d’homme, étant l’expression de ce que Dieu est dans son essence, savoir amour et lumière. Dieu nous est présenté en lui, et nous sommes exhortés à marcher dans l’amour, comme Christ nous a aimés, et s’est livré lui-même pour nous, en sacrifice à Dieu ; « pour nous » exprimant l’amour divin ; « à Dieu » la perfection de l’objet et du motif... Mais aussi, comme participants de la nature divine, nous sommes lumière dans le Seigneur (Éph. 5:8), et nous devons marcher comme des enfants de lumière, Christ étant ici encore notre modèle : « le Christ luira sur toi » (Éph. 5:14) ».

Le même auteur dit encore : « La reproduction de Dieu dans l’homme est ce que Dieu s’est proposé en lui-même dans le nouvel homme ; et c’est aussi ce que le nouvel homme se propose, comme il est lui-même la reproduction de la nature et du caractère de Dieu. Il y a dans la marche du chrétien deux principes, selon le point de vue auquel il se voit lui-même : il court la course, comme homme, vers l’objet de son appel céleste, en suivant Christ élevé dans la gloire ; ou bien, comme nous l’apprenons dans l’Épître aux Éphésiens, il est assis dans les lieux célestes en Christ, et doit comme sortir du ciel, ainsi que Christ l’a fait effectivement, pour manifester sur la terre le caractère de Dieu, dont Christ, ainsi que nous l’avons vu, est le modèle. Nous sommes donc appelés, puisque nous avons la place d’enfants bien-aimés, à manifester les voies de notre Père ».

Telle est la vérité quant à notre position et à notre responsabilité comme chrétiens. Nous avons été rendus participants de la nature divine ; nous avons revêtu le nouvel homme, qui est créé selon Dieu, en justice et en sainteté de la vérité ; nous avons le Saint Esprit habitant en nous ; nous sommes assis dans les lieux célestes dans le Christ Jésus ; et ainsi nous sommes appelés à venir, de ce lieu béni, non selon le vieil homme, mais selon le nouvel homme, dans la puissance de l’Esprit, répondre, sur la terre, à toutes les responsabilités qui découlent pour nous des relations naturelles dans lesquelles nous nous trouvons.

C’est donc comme des hommes célestes, que nous sommes appelés à remplir chacun notre place dans la famille et la maison dont nous faisons partie. Ainsi, toutes les relations dans lesquelles nous nous trouvons placés, devraient être simplement une sphère pour la manifestation de Christ par nous, pour la manifestation de ce qu’il est et de ce qu’il était dans sa marche sur cette terre ; car : « celui qui dit demeurer en Lui, doit lui-même aussi marcher comme Lui a marché » (1 Jean 2:6). Si nous nous souvenions toujours de cela, bien des difficultés seraient écartées de notre chemin. Quand, par exemple, des croyants se trouvent, par quelque lien naturel, dans une position de dépendance à l’égard de personnes non croyantes, la seule question pour eux est de savoir comment ils seront l’expression de Christ dans cette relation. Lui est la mesure de toute responsabilité, et ainsi il ne peut sanctionner aucune prétention à un droit quelconque, qui se trouverait en désaccord avec sa suprême autorité. On ne devrait donc jamais demander si telle chose est permise ou loisible, mais simplement : puis-je faire telle chose selon le nouvel homme marchant dans la puissance de l’Esprit ? C’est-à-dire que la chair et la simple nature ne doivent pas être reconnues ; ainsi, dans nos relations de famille, nous devons « porter toujours, dans le corps, la mort de Jésus, afin que la vie aussi de Jésus soit manifestée dans notre corps » (2 Cor. 4:10). Ainsi, dans quelque relation que le chrétien se trouve, que ce soit celle de mari ou de femme, de père ou de mère, d’enfant ou de serviteur, le seul objet qu’il doive avoir en vue c’est d’être l’expression de Christ. C’est là, dans tous les cas possibles, la mesure et la limite de notre responsabilité.

 

2                    Le cercle du foyer chrétien : Sphère du déploiement de la grâce de Dieu

Et l’Éternel dit à Noé : Entre dans l’arche, toi et toute ta maison, car je t’ai vu juste devant moi en cette génération (Gen. 7:1 )

Envoie des hommes à Joppé, et fais venir Simon, qui est surnommé Pierre, et lorsqu’il sera venu il te parlera (Actes 10:32 ; 11:13).

Et ils dirent : Crois au Seigneur Jésus, et tu seras sauvé, toi et ta maison (Actes 16:31).

 

Nos cœurs sont toujours portés à limiter la grâce de Dieu ; ils sont lents à vouloir croire soit à la souveraineté, soit à la plénitude de la grâce ; et quelquefois, ceux mêmes qui appuient le plus énergiquement sur les grandes vérités de la rédemption, sont le plus enclins à limiter cette grâce de Dieu. Nous avons donc sans cesse besoin d’examiner de nouveau les choses reçues par nous, comme étant indubitablement des enseignements de la Parole. Nous devons le faire, non pour nous laisser ébranler ou pour entretenir en nous un esprit d’incertitude, mais simplement pour que nous soyons, à tous égards, entièrement soumis à la parole de Dieu.

Bon nombre de chers enfants de Dieu n’ont pas compris le sens et la force des expressions employées par l’apôtre, dans sa réponse au geôlier : « Crois au Seigneur Jésus, et tu seras sauvé, toi et ta maison » (Actes 16:31) (*). On reconnaît qu’il faut une foi individuelle, à laquelle aussi est faite la promesse d’un salut individuel ; mais, eu égard à ses résultats pratiques, le côté extensif additionnel de cette promesse, embrassant toute la maison du croyant, est souvent oublié. Ainsi, à la question : « Que faut-il que je fasse pour être sauvé ? » on répond à peu près universellement : « Crois au Seigneur Jésus, et tu seras sauvé, » omettant les paroles qui suivent : « toi et ta maison » et ainsi, on rétrécit involontairement le cercle du déploiement de la grâce de Dieu.

 

(*) Voyez un précieux traité sur ce sujet, intitulé : Toi et ta maison, par C. H. M. Nous en recommandons la lecture à tous les chefs de famille chrétiens.

 

Nous voudrions donc chercher dans l’Écriture ce qu’elle enseigne sur ce sujet, ce qu’elle dit du lien qui unit la famille et son chef croyant (ou tout autre membre croyant de cette famille, je suppose). Nous trouverons, je crois, que le principe de la grâce, embrassant la famille entière du croyant, prévaut, et dans l’ancienne, et dans la nouvelle dispensation.

 

Commençant par Genèse 7:1, nous lisons : « Et l’Éternel dit à Noé : Entre dans l’arche, toi, et toute ta maison, car je t’ai vu juste devant moi en cette génération ». Ce passage est extrêmement important, parce qu’il est exprimé en termes dont la signification expresse ne permet aucune espèce de question douteuse.

La raison pour laquelle Dieu commande à Noé d’entrer dans l’arche avec sa maison, il la lui dit en ces termes : « Car je t’ai vu juste devant moi en cette génération ». Si quelqu’un supposait que probablement tous les membres de la famille de Noé étaient « justes » devant Dieu, cette supposition serait réfutée par l’histoire subséquente de l’un des membres de cette famille, celle de Cham (Gen. 9:22-25). C’est à cause de la foi de son chef que la famille de Noé fut garantie du jugement ; la déclaration en est faite en termes dont la force ne peut être amoindrie. Ce qu’ils obtinrent en vertu de la foi de Noé, n’était pas le salut, cela est vrai ; mais c’en était un type (1 Pierre 3:20, 21) ; et n’était-ce pas une immense bénédiction que d’être portés par l’arche au-dessus des eaux de ce déluge épouvantable qui fondait sur toute la terre en jugement et en exterminait les habitants ? « Tout ce qui existait sur la face de la terre fut détruit, depuis l’homme jusqu’au bétail, jusqu’aux reptiles et jusqu’aux oiseaux des cieux : ils furent détruits de dessus la terre ; et il ne resta que Noé et ce qui était avec lui dans l’arche » (Gen. 7:23). Ainsi, toute la famille de Noé, introduite sur le terrain de la grâce de Dieu, fut garantie du jugement et trouva place sur la nouvelle terre, à cause de la foi de Noé. De plus, le cercle du déploiement de la grâce de Dieu s’agrandit encore en faveur des femmes des fils de Noé, complétant ainsi le nombre des huit personnes dont parle Pierre, comme ayant été « sauvées à travers l’eau » (1 Pierre 3:20).

Un autre exemple du principe de la grâce, embrassant la famille entière du croyant, se trouve au chap. 12 de la Genèse : « Et Abram s’en alla, comme l’Éternel lui avait dit, et Lot s’en alla avec lui ; et Abram était âgé de soixante-quinze ans lorsqu’il sortit de Charan. Et Abram prit Saraï, sa femme, et Lot, fils de son frère, et tout leur bien qu’ils avaient amassé, et les âmes qu’ils avaient acquises à Charan ; et ils sortirent pour aller au pays de Canaan, et ils entrèrent au pays de Canaan » (vers. 4, 5). Pour le moment, nous nous bornerons à signaler un fait présenté dans cet exemple, savoir que toute la famille d’Abram le suivit de la Chaldée et de Charan, en Canaan, et cela en vertu du même principe que dans le cas de Noé : toute la famille étant, aux yeux de Dieu, une avec son chef.

Ensuite nous avons l’exemple remarquable de Lot, d’autant plus frappant que Lot s’était écarté du sentier de la foi, qu’il avait perdu le caractère d’étranger sur la terre et était devenu citoyen de Sodome. Les traits détaillés de son histoire sont connus de tous : que ne fait-on plus attention aux avertissements et aux leçons qu’elle renferme !

Le moment était venu, où la longue patience de Dieu allait faire place au jugement, parce que le péché des « villes de la plaine » était fort aggravé. Mais il arriva « lorsque Dieu détruisit ces villes, qu’il se souvint d’Abraham, et renvoya Lot hors de la destruction, quand il détruisit les villes dans lesquelles Lot habitait » (Gen. 19:29). Ce n’est pas, toutefois, sur le lien de parenté qui unissait Lot à Abraham, quelque important qu’il soit à sa place en vue du sujet qui nous occupe, — ni non plus sur le fait que Lot fut garanti de la destruction par l’intercession de son parent, — que nous arrêterons notre attention ; mais sur la famille même de Lot. Ici, nous voyons le même principe prévaloir : Lot n’est pas seul sauvé ; c’est toute sa famille qui est épargnée, à qui, du moins, est fournie l’occasion de l’être, dans ce jour de jugement et de destruction.

 

« Et les hommes dirent à Lot : Qui as-tu encore ici, ton gendre, et tes fils et tes filles, et tout ce que tu as dans la ville, fais-les sortir de ce lieu ; car nous allons détruire ce lieu, car leur cri est devenu grand devant l’Éternel, et l’Éternel nous a envoyés pour le détruire » (Gen. 19:12, 13).

 

Il ne faut jamais oublier que, malgré son triste état, Lot était un « homme juste » (2 Pierre 2:8) ; aussi voyons-nous ici, comme dans les exemples précédents, que Dieu lie la famille de son serviteur à celui-ci, que sa grâce et sa miséricorde s’étendent à tous ceux qui sont unis à cet « homme juste » par des liens de parenté, leur offrant la délivrance du jugement qui est prêt à éclater sur ce lieu condamné à la destruction, bien que les gendres de Lot (et qui pourrait dire jusqu’à quel point la conduite de Lot y avait contribué) choisissent la mort plutôt que la vie (vers. 14).

La Pâque nous offre un autre exemple typique du même principe. Le Seigneur commande à Moïse et lui dit : « Parlez à toute l’assemblée d’Israël, disant : Au dixième jour de ce mois, vous prendrez un agneau par maison de père, un agneau par maison ». Et encore : « Et le sang vous sera pour signe sur les maisons où vous serez » (Exode 12:3, 13). Il est donc évident que les Israélites célébraient la Pâque, maison par maison, qu’ils la célébraient sur le principe établi d’un agneau par maison, et qu’ils étaient abrités, famille par famille, par le sang aspergé sur leurs maisons respectives. C’était l’acte du chef de famille, l’obéissance de sa foi, qui assurait à toute sa maison le privilège d’être garantie du jugement qui désolait le pays d’Égypte. Tout comme ce fut la foi de Noé qui lui fit construire l’arche, dans laquelle toute sa famille échappa aux eaux du déluge, de même en Égypte, c’est la foi du chef de famille qui le faisait obéir à l’ordre d’asperger de sang le linteau et les deux poteaux de sa maison, sang par lequel lui-même, son premier-né et toute sa famille, étaient infailliblement garantis des coups du destructeur. Peu importait l’état des habitants de la maison : le point essentiel était l’aspersion du sang. Il suffisait que le chef de la maison eût obéi à l’ordre divin, qu’il eût tué l’agneau et fait l’aspersion du sang, pour que rien ne pût leur nuire. « Car l’Éternel passera pour frapper les Égyptiens, et il verra le sang sur le linteau et sur les deux poteaux ; et l’Éternel passera par-dessus la porte, et ne permettra pas au destructeur d’entrer dans vos maisons pour frapper » (Exode 12:23).

