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Chaque Jour les Écritures — Livre des Nombres
Table des matières :
Les instructions du Lévitique concernaient le culte et la communion. Les Nombres reprennent l'histoire du peuple à travers le désert pour nous parler d'autres aspects de la vie chrétienne: la marche et le service. L'Éternel commence par procéder au dénombrement («Nombres») des tribus d'Israël: soldats, Lévites, sacrificateurs. Chacun avait à déclarer sa filiation (verset 18). Au temps d’Esdras, ceux qui remonteront de l’exil devront prouver qu’ils font bien partie d’Israël ; et certains sacrificateurs seront exclus comme profanes pour n’avoir pu, par négligence, trouver leur inscription généalogique (Esd. 2:59, 62). Chers amis, chacun de nous doit savoir en tout premier lieu s'il est ou non un enfant de Dieu. Et il doit être prêt à le confesser devant les autres (Romains 10:9). Mais attention! Étaient Israélites tous ceux dont les parents appartenaient à une des douze tribus. Tandis qu'il ne suffit pas pour être chrétien d'avoir des parents chrétiens : aujourd’hui, on est un chrétien quand on croit personnellement au Seigneur Jésus Christ. On fait alors partie de ce peuple céleste dont Dieu, dans son «état civil», ou plutôt dans son livre de vie, tient le compte exact et parfaitement à jour. Si aujourd'hui vous venez à Jésus, votre nom viendra s'y inscrire. Et avec une joyeuse assurance vous pourrez, vous aussi, déclarer votre filiation. Car «à tous ceux qui l'ont reçu, il leur a donné le droit d'être enfants de Dieu» (Jean 1:12).
Vingt ans est encore aujourd'hui dans certains pays l'âge auquel les jeunes gens sont astreints au service militaire. Reconnu apte à porter les armes, le conscrit se doit à sa patrie. Sitôt incorporé, il renonce à sa personnalité pour se plier à des servitudes collectives; il apprend le respect dû aux supérieurs, le sens de la discipline, du devoir, de l'honneur; il est entraîné au combat... (Luc 7:8). Cet «appel sous les drapeaux» n'a-t-il pas pour tout jeune chrétien son application spirituelle? Sans doute n'est-ce pas dès le lendemain de sa conversion qu'un «nouveau-né en Christ» sera d'emblée «propre au service militaire». La famille de Dieu se compose de «petits enfants», de «jeunes gens» et de «pères» (1 Jean 2:13...). Et comme toute famille comptant des enfants de développement différent, celle de Dieu, bien qu'unie par une même vie et des droits identiques, embrasse des capacités et des responsabilités diverses. Mais il doit se produire une croissance (comparer Luc 2:40, 52). Il arrive un moment où le petit enfant doit être devenu spirituellement un jeune homme, fort, ayant l'expérience de victoires sur le Méchant (1 Jean 2:14), un homme fait selon Hébreux 5:14. En sommes-nous là? Ou bien n'avons-nous fait aucun progrès depuis notre conversion?
Tous les fils d'Israël recensés dans ce chapitre avaient traversé la mer Rouge l'année précédente. Ils avaient «été baptisés pour Moïse dans la nuée et dans la mer»; ils avaient eu part à tous les privilèges attachés à la qualité de peuple de l'Éternel: la manne, l'eau du rocher (1 Corinthiens 10:2...). Mais sur les plus de six cent mille dénombrés du versets 46, combien atteindront le pays? Deux seulement, en qui Dieu pourra prendre plaisir parce qu'ils ont la foi (comparer 1 Corinthiens 10:5 et Hébreux 11:6). Dans la multitude de ceux qui portent aujourd'hui le nom de chrétiens, seul le Seigneur sait combien d'âmes lui appartiennent véritablement (2 Timothée 2:19). Répétons-le, ce n'est pas le baptême mais la foi en Jésus Christ qui fait de nous des membres du peuple de Dieu.
Les fils de Lévi n'étaient pas dénombrés parmi les hommes de guerre (verset 47). La force et la puissance n'entrent pas en ligne de compte pour le service du Seigneur. Remarquons cependant que le croyant est aujourd'hui enrôlé à la fois parmi les soldats et parmi les serviteurs. Il doit être apte comme Timothée à combattre «le bon combat de la foi» (1 Timothée 6:12) et en même temps, tel le jeune Archippe, il faut qu’il prenne garde au service qu'il a reçu du Seigneur (Colossiens 4:17).
Les croyants ne sont pas appelés à traverser le «désert» isolément. Pour leur donner conscience qu'ils sont un peuple, une famille, le Seigneur les rassemble autour de lui. Représentons-nous le camp d'Israël. L'Éternel en occupe le centre; l'arche est là; la nuée de sa gloire demeure sur le Tabernacle. Autour de celui-ci, chacun a sa place assignée. D'abord les Lévites, puis, sans ordre de préférence, les douze tribus campant par groupe de trois sous une même bannière à chacun des quatre points cardinaux. Dieu est un Dieu d'ordre (1 Corinthiens 14:33). Dans sa sagesse souveraine, «il a placé les membres (du Corps de Christ) — chacun d'eux — dans le corps comme il l'a voulu» (1 Corinthiens 12:18). Il a fixé la place où il veut chacun des siens. Qu'il nous donne de l'occuper! Beaucoup de chrétiens ont dressé des bannières à leur idée ou à leur convenance. Le nom d'un homme ou d'une doctrine est pour eux comme un drapeau, un signe de ralliement qui les distingue des autres. Dieu ne reconnaît pas ces dénominations, ces bannières déployées par l'homme. Il ne reconnaît que le centre établi par Lui-même, Jésus, «le vrai Tabernacle», rassemblant les enfants de Dieu dispersés, lui qui est appelé aussi «un porte-bannière entre dix mille» (Cantique des Cantiques 5:10).
L'Éternel a mis à part les fils de Lévi pour en faire les serviteurs du sanctuaire. Mis à l'épreuve à l'occasion du jugement qui suivit le veau d'or, ils ont été trouvés fidèles (Exode 32:26 à 29; Malachie 2:4 à 6 ; comparer Philippiens 2:22), aussi sont-ils maintenant choisis pour le service d'Aaron et de toute l'assemblée (verset 7). Image du privilège qui est celui de chaque chrétien: servir le Seigneur et servir l'Assemblée, l'un n'allant pas sans l'autre! À noter que le mot traduit par service aux versets 7 et 8 est rendu ailleurs par garde, surveillance. L'attention et la vigilance font partie du service pour le Seigneur. Ce mot caractérise notamment l'activité de la sentinelle en Ésaïe 21:8: elle est là faisant sa garde toutes les nuits. Que le Seigneur nous accorde d'être de ceux qui savent veiller pour et sur le peuple de Dieu! Notons qu’au ch. 4:3 un autre mot traduit par «service» signifie aussi labeur, souffrance, guerre.
Au versets 13, l'Éternel rappelle quand et comment il s'est acquis ces Lévites. La nuit de la Pâque — pour nous la croix — a marqué leur mise à part (lire 2 Corinthiens 5:15). Mais de plus ces serviteurs sont «absolument donnés» à Aaron et à ses fils (verset 9). N'est-ce pas ainsi que notre grand Sacrificateur désigne ses chers disciples en s'adressant à son Père? Ils sont «ceux que tu m'as donnés» (Jean 17:9, 12, 24 ... ).