Ce n’était, il est vrai, que le premier-né qui, autant que nous le savons, eût été pris par le jugement, si le sang sur la maison ne l’avait garanti ; mais l’efficace typique de ce sang, figure du sang de l’Agneau de Dieu, s’étendait à tout le peuple d’Israël, embrassant, en vertu de sa valeur figurée, famille par famille, tout Israël. Ainsi, quand Moïse institue l’observance perpétuelle de la Pâque, il leur dit : « Et quand vos enfants vous diront : Que signifie pour vous ce service ? il arrivera que vous direz : C’est le sacrifice de la Pâque à l’Éternel qui passa par-dessus les maisons des enfants d’Israël en Égypte, lorsqu’il frappa les Égyptiens, et qu’il préserva nos maisons » (Ex. 12:26, 27). Ainsi aussi, quand Pharaon lui demande : « Qui sont ceux qui iront ? » Moïse lui répond : « Nous irons avec nos jeunes gens et avec nos vieillards, nous irons avec nos fils et avec nos filles, avec notre menu bétail et avec notre gros bétail ;… » (Ex. 10:8, 9). Car, ainsi que nous l’avons vu, c’était le sang qui les mettait à l’abri du jugement.

Les cinq premiers livres de la Bible renferment en grand nombre des exemples de cette vérité (voyez Lév. 16:17 ; 22:12, 13 ; Nomb. 18:11 ; Deut. 12:7 ; 14:26, etc.) (*). On peut également citer le cas de Rahab, l’un des exemples les plus remarquables d’un objet de la grâce, dont il soit fait mention dans les Écritures, en même temps qu’elle est un des types les plus vivants de l’appel des gentils. Rahab a même obtenu une mention spéciale parmi les saints qui se sont distingués par leur foi (Hébr. 11). Dans ce qui est raconté d’elle (Josué 2), que voyons-nous ? Échappe-t-elle seule à la destruction de Jéricho et de ses habitants ? Sa foi ne sert-elle qu’à la sauver, elle seule ? Que lui disent les espions ? « Voici nous allons entrer dans le pays ; tu attacheras ce cordon de fil écarlate à la fenêtre par laquelle tu nous as fait descendre, et tu rassembleras auprès de toi, dans ta maison, ton père et ta mère et tes frères, et toute la maison de ton père. Et il arrivera que quiconque sortira hors des portes de ta maison, son sang sera sur sa tête, et nous serons quittes ; mais quiconque sera avec toi dans la maison, son sang sera sur notre tête, si on met la main sur lui » (Josué 2:18, 19). Et, lorsqu’ils eurent pris la ville, « Josué dit aux deux hommes qui avaient exploré le pays : Entrez dans la maison de la prostituée et faites-en sortir la femme et tous ceux qui sont à elle, comme vous le lui avez juré. Et les jeunes hommes, les espions, entrèrent et firent sortir Rahab, et son père, et sa mère, et ses frères, et tous ceux qui étaient à elle ; ils firent sortir toutes les familles des siens et ils les laissèrent en dehors du camp d’Israël... Et Josué conserva la vie à Rahab la prostituée, et à la maison de son père, et à tous ceux qui étaient à elle ; et elle a habité au milieu d’Israël jusqu’à ce jour, car elle avait caché les messagers que Josué avait envoyés pour explorer Jéricho » (Josué 6:22, 23, 25).

 

* Voyez pour d’autres citations le traité déjà mentionné : Toi et ta maison.

 

Il y a une différence entre Rahab et les autres exemples que nous avons vus, c’est qu’elle n’est pas chef de famille, et, par ce fait, le principe de l’unité de la famille devant Dieu, n’en est que mieux démontré. Il semble que toute personne, en relation de parenté avec un croyant, soit, d’une manière spéciale, placée sous les soins et la tendre sollicitude de Dieu. C’est ce que nous voyons, 1 Cor. 7:14 : « Car le mari incrédule est sanctifié par la femme, et la femme incrédule est sanctifiée par le mari ; puisque autrement vos enfants seraient impurs ; mais maintenant ils sont saints ».

Tous les exemples que nous avons considérés, sont tirés de l’Ancien Testament ; mais n’y en a-t-il point qui reproduisent le même principe sous la dispensation présente ? Au chap. 10 des Actes, nous voyons que l’apôtre Pierre avait été envoyé auprès de Corneille, qu’il avait vu le Saint Esprit tomber sur les gentils, et que, en vertu de la mission qui lui avait été confiée, il les avait reçus dans l’Église de Dieu sur la terre. Et lorsque lui et ses compagnons de la circoncision, entendirent les gentils « parler en langues et magnifier Dieu, Pierre répondit : « Quelqu’un pourrait-il refuser l’eau afin que ceux-ci ne soient pas baptisés, eux qui ont reçu l’Esprit Saint comme nous-mêmes ? et il commanda qu’ils fussent baptisés au nom du Seigneur ». Mais lorsqu’il fut monté à Jérusalem, « ceux de la circoncision disputaient avec lui, disant : Tu es entré chez des incirconcis et tu as mangé avec eux » (Actes 11:2, 3). Pierre leur répond en faisant encore une fois le récit des circonstances qui l’ont fait agir ; il parle de la vision qu’il a eue, et déclare qu’il a obéi à l’ordre formel du Saint Esprit. En outre, il leur raconte comment un ange a commandé à Corneille de le faire chercher, en lui disant : « Envoie à Joppé, et fais venir Simon, qui est surnommé Pierre, qui te dira des choses par lesquelles tu seras sauvé, toi et toute ta maison » (11:4-14) (*).

* Conf. Actes 2:38, 39.

Ici donc, à la naissance du christianisme, nous retrouvons l’unité de la famille ; et plus loin, au chap. 16 du livre des Actes, l’apôtre Paul déclare la même chose dans sa réponse au geôlier : « Crois, lui dit-il, au Seigneur Jésus, et tu seras sauvé, toi et ta maison ». Cette coïncidence est d’autant plus remarquable, que les termes employés par les deux apôtres, sont exactement les mêmes ; d’où nous pouvons conclure que les mots : « toi et ta maison » étaient une formule exprimant une vérité bien connue, car on ne peut supposer ici un accord fortuit.

Le même principe que nous avons vu prévaloir tout du long de l’ancienne économie, est aussi celui que proclament les deux représentants les plus éminents du christianisme, ou de la nouvelle économie. Pierre, l’apôtre de la circoncision, qui a été « témoin des souffrances de Christ » d’une part, et Paul, l’apôtre des gentils, qui a reçu son apostolat du Seigneur dans la gloire, d’autre part, sont un, pour proclamer la connexion du croyant et de sa famille, sous le régime de la grâce. On peut, par incrédulité, altérer le sens des mots ou en atténuer la force ; mais ils sont là, déclarant en termes ineffaçables les voies de Dieu, nous révélant aussi son cœur, en proclamant le caractère sacré des liens de famille ; de fait, l’unité de la famille, aux yeux de Dieu.

Prenons garde, toutefois, de ne pas dépasser la pensée divine ; mais tâchons de bien saisir la juste portée de ce qu’implique l’expression « toi et ta maison » et quelle est l’étendue de sa signification. Elle ne signifie pas que tous les membres d’une famille seront sauvés, en vertu de la foi de son chef. Il s’agit de bien comprendre qu’on ne peut être sauvé sans une foi individuelle : c’est une vérité des plus évidentes, d’après l’Écriture. Les exemples de Cham, d’Ésaü, des fils d’Éli et de Samuel, d’Absalom, etc., sont autant d’avertissements solennels, et de preuves que la foi du père ne sauve pas l’enfant. On ne saurait le redire trop souvent, ni trop haut ; car si, d’un côté, il ne nous appartient pas de rétrécir le cercle du déploiement de la grâce de Dieu, d’un autre côté nous ne pouvons, nous ne devons pas davantage l’élargir. Tout en affirmant l’existence de l’unité de la famille devant Dieu, nous maintenons aussi énergiquement, que chacun doit croire pour lui-même au Seigneur Jésus, pour être sauvé. Se tromper sur ce point, serait une erreur des plus fatales.

Mais néanmoins, bien qu’il ne s’agisse pas de salut individuel, la maison du fidèle a devant Dieu une position spéciale de privilège sur la terre. Les enfants sont associés avec le père croyant, et considérés comme étant unis extérieurement au peuple de Dieu, mis à part pour Dieu sur la terre, dans la sphère immédiate des opérations de l’Esprit. Telle est la force, pensons-nous, de ces paroles : « Or ils sont saints ». Être saint, c’est être mis à part pour Dieu, et comme il ne peut être question ici de sainteté intrinsèque (ni de la sainteté que le croyant a en Christ), il faut entendre par « saints », la séparation extérieure des enfants, qui sont, pour ainsi dire, détachés du monde et associés avec ce qui porte le nom de Christ sur la terre, et qui constitue l’habitation de Dieu par le Saint Esprit. Ainsi, dans les épîtres aux Éphésiens et aux Colossiens, c’est à l’ensemble de la maison des croyants, — femmes, maris, enfants, parents, serviteurs et maîtres, — que sont adressées les exhortations de l’apôtre, et à chaque classe de personnes séparément. De ce fait découle la responsabilité, pour le croyant, de gouverner sa maison en vue du Seigneur et pour lui.

Il n’y a pas de privilège sans responsabilité ; et si, d’un côté, la grâce surabondante de notre Dieu, embrassant nos familles et se répandant sur elles, nous remplit d’admiration, n’oublions pas, d’un autre côté, les responsabilités qui découlent de ce privilège. Que le Seigneur apprenne à chacun de nous quelle est sa part de responsabilité respective, en sa présence ; et qu il nous donne d’y répondre, en sorte que son Nom soit glorifié en nous et dans chacun des membres de nos familles !

 

3                    La femme

Femmes, soyez soumises à vos propres maris comme au Seigneur ; parce que le mari est le chef de la femme comme aussi le Christ est le chef de l’assemblée, lui, le Sauveur du corps. Mais comme l’assemblée est soumise au Christ, ainsi que les femmes le soient aussi à leurs propres maris en toutes choses (Éph. 5:22-24).

Femmes, soyez soumises à vos maris, comme il convient dans le Seigneur (Col. 3:18).

… afin qu’elles instruisent les jeunes femmes à aimer leurs maris, à aimer leurs enfants, à être sages, pures, occupées des soins de la maison, bonnes, soumises à leurs propres maris, afin que la parole de Dieu ne soit pas blasphémée (Tite 2:4, 5).

Pareillement vous, femmes, soyez soumises à vos propres maris, afin que si même il y en a qui n’obéissent pas à la parole, ils soient gagnés sans la parole par la conduite de leurs femmes, ayant observé la pureté de votre conduite dans la crainte ; vous, dont la parure ne doit pas être une parure extérieure qui consiste à avoir les cheveux tressés, et à être paré d’or et habillé de beaux vêtements, mais l’homme caché du cœur, dans l’incorruptibilité d’un esprit doux et paisible, qui est d’un grand prix devant Dieu (1 Pierre 3:1-4).

Et l’Éternel Dieu dit à la femme : Je rendrai très grandes tes souffrances et ta grossesse ; en travail tu enfanteras des enfants ; et ton désir sera tourné vers ton mari, et lui dominera sur toi (Gen. 3:16).

 

Dans l’épître aux Éphésiens, comme dans celle aux Colossiens, la première position de relation mentionnée est celle de la femme. Toutes les exhortations contenues dans ces épîtres s’adressent en premier lieu à ceux qui occupent une position subordonnée. Quelqu’un l’a dit : « Dans ce monde mauvais, où la volonté de l’homme, source de tout le mal, est l’expression de son aliénation d’un Dieu auquel toute soumission est due, le principe de la soumission et de l’obéissance est le principe guérissant pour l’humanité ; seulement il faut introduire Dieu, afin que la volonté de l’homme ne soit pas, après tout, l’élément qui gouverne ». Du reste, le principe du bien dans le cœur de l’homme est toujours et partout celui de l’obéissance. Le cas peut se présenter où il faille dire : Il faut obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes ; mais, se départir du chemin de l’obéissance, c’est entrer dans la voie du péché. Un père peut être appelé à commander et à gouverner, mais s’il ne le fait pas dans l’obéissance à Dieu et à sa Parole, il le fera mal. L’essence de la vie de Christ s’exprimait ainsi : « Je viens, ô Dieu, pour faire ta volonté ».

Les exhortations de l’apôtre, relatives aux différentes positions de relation, commencent donc par ce principe général : « Soyez soumis les uns aux autres dans la crainte de Christ » (Éph. 5:21). Ainsi c’est d’ordre divin que, dans chaque cas particulier, l’exhortation s’adresse en premier à celui qui occupe une position subordonnée ; c’est pour cela que la femme vient avant le mari. « Femmes, soyez soumises à vos propres maris comme au Seigneur ; parce que le mari est le chef de la femme, comme aussi le Christ est le chef de l’assemblée, lui, le Sauveur du corps. Mais, comme l’assemblée est soumise au Christ, ainsi que les femmes le soient aussi à leurs propres maris, en toutes choses » (Éph. 5:22, 24).

On voit, d’après ces passages, que la position de la femme est une position de subordination. Je dis « position » puisque, comme on le voit, l’exhortation s’appuie sur le caractère de la relation existante.

Il est enjoint à la femme d’être soumise, mais c’est en raison de la place qu’elle occupe. La soumission, pour elle, découle de sa position relative à l’égard de son mari ; c’est le fruit naturel de cette position. En d’autres termes, la femme n’a pas le choix d’être ou de ne pas être soumise à son mari ; son obéissance doit couler de source. C’est un fait que l’Esprit de Dieu place ici devant nous.

 

1 — La loi donc, qui régit la femme, c’est la volonté de son mari ; ou plutôt, la femme est dans une position de subordination à l’autorité de son mari. Cette règle trouverait, toutefois, une restriction, si la volonté du mari empiétait sur la responsabilité individuelle de la femme à l’égard du Seigneur, — si sa volonté était en contradiction avec celle du Seigneur, telle qu’elle est exprimée dans sa Parole, — si la femme se trouvait dans l’alternative de devoir désobéir au Seigneur pour obéir à son mari. C’est la volonté du Seigneur qui devrait avoir la prééminence. Mais, en dehors de cette seule exception, la soumission de la femme à son mari doit être entière. « Comme l’assemblée est soumise au Christ, ainsi, que les femmes le soient aussi à leurs propres maris en toutes choses » parce que « le mari est le chef de la femme, comme aussi le Christ est le chef de l’assemblée ». L’union de l’homme et de la femme, l’union de Christ et de l’Église (l’une étant un type ou une figure de l’autre) sont comparées l’une avec l’autre, et, par conséquent, la position de la femme, d’une part, et la position de l’Église, d’autre part.

Si l’on considère l’institution première du mariage sous un de ses aspects, on y voit le mystère de l’Église préfiguré d’une manière frappante : « Et l’Éternel Dieu fit tomber un profond sommeil sur l’homme, et il dormit ; et il prit une de ses côtes et il en ferma la place avec de la chair. Et l’Éternel Dieu forma une femme de la côte qu’il avait prise de l’homme, et l’amena vers l’homme. Et l’homme dit : Cette fois celle-ci est os de mes os et chair de ma chair ; celle-ci sera appelée femme (Isha) parce qu’elle a été prise de l’homme (Ish). C’est pourquoi l’homme quittera son père et sa mère, et s’attachera à sa femme, et ils seront une seule chair »(Gen. 2:21-24). Qui ne verrait pas que, sous cette image, l’Esprit de Dieu a en vue le second Adam et l’Église, car elle préfigure cet autre sommeil plus profond : la mort de Christ, et parle de la formation de l’Église, tirée pour ainsi dire du côté de Christ ? L’application de cette image à Christ et à l’Église s’étend de fait jusqu’au moment où l’Église sera présentée à l’Homme, et où lui, dans la joie de son amour parfait pour cette Épouse qu’il se sera « formée » pour sa propre joie, la reconnaîtra comme étant « de sa chair et de ses os » (Gen. 2:23 ; Éph. 5:30).

Ainsi la femme occupe la même place, relativement à son mari, que l’Église relativement à Christ. Sa position, nous l’avons dit, est une position de subordination qui n’est en rien modifiée par le caractère du mari, quelque difficile que ce dernier puisse la lui rendre. Supposez une femme chrétienne, convertie après son mariage, ayant un mari impie qui lui rend la vie aussi dure que son mauvais cœur en est capable : rien de tout cela ne change la position de la femme. Plus même le mari manquerait d’affection, plus il serait dénué de tout ce qui inspire le respect, plus aussi elle devrait s’efforcer de remplir fidèlement sa place d’épouse, à cause du Seigneur. Il en est de ce devoir comme de nos devoirs envers les rois, etc. « Les puissances qui subsistent » et leurs caractères personnels respectifs, sont deux choses tout à fait distinctes. De même, le devoir d’une femme envers son mari ne subit aucune modification par le caractère de ce dernier. Présenté ainsi, le devoir de la femme peut paraître à plusieurs une chose dure et difficile à accepter, souvent même, de fait, impossible à la nature. Mais voyez comment Dieu, dans sa Parole, a pourvu à cette difficulté : « Femmes, soyez soumises à vos propres maris, comme au Seigneur ». C’est le Seigneur qui est présenté aux regards de la femme ; et nous savons tous que les choses les plus ennuyeuses, les plus insupportables en elles-mêmes, deviennent faciles et agréables dès qu’elles sont faites pour le Seigneur. Dans le cas supposé, si la femme a en vue le Seigneur, si c’est lui qu’elle voit derrière son mari, elle trouvera facile l’obéissance à ses plus déraisonnables volontés, parce qu’elle recevra tout du Seigneur.

Si, toutefois, le mari exigeait une chose positivement mauvaise, quelle que fût cette chose, la femme, dans ce cas, ne serait plus tenue d’obéir, attendu que c’est comme au Seigneur qu’elle doit obéir à son mari ; or le Seigneur ne sanctionne jamais le mal. Il peut trouver bon de nous faire passer par le crible sans que nous en comprenions tout d’abord l’utilité ou la nécessité ; mais la foi nous fait toujours trouver force et lumière dans la sagesse du Seigneur, — dans la confiance en lui, non dans notre sagesse propre pour le comprendre, — mais nous avons besoin de veiller sur nous-mêmes. Dès que nous découvrons en nous la plus légère disposition à sortir du sentier de l’obéissance, examinons-nous pour savoir si notre sagesse est selon Dieu. La nature n’aime jamais à se soumettre ; et toutes les fois qu’on est tenté d’invoquer la vérité de Dieu à l’appui d’un acte quelconque ayant l’apparence d’une insoumission à l’autorité d’un autre, c’est le cas de veiller sur soi-même avec un soin bien plus grand que dans toute autre circonstance.

 

2 — L’Écriture enseigne aussi de quelle manière la femme doit se conduire envers son mari :

« Quant à la femme, qu’elle craigne (révère) son mari » (Éph. 5:33). Pierre aussi parle de « la pureté de la conduite de la femme dans la crainte (accompagnée de crainte) » (1 Pierre 3:2). Le mot « crainte » ou « révérence » indique que la femme doit montrer, par sa manière d’être, qu’elle reconnaît la position qu’occupe le mari, dans l’ordre établi de Dieu. Ce n’est pas d’une crainte servile qu’il est question, mais de cette révérence affectueuse qui cherche à plaire et craint d’offenser. Ces choses coulent de source pour la femme qui reconnaît la vraie position de son mari, comme chef sur elle ; et ainsi, en lui rendant le respect qu’elle lui doit, elle rend honorable l’ordre établi de Dieu. C’est d’une telle femme qu’il sera dit : « Le cœur de son mari se confie en elle... elle lui fait du bien et non du mal tous les jours de sa vie » en sorte qu’il soit amené à reconnaître que « celui qui a trouvé une femme, a trouvé une bonne chose, et il a obtenu faveur de la part de l’Éternel » (Prov. 31:11 ; 18:22).

 

3 — La bénédiction liée, pour la femme, à la fidèle acceptation de sa vraie position, n’est point oubliée dans l’Écriture. L’apôtre Pierre, écrivant sur ce sujet, parle en détail du cas le plus difficile qui puisse arriver : celui d’une femme liée à un mari incrédule. Non que le mariage entre croyant et infidèle soit sanctionné ; il est défendu formellement, aussi bien que tacitement (voir 1 Cor. 7:39 ; 2 Cor. 5:14-18, etc.) ; mais, dans l’Église primitive, il a dû arriver souvent que des femmes converties après leur mariage, se trouvaient enchaînées à des maris incrédules et idolâtres (voir 1 Cor. 7:10-16). C’est à cette classe de femmes que l’apôtre adresse son exhortation : « Pareillement vous, femmes, soyez soumises à vos propres maris, afin que, si même il y en a qui n’obéissent pas à la Parole, ils soient gagnés sans la Parole par la conduite de leurs femmes, ayant observé la pureté de votre conduite dans la crainte » (1 Pierre 3:1, 2). Ces paroles équivalent presque à une promesse que l’obéissance de la femme, sa conduite chrétienne conséquente, la pureté de sa vie, tourneront en bénédiction pour la conversion de son mari infidèle ; c’est tout au moins une affirmation que cette voie est celle de Dieu, pour faire arriver la vérité au cœur et à la conscience du mari. Qu’y a-t-il, en effet, de plus puissant pour convaincre, sans paroles, un incrédule, que la reproduction du caractère de Christ, dans la marche et dans la vie ? Un fait digne de remarque, c’est que l’apôtre n’ordonne pas à la femme d’exhorter son mari à recevoir la vérité. C’est « sans la parole » que le mari doit être gagné, par toute la manière d’être de la femme. La raison en est évidente : exhorter, de la part de la femme, serait prendre la place de supériorité, et oublier que le mari est le chef, ce qui est incompatible avec la position de celle-ci ; tandis que la sereine beauté d’une vie qui reflète, dans la puissance de l’Esprit, la tendresse, la douceur et l’humilité de Christ, seront, dans l’ordre établi de Dieu et sous sa bénédiction, un appel infiniment plus puissant que des paroles, et, peut-être, le moyen effectif dont Dieu se servira pour amener un homme hors des ténèbres à sa merveilleuse lumière.

 

4 — D’autres règles de conduite sont encore données à la femme, auxquelles il est bon de faire attention, pour avoir une vue d’ensemble complète du sujet, car on ne peut, sans perte, laisser échapper une seule des paroles que Dieu, dans sa bonté, a daigné nous adresser pour notre instruction, tandis que nous attendons le retour du Seigneur.

 

(a) La première de ces règles est relative à la parure qui convient à la femme chrétienne. Sa parure ne doit pas être, dit l’apôtre, « une parure extérieure qui consiste à avoir les cheveux tressés, et à être paré d’or et habillé de beaux vêtements, mais l’homme caché du cœur, dans l’incorruptibilité d’un esprit doux et paisible qui est d’un grand prix devant Dieu » (1 Pierre 3:3-4). En parfait accord avec Pierre, car c’est la pensée du même Esprit qu’ils expriment, Paul ordonne : « Que les femmes se parent d’un costume décent, avec pudeur et modestie, non pas de tresses et d’or, ou d’habillements somptueux, mais par de bonnes œuvres, ce qui sied à des femmes qui font profession de servir Dieu » (1 Tim. 2:9, 10). L’un et l’autre reconnaissent la tentation qui existe pour la femme, de chercher à paraître aussi belle que possible aux yeux de son mari, et en même temps, d’exciter et de nourrir sa vanité personnelle par des atours et des vêtements somptueux. En présence d’injonctions aussi formelles que celles-là, il est difficile de comprendre le dire de ceux qui considèrent le sujet parure et vêtements comme laissé à la conscience individuelle de chacun. Lorsque le cœur est rempli de Christ, qu’il est satisfait en lui, de pareilles recommandations peuvent, il est vrai, n’être pas nécessaires ; mais, s’il en est quelquefois ainsi, on ne peut, d’autre part, connaître les assemblées de Dieu, sans constater le fait humiliant qu’elles se composent d’un nombre considérable de gens, dont le cœur n’est point ainsi satisfait de Christ. Rien de plus attristant que le tableau présenté quelquefois par ceux qui entourent la table du Seigneur. Quand nous nous réunissons autour de sa table, c’est pour annoncer sa mort jusqu’à ce qu’il vienne (1 Cor. 11:26), et le souvenir d’un Christ mort, nous rappelle aussi que, par sa croix, le monde nous est crucifié, et nous au monde (Gal. 6:14). Si donc nous oublions que ce monde est jugé, et si nous nous présentons à la table du Seigneur en parure mondaine, quelle contradiction cela n’implique-t-il pas ? Et avec quel déplaisir le Seigneur ne doit-il pas voir les siens prendre extérieurement la livrée du monde, tout en faisant profession d’être sortis hors du camp, portant son opprobre, preuve évidente qu’ils sont pratiquement « vivants au monde » quelque vraie que puisse être, devant Dieu, leur position de « morts avec Christ ».