De même que personne n'avait le droit de choisir l'emplacement de sa tente, aucun Lévite ne pouvait librement décider quel service il voulait accomplir. Ce que nous avons à faire n'est pas nécessairement ce qui nous intéresse, ce qui nous parait répondre à nos capacités, ou ce qui se présente justement devant nous. C'est ce que le Seigneur veut que nous fassions. «Il y a diversité de services et le même Seigneur», affirme 1 Corinthiens 12:5. Lui est le vrai Prince des princes établi sur toutes les charges (verset 32) et seul il est en mesure de fixer la fonction de chacun dans le programme d'ensemble. Imaginons ce qui se passerait sur une ligne de chemins de fer si un aiguilleur décidait un jour de changer de travail ou si un garde-barrière abandonnait son passage à niveau. Quel désordre, quelles catastrophes en résulteraient!
De toute façon, quelle que soit l'activité des Lévites, chacune des trois familles campait à proximité du Tabernacle (versets 23, 29, 35). Nous pensons à ces ouvriers au temps de David qui habitaient «auprès du roi, pour ses travaux» (1 Chroniques 4:23). «Celui qui est le plus près de Christ sera celui qui le servira le mieux et, sans cette proximité, on ne peut le servir» (J. N. D.).
À l'encontre des autres fils d'Israël, les Lévites étaient dénombrés dès l'âge d'un mois. Pensons au petit Samuel, à Jérémie (ch. 1:5), à Jean le Baptiseur (Luc 1:15), à Paul (Gal. 1:15). La mise à part précède l’appel au service du Seigneur, le moment venu. C'est bien dès sa conversion que le Seigneur met à part un croyant pour le service qu'il lui confiera par la suite. Le jeune Ésaïe, aussitôt qu'il a entendu la bonne nouvelle que «propitiation est faite pour son péché», est prêt à répondre spontanément à l'appel du Seigneur: «Me voici, envoie-moi» (Ésaïe 6:7, 8). Dès sa vision du chemin de Damas, Paul apprend de la bouche du Seigneur qu'il est désigné pour être «serviteur et témoin» (Actes 26:16). Aucun racheté ne s'appartient à lui-même. S'il s'est, par grâce, tourné des idoles vers Dieu, c'est comme les Thessaloniciens, «pour servir le Dieu vivant et vrai...» (1 Thessaloniciens 1:9). Le même enseignement découle de la fin de notre chapitre. Les Lévites se substituaient aux premiers-nés en Israël, c'est-à-dire à ceux que la grâce divine avait épargnés de la mort par la vertu du sang de l'agneau. Autrement dit, chaque racheté devient un serviteur de Celui qui l'a sauvé de la mort, arraché au pouvoir du monde et de son prince. Ne sommes-nous pas des «premiers-nés» dans la famille de Dieu par l'abondance des privilèges reçus? Veuille le Seigneur nous rendre conscients de ses droits sur notre vie (lire 2 Chroniques 29:11).
Bien que différentes les unes des autres, les fonctions des Kehathites, des Guershonites et des Merarites étaient toutes en rapport avec le Tabernacle. Ils devaient le démonter, le transporter et le remonter d'étape en étape à travers le désert. S'il y a «diversité de services», tous sont en relation avec Jésus, notre Seigneur, et chaque croyant a en fait la même charge: présenter Christ en traversant le monde et en manifester les différentes gloires morales. En parole et en oeuvre, les serviteurs du Seigneur sont responsables de maintenir intact et vivant l'enseignement chrétien. — Pendant leurs déplacements à travers le désert, la plupart des ustensiles étaient cachés sous l'humble peau de taisson, nous rappelant que les croyants possèdent leur trésor — Christ — «dans des vases de terre» (2 Corinthiens 4:7). Une exception: l'arche, sous son drap tout bleu, symbole du caractère céleste de l'Homme-Dieu marchant ici-bas. Le chandelier sur une perche se faisait reconnaître de tous, figure du témoignage bien en vue rendu dans le monde par Celui qui en est la lumière. Et l'autel d'airain, sous son drap de pourpre (verset 13) rappelle sans cesse au racheté, traversant le monde, les souffrances de Christ et les gloires qui suivent.
On a pu comparer les attributions respectives des trois familles des Lévites aux principales formes du ministère dans l'Assemblée: prophètes, pasteurs, docteurs... (Éphésiens 4:11-12), les premiers présentant Christ en rapport avec les besoins du désert (Kehathites), les autres veillant aux «assemblages de tapis et couvertures», autrement dit ayant charge de l'assemblée comme témoignage pratique — ce qu’on voit (Guershonites), les derniers enfin, responsables des «structures», des fondements de la vérité (fils de Merari). Et pour que l'édifice soit complet, la collaboration des trois familles était indispensable. Un Kehathite pouvait être employé à porter l'arche alors qu'un Guershonite ne s'occupait peut-être que d'un simple cordage. Mais ce n'est pas l'importance ni la noblesse apparente d'un travail qui compte aux yeux du Seigneur. C'est la fidélité (1 Corinthiens 4:2). Avec deux comme avec cinq talents, l'esclave fidèle en peu de chose sera établi sur beaucoup (Matthieu 25:20 à 23). Abstenons-nous d'envier le service d'un autre, ou au contraire de le sous-estimer. Qui sommes-nous pour «juger le domestique d'autrui»? (Romains 14:4). Seul le vrai Aaron a qualité pour placer lui-même «chacun à son service et à son fardeau» (verset 19). Et quelle sécurité pour le Lévite! Guidé par le sacrificateur, il savait que faire et comment le faire.
Le premier dénombrement des Lévites au chapitre 3 comprenait tous les mâles depuis l'âge d'un an. Ce deuxième recensement ne tient compte que des hommes de trente à cinquante ans. Le Seigneur attend de nous que nous lui réservions les meilleures années de notre vie. Il ne s'agit plus de l'âge physique, mais de la maturité spirituelle, fruit de l'expérience acquise peu à peu. À un jeune qui aura été fidèle dans «ce qui est très petit», le Seigneur pourra, le moment venu, confier «ce qui est grand» (Luc 16:10).
8580 Lévites sont ainsi reconnus en âge de servir. Eu égard au volume et au poids du Tabernacle, nul n'était surchargé; l'un pouvait relayer l'autre. Pourquoi alors le Seigneur est-il obligé de constater avec tristesse que, pour sa grande moisson, il dispose de peu d'ouvriers? (Matthieu 9:37). Hélas! parce que beaucoup «ne plient pas leur cou au service de leur Seigneur» (Néhémie 3:5). Constatation humiliante et qui devrait parler à chacun de nous!
Le dénombrement des Lévites est achevé «chacun selon son service et selon son fardeau» (verset 49). Ces mots fardeau, charge (voir note 3:7 ... ), nous rappellent que celui qui sert le Seigneur et les siens ne peut le faire sans en sentir spirituellement le poids, sans en avoir le coeur chargé (2 Corinthiens 11:28).
Le camp d'Israël devait être préservé de toute impureté, et ceci pour une raison primordiale: l'Éternel y habitait (verset 3). Le même motif est invoqué par l'apôtre pour inviter chaque enfant de Dieu à se garder de toute souillure: son corps est le temple du Saint Esprit (1 Corinthiens 6:19). L'homme atteint de lèpre (le péché) ou d'un flux (incapacité de retenir les manifestations de la chair) devait être éloigné du camp jusqu'à sa guérison.
À partir du versets 11, il est question de l'épreuve de jalousie. Elle suggère pour chacun de nous l'examen soigneux et fréquent de nos affections. Christ en est-il resté l'objet? Si nous aimons le monde, la Parole nous applique la terrible qualification d'adultères. Même si extérieurement tout parait en ordre, nous sommes devenus ennemis de Dieu, nous avons trahi le Seigneur (Jacques 4:4; 1 Corinthiens 10:22). Oui, tenons-nous devant Lui, comme cette femme suspectée devant le sacrificateur, et laissons la Parole (l'eau sainte) pénétrer notre conscience, mettre en évidence nos sentiments les plus secrets. «Sonde-moi, Ô Dieu! et connais mon coeur; — demande le psalmiste — éprouve-moi, et connais mes pensées. Et regarde s'il y a en moi quelque voie de chagrin, et conduis-moi dans la voie éternelle» (Psaume 139:23, 24).