Une mise négligée ou l’absence de toute parure, ne sont point recommandées à la femme ; elle doit au contraire y faire attention, mais selon la parole de Dieu. Paul ordonne que les femmes se parent d’un costume « décent » c’est-à-dire « bien ordonné » qui s’accorde avec un « esprit doux et paisible » en sorte qu’il y ait harmonie entre le caractère et la mise de la femme chrétienne.

Les ornements permis sont ceux qui se composent, non pas d’or ou de perles, mais de bonnes œuvres, « ce qui sied à des femmes qui font profession de servir Dieu ».

Toute femme chrétienne devrait, dans un esprit de prière, prendre en considération la teneur des Écritures sur ce sujet. Il en résulterait qu’un témoignage extérieur plus fidèle serait rendu par elle, à la gloire de Dieu, contre le monde qui a rejeté Christ, et (dans la communion de ses souffrances) par une séparation entière d’avec le monde — séparation à laquelle nous avons été appelés par la grâce de notre Dieu.

 

(b) Une autre recommandation qui s’adresse aux jeunes femmes spécialement, c’est qu’elles doivent « être occupées des soins de la maison » (Tite 2:5). La sphère du service de la femme est la maison. Dieu lui a assigné ce champ de travail, et son affaire est d’y travailler fidèlement pour lui, en prenant pour règle les exhortations que sa Parole lui adresse et auxquelles elle ne saurait regarder trop souvent, comme à la règle divine de sa conduite. C’est une belle et grande mission que celle qui a été confiée à la femme ; ce qu’elle a à faire, c’est de s’en acquitter « comme pour le Seigneur » dans l’obéissance à sa Parole.

Voici ce que dit Salomon d’une telle femme :

 

Elle est vêtue de force et de dignité et elle se rit du jour à venir ; elle ouvre sa bouche avec sagesse, et la loi de la bonté est sur sa langue. Elle surveille les voies de sa maison et ne mange pas le pain de paresse. Ses fils se lèvent et la disent bienheureuse ; son mari aussi, et il la loue : Plusieurs filles ont agi vertueusement ; mais toi, tu les surpasses toutes » (Prov. 31:25-29).

 

4                    Le mari

Maris, aimez vos propres femmes, comme aussi le Christ a aimé l’assemblée et s’est livré lui-même pour elle, afin qu’il la sanctifiât, en la purifiant par le lavage d’eau, par la parole ; afin que lui se présentât l’assemblée à lui-même, glorieuse, n’ayant ni tache, ni ride, ni rien de semblable, mais afin qu’elle fût sainte et irréprochable. De même aussi les maris doivent aimer leurs propres femmes comme leurs propres corps ; celui qui aime sa propre femme, s’aime lui-même. Car personne n’a jamais haï sa propre chair, mais il la nourrit et la chérit, comme aussi le Christ l’assemblée : car nous sommes membres de son corps, de sa chair et de ses os. C’est pour cela que l’homme laissera son père et sa mère, et sera joint à sa femme ; et les deux seront une seule chair. Ce mystère est grand ; mais moi je parle relativement à Christ et à l’assemblée. Toutefois que chacun de vous aussi en particulier aime sa propre femme comme lui-même ; et, quant à la femme, qu’elle craigne son mari (Éph. 5:25-33).

Maris, aimez vos femmes, et ne vous aigrissez pas contre elles (Col. 3:19).

Pareillement vous, maris, demeurez avec elles selon la connaissance, comme avec un vase plus faible, c’est-à-dire féminin, leur portant honneur comme étant aussi ensemble héritiers de la grâce de la vie, pour que vos prières ne soient pas interrompues (1 Pierre 3:7).

 

Le devoir du mari n’est pas moins simple que celui de la femme : si l’un s’exprime par le mot « soumission » l’autre s’exprime par le mot « aimer ». Sauf une seule exception (Tite 2:4), la femme n’est jamais exhortée à aimer son mari. Il est admis qu’elle le fera ; et il est rare, en effet, qu’elle soit en défaut à cet égard. Unie à un homme qui n’aura pour ses sentiments les plus sacrés aucune sympathie, qui n’aura guère pour elle que de mauvais procédés, elle n’en continuera pas moins à l’aimer ; écrasée, foulée aux pieds par lui, elle bondira de joie, prête à tout pardonner, au premier témoignage de bonté de sa part. La source de son amour est intarissable.

Bien souvent, il n’en est pas de même du mari ; tout à ses affaires, moins impressionnable, exposé peut-être à de plus grandes tentations que la femme, il court le danger de négliger le devoir d’aimer la femme de son choix, ou tout au moins de lui témoigner son amour. Ainsi l’Esprit de Dieu rappelle aux maris ce devoir par ces paroles : « Maris, aimez vos propres femmes, comme aussi le Christ a aimé l’assemblée et s’est livré lui-même pour elle, afin qu’il la sanctifiât en la purifiant par le lavage d’eau, par la parole » (Éph. 5:25-33).

 

1 — Quel est donc le caractère de l’amour, dont le mari doit aimer sa femme ? Comment doit-il l’aimer ? « Comme Christ a aimé l’assemblée ». Cette mesure admirable et parfaite est, sans doute, donnée ici en raison du caractère typique du vrai mariage ; car le premier mariage, celui d’Adam et d’Ève, représentait en figure l’union de Christ et de l’Église. Ce fait devrait rappeler sans cesse le caractère de sainteté et la vraie nature du mariage devant Dieu. De quel amour Christ a-t-il aimé l’assemblée ? D’abord, il s’est donné lui-même pour elle (vers. 25) ; puis il s’est livré à la mort pour elle, et par cet acte, il se l’est acquise, elle, son épouse. « Il s’est donné lui-même » non pas seulement sa vie, quelque vrai que cela soit, mais lui-même. Tout ce que Christ était, nous a été donné, et donné par lui-même ; c’est un dévouement entier, avec le don de lui-même. Ensuite de cela, tout ce qui est en lui, sa grâce, sa justice, son acceptation devant le Père, sa sagesse, la gloire excellente de sa personne, l’énergie de l’amour divin qui se donne : tout cela, il le consacre au bien de l’assemblée. Il n’y a pas une qualité en Christ, pas une perfection en lui, qui ne s’exerce en notre faveur, comme conséquence du don qu’il nous a fait de lui-même. Il nous a donné les perfections qui sont en lui, et il les déploie en faveur de l’assemblée, pour laquelle il s’est donné lui-même, afin de l’acquérir pour la posséder. Non seulement ces choses nous ont été données, mais c’est lui qui nous les a données ; son amour a fait cela. Et ce don qu’il nous a fait de lui-même devient d’autant plus précieux, quand on se souvient que c’est sur la croix qu’il l’a consommé.

Ensuite, Christ montre son amour pour l’Église en la sanctifiant et la purifiant par le lavage d’eau, par la parole (vers. 26). Ce déploiement d’amour est une chose présente, qui s’exerce maintenant, par laquelle Christ façonne l’Église, afin de la rendre, telle qu’il la veut. Il importe de remarquer que Christ ne sanctifie pas l’assemblée pour se l’approprier, mais qu’il se l’est appropriée pour la sanctifier. Elle est premièrement sienne, puis il la forme pour lui-même. Le moyen qu’il emploie à cet effet est la parole, le lavage d’eau par la parole, vérité qui est enseignée au chap. 13 de Jean, dans l’exemple du lavage des pieds des disciples, par le Seigneur. Cet acte découle de son amour : « Ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, il les aima jusqu’à la fin ». Sanctifier et purifier l’Église, est, de sa part, l’expression de son amour immuable, invariable pour elle, amour qui se satisfait en travaillant à la rendre moralement conforme à lui-même, et qui ne se fatigue jamais de veiller sur elle, d’en prendre soin et de la préparer pour lui-même.

Et enfin, le fruit de son amour se montre dans le but qu’il se propose : « Afin que lui se présentât l’assemblée à lui-même, glorieuse, n’ayant ni tache, ni ride, ni rien de semblable, mais afin qu’elle fût sainte et irréprochable ». Ceci se rapporte au temps où le Seigneur sera venu chercher son Église ou plutôt à la période du temps qui verra l’accomplissement de ces paroles : « Les noces de l’Agneau sont venues » (Apoc. 19:7) ; alors que l’Église, comme épouse, sera consommée dans la gloire, « ayant la gloire de Dieu ; son luminaire étant semblable à une pierre très précieuse, comme à une pierre de jaspe cristallin » (Apoc. 21:11). Jusqu’alors, jamais on ne comprendra la mesure et l’étendue de l’amour de Christ pour l’Église, parce qu’alors seulement les effets de cet amour consommé seront mis en évidence.

Mais à quelle fin l’apôtre nous donne-t-il cette merveilleuse description de l’amour de Christ pour l’Église ? — Pour montrer de quel amour le mari doit aimer sa femme : « Maris, aimez vos propres femmes, comme aussi le Christ a aimé l’assemblée ». Sans vouloir pousser la comparaison jusqu’au bout, nous devons encore faire remarquer que, comme l’amour de Christ a précédé le don qu’il a fait de lui-même pour l’assemblée, de même il n’existe pas d’union réelle devant Dieu, à moins qu’elle ne soit le résultat de l’amour. Le seul mobile dans le choix d’une épouse, doit être l’amour, et c’est encore l’amour qui doit consolider et embellir l’union consommée. Ainsi l’élément de la vie conjugale doit être l’amour, et qui plus est, d’après la mesure qui est ici donnée au mari, il voit que la seule chose, en tout temps et toujours sollicitée de sa part par sa femme, c’est l’amour. Son amour doit demeurer, survivre à tout. Il ne doit jamais se lasser de travailler à s’attacher toujours plus sa femme ; ne jamais perdre de vue le but de leur union qui, née de l’amour, ne peut être rendue ferme que par un amour infatigable et persévérant. Le divin modèle donné au mari pour mesure de son amour, ne peut signifier rien de moins. Donnons ici, comme application particulière, l’exemple d’un mari croyant, uni à une femme incrédule ; le devoir du mari à son égard reste le même ; et, comme Christ, en amour, cherche le bonheur éternel de l’Église, de même le mari ne doit pas se contenter de pourvoir au bien-être temporel de sa femme, mais montrer son amour pour elle, par une sollicitude affectueuse pour son âme, cherchant à l’amener, par le ministère de l’évangile, à la connaissance du salut qui est en Jésus par la foi. Il doit se sentir sous l’obligation de chercher la prospérité spirituelle de sa femme ; c’est ainsi que son amour pour elle ressemblera le plus, par sa nature, à l’amour de Christ pour l’Église.

Le mariage selon Dieu n’est donc pas une chose de peu d’importance, et plus le mari en aura la conscience, plus aussi il se tiendra dans une dépendance constante du Seigneur, afin de pouvoir en quelque manière se tenir à la hauteur de sa responsabilité. Disons encore que, plus le sentiment de l’amour de Christ sera vivant en lui, plus aussi son amour pour sa femme coulera naturellement et sera agissant.

 

2 — Mais « de même, les maris doivent aimer leurs propres femmes comme leurs propres corps ; celui qui aime sa propre femme, s’aime lui-même. Car personne n’a jamais haï sa propre chair, mais il la nourrit et la chérit comme aussi le Christ l’assemblée : car nous sommes membres de son corps, de sa chair et de ses os. C’est pour cela que l’homme laissera son père et sa mère, et les deux seront une seule chair. Ce mystère est grand ; mais, moi, je parle relativement à Christ et à l’assemblée. Toutefois que chacun de vous aussi en particulier aime sa propre femme comme lui-même (Éph. 5:28-33). Ce passage, on l’a dit, nous reporte en arrière, au jardin d’Éden, à la création, à la présentation d’Éve à Adam, image frappante de l’union de Christ et de l’Église, ce qui explique comment l’apôtre les assimile dans ces exhortations (voyez Gen. 2:21-25). L’union entre mari et femme est envisagée comme étant tellement complète, qu’il est dit d’eux : « Les maris doivent aimer leurs propres femmes comme leurs propres corps » comme aussi Adam dit d’Éve : « Celle-ci est os de mes os et chair de ma chair, » ou encore, comme quand il est parlé d’eux : « Ils seront une seule chair ».

À ce point de vue, l’amour de soi-même est la mesure de l’amour du mari pour sa femme ; or l’amour de soi-même étant un des instincts de notre nature, le principe naturel qui gouverne l’homme, on ne saurait concevoir une règle mieux définie, ni plus complète. Si donc l’unité de cette position : « les deux seront une seule chair » est bien saisie, l’amour s’en suivra, attendu que le mari ne considérera plus alors sa femme comme distincte, mais comme partie intégrante de lui-même. Le cercle de son amour de lui-même étant ainsi agrandi, renfermera sa femme et tout ce qui la touche et la concerne. Il ne désirera, ne fera rien pour soi à l’exclusion de sa femme : car ensemble « ils ne sont qu’une seule chair » et ainsi, celui qui aime sa femme s’aime lui-même. La parole de Dieu indique ainsi un antidote parfait à l’égoïsme, dans le chemin du sacrifice de soi, sacrifice qui est le fruit de tout amour réel, et dont Christ nous a donné l’exemple le plus parfait, lui qui a aimé l’Église en se livrant lui-même pour elle. — C’est l’amour de soi-même, avons-nous dit, qui doit être la mesure de l’amour du mari pour sa femme ; mais il ne faut pas perdre de vue que tout est relatif à Christ, et que ce n’est pas l’amour-propre humain, mais l’amour de Christ pour l’Église qui est le modèle, l’exemple définitif. « Car » dit l’apôtre, présentant l’autre côté, « personne n’a jamais haï sa propre chair ; mais il la nourrit et la chérit, comme aussi le Christ l’assemblée ». La femme, donc, n’étant « qu’une seule chair » avec lui, le mari est tenu de la nourrir et de la chérir, comme Christ l’assemblée. Quelle hauteur et quelle profondeur dans une pareille comparaison ! Elle nous apprend que la dette de l’amour n’est jamais payée ; mais que l’amour se complaît à la reconnaître et à s’en acquitter, en restant toujours débiteur, par des soins et une tendresse incessants, à l’égard de celle qui, aux yeux de Dieu, a été faite une avec lui.

Disons aussi, pour compléter l’idée de la responsabilité du mari, que l’obligation sous laquelle il est d’aimer sa femme, est indépendante du caractère de celle-ci. Rien, sauf le péché spécial signalé par le Seigneur, ne peut libérer le mari de l’obligation d’aimer sa femme ; car Christ aime l’Église toujours et continuellement, en dépit de toutes ses fautes, de tous ses manquements et plus encore. Bien plus, dans sa charité parfaite, il travaille à la corriger de ses fautes, et à la purifier de ses souillures : et, il ne faut pas l’oublier, son amour est le modèle de celui du mari. Celui-ci ne réussira peut-être pas à le reproduire dans son infinie perfection ; néanmoins, c’est cet amour qu’il doit toujours avoir devant les yeux. Quelle sagesse de Dieu en cela ! C’est en regardant à Christ, en le contemplant, que le mari pourra l’imiter dans son amour ; car tant que le cœur et les yeux sont fixés sur Christ, on ne faillit pas.

 

3 — L’apôtre Pierre ne mentionne que certains côtés de la responsabilité du mari : « Pareillement, vous maris, demeurez avec elles selon la connaissance, comme avec un vase plus faible, leur portant honneur, comme étant aussi ensemble héritiers de la grâce de la vie » (1 Pierre 3:7). Demeurer avec sa femme « selon la connaissance » c’est être dans la relation de mari relativement à elle, et avoir les affections qui sont propres à cette relation, selon la règle de la vérité, par la connaissance qu’a le chrétien de ce qu’est cette relation devant Dieu. Ceci est extrêmement important, car c’est ce qui fait la différence entre le croyant et le non croyant, dans ces différentes positions relatives. Il convient que le chrétien agisse dans chacune d’elles, selon la nouvelle position en Christ, dans laquelle il a été introduit par la mort et la résurrection de Christ. Ainsi le mari chrétien demeurera avec sa femme selon la vérité de son union avec elle, telle que l’Écriture la révèle. En outre, le mari doit porter honneur à sa femme, et cela pour deux raisons, l’une tirée de la nature, l’autre de la grâce. La première, c’est que la femme est un vase « plus faible » c’est-à-dire, nous semble-t-il, que la constitution, l’organisme de la femme étant plus délicat, elle a besoin, et il convient, qu’on la traite avec douceur et bonté. Tout comme le faible a droit aux égards et à la protection du fort, de même la femme, en tant que vase « plus faible » a droit à l’attention vigilante et aux soins affectueux de son mari. Celui-ci doit lui rendre honneur par tous les égards que réclame sa nature plus délicate.

Il se peut cependant aussi que ce soit une allusion au fait qu’Adam n’a pas été trompé ; mais la femme, ayant été trompée, est tombée dans la transgression (1 Tim. 2:14), montrant, en étant la première à se laisser prendre dans le piège du diable, qu’elle était un vase « plus faible ». Plus impressionnable, surtout du côté des affections du cœur, elle a besoin de la protection vigilante et affectueuse de son mari, pour la préserver des tentations particulières auxquelles l’expose toujours sa faible nature. La seconde raison, c’est qu’ils sont « ensemble héritiers de la grâce de la vie ». En Christ, il n’y a ni mâle, ni femelle (Gal. 3:28). En Christ, toute distinction naturelle, constituant une supériorité relative quelconque, est abolie. Ainsi, le mari, en réclamant de droit la soumission naturelle de sa femme, ne doit jamais oublier que, s’ils sont tous deux enfants de Dieu, ils sont ensemble « héritiers de Dieu et cohéritiers de Christ » (Rom. 8:17). Comme tel, le mari doit porter honneur à sa femme, attendu que, les liens naturels et les différentes positions relatives de mari et de femme, ne sont que pour la terre ; car, quand le Seigneur viendra prendre à lui les siens, maris et femmes seront, les uns comme les autres, enlevés ensemble dans les nuées, à la rencontre du Seigneur en l’air ; alors, les uns comme les autres, ils seront rendus semblables à Christ, et pour toujours avec lui. Il importe de faire attention à cette injonction, considérant le fait sur lequel elle repose : c’est « afin que vos prières ne soient pas interrompues » ce qui suppose au préalable que le mari prie habituellement avec sa femme. Il faut donc que le mari veille, afin de ne pas manquer à l’honneur qu’il doit rendre à sa femme, ce qui tendrait à troubler l’harmonie de leurs sentiments et à interrompre leurs prières. Il serait à désirer que les maris chrétiens et les femmes chrétiennes méditassent tous et souvent cette parole d’exhortation. Au milieu des occupations et préoccupations du temps présent, on court le danger de négliger la prière en commun, et le moindre désaccord entre les deux parties les porterait à la négliger toujours plus. Satan ne l’ignore pas, aussi cherche-t-il sans cesse à troubler l’unité de sentiments entre mari et femme, sachant bien que le moindre désaccord entre eux les empêchera de s’approcher ensemble du trône de la grâce. Le mari doit se tenir en garde contre ce piège, n’oubliant pas combien il importe que leurs prières ne soient pas interrompues. Il survient tant de choses, dans une famille, qu’à tout moment en a besoin de présenter à Dieu ! Et qu’il est bon, quand le mari et la femme peuvent, d’un même cœur porter tous leurs soucis, toutes leurs difficultés au trône de la grâce !

 

4 — Il est une chose qu’il est enjoint au mari d’éviter : l’aigreur. « Maris, aimez vos femmes et ne vous aigrissez pas contre elles » (Col. 3:19) ; on aurait pensé que, l’amour une fois assuré, il n’y aurait plus de place pour l’aigreur : mais en est-il ainsi dans l’expérience de la vie ? N’arrive-t-il pas souvent qu’un mari, aimant d’ailleurs sincèrement sa femme, laisse échapper, dans un moment où, ayant manqué de vigilance, il est sorti de la présence de Dieu, des paroles vives, amères comme du fiel, pour un cœur sensible ? L’avertissement ici donné, a donc pour but de cultiver dans le mari un esprit de jugement de soi continuel, pour éviter tout ce qui pourrait chagriner ou irriter sa femme. Le souvenir constant de la responsabilité sous laquelle il est d’aimer sa femme, comme Christ a aimé l’assemblée, et s’est donné lui-même pour elle, lui rendra facile le devoir d’éviter toute aigreur. Voilà ce qui, d’ordre divin, est exigé du mari. Il y aurait de quoi le faire reculer devant une pareille responsabilité, s’il ne se souvenait que Celui qui requiert de lui ces choses, lui fournit aussi la grâce nécessaire pour marcher selon sa Parole : le Saint Esprit qui demeure en nous est la puissance de la marche, et en tant qu’il nous conduit toujours à Christ, le chemin tracé pour nous sera un chemin de paix et de bénédiction, dans lequel nous jouirons d’une communion qui, en quelque mesure, est la reproduction anticipée de ce que sera la communion de Christ avec l’Église. Comme est le Christ pour l’Église, ainsi est le mari pour sa femme. Il faut que le mari ait toujours présent devant lui Christ, dans son amour pour l’assemblée ; ses yeux étant ainsi fixés sur Christ, il sera transformé à sa ressemblance (2 Cor. 3:13), et dans sa relation de mari à l’égard de sa femme, il sera l’expression de Christ.

 

5                    Les Enfants

Enfants, obéissez à vos parents dans le Seigneur, car cela est juste. Honore ton père et ta mère (c’est le premier commandement avec promesse) ; afin que tu prospères et que tu vives longtemps sur la terre (Éph. 6:1-3).

Enfants, obéissez à vos parents en toutes choses, car cela est agréable dans le Seigneur (Col. 3:20).

Maudit qui méprise son père et sa mère ! (Deut. 27:16).

Mon fils, garde le commandement de ton père, et n’abandonne pas l’enseignement de ta mère ; tiens-les continuellement liés sur ton cœur, attache-les à ton cou. Quand tu marcheras, il te conduira ; quand tu dormiras, il te gardera ; et quand tu te réveilleras, il s’entretiendra avec toi. Car le commandement est une lampe, et l’enseignement une lumière ; et les répréhensions de la discipline sont le chemin de la vie (Prov. 6:20-23).

Écoute ton père, qui t’a engendré ; et ne méprise pas ta mère, quand elle aura vieilli (Prov. 23:22).

 

Les enfants occupent une grande place dans la parole de Dieu, une place privilégiée. Dans l’Ancien, comme dans le Nouveau Testament, se trouve l’histoire d’enfants dont les noms sont gravés dans nos cœurs, depuis notre plus tendre enfance, comme exemples de piété précoce et de consécration à Dieu. Aux noms de Joseph, de Samuel, de Timothée, — pour ne rien dire encore de l’enfant de Nazareth, qui les surpasse tous, — se rattache le souvenir des premières leçons que nos parents nous ont données sur les sujets historiques de l’Écriture. C’est l’histoire des enfants du peuple de Dieu, surtout, qui est racontée dans la Bible, et il est bien évident qu’ils sont les objets des soins spéciaux du Seigneur. Dans le livre du Deutéronome, par exemple, nous trouvons des commandements précis adressés aux parents, sur ce que Dieu voulait qu’ils enseignassent à leurs enfants (6:6, 7 ; voyez aussi 4:9 et 10:19) Le huitième jour après la naissance d’un enfant, les parents devaient l’introduire formellement dans l’alliance et les prérogatives du peuple élu de Dieu (Gen. 17:10-13). Nous avons également, dans le Nouveau Testament, et en particulier dans quelques portions des épîtres aux Éphésiens et aux Colossiens, qui traitent des plus hautes vérités, des vérités les plus développées concernant soit le croyant individuellement, soit l’Église, des injonctions non seulement relatives aux enfants, mais adressées directement aux enfants eux-mêmes.