À côté des Lévites, tout Israélite homme ou femme appartenant aux autres tribus pouvait être consacré à l'Éternel en faisant voeu de nazaréat. Mais à la différence des fils de Lévi, sa consécration était individuelle et facultative. Le nazaréen était libre de ne pas faire ce voeu, mais une fois celui-ci contracté, sa liberté cessait; sa vie privée et publique devenait soumise à de strictes obligations. Ainsi dans une armée, l'engagé volontaire est astreint à la même discipline que les recrues des classes mobilisées. Les conditions du nazaréat étaient au nombre de trois: 1 ° S'abstenir de tout ce que produit la vigne: symbole des joies du monde. 2° Laisser croître sa chevelure: image de la mise de côté de soi-même qui doit caractériser le disciple de Christ. 3° Fuir le contact avec la mort, salaire et preuve du péché. En principe chaque enfant de Dieu porte ce triple caractère. Il est mort au monde, au moi et au péché (Gal. 6:14 ; 5:24 ; 2:17-20). Mais pour avoir la force de tenir dans cette position difficile et contraire à notre nature, il faut que son nazaréat, cette mise à part pour Christ, résulte d'une joyeuse décision de son coeur. Les versets 9 à 12 rappellent combien il est facile par manque de vigilance de perdre notre caractère de nazaréen, et difficile de le retrouver.
L'Écriture mentionne quelques nazaréens: Samson, Samuel, Amasia (2 Chroniques 17:16), Jean le baptiseur. Mais le nazaréen par excellence a été Jésus. Mis à part pour Dieu avant sa naissance, occupé à douze ans des affaires de son Père, sa consécration à Dieu a été totale jusqu'à la mort de la croix. Venu dans le monde, il n'était «pas du monde» et restait étranger à ses fêtes et à ses joies (Jean 7:8; 17:14). Jamais il n'a laissé ses circonstances de famille entraver son ministère (Luc 8:20, 21). Sa dépendance était continuelle (Jean 5:19). Aucune souillure n'a pu l'atteindre (1 Pierre 2:22). Quel modèle ce cher Sauveur est pour nous dans le chemin de l'entier dévouement! Chemin difficile mais au bout duquel l'attendait cette joie dont le vin est l'image et qu'Il veut partager avec ceux qui auront ici-bas partagé son opprobre (verset 20 fin; Hébreux 12:2; Matthieu 26:29 et 25:21).
À la fin des jours de son voeu, le nazaréen offrait tous les sacrifices. Avoir pris position ici-bas avec le parfait Nazaréen permet en effet d'entrer pratiquement dans les divers aspects de son oeuvre à la croix. — Les versets 22 à 27 couronnent ce chapitre comme pour nous montrer que la mise à part pour le Seigneur est le sûr chemin de la bénédiction.
Ce long chapitre est consacré aux offrandes des douze princes. Les premières: six chariots et douze boeufs destinés aux Lévites nous parlent de l'aide pratique que nous pouvons apporter aux serviteurs du Seigneur pour faciliter leur ministère: hospitalité, déplacements etc... À plusieurs reprises, par exemple, il est question dans les épîtres de faire la conduite aux serviteurs de Dieu (Rom. 15:24 ; 1 Cor. 16:6, 11 ; 3 Jean 6). Ces offrandes remises aux Lévites «à chacun en proportion de son service» (verset 5), rappellent que le Seigneur fournit toujours aux siens les moyens d'accomplir la tâche qu'il leur a confiée. Puis viennent les offrandes pour la dédicace de l'autel. Servir les frères, les aider matériellement n'est pas tout. Ces plats, bassins, coupes, remplis jusqu'aux bords de ce qui parle des perfections et du parfum excellent de Christ, correspondent au culte des vrais adorateurs. Les divers sacrifices en font aussi partie et évoquent les aspects variés de l'oeuvre de la croix. Mais pourquoi Dieu consacre-t-il tant de place à ces offrandes, alors que tout pouvait être résumé par un seul paragraphe? Comprenons-le: il donne sa pleine valeur à ce qu'apporte chacun et n'omet rien de ce qui est fait pour Lui. La considération des gloires de son Bien-aimé a pour le Père une valeur toujours renouvelée.
Le verset 89 nous livre le secret de «Moïse, homme de Dieu» (Psaume 90). C'est la prière. Considérons le sous le poids des responsabilités qui l'accablent, harcelé par les murmures du peuple, se retirant dans l'ombre et le silence du sanctuaire pour s'entretenir avec son Dieu. Il écoutait «la Voix» et ensuite, «il Lui parlait». Et pensons à Jésus qui, longtemps avant l'aube ou le soir venu, après les fatigues de la journée, se retirait seul à l'écart pour prier (Marc 1:35; 6:46). — Pourquoi est-il de nouveau question du chandelier au début du chapitre 8, entre l'offrande des biens au chapitre 7 et la consécration des Lévites dans les versets suivants? N'est-ce pas pour montrer que la lumière sonde et apprécie aussi bien le don que la personne, non seulement le service mais également celui qui l'accomplit? Dieu sait ce que vaut notre dévouement, dont parle cette scène de consécration. Et nous remarquons que les Lévites étaient présentés par Aaron en offrande tournoyée, comme pour laisser cette divine lumière successivement tout éclairer en eux sans rien laisser dans l'ombre. S'il était resté la moindre tache à leurs vêtements, cela se serait vu immédiatement. Combien il est important de nous tenir toujours devant Dieu pour le servir (exemple: 1 Rois 17:1).
Avant d'être présentés en offrande tournoyée, les Lévites étaient purifiés et des sacrifices étaient offerts pour eux. Ils faisaient passer le rasoir sur tout leur corps (verset 7) et lavaient leurs vêtements. Nous avons déjà rencontré ces images à l'occasion de la consécration des sacrificateurs et de la purification des lépreux. Elles ne correspondent pas à la conversion, mais au travail que fait le Saint Esprit par le moyen de la Parole pour que les croyants restent purs. Le rasoir est l'image du jugement que nous avons à porter sur tout ce que produit la chair. Pour le serviteur l'orgueil en particulier croît vite si le «rasoir» n'est pas là pour en surveiller les apparitions. D'autre part, quand nous venons de nous laver, nous n'aimons pas remettre des habits sales. Et, pour servir le Seigneur, il nous faut non seulement une bonne conscience, mais également une conduite extérieure irréprochable.
«Après cela» seulement, le Lévite pouvait faire son service (verset 22). Leçon importante! N'importe quel métier comporte un apprentissage, une période de préparation. À plus forte raison le service du Seigneur. Avant de commencer hâtivement un travail pour Christ, laissons-le faire celui que, par sa grâce, Lui veut accomplir en nous.
Un an s'est écoulé depuis la sortie d'Égypte. Et l'Éternel communique à Moïse ses instructions pour célébrer ce grand anniversaire. La chrétienté fête chaque année la naissance et la mort du Sauveur. Mais ensuite beaucoup n'y songent plus jusqu'à l'année suivante. Les rachetés du Seigneur, eux, ont le privilège de rappeler ensemble ses souffrances et sa mort chaque premier jour de la semaine en prenant part à la Cène qu'il a instituée.
En Israël la grâce donnait une ressource à celui qui était impur ou en voyage. Le Seigneur connaît les circonstances des siens et y répond par sa miséricorde, mais il ne change rien à sa propre mesure. Même au second mois, la fête devait être célébrée selon tous les statuts de la Pâque (verset 12). De même que la confession de fautes était ici nécessaire (verset 7), la Parole invite le croyant à se juger, à s'éprouver lui-même avant de prendre part à la Cène du Seigneur (1 Corinthiens 11:28). Y participer aujourd'hui n'est nullement comme au temps de la Pâque une contrainte à laquelle nous avons à nous soumettre sous peine de châtiment (verset 13). Le désir du Seigneur a-t-il pour cela moins de force sur le coeur de son racheté? Sous prétexte que ce n'est plus une obligation, est-ce moins grave de s'abstenir quand le Seigneur a dit en donnant la coupe aux Siens: «Buvez-en tous»? (Matthieu 26:27).
Israël n'avait aucune question à se poser pour ses étapes à travers le désert. Chaque départ et chaque halte avaient lieu «au commandement de l'Éternel». La nuée se levait-elle? Il fallait partir même si on était à peine arrivé, même si l'endroit plaisait. Restait-elle sur le tabernacle? On devait camper sans aller plus loin. La direction divine était aussi indispensable pour camper que pour partir, pour la nuit que pour le jour, pour un jour que pour tous les jours. Belle figure de la dépendance continuelle qui convient aux rachetés du Seigneur et que Lui-même a parfaitement illustrée. Malgré le message qu’il a reçu des soeurs de Lazare et l’amour qu’il porte aux membres de cette famille, Jésus ne se rend à Béthanie que deux jours plus tard, lorsqu’il connaît la volonté de son Père (Jean 11).
Quand la volonté de l'Éternel était révélée, les trompettes d'argent des sacrificateurs donnaient le signal des divers mouvements du peuple. Elles sonnaient lors des rassemblements (versets 3, 4), des départs (versets 5, 6), des batailles (verset 9) ou des fêtes solennelles (verset 10). N'est-ce pas le rôle du ministère de la Parole de guider les croyants, qu'il s'agisse du rassemblement, de la marche, du combat ou du culte? Que le Seigneur nous donne d'être attentifs tant à la direction de la nuée (son Esprit), qu'au son de la trompette (les fidèles avertissements de sa Parole)! — Ces trompettes nous parlent aussi du témoignage de Dieu rendu tant dans le rassemblement des saints que dans leur marche, dans leurs combats, dans leur culte. Au milieu d’un monde ennemi, «n’ayons pas honte du témoignage de notre Seigneur» (2 Tim. 1:18).
Lorsque la nuée se levait pour le départ, les trompettes retentissaient, le peuple se rassemblait, les Lévites démontaient le Tabernacle, chacun prenait son ordre de marche. Puis la trompette sonnait à nouveau «avec éclat» et les tribus s'ébranlaient dans l'ordre de leurs bannières.
Les chrétiens aujourd'hui attendent le signal du grand départ. Le Seigneur reviendra «avec la trompette de Dieu» pour enlever son Église (1 Thessaloniciens 4:16). Mais celle-ci ne peut oublier ceux qui restent encore en arrière. Avec l'Esprit elle se tourne vers le monde: «Que celui qui a soif vienne»! (Apocalypse 22:17). C'est ce que semble dire Moïse à Hobab: Viens jouir avec nous du bien que Dieu a promis de faire aux siens. Mais pourquoi lui demande-t-il ensuite son aide pour diriger le peuple à travers le désert? Ne le jugeons pas trop sévèrement, nous qui nous confions souvent plus volontiers dans les conseils d'autrui que dans les directions du Seigneur. Comme pour rappeler qui conduit les siens, le verset 33 montre l'arche prenant la tête pour assurer au peuple «un lieu de repos». Le chemin de trois jours par lequel Christ a passé en traversant pour nous la mort ouvre une voie nouvelle à un peuple ressuscité, en marche vers le repos céleste.
Dans son ingratitude le peuple se plaint et l'Éternel le châtie. Mais la leçon n'a pas suffi. La convoitise, condamnée par le dixième commandement de la loi, s'allume au sein du «ramassis» (ce «grand amas de gens» sortis d'Égypte avec Israël — Exode 12:38). Où sont les aliments que nous mangions en Égypte pour rien? Le pauvre peuple oublie les briques, la paille, et combien l'oppresseur faisait payer cher le peu qu'il donnait. Ces mets de l'Égypte: poireaux, oignons, ail, etc.. ont pour la plupart une forte saveur, excitent l'appétit, mais ne sont pas nourrissants, parfois indigestes. De quoi les gens de ce monde nourrissent-ils leur esprit? De lectures et spectacles souvent douteux,... attrayants pour la chair, mais sans profit pour l'âme, bien au contraire! — Israël se souvient à présent de ces aliments parce que la manne a perdu pour lui son goût exquis de gâteau au miel! (Exode 16:31). Elle n'est plus qu'un gâteau à l'huile, en attendant d'être franchement appelée un pain misérable (chapitre 21:5). Chers amis, si nous sommes tentés par les «mets» du monde, que chacun de nous se pose la question: Ne serait-ce pas parce que la Parole a perdu pour moi sa saveur? «Celui qui vient à moi n'aura jamais faim», a promis le Seigneur Jésus (Jean 6:35).
Et voici Moïse découragé! Il reproche à l'Éternel le fardeau de tout ce peuple (verset 11), lui qui, à la fin du chapitre précédent, parlait avec triomphe des «dix mille milliers d'Israël». Certes, Moïse ne pouvait «lui seul» porter ce peuple, mais précisément il n'était pas seul! L'Éternel lui-même portait Israël «sur les ailes d'aigle» (Exode 19:4) et dans ses bras paternels (Deutéronome 1:31).
Le Psaume 106 évoque ce triste épisode: «Ils oublièrent vite ses oeuvres,... ils furent remplis de convoitise dans le désert. Et il leur donna ce qu'ils avaient demandé, mais il envoya la consomption dans leurs âmes» (versets 13 à 15). Ceci contient une vérité bien sérieuse. Quand nous insistons pour obtenir ce que Dieu n'avait pas l'intention de nous donner, il peut arriver qu'Il nous l'accorde finalement, mais avec les conséquences désastreuses qui pour le peuple sont celles des versets 19, 20, 33. La consomption, nous dit le dictionnaire, est un amaigrissement et un dépérissement progressifs. Un dépérissement de nos âmes n'est-il pas bien plus grave qu'une maladie? Que Dieu nous garde de ces convoitises «qui font la guerre à l'âme» (1 Pierre 2:11), en nous apprenant à être satisfaits de ce qu'il nous donne... et de ce que, dans sa parfaite connaissance de nos vrais besoins, il trouve bon de ne pas nous donner.
À sa demande, Moïse est déchargé d'une part de ses responsabilités au profit de soixante-dix anciens. Déjà, au chapitre 4 de l'Exode, Aaron lui avait été adjoint «pour lui servir de bouche». Il est humiliant de penser que notre manque de foi oblige souvent le Seigneur à faire accomplir par d'autres une partie de notre travail.
Les anciens sont assemblés à la Tente où l'Esprit vient sur eux. On apprend alors que deux de ces hommes, Eldad et Médad, sont restés dans le camp et y prophétisent. Josué voudrait les en empêcher (comparer Luc 9:49). Mais pour Moïse c'est une bonne nouvelle. Paul lui aussi se réjouissait sans arrière-pensée de ce que l'évangile était annoncé même «par esprit de parti» (Philippiens 1:15 à 18). Si Dieu nous a montré le chemin de la séparation «hors du camp» religieux chrétien, gardons-nous de juger dans un sentiment de supériorité les croyants peut-être plus pieux et dévoués que nous, qui n'ont pas compris cette séparation. Tout ce que nous possédons ou connaissons, c'est à la pure grâce de Dieu que nous le devons.