Le cœur de Dieu, débordant d’amour envers ses saints, embrasse leurs enfants dans le cercle de ses affections. Qui n’a souvent contemplé avec bonheur le tableau, qui nous est représenté dans l’évangile, de Jésus prenant dans ses bras les petits enfants, les bénissant dans sa tendresse et sa grâce infinies, et disant à ses disciples qu’il reprenait : « Laissez venir à moi les petits enfants, ne les en empêchez pas, car à de tels est le royaume de Dieu ! » (Marc 10:14-16). Et cette autre scène où, voulant donner aux disciples une leçon dont ils avaient besoin, Jésus « ayant pris un petit enfant, le plaça au milieu d’eux, et l’ayant pris entre ses bras, il leur dit : Quiconque recevra l’un de tels petits enfants en mon nom, me reçoit ; et quiconque me recevra, ce n’est pas moi qu’il reçoit, mais c’est celui qui m’a envoyé » (Marc 9:36, 37). Précieux Sauveur ! Heureux enfants !

 

Mais c’est aux enfants eux-mêmes, aux enfants des croyants, que nous nous adressons ici ; et ils seront sûrement encouragés, par ces preuves évidentes que Dieu leur donne de son amour pour eux et de son intérêt, à considérer les paroles qu’il a fait écrire pour leur enseignement. Puisse tout enfant qui lira ces lignes, prendre la place de soumission entière à la parole de Dieu, place que Samuel avait prise, lorsque le Seigneur l’appelant de nuit par son nom, il répondit : « Me voici » puis après, quand Éli lui eut appris qui était celui qui l’appelait, il répondit : « Parle ; car ton serviteur écoute » (1 Sam. 3:3, 10).

 

Les injonctions adressées aux enfants sont courtes et simples, bien qu’elles embrassent tout le cours de leur vie. « Enfants, obéissez à vos parents dans le Seigneur, car cela est juste. Honore ton père et ta mère (c’est le premier commandement avec promesse) ; afin que tu prospères et que tu vives longtemps sur la terre » (Éph. 6:1-3) « Enfants, obéissez à vos parents en toutes choses, car cela est agréable dans le Seigneur » (Col. 3:20).

Il est très important de remarquer que les enfants — ceux desquels nous parlons — sont ainsi placés sous une responsabilité personnelle immédiate envers le Seigneur. Étant placés sous l’autorité de leurs parents, ils sont, par ce fait même, reconnus comme responsables d’obéir au Seigneur, et ainsi, c’est « dans le Seigneur » que leur obéissance doit être rendue.

 

Mais examinons d’un peu plus près la nature de leur responsabilité.

 

1 — « Enfants, obéissez à vos parents » — obéissez-leur en toutes choses. La position des enfants est une position d’entière subordination ; elle découle naturellement de la relation qui existe entre eux et leurs parents. Mais ce sur quoi la parole de Dieu insiste ici, c’est que la volonté du Seigneur est au-dessus de toute relation naturelle ; car c’est lui qui a placé chacun, parent et enfant, dans sa place respective, et qui exige des enfants qu’ils obéissent à leurs parents. Ceci fait remonter la responsabilité des enfants jusque dans la lumière de la présence de Dieu, et montre en même temps que c’est dans le Seigneur qu’il faut obéir.

Mais, demandera-t-on, en quoi consiste la vraie obéissance et quels en sont les traits distinctifs ? Ce qui la distingue de toute autre chose, c’est l’acceptation de l’autorité qui est en droit de commander ; car, si je reconnais que ma volonté n’a pas de place, que c’est celle d’un autre qui est en droit de diriger et de contrôler ma conduite, j’accepte la position d’obéissance et je la maintiens. Ainsi j’échappe à la tentation de me poser en juge au lieu d’obéir. On l’a souvent dit : Ce qui est requis d’un bon soldat, « c’est qu’il obéisse sans raisonner ». Il en est de même d’un enfant. Il doit obéir dans les limites du devoir, défini par ces paroles : « dans le Seigneur » sans raisonner ; et il ne peut le faire, qu’autant qu’il accepte fidèlement et entièrement la place de subordination à ses parents.

La vraie obéissance est prompte aussi. Renvoyer d’obéir, équivaut souvent à désobéir de la pire manière, et, dans tous les cas, fait preuve à la fois d’insoumission et de volonté propre ; car l’obligation d’obéir suit immédiatement le commandement reçu, et, sauf le consentement des parents, renvoyer de leur obéir, c’est s’opposer à leur autorité, et chaque instant de délai est une prolongation d’opposition.

Le Seigneur nous a donné un exemple de cette manière de désobéir et du danger qui l’accompagne, dans l’une de ses paraboles. « Mon enfant, va aujourd’hui travailler dans ma vigne... Répondant, il dit : J’y vais, Seigneur, et il n’y alla pas » (Matth. 21:28-30). Il est plus que probable que le fils, dans ce cas, avait l’intention d’obéir quand il répondit : « J’y vais, Seigneur » ; mais, ayant renvoyé d’exécuter l’ordre reçu, il renvoya encore, et à la fin, n’obéit pas du tout à son père. Le premier renvoi était le commencement de la désobéissance, et, comme le Seigneur le démontre ici, celui des deux fils qui répondit d’abord : « Je ne veux pas » mais qui ensuite se repentit et alla, fut plus obéissant que celui qui avait répondu : « J’y vais » mais n’y alla pas. Le danger de renvoyer est très subtil. Un enfant raisonne souvent en disant : « Ce sera assez tôt dans une heure ; rien ne presse » et il est possible que, dans un cas donné, il en soit ainsi. Mais il ne faut jamais oublier deux choses : l’une, c’est que le devoir d’obéir suit immédiatement l’ordre reçu, ainsi que nous l’avons dit ; l’autre, c’est qu’on se forme bien vite à l’habitude de négliger d’obéir, et enfin, qu’on répugne à obéir. On ne saurait donc trop appuyer sur l’importance d’une prompte obéissance à un commandement reçu quelconque.

Il faut obéir de bon cœur, aussi bien que promptement, ou, comme l’enseigne l’Écriture, « faisant de cœur la volonté de Dieu » (Éph. 6:6). Chacun sent, en effet, qu’obéir par forme, à contre cœur, ou seulement parce qu’il faut, c’est ne pas obéir du tout. La vraie obéissance ne peut découler que de l’amour, ainsi que le Seigneur l’enseigne à ses disciples : « Si vous m’aimez, gardez mes commandements » (Jean 14:15). Paul fait allusion à ce même principe, quand il dit : « L’amour du Christ nous étreint « (2 Cor. 5:14). De même l’obéissance d’un enfant envers ses parents, ne peut découler que de l’amour, car l’amour désire faire plaisir et craint d’offenser ; bien plus, celui qui aime s’estime honoré d’être employé au service de ceux sur lesquels repose son affection. Il en est ainsi des anges dans le ciel. Leur bonheur consiste à faire la volonté de Dieu ; et le bonheur temporel des enfants qui aiment leurs parents, consiste dans une grande mesure à accomplir la volonté de ces derniers.

N’y a-t-il donc pas de limite au devoir des enfants d’obéir à leurs parents ? Examinons cette question de près. Les mots : « dans le Seigneur » et « agréable au Seigneur » définissent, nous semble-t-il, et la nature et la limite de l’obéissance des enfants envers leurs parents. C’est-à-dire que, d’un côté, l’obéissance qui n’est pas rendue en vue du Seigneur lui-même, n’est pas ce qu’elle doit être. Il faut obéir comme au Seigneur — à lui qui a assigné aux parents et aux enfants leur position respective. D’un autre côté, ce n’est qu’autant que l’enfant peut obéir dans le Seigneur, qu’il est tenu de le faire. Un commandement auquel il ne pourrait pas obéir en bonne conscience envers le Seigneur, est de nulle valeur devant Lui. Ce principe est toujours affirmé dans l’Écriture. Ainsi nous sommes exhortés à « être soumis aux autorités » mais quand Nébucadnetsar commanda à Shadrac, à Méshac et à Abed-Nego, de se prosterner, et d’adorer la statue d’or qu’il avait élevée dans la plaine de Dura, ils répondirent : « Nous ne servirons pas tes dieux et nous n’adorerons pas la statue d’or que tu as dressée » (Dan. 3:14-18). Ainsi aussi, Pierre et Jean, sur la défense qui leur est faite de parler ou d’enseigner au nom de Jésus, répondent : « Jugez s’il est juste devant Dieu de vous écouter plutôt que Dieu » (Actes 4:18-19). Tout en conférant un droit d’autorité aux hommes dans les différentes relations de la vie, Dieu n’abandonne jamais la sienne propre, pas plus qu’il ne permet à un droit humain d’empiéter sur son droit suprême. Le Seigneur Jésus a dit : « Celui qui aime père ou mère plus que moi, n’est pas digne de moi » (Matth. 10:37 ; voir aussi Luc 14:26).

C’est donc le devoir des enfants, d’être entièrement soumis à leurs parents, sauf dans le seul cas où la volonté de ceux-ci serait en désaccord avec l’autorité et la volonté de Dieu. Laissant à cette exception toute sa valeur, les enfants doivent faire bien attention de ne pas la mettre en avant dans des cas douteux ; ils ne doivent pas prendre sur eux de refuser obéissance à leurs parents, sans être bien sûrs qu’il y a opposition entre leur volonté et celle du Seigneur ; il faut qu’ils soient bien sûrs que le motif qui les fait agir en prenant une détermination aussi sérieuse, ne gît pas dans une chimère de leur imagination, mais dans la conviction que la gloire du Seigneur l’exige. Puisque c’est lui qui a donné aux parents la place de l’autorité suprême dans la famille, il n’est permis de méconnaître cette autorité, que si la gloire du Seigneur le demande. « Enfants, obéissez à vos parents en toutes choses, car cela est agréable dans le Seigneur ». Cette injonction, étant adressée à des croyants, ne suppose pas que les commandements des parents à leurs enfants puissent être en contradiction avec l’autorité du Seigneur ; et les mots : « car cela est agréable dans le Seigneur » disent jusqu’où va la suprématie de l’autorité paternelle, ainsi que nous l’avons développé.

Les parents sont donc absolus dans leur sphère d’autorité, sphère que Dieu leur a départie, mais qui est elle-même renfermée dans la sphère plus étendue de la suprême autorité du Seigneur lui-même. Deux raisons sont données aux enfants comme motifs d’obéir : l’une, c’est « parce que cela est juste » (Éph. 6:1) ; ici, Dieu nous apprend qu’il est conforme à la justice, que les enfants rendent obéissance à leurs parents ; qu’il convient aux parents de commander, dans la place qu’ils occupent, et aux enfants, dans la leur, d’obéir. L’autre raison, c’est que « cela est agréable dans le Seigneur ». Ici, la responsabilité d’obéir sous laquelle sont les enfants, leur est rappelée avec l’encourageante certitude qu’ils ont l’approbation du Seigneur dans le sentier de la soumission qu’il leur a tracé. Le prix que Dieu attache à l’obéissance filiale, peut se mesurer d’après ce qu’il pense de la désobéissance. La loi dit : « Maudit qui méprise son père et sa mère » (Deut. 27:16 ; voir aussi Ex. 21:17 ; Deut. 21:18-21 ; Prov. 30:11-17). L’apôtre Paul signale la désobéissance envers les parents comme l’un des signes caractéristiques des temps fâcheux des derniers jours (2 Tim. 3:1, 2), et de la grande corruption morale (Rom. 1:30, 31). Et pour peu que l’on connaisse les réalités de la vie, on n’ignore pas que l’insoumission aux parents a souvent été le premier pas dans une carrière de misère, de ruine et de malheur. Si l’on écrivait l’histoire de tous les enfants prodigues, fils et filles qui, à cette heure, cherchent, pour apaiser leur faim, « les gousses que mangent les pourceaux » on verrait que toute leur misère temporelle a eu sa source dans leur volonté propre et leur insoumission à l’autorité paternelle. C’est donc et par des encouragements, et par des avertissements, que Dieu rappelle aux enfants le prix qu’il attache à l’obéissance qu’ils doivent à leurs parents. Ils ont à se tenir en garde contre la tentation de désobéir, sachant qu’elle est l’un des plus dangereux artifices de Satan. Que tous soient donc encouragés à demeurer dans la soumission à la volonté de leurs parents, sachant que cela est agréable au Seigneur.