On imagine ce qu'est vite devenu l'amas de cailles sous le soleil du désert. Galates 6:8 prévient que «celui qui sème pour sa propre chair moissonnera de la chair la corruption».
La langue, dit Jacques, est «un mal désordonné plein d'un venin mortel» (Jacques 3:8 ... ). Une fois encore nous constatons ses ravages. Non plus sous forme de plaintes et de murmures au milieu du «ramassis» (chapitre 11), mais de critiques et de médisances qui contaminent les membres les plus honorés de la famille des conducteurs du peuple: Aaron le souverain sacrificateur et Marie la prophétesse. Leurs paroles malveillantes avaient peut-être été chuchotées «à l'oreille», dans le plus grand secret (Luc 12:3). Mais... «l'Éternel l'entendit» (verset 2 fin; comparer chapitre 11:1). N'oublions jamais que nos propos les plus confidentiels ont un Auditeur dans le ciel. Moïse se tait. Chaque fois qu'il s'agit d'une atteinte aux droits de l'Éternel, sa colère s'embrase à juste titre, tandis que pour sa propre défense, son extrême douceur se traduit par le silence. Aussi est-ce Dieu qui prend la défense de son serviteur. Il convoque les trois intéressés à la tente d'assignation, puis fait avancer les deux coupables. La gravité du châtiment fait ressortir celle du péché commis. Marie est frappée de lèpre. Pour la première fois Moïse ouvre la bouche, intercédant pour sa malheureuse soeur qui sera restaurée. — Que le Seigneur nous préserve de «l'envie et de toutes médisances»! (1 Pierre 2:1).
Le peuple approche du pays de la promesse. Moïse envoie douze hommes en éclaireurs avec pour mission d'explorer le pays et d'en rapporter à la fois des renseignements et des fruits. Quarante jours sont nécessaires pour accomplir cette reconnaissance. Les espions montent à Hébron, lieu que nous connaissons déjà; c'est là qu'Abraham a acheté pour sépulture la caverne de Macpéla. Ils rapportent une grappe si lourde que deux hommes sont nécessaires pour la porter.
Le pays de la promesse pour nous, c'est le ciel. Comme le peuple, nous sommes encore dans le désert, image de ce monde. Nous n'avons pas vu l'héritage dans lequel Dieu veut nous faire entrer. Mais quelqu'un le connaît et peut nous en parler. C'est le Saint Esprit, qui nous entretient des sujets célestes. De même que la grappe d'Eshcol apportait une preuve palpable de la richesse du pays, l'Esprit nous donne des «arrhes», c'est-à-dire l'avant-goût des joies du ciel. Il nous fait connaître les choses de Dieu (1 Corinthiens 2:12). Il prend ce qui est à Christ et nous le communique (Jean 16:14). Alors que nous sommes encore dans un monde qui moralement est un désert pour l'âme, nous pouvons être occupés déjà de Celui que «nous n’avons pas vu, mais que nous aimons» (1 Pierre 1:8).
Douze éclaireurs étaient partis: un pour chaque tribu. Au départ rien ne les distinguait. Mais les quarante jours du voyage ont mis ces hommes à l'épreuve (le chiffre 40 dans la Bible parle toujours de mise à l'épreuve). Et au retour chacun montre ce qu'il y a dans son coeur. Le résultat? Dix sont incrédules; deux seulement, Josué et Caleb, ont confiance en Dieu. La foi connaît le Seigneur et apprécie les circonstances d'après Lui; l'incrédulité au contraire les mesure aux dimensions humaines et s'arrête aux obstacles visibles. Les géants, fils d'Anak, n'étaient pas imaginaires, ni non plus les hautes murailles. Mais la faute des hommes était de considérer leur propre petitesse et de s'occuper de ce que ces ennemis pouvaient penser d'eux (fin du verset 34). C'était à l'Éternel qu'il fallait regarder. Josué et Caleb n'ont pas honte de déclarer leur foi devant tous. Ils attachent du prix à l'héritage promis et pressent leurs frères de se l'approprier. Quel exemple, n'est-ce pas? Faisons-nous partie de ceux qui recommandent «le pays» ou de ceux qui découragent les âmes de suivre Jésus?
Ne pas être d'accord avec les autres est toujours difficile, parfois dangereux. Les deux hommes manquent être lapidés par le peuple (verset 10), mais ils ont Dieu de leur côté.
Ce peuple m'a méprisé, déclare l'Éternel (voir versets 11 et 23). En décriant «le pays désirable» (13:33; comparer Psaume 106:24), c'est Dieu qui, en réalité, est l'objet de leur mépris et de leur ingratitude. Comment alors qualifier l'attitude de tant de personnes méprisant un don qui n'est autre que le ciel, un donateur qui est Dieu lui-même?
Moïse intervient de nouveau, comme au moment du veau d'or. Pas plus qu'alors, il ne se laisse tenter par l'offre qui ferait de lui un nouveau chef de race (verset 12; Exode 32:10 fin). Développant un argument irréfutable, il rappelle à l'Éternel que la grandeur de Son nom est en cause devant les nations. Puis, faisant valoir ce qu'il a appris à connaître de Lui et reprenant Ses propres paroles (Exode 34:6, 7), il Le fait souvenir qu'il est lent à la colère, grand en bonté et suggère que c'est précisément pour Lui l'occasion de pardonner l'iniquité et la transgression. Là où il n'existe pas de faute, le pardon n'a pas sa raison d'être. Mais le péché de l'homme, le mien et le vôtre, a fourni à Dieu l'occasion de déployer sa grâce. Enfants de Dieu, nous connaissons aussi ce Dieu qui pardonne. Il est notre Père. Et nous avons auprès de lui un avocat plein d'amour: Jésus notre Sauveur (1 Jean 2:1).
Au milieu de cette triste scène, quelle consolation de pouvoir considérer Josué et Caleb. Ils sont «animés d'un autre esprit» (verset 24). Aussi ne perdront-ils pas leur récompense. Seuls de toute leur génération, ils entreront dans le pays. Jusque-là ils devront partager le sort du peuple coupable: errer quarante années à travers les sables du désert. Mais pendant ce long pèlerinage, ils seront continuellement encouragés par le souvenir du pays qu'ils ont visité, cette terre de Canaan dont ils ont déjà goûté le fruit.
Moïse annonce la fâcheuse nouvelle. Comment réagit le peuple? Lorsque Caleb exhortait à monter hardiment et à prendre possession du pays, ils voulaient retourner en Égypte ou parlaient de périr dans le désert (chapitre 13:31; 14:2). Maintenant que le jugement les condamne à rebrousser chemin vers la mer Rouge, et que Dieu annonce qu'ils mourront dans le désert, ils veulent se soustraire au châtiment et répondent: «Nous voici, nous monterons» (verset 40). Le coeur de l'homme n'est jamais d'accord avec Dieu, principalement quand il s'agit de reconnaître les fautes commises, de se courber sous la discipline et d'accepter avec humiliation les conséquences de ses péchés. Malgré Moïse qui leur dit: Ne montez pas, ils s'obstinent et subissent une cruelle défaite.
Après les scènes tragiques du chapitre 14, on serait en droit de penser que l'incrédulité et la rébellion du peuple lui ont fait perdre tous ses droits au pays de Canaan. C'est pourquoi Dieu vient parler, aussitôt après, du pays de la promesse, montrant par là que rien ne pourra le dissuader d'accomplir ses desseins de grâce. De même il fait mention dans ce chapitre 15 des différents sacrifices — holocaustes (v. 3), sacrifices de prospérités (v. 7), pour le péché (v. 24) avec les offrandes de gâteau et des libations — comme pour nous rappeler qu'il a des ressources pour les pires forfaits, ou plutôt une ressource unique qui est, sous ses côtés multiples, l'oeuvre de son Bien-aimé. De celle-ci monte, si fâcheux que soit l'état du peuple, «une odeur agréable à l'Éternel» (expression cinq fois énoncée). Présentée en figure sous ses aspects les plus variés, l'oeuvre de Christ se déploie aussi en faveur du plus grand nombre. Le statut de l'étranger était identique à celui de l'Israélite de naissance; il lui était permis d'offrir les mêmes sacrifices et les mêmes libations, préfiguration d'une grâce s'étendant au-delà d'Israël, d'un évangile prêché dans toute la création (Colossiens 1:23).
Les versets 17 à 21 traitent des prémices et nous rappellent que le Seigneur a toujours les premiers droits sur tout ce que nous possédons (Matthieu 6:33).
La Parole qui discerne les intentions du coeur établit soigneusement la distinction entre les péchés «par erreur», résultant de l'ignorance ou de l'étourderie, et les péchés «par fierté» (verset 30), commis volontairement au mépris de la volonté divine. Aucune ressource n'était prévue pour ces derniers, comme le montre à titre d'exemple le châtiment de l'homme qui n'a pas respecté le sabbat (versets 32 à 36). «Qui est-ce qui comprend ses erreurs? Purifie-moi de mes fautes cachées», demande le psalmiste. Mais il ajoute, conscient de sa faiblesse: «Garde aussi ton serviteur des péchés commis avec fierté; qu'ils ne dominent pas sur moi...» (Psaume 19:12, 13).
Par rapport au mal, l'Israélite avait en outre un moyen préventif: cette houppe, attachée à sa robe par un cordon de bleu, rappel de ses liens avec l'Éternel et avertissement permanent de ne pas souiller son vêtement. Beau symbole pour nous croyants, de notre caractère céleste que jamais nous ne devrions oublier! Ainsi serons-nous gardés de pécher dans notre marche et aussi de rechercher les «pensées de notre coeur» et «les désirs de nos yeux» (verset 39). «Cherchez les choses qui sont en haut...; pensez aux choses qui sont en haut...», enjoint Colossiens 3:1, 2. C’est là que Christ — qui doit suffire à nos coeurs — est assis à la droite de Dieu.
À cette sombre histoire du peuple dans le désert, s'ajoute maintenant une page funeste. L'épître de Jude lui donne pour titre «la contradiction de Coré» (Jude 11). Ce récit montre jusqu'où peut conduire la «fierté» dont nous a parlé le chapitre 15: une véritable révolte contre Dieu. Coré est un Lévite de la famille de Kehath. Non content de son noble service, il ambitionne la sacrificature que l'Éternel a confiée à Aaron et à sa famille. Faire le service du tabernacle, «se tenir devant l'assemblée afin de la servir» (verset 9), ne suffit pas à Coré et à ses complices; ils veulent s'élever. Il peut arriver que certains chrétiens ne se contentent pas non plus du service dont le Seigneur les a chargés. Ils veulent avoir de l'importance, se placer au-dessus des autres. L’apôtre Jean est obligé de dénoncer dans sa 3° épître un certain Diotrèphe qui aimait à être le premier dans l’assemblée. Parfait contraste avec Celui qui «n'est pas venu pour être servi mais pour servir...»! (lire Marc 10:45).
Quant à Dathan et Abiram, ils osent appliquer à l'Égypte l'expression désignant le pays de Canaan: «un pays ruisselant de lait et de miel» (verset 13). Et la «domination» de Moïse leur est insupportable (verset 13 fin). Ces hommes incarnent la rébellion civile, tandis que Coré personnifie l'apostasie religieuse.
Coré s'était élevé dans son esprit (verset 1). Or il est écrit: «Quiconque s'élève sera abaissé» (Luc 14:11). Les Proverbes confirment cette règle si souvent vérifiée dans l'histoire des hommes: «l'orgueil va devant la ruine...» (Proverbes 16:18). Pour les insurgés, cette ruine ne s'est pas fait attendre. Quelle scène effrayante! La terre s'ouvre sous leurs pieds; ils sont engloutis vivants avec tout ce qui leur appartient. Moïse avait pris soin d'avertir: «Éloignez-vous d'auprès des tentes de ces méchants hommes» (verset 26), et c'est évidemment ce qu'ont fait les fils de Coré. Ils ont su prendre parti pour Dieu plutôt que pour leur père, reconnaissant en celui-ci un méchant homme. En effet, le chapitre 26:11 nous apprend: «les fils de Coré ne moururent pas». Nous les rencontrons plus tard comme chantres et compositeurs de psaumes. Parmi ceux-ci le Psaume 84 où leur histoire est comme résumée: «J'aimerais mieux me tenir sur le seuil dans la maison de mon Dieu (les Corites sont aussi portiers du temple), que de demeurer dans les tentes de la méchanceté» (verset 10), même si ces tentes sont celles de leur propre père! — Enfants d'une race coupable, nous sommes, si nous avons cru, épargnés d'un jugement plus terrible encore. Combien grande est la grâce de Dieu!
Ce n'est pas seulement «contre Moïse et contre Aaron» ni «contre l'Éternel» (versets 3, 11), que Coré et ses hommes ont péché. C'est aussi «contre leurs propres âmes» (verset 38). Il en est ainsi de tous les incrédules: ils seront éternellement leurs propres victimes. Un châtiment subit vient de frapper ces meneurs, et Dieu veille à ce qu'il ne soit pas oublié; il est comme affiché sur l'autel (verset 38). Malgré cela, dès le lendemain, le peuple entier s'assemble et prend à partie ses deux conducteurs. À l'origine s'est levé un chef de file: Coré, avec Dathan et Abiram. Puis deux cent cinquante hommes se sont joints. Maintenant c'est toute l'assemblée qui s'insurge (verset 41). Combien le coeur humain est influençable! Déjà nous avons vu dix espions suffire à entraîner tout le peuple (chapitre 13). C'est pourquoi Galates 6:7 nous met en garde: «ne soyez pas séduits; on ne se moque pas de Dieu; car ce qu'un homme sème, cela aussi il le moissonnera».
La plaie va commencer. Comme au versets 4, Moïse tombe sur sa face avec Aaron. Après quoi ce dernier ne perd pas un instant. Lui qui a été jalousé, insulté, accusé injustement, fait propitiation pour le peuple avec le seul encensoir agréé. Belle figure de Christ, encore une fois, le suprême Intercesseur!
En consumant les deux cent cinquante rebelles, l'Éternel a montré qui il avait désigné pour exercer la sacrificature. Aaron seul a été accepté avec son encensoir. Un autre test qui cette fois parle de vie va confirmer le choix divin. D'entre les douze verges apportées par les princes, une seule, celle d'Aaron, donne une extraordinaire preuve de vitalité: en une nuit, elle produit bourgeons, fleurs et fruits. Image admirable de la résurrection de Christ, «preuve certaine à tous» de la gloire de Jésus et de l'efficacité de son oeuvre! (Actes 17:31). Beaucoup d'imposteurs ont prétendu avoir reçu une mission divine. Mais ils sont morts et aucun n'est jamais ressuscité. Seul homme ayant traversé la mort «selon la puissance d'une vie impérissable» (Hébreux 7:16), Christ exerce à présent en haut sa sainte sacrificature en faveur des siens. Plus que cela: le fruit produit en chacun de ceux qui lui appartiennent constitue présentement — nous pourrions dire hors saison — le témoignage visible à un Sauveur vivant quoique encore caché.
La verge d'Aaron est ensuite placée dans l'arche (verset 10; Hébreux 9:4), comme pour nous rappeler à travers le désert que la source de la vie ne se trouve qu'en Christ.