 

2 — Une autre injonction, tirée il est vrai de la loi, est affirmée tout de nouveau quant à sa force morale, dans l’épître aux Éphésiens. Elle est l’expression de ce que les enfants doivent à leurs parents : « Honore ton père et ta mère ». Si l’obéissance exprime quel est le devoir des enfants quant à leur conduite et à leurs actions, « l’honneur » qu’ils doivent rendre à leurs parents exprime davantage quels doivent être à l’égard de père et de mère leurs sentiments habituels. « Honore ton père et ta mère » est une injonction bien sérieuse ; le Seigneur emploie la même expression quand il dit : « Que tous honorent le Fils comme ils honorent le Père. Celui qui n’honore pas le Fils, n’honore pas le Père qui l’a envoyé » (Jean 5:23). Cette expression est la définition de toute vraie piété filiale, attendu que, pour les honorer, il faut que les enfants non seulement reconnaissent la position que leurs parents occupent et le droit de contrôle qu’ils ont sur eux, mais encore qu’ils les estiment et les révèrent comme occupant cette place d’autorité de la part du Seigneur. Ainsi, un enfant qui honore ses parents, aime à le leur montrer par des témoignages extérieurs d’attention et de respect ; il fait cas de leurs conseils et de leurs enseignements ; il obéit en leur absence comme en leur présence ; il évite tout ce qui peut leur faire de la peine ou du chagrin ; il a égard à leurs sentiments et à leurs désirs pour s’y conformer ; il prend plaisir à leur montrer de toutes manières, en paroles et en actions, le respect et les égards qui leur sont dus.

Nous recommandons le sujet qui vient de nous occuper à l’attention des enfants des croyants ; les invitant à méditer souvent sur les devoirs envers leurs parents, que le Seigneur lui-même leur a imposés, en les introduisant, comme enfants de parents fidèles, dans une position de relation immédiate avec lui-même sur la terre. C’est envers le Seigneur lui-même qu’ils sont responsables. Si cette pensée éveille en eux le sentiment de leur faiblesse et de leur impuissance, et les pousse à implorer le secours de Celui qui les a placés dans une position de responsabilité, il viendra à leur aide ; et, étant élevés par le soin de leurs parents « dans la discipline et sous les avertissements du Seigneur » ils seront amenés à connaître Christ comme leur Sauveur, aussi bien que comme leur Seigneur. Alors ils seront heureux d’être comptés, avec leurs parents, au nombre de ses rachetés.

 

6                    Les parents

Et vous, pères, ne provoquez pas vos enfants, mais élevez-les dans la discipline et sous les avertissements du Seigneur (Éph. 6:4).

Pères n’irritez pas vos enfants, afin qu’ils ne soient pas découragés (Col. 3:21).

Et ces paroles, que je te commande aujourd’hui, seront sur ton cœur. Tu les inculqueras à tes fils, et tu en parleras quand tu seras assis dans ta maison, et quand tu marcheras par le chemin et quand tu te coucheras, et quand tu te lèveras (Deut. 6:6, 7).

Il a établi un témoignage en Jacob, et il a mis en Israël une loi qu’il a commandée à nos pères, pour qu’ils les fissent connaître à leurs fils, afin que la génération à venir, les fils qui naîtraient, les connussent, et qu’ils se levassent et les annonçassent à leurs fils ; et qu’ils missent leur confiance en Dieu, et qu’ils n’oubliassent point les œuvres de Dieu, et qu’ils observassent ses commandements, et qu’ils ne fussent pas, comme leurs pères, une génération indocile et rebelle, une génération qui n’a point affermi son cœur, et dont l’esprit n’a pas été fidèle à Dieu (Ps. 78:5-8).

 

Quel est le père qui ne connaisse et qui ne sente, dans une certaine mesure, combien est sérieuse la tâche de gouverner et d’élever ses enfants ? Il n’existe guère de responsabilité plus grande, de devoir plus difficile à accomplir ; mais aussi il existe peu de sphère d’autorité administrative qui, par sa nature même, produise autant de résultats bénis, quand celui qui l’exerce le fait en simplicité, sous la seule dépendance du Seigneur. Combien d’enfants de Dieu n’ont pas dû leur conversion à des parents pieux et fidèles ! Quand on considère l’influence immense, soit en bien, soit en mal, que les parents exercent sur leurs enfants, — combien est sérieux le résultat final de leur responsabilité, — il importe de se demander en quoi consistent les devoirs des parents envers leurs enfants. Les Écritures abondent en instructions sur ce point, comme sur tout ce qui concerne les devoirs pratiques des croyants. Elles nous instruisent par des exemples et par des préceptes ; elles placent devant nous des enfants tels que Samuel, qui furent consacrés au Seigneur dès leur plus tendre enfance ; elles nous dépeignent les fâcheuses conséquences d’un gouvernement paternel relâché. L’Ancien et le Nouveau Testament renferment des règles précises pour ceux qui désirent être instruits dans la sagesse de Dieu ; citons-en ici quelques-unes, comme un ensemble résumé de ces diverses instructions.

Et d’abord, signalons ce fait, savoir qu’Abraham fut béni d’une bénédiction spéciale à cause de sa fidélité à Dieu dans le gouvernement de sa maison : « Car » dit l’Éternel, « je le connais et je sais qu’il commandera à ses fils et à sa maison après lui, de garder la voie de l’Éternel, pour pratiquer ce qui est juste et droit, afin que l’Éternel fasse venir sur Abraham ce qu’il a dit à son égard » (Gen. 18:19 ; voir le contexte). On peut aussi mentionner ici les désordres qui eurent lieu dans la famille de Jacob et leur cause évidente. Puis, passant au livre du Deutéronome, nous lisons les exhortations directes suivantes :

Et ces paroles que je te commande aujourd’hui, seront sur ton cœur. Tu les inculqueras à tes fils, et tu en parleras quand tu seras assis dans ta maison, et quand tu marcheras par le chemin et quand tu te coucheras et quand tu te lèveras » (Deut. 6:6, 7. Comp. 4:9 et 11:19). L’exemple d’Éli renferme à la fois un enseignement de même nature et un avertissement : « Car je lui ai déclaré que je vais juger sa maison pour toujours, à cause de l’iniquité qu’il connaît, parce que ses fils se sont avilis et qu’il ne les a pas retenus » c’est-à-dire qu’il n’a pas fait valoir en l’exerçant son autorité paternelle (1 Sam. 3:13). David est un autre exemple frappant d’un chef de famille qui ne sait pas gouverner sa maison.

Citons encore quelques paroles d’instruction. :

Il a établi un témoignage en Jacob, et il a mis en Israël une loi qu’il a commandée à nos pères, pour qu’ils la fissent connaître à leurs fils, afin que la génération à venir, les fils qui naîtraient, les connussent, et qu’ils se levassent et les annonçassent à leurs fils ; et qu’ils missent leur confiance en Dieu, et qu’ils n’oubliassent point les œuvres de Dieu, et qu’ils observassent ses commandements : et qu’ils ne fussent pas, comme leurs pères, une génération indocile et rebelle, une génération qui n’a pas été fidèle à Dieu » (Ps. 78:5-8). Les Proverbes contiennent aussi de nombreux conseils sur la discipline à exercer envers les enfants : « Corrige ton fils tandis qu’il y a de l’espoir, mais ne te laisse pas aller au désir de le faire mourir » (Prov. 19:18). « Ne manque pas de corriger le jeune garçon ; quand tu l’auras frappé de la verge il n’en mourra pas. Tu le frapperas de la verge, mais tu délivreras son âme du shéol » (23:13, 14). Puis encore : « Corrige ton fils et il te donnera du repos et procurera des délices à ton âme » (29:17). Et dans le Nouveau Testament : « Et vous, pères, ne provoquez pas vos enfants, mais élevez-les dans la discipline et sous les avertissements du Seigneur » (Éph. 6:4). « Pères, n’irritez pas vos enfants, afin qu’ils ne soient pas découragés » (Col. 3:21).

 

Nous citons l’Ancien Testament comme le Nouveau, attendu que, bien que ce soit le Nouveau Testament qui nous révèle en plein quelle est la responsabilité des croyants dans les relations de la vie présente, il existe cependant un accord parfait et frappant dans les instructions que la parole de Dieu renferme, dans son ensemble, relativement aux enfants. Dans chacune de ses parties, il est absolument enjoint aux parents croyants de gouverner et d’élever leurs enfants pour Dieu — de les instruire selon les Écritures.

Ce fait montre combien il importe de comprendre quelle est la position de relation, dans laquelle les enfants sont introduits devant Dieu par leurs parents croyants. Leur position, comme on l’a dit ailleurs, est, en quelque sorte, une position extérieure, mais qui implique néanmoins des devoirs de responsabilité, et pour les parents, et pour les enfants. C’est une position qui correspond en quelque mesure à celle des enfants juifs. Bien que ceux-ci ne fussent pas sauvés en vertu de leur descendance, ils étaient cependant reconnus comme faisant partie du peuple de Dieu sur la terre, et, comme tels, ils devaient être enseignés et instruits dans les ordonnances de Dieu et dans la connaissance de leurs devoirs et de leur responsabilité (voyez Deut. 6:6, 7, etc.). Dieu les ayant séparés du reste des nations, ils devaient être enseignés et élevés comme son peuple sur la terre. De même maintenant, les parents sont exhortés à élever leurs enfants dans la discipline et sous les avertissements du Seigneur (Éph. 6:4).

1 — Il est digne de remarque que la première exhortation soit celle-ci : « Pères, ne provoquez pas vos enfants ». Et encore : « Pères, n’irritez pas vos enfants » (Col. 3:21). Le mot employé dans l’une et dans l’autre exhortation n’est pas tout à fait le même, mais le sens ne diffère pas beaucoup. Quand on considère que cette exhortation fait suite à l’appel adressé aux enfants d’obéir à leurs parents, il est facile de comprendre pourquoi elle vient la première. Les parents occupent une place d’autorité presque absolue : ainsi la première chose que fait l’Esprit de Dieu, c’est de signifier aux parents de quelle manière ils doivent exercer leur autorité. Connaissant ce qu’est la chair, même dans le chrétien, et combien l’homme est porté à agir tyranniquement et despotiquement dans la place où Dieu l’a mis, Dieu, dans son tendre amour, prend en considération ceux qui sont dans la position de soumission et dit aux parents : « Ne provoquez pas vos enfants ». Les parents ont un droit de contrôle presque illimité sur leurs enfants, limité par cette seule parole : « dans le Seigneur » mais, par cette parole même, ils sont avertis de faire attention devant Dieu à la manière dont ils gouvernent ; ils doivent prendre en considération les sentiments de leurs enfants, et, tout en ne cédant rien de ce qui est dû au Seigneur, ils doivent ne pas perdre de vue la faiblesse des enfants, ne pas les surcharger, de peur qu’ils ne soient découragés. On n’aurait guère pu imaginer une expression plus saisissante du tendre amour de Dieu pour les enfants — amour si souvent mis en action par le Seigneur Jésus sur la terre — que celle qui est renfermée dans cette injonction adressée aux parents. Nous savons tous combien nous pouvons être arbitraires ou durs dans l’exercice de notre autorité, et combien nous avons besoin de cet avertissement remémoratif.

Les parents doivent donc se souvenir que si, d’une part, Dieu leur a donné le droit d’exercer l’autorité sur leurs enfants, d’autre part, il a soigneusement défini la manière dont ils doivent l’exercer ; et ils sont responsables de l’une comme de l’autre.

« Afin qu’ils ne soient pas découragés ». Les enfants sont facilement découragés, surtout dans la voie des commandements du Seigneur. Doués d’une sensibilité vive et tendre, d’un esprit de prompte observation et de pénétration pour découvrir les inconséquences d’autrui, si on les traitait avec rigueur, on courrait le risque de détruire en peu de temps les fruits d’une longue et patiente éducation, et de rendre inutiles les efforts les plus persévérants pour les élever dans la discipline et sous les avertissements du Seigneur.

Les parents ne sauraient donc faire trop attention à leur manière de gouverner leurs enfants ; ils ont besoin de se souvenir que c’est de la part de Dieu qu’ils exercent le gouvernement, et que c’est pour lui que leurs enfants doivent être gouvernés et élevés.

 

2 — « Mais élevez-les dans la discipline et sous les avertissements du Seigneur ». Les mots employés ici sont très expressifs : l’expression discipline a trait à tout le cours de l’éducation ; avertissement implique une vigilance constante pour avertir en cas de danger, de négligence ou de tentation à s’écarter du droit chemin.

La signification du mot élever a aussi son importance : élever signifie faire croître, et prend l’enfant dès son premier âge. Il importe d’y faire attention, attendu que bon nombre de parents tombent dans l’erreur de croire, que ce n’est qu’après la conversion de leurs enfants qu’ils peuvent mettre en pratique à leur égard les injonctions de la Parole. Il en résulte souvent que des parents chrétiens permettent à leurs enfants toutes sortes de choses mondaines, vêtements, amusements, etc., sous prétexte qu’ils ne sont pas encore au Seigneur. Agir ainsi, c’est manquer à l’intention impliquée dans ces paroles de commandement du Seigneur, et c’est oublier, en même temps, la place privilégiée dans laquelle sont introduits les enfants des croyants. L’Esprit de Dieu ne dit pas : « Attendez en priant la conversion de vos enfants » mais il dit : « Élevez-les dans la discipline et sous les avertissements du Seigneur ». Vous n’avez donc qu’à prendre le Seigneur au mot, comptant sur lui pour l’accomplissement de la promesse renfermée dans cette injonction : « Élève le jeune garçon selon la règle de sa voie ; même lorsqu’il vieillira, il ne s’en détournera point » (Prov. 22:6).

 

(a) Les enfants donc, doivent être élevés dans la discipline du Seigneur. Ce mot a trait à l’éducation entière et indique comment les parents chrétiens doivent élever leurs enfants. Le premier devoir des parents est d’enseigner à leurs enfants qu’ils sont sous le gouvernement du Seigneur, qu’ils doivent être élevés et formés dans sa discipline, leur montrant ainsi leur propre responsabilité individuelle immédiate.

C’est ce fait qui décide de quelle nature doit être l’éducation des enfants : dans la discipline du Seigneur. En un mot, les parents chrétiens doivent élever leurs enfants d’une manière qui s’accorde avec la position dans laquelle, par la grâce de Dieu, ils ont été introduits.

À la question de pénible incertitude : « Comment faut-il s’y prendre pour les élever ainsi ? » nous répondrons : premièrement et surtout, en les enseignant avec soin dans les Écritures. Dans le passage déjà cité du Deutéronome, il est écrit : « Et ces paroles que je te commande aujourd’hui seront sur ton cœur. Tu les inculqueras à tes fils » etc., et Paul, écrivant à Timothée, lui rappelle que « dès l’enfance il connaît les saintes lettres » (2 Tim. 3:15) ; et l’on peut déduire, de la mention qui est faite de la mère et de la grand’mère de Timothée, que se sont ces femmes pieuses qui l’avaient instruit dans cette connaissance.

Les parents chrétiens, chacun pour soi, feront bien de considérer sérieusement jusqu’à quel point ils agissent de même. Dans mainte famille chrétienne, la Bible n’a pas la première place, encore qu’elle en ait une, dans l’instruction des enfants. Mais « la discipline du Seigneur » ne peut provenir que de la parole de Dieu ; en sorte que, quiconque voudra être fidèle dans ces choses, devra mettre tout son soin à inculquer à ses enfants l’ensemble des principes de cette Parole. Quelle faveur accordée aux enfants ainsi enseignés ! Ils sont, dès leur entrée dans la vie, placés sous l’action de la vérité de Dieu, et le Saint Esprit, selon la promesse de Dieu, emploie cette vérité pour les vivifier, les former et les diriger. Sous la puissance de sa grâce, ils sont élevés dans la discipline et sous les avertissements du Seigneur. Il peut, dans ces cas-là, n’y avoir aucun signe distinct de conversion (cela arrive souvent dans le cas des enfants des croyants fidèles), parce que l’Esprit de Dieu opère en eux par la Parole, en bénédiction, dès le début de leur existence, pour les régénérer.

Secondement les Écritures, tout en étant la source première d’instruction à communiquer aux enfants, sont aussi le guide indicateur de ce qu’il convient d’enseigner aux enfants relativement à leur carrière dans ce monde. C’est une question souvent embarrassante pour les parents chrétiens ; mais en se souvenant que c’est pour le Seigneur qu’ils doivent élever leurs enfants, la difficulté disparaît en grande partie. On voit que c’est en vue du Seigneur qu’il faut les instruire ; par conséquent, on ne leur enseignera rien d’inutile à leur vocation, et on se gardera de leur apprendre quoi que ce soit qui ne s’accorderait pas avec le caractère de serviteurs du Seigneur. Telle chose, si je l’enseigne à mon enfant, le formera-t-elle pour le Seigneur ou pour le monde ? est un principe facile à appliquer. Le même principe nous décidera dans le choix des livres à faire lire aux enfants. Le but de l’éducation selon la parole de Dieu, pourvu qu’on ne le perde point de vue, sera la pierre de touche pour savoir si la lecture d’un livre peut contribuer à faire avancer vers ce but, ou le contraire. Comme pour tout le reste, il ne s’agit ici que d’avoir un œil simple, et pour le conserver, il est nécessaire de se tenir toujours dans la présence de Dieu, en jugeant nous-mêmes et nos voies.

 

(b) Le mot avertissement implique, comme nous l’avons dit, une surveillance incessante pour mettre les enfants en garde contre le mal, et pour les exciter au bien. Or c’est l’avertissement du Seigneur, comme c’est la discipline du Seigneur. C’est donc au nom du Seigneur que les parents doivent parler. Leurs avertissements n’auront que plus de poids pour les enfants, si ceux-ci ont appris et compris que leurs parents agissent pour le Seigneur ; que ce n’est pas arbitrairement qu’ils leur interdisent telle mauvaise habitude, ou tel amusement, mais uniquement parce que ces choses ne sont pas agréables au Seigneur. Ainsi les avertissements des parents porteront le sceau de l’autorité de Dieu, et les enfants eux-mêmes seront amenés dans la présence de Dieu. Que les parents ne se placent pas sur un terrain moins élevé ; c’est sur ce terrain-là qu’ils seront gardés à la fois et de trop de rigueur et de trop d’indulgence. La parole de Dieu étant leur guide et le fondement sur lequel repose leur autorité dans le gouvernement de leurs enfants, les liens de relation qui les unissent prendront plus de force, l’affection réciproque grandira, et l’autorité paternelle sera maintenue et respectée. Il est donc de la dernière importance que les parents unissent les avertissements à la discipline du Seigneur dans l’éducation de leurs enfants. Éli, Samuel, David sont des exemples au milieu de tant d’autres, de chefs de famille qui ont failli en cela et ont subi, jusqu’à la fin de leurs jours, les tristes conséquences de leurs manquements.

 

3 — Pour terminer, nous mentionnerons quelques-uns des dangers auxquels sont exposés les parents chrétiens, dangers dans lesquels on tombe en négligeant les exhortations que nous venons de considérer.

L’un de ces dangers gît dans le genre d’éducation publique que des parents chrétiens font donner à leurs enfants. Pour l’amour de certains avantages extérieurs, ou même de simples convenances, on voit des chrétiens placer leurs enfants sous les soins de gens incrédules, ou sous l’enseignement religieux de chrétiens professants qui leur inculquent des erreurs positives. D’autres fois, il règne chez les parents un laisser aller extraordinaire à propros du choix des lectures qu’ils peuvent permettre à leurs enfants. Il est temps que les parents chrétiens se placent sur un terrain plus élevé à cet égard, se souvenant de la responsabilité sous laquelle ils sont d’élever leurs enfants dans la discipline et sous les avertissements du Seigneur.

Un autre danger, très commun, c’est de déléguer à d’autres le soin d’élever nos enfants pour le Seigneur. Quelque dévouées et fidèles que puissent être les personnes chargées d’instruire nos enfants, rien ne saurait décharger les parents de leur responsabilité individuelle. On ne peut nier que, dans certaines situations de la vie, des difficultés se rencontrent ; mais si on se souvient des exhortations du Deutéronome que nous avons citées, on verra qu’il est peu de parents qui ne puissent les mettre en pratique : « Tu les inculqueras (les paroles de Dieu) à tes fils, et tu en parleras quand tu seras assis dans ta maison, et quand tu marcheras par le chemin, et quand tu te coucheras et quand tu te lèveras ». Il faut saisir toutes les occasions : c’est une responsabilité que Dieu impose aux parents chrétiens. Personne n’occupe la même place à l’égard d’un enfant, ni n’a sur lui le même droit que les parents ; et quelque bien instruits qu’ils puissent être par d’autres, les parents ont manqué s’ils n’ont pas eux-mêmes élevés leurs enfants dans la discipline et sous les avertissements du Seigneur.

C’est un grand piège aussi, dans beaucoup de maisons chrétiennes, que les liaisons et les amusements mondains. Les parents ne devraient pas permettre ces choses à leurs enfants. Le contrôle du Seigneur doit leur être imposé et s’exercer pendant tout le cours de leur vie d’enfants. Séparés du monde par les rapports qui les unissent à leurs parents, ceux-ci ne doivent leur permettre rien qui les relie au monde. Leur manière de s’habiller même devrait donner à connaître qu’ils sont sous le gouvernement du Seigneur par leurs parents. Et l’exemple des parents, leurs maisons, tout ce dont ils entourent leurs enfants, doit confirmer, appuyer et rendre palpable l’enseignement donné à l’égard de ces choses. Alors, en pleine assurance de foi, les parents peuvent compter sur Dieu ; ils se souviendront de sa propre parole : « Élève le jeune garçon selon la règle de sa voie ; même lorsqu’il vieillira, il ne s’en détournera point » (Prov. 22:6).

Si, se souvenant de ces choses, les parents chrétiens avaient tous à cœur d’être fidèles à leur responsabilité, sous la dépendance du Seigneur, quel témoignage serait rendu à Dieu dans toute famille chrétienne ! La maison des fidèles serait une oasis dans le désert, — au milieu des ténèbres, de la confusion et du mal ; ce serait l’anticipation du temps béni où toutes choses auront été réunies sous le sceptre du Seigneur Jésus

 

7                    Conclusion

Et il dominera d’une mer à l’autre mer, et depuis le fleuve jusqu’aux bouts de la terre (Ps. 72:8).

Et il dominera d’une mer à l’autre mer, et depuis le fleuve jusqu’aux bouts de la terre (Ps. 78:18).

 

Nous venons de passer en revue l’enseignement des Écritures quant aux relations domestiques du croyant, et à la position respective de chacun des membres de sa famille. Nous avons vu comment Dieu, dans sa grâce, a assigné sa place à chacun, en lui dictant la conduite qui répond à ses pensées. L’autorité de Dieu est suprême, et si chaque individu de la famille reconnaissait cette autorité, la maison du croyant serait le tableau d’un ordre vraiment divin. Par là Dieu serait glorifié, tandis que d’autre part la paix et la bénédiction de la famille chrétienne seraient assurées. Pendant le millénium le monde entier sera placé sous l’autorité de Christ. « En ses jours le juste fleurira, et il y aura abondance de paix jusqu’à ce qu’il n’y ait plus de lune. Et il dominera d’une mer jusqu’à l’autre mer, et depuis le fleuve jusqu’aux bouts de la terre... Tous les rois se prosterneront devant lui, toutes les nations le serviront » (Ps. 72:7-11). Mais le privilège du croyant est d’anticiper ce temps béni en ce qui concerne sa maison, exaltant dans le cercle de la famille l’autorité de Christ et le confessant comme Seigneur. Si nous réalisions cela plus fidèlement, ce monde, à travers lequel nous passons, objet du jugement parce qu’il a rejeté Christ, serait comme parsemé de témoignages évidents rendus à l’autorité et à la seigneurie de Christ. Comme un vaste et aride désert, coupé ça et là d’oasis verdoyants, qui contrastent par leur fraîcheur avec la désolation qui les entoure, ainsi la scène de ténèbres et de confusion qui nous environne, contrasterait étrangement avec la lumière et l’ordre présentés par les familles des saints. Ce n’est donc pas assez de rendre témoignage à la grâce de Dieu dans ce court espace de temps qui nous reste à attendre la venue du Seigneur : nous devons proclamer aussi l’autorité d’un Christ rejeté, maintenant absent et glorifié. Tous ceux qui occupent la position des chefs de famille devraient se demander sérieusement dans quelle mesure ils réalisent cela. Les jours s’assombrissent ; le moment de l’apostasie s’avance rapidement ; tout nous annonce que le Seigneur va se lever de son siège à la droite de Dieu, pour revenir enlever les siens. Certes, il est temps que nous envisagions l’importance d’un témoignage plus vivant pendant les quelques moments qui nous restent encore.

Que le Seigneur nous fasse la grâce d’être plus fidèles quant au jugement du moi ; qu’il nous rende capables de commencer chacun avec nous-mêmes et nos familles ; qu’il nous donne d’appliquer la croix à toutes choses, en sorte que le Seigneur soit reconnu et glorifié plus complètement en présence d’un monde ennemi.