Par la verge qui a bourgeonné, l'Éternel vient de confirmer la dignité de la famille d'Aaron. C'est la raison pour laquelle ce chapitre 18 reparle de la sacrificature en énumérant ses privilèges. Le premier: les fils de Lévi sont adjoints (signification du nom Lévi) aux sacrificateurs. Ils leur sont donnés en don pour l'Éternel (verset 6): image du ministère de la Parole qui instruit l'adorateur. Le ch. 8 de Néhémie nomme quelques lévites qui enseignent la Parole au peuple et bénissent l’Éternel avec Esdras. Le deuxième de ces dons, c'est le service lui-même (verset 7 fin). Loin d'être un mérite pour celui qui l'exerce, tout service est une grâce que Dieu nous accorde. Pensons que nous sommes des esclaves inutiles (Luc 17:10). Si le Seigneur consent à nous employer, ce n'est pas qu'il ait besoin de nous, mais parce qu'il veut nous accorder la joie de travailler pour Lui. Enfin les versets 8 à 18 énumèrent les dons divers correspondant aux «choses saintes» apportées par les fils d'Israël. Une fois encore ce sont les offrandes variées, figure de Christ, dont nous sommes appelés à nous nourrir, à jouir. C'est là «tout le meilleur» et en même temps «les prémices» (verset 12), nous rappelant le dessein de Dieu et le voeu de l'apôtre «qu'en toutes choses il tienne, Lui (Christ), la première place» (Colossiens 1:18).
À tous les dons qu'Il vient de faire à Aaron et à sa famille (versets 1 à 19), l'Éternel ajoute le plus excellent: Il se donne lui-même en partage aux siens. «Moi je suis ta part et ton héritage», dit-il au verset 20. «L'Éternel est la portion de mon héritage et de ma coupe» — «Dieu est... mon partage pour toujours», répondent respectivement David et Asaph (Psaume 16:5 et 73:26). Le premier de tous les dons que Dieu nous a faits, n'est-ce pas son propre Fils? Et si Christ est notre part, que pouvons-nous désirer sur la terre? Réalisons avec les Lévites que nous n'avons pas d'autre héritage, pas d'autre possession véritable ici-bas. En revanche nous avons tout dans le ciel puisque nous y possédons Jésus.
L'Israélite était tenu de donner la dîme de son revenu pour le service du sanctuaire (Lévitique 27:30). Ces dîmes subvenaient aux besoins des Lévites qui n'avaient ni aire, ni cuve (verset 30), ni héritage à faire fructifier. Mais ils n'étaient pas privés pour autant du privilège de faire part de leurs biens. À leur tour les Lévites donnaient la dîme de tout ce qu'ils recevaient. En Néhémie 10:37 fin et v. 38, ces instructions sont remises en vigueur par un fidèle homme de Dieu.
Nous résumerions volontiers ce chapitre 18 par un beau verset du Nouveau Testament: «Toutes choses sont à vous — dit l'apôtre — et vous à Christ, et Christ à Dieu» (1 Corinthiens 3:23).
Le sacrifice de la génisse rousse occupe une place à part, au milieu du livre du désert, parce que précisément il n'est prévu en figure que pour les besoins de ce dernier. Comme les autres sacrifices, celui-ci représente sous certains aspects la personne et l'oeuvre de Christ. Cette génisse rousse, sans tare, sans aucun défaut, et qui n'avait jamais porté le joug, évoque Celui qui fut la victime sans tache et qui n’a pas connu comme nous le terrible joug du péché.
Quand la victime avait été égorgée hors du camp, il était fait aspersion de son sang devant la tente d'assignation. Puis elle était brûlée entièrement. La graisse n'était pas offerte à l'Éternel et le sacrificateur ne mangeait aucune portion. Par contre la cendre était recueillie, et procurait une abondante provision d'eau de purification, suffisante pour laver tous les péchés de tous les Israélites pendant tout le long désert. Ce sacrifice ne correspond pas comme ceux de Lévitique 4 aux besoins des inconvertis, mais à ceux des croyants quand ils ont manqué. L'oeuvre de Jésus, accomplie une fois, est la ressource suffisante pour purifier de leurs péchés et maintenir dans la communion ses rachetés exposés à la souillure. Le Saint Esprit applique par la Parole (l’eau) le souvenir des souffrances de Christ (les cendres) à la conscience et au coeur du croyant en chute.
La vertu de l'eau contenant les cendres de la génisse répondait aux multiples occasions de contracter la souillure en marchant dans le désert. Toucher un mort ou un simple ossement correspond pour nous au contact avec la corruption et la violence de ce monde. La chair peut se montrer dans la famille (la tente: verset 14) et alors attention aux enfants, ces «vases découverts» facilement scandalisés! (verset 15; Luc 17:2). Elle peut apparaître au dehors, dans notre travail (aux champs: verset 16). Une petite fraude, une médisance, une parole folle ou une plaisanterie malséante (Éphésiens 5:4), chacun peut faire la liste de ces «petits ossements», manifestations charnelles sur lesquelles nous passons souvent sans même y faire attention. Eh bien! le croyant est souillé par ces manquements. Ils ne semblent pas bien graves à ceux qui ne connaissent pas Jésus. Mais nous qui l'aimons, nous les prenons au sérieux parce que nous nous souvenons que, pour expier le moindre d'entre eux, il a fallu ses souffrances et sa mort. À chaque fois nous avons à renouveler ce qui correspond à ce long travail de purification: jugement de nous-mêmes à la lumière de la Parole de Dieu et nouvelle réalisation de l'efficace de l'oeuvre de Christ.
Pas d'eau! Les murmures reprennent. Le peuple s'attroupe et conteste comme à Meriba (Exode 17). N'at-il fait aucun progrès depuis le commencement du désert, malgré les riches expériences de l'amour de Dieu? «Et pourquoi,... et pourquoi...?» (versets 4 et 5). Pas d'eau? Pourtant le rocher est toujours là. L'Éternel est obligé de le rappeler même à Moïse. Seulement ce ne sont pas les «pourquoi» qui peuvent faire couler son eau. Il faut parler à ce rocher. Belle figure de la prière, ne trouvez-vous pas? Dieu pourrait nous donner tout ce qui nous est nécessaire sans jamais attendre que nous en manquions. Mais il désire que nous le lui demandions pour nous rappeler que nous dépendons de lui. Moïse fait ici une fâcheuse expérience. Au lieu de parler au rocher comme l’avait dit l’Éternel, il le frappe avec impatience et brusquerie. Geste en apparence de peu d'importance, en réalité grave par sa signification! De même que le rocher avait été frappé une fois en Horeb (Exode 17:6) et ne devait plus l'être, Christ a reçu une fois pour toutes à la croix les coups du jugement divin. Dorénavant il n'a plus à souffrir et à mourir. Son oeuvre est suffisante pour donner en abondance aux siens l'eau vive tout au long du désert. À condition de Lui parler. Le faisons-nous?
Un coup d'oeil sur la carte montre que pour passer du désert aux plaines du Jourdain en contournant la mer Morte, il faut traverser Séhir, le pays d'Édom. Se souvenant de sa parenté avec ce peuple (Ésaü ancêtre d'Édom était frère de Jacob), Israël lui demande le droit de passage. Mais Édom répond par un refus accompagné de menaces. Quelle dureté de coeur! La fatigue qui a atteint son frère en chemin (verset 14) le laisse insensible. L'égoïsme, la crainte d'être dérangé l'emportent sur tout autre sentiment. Édom avec son roi représente le monde et son prince qui voudraient empêcher les enfants de Dieu d'atteindre le ciel, leur demeure.
Elle est belle cette demande d'Israël! Il témoigne de sa condition d'autrefois, et de ce que Dieu a fait pour lui. Il prévient ensuite qu'il n'a besoin de rien; il passera seulement «avec ses pieds» sans rien devoir à personne. Ni les champs, ni les vignes (pour nous, les affaires de la vie et les joies du monde) ni les puits d'Édom puisque le rocher a été retrouvé, rien de tout cela ne peut attirer ni détourner un peuple en marche vers sa patrie.
Comme l'Éternel l'avait annoncé au versets 12, Aaron meurt avant l'entrée en Canaan et sa succession est assurée par son fils Éléazar.
La victoire de Horma est remportée quarante ans après la défaite du même nom (chapitre 14:45). Il est triste de constater que, si tôt après, le découragement survient: «il n'y a pas de pain... il n'y a pas d'eau» (verset 5). La manne ne manque pas, mais elle est méprisée. Le rocher a été frappé, mais on oublie de lui parler. Image de ce qui se produit quand nous négligeons la Parole et la prière! Perdre conscience de ces ressources, c'est sombrer dans le découragement et les plaintes, c'est s'exposer aux attaques de Satan. La morsure des serpents amène Israël à sentir et à confesser ses péchés. Alors Moïse intercède — une fois de plus — et l'Éternel ordonne un remède: ce serpent d'airain placé sur une perche. Un seul regard vers lui apportait la guérison. Le Seigneur Jésus, dans son entretien avec Nicodème, explique la portée spirituelle de cet épisode du désert. Le serpent d'airain élevé par Moïse, c'est Lui, le Fils de l'homme élevé sur la croix, c'est Christ «fait péché pour nous» (2 Corinthiens 5:21), assimilé à la puissance même du mal pour en subir la condamnation. Telle est la mesure de l'amour de Dieu pour le monde! (Jean 3:14 à 16). Cher ami qui lisez ces lignes, avez-vous dirigé le regard de la foi vers le Sauveur élevé sur la croix? Avez-vous la vie éternelle?
Au commandement de l'Éternel, le peuple s'assemble autour du puits (Beër). Princes et nobles ont creusé et l'eau jaillit des sources profondes pour le rafraîchissement de tous. Figure des trésors de la Parole mis au jour par des serviteurs de Dieu pour notre enrichissement. Nous nous sentons responsables de profiter du ministère écrit que nous ont laissé ces conducteurs. Princes au labeur fécond (ceux qui travaillent sont ceux qui sont à la tête selon 1 Thessaloniciens 5:12), ces «hommes nobles du peuple», tels les Béréens — plus nobles que ceux de Thessalonique (Actes 17:11) — se sont appliqués à l'étude de l'Écriture. Voilà la noblesse que la Bible reconnaît et nous propose, car chaque enfant de Dieu est invité à sonder les Écritures (Jean 5:39). Le rafraîchissement spirituel goûté autour du puits a réjoui le coeur du peuple. «Quelqu'un est-il joyeux, qu'il chante des cantiques» (Jacques 5:13). Et Israël chante. Depuis la mer Rouge, quarante ans plus tôt, nous ne voyons pas qu'il l'ait fait (à part les chants et les danses profanes autour du veau d'or). À présent, les murmures ont enfin fait place à la louange.
Avec la joie Israël a aussi trouvé de la force (Néhémie 8:10 fin). Il la déploie en livrant ses premières batailles contre Sihon et Og et en remportant des victoires éclatantes.
Nous quittons à présent le peuple afin de voir ce qui se passait pendant ce temps chez ses ennemis. Plein d'effroi, Moab, avec son roi Balak, a vu Israël monter du désert, couvrir le pays, s'installer vis-à-vis de lui. Il tremble pour ses récoltes et méprise ce peuple qui risque de tout «brouter comme le boeuf». Que Moab se rassure! Quand la manne, le Pain de vie, est appréciée par le peuple de Dieu, ce que le monde possède ne lui fait aucune envie. Pour vaincre Israël, Balak imagine de recourir à des moyens surnaturels. Il appelle à l'aide le devin Balaam dont il connaît la réputation. Ce dernier personnifie à travers l'Écriture un clergé complaisant se louant «à prix d'argent» (Deutéronome 23:4; Jude 11). Balaam est partagé entre son désir de mériter les richesses et les honneurs promis par les ambassadeurs de Balak et le sentiment de ne pouvoir outrepasser la volonté du Dieu souverain qu’il redoute. Visité par Lui pendant la nuit, Balaam a entendu cette déclaration catégorique, sans appel: tu n'iras pas... tu ne maudiras pas... le peuple est béni! En espérant faire revenir l'Éternel sur sa déclaration, le prophète infidèle oublie que Dieu ne change pas (comparer chapitre 23:19). En sorte que, lors de la seconde ambassade, il lui est permis d'aller où le pousse son coeur cupide.
Ainsi Balaam a sellé son ânesse et est parti d'un coeur léger, supputant à l'avance son salaire d'iniquité. Mais devant l'Éternel, son chemin est pervers (verset 32), ce qui signifie qu'il mène à la perdition (note). Balaam feint d'obéir à Dieu alors qu'il est en réalité «amorcé par sa propre convoitise» (Jacques 1:14). L'Éternel veut le lui faire comprendre et lui parle de façon miraculeuse par la bouche de son ânesse. Peine perdue! Alors l'Ange lui-même se montre à lui et l'avertit (lire 2 Pierre 2:15, 16). Plus fou et plus aveugle que son âne, Balaam s'obstine et l'Éternel le laisse aller... N'arrive-t-il pas que pour nous arrêter, Dieu se mette en travers de notre chemin de propre volonté? Il y dresse des obstacles qui ont un langage de Sa part, si nous savons les écouter. Autant d'occasions pour nous demander si le Seigneur ne s'oppose pas à un projet qu'il désapprouve. Le Nouveau Testament mentionne «le chemin de Balaam», puis son «erreur» (Jude 11), enfin sa «doctrine» (Apoc. 2:14). La propre volonté égare toujours davantage.
Balak et Balaam se sont maintenant rencontrés pour leur oeuvre malfaisante. Ensemble ces deux complices sont une figure du méchant roi appelé «la Bête», et du faux prophète ou Antichrist, qui dans les temps de l'Apocalypse, seront poussés par Satan contre Israël et contre Dieu.
Balaam, qui a déjà obtenu d'aller où il désirait, voudrait bien à présent faire dire à Dieu ce qu'il a envie de dire. Mais malgré lui, pour la plus grande colère de Balak, ses quatre discours sentencieux se changent en bénédictions glorieuses. Tel est aussi l'effet final des présentes accusations de Satan contre les rachetés du Seigneur (Apocalypse 12:10). Comme nous l'apprend l'histoire de Job, Dieu permet que de telles attaques tournent au bien des siens. Et remarquons que tout se passe sur la montagne à l'insu du peuple dans la plaine; il ignore tant les intentions funestes de l'ennemi que la manière dont Dieu les déjoue.
«Un peuple qui habitera seul» (verset 9); c'est le premier caractère d'Israël, d'être un peuple séparé pour Dieu. Il en est ainsi de la vraie Église et de chaque croyant. Le chrétien est moralement séparé d'un monde jugé. Il est mis à part pour le Seigneur. «Que ma fin soit comme la leur»! souhaite Balaam en terminant (verset 10). Mais pour mourir «de la mort des hommes droits», il faut en avoir vécu la vie. Or Balaam, comme beaucoup d'autres, est un homme double, essayant de servir deux maîtres. Il professe craindre l'Éternel, offre le nombre parfait des sacrifices, tout en n'écoutant que les convoitises de son coeur.
«Qui intentera accusation contre des élus de Dieu? — C'est Dieu qui justifie; qui est celui qui condamne?» (Romains 8:33, 34). Comme pour se moquer de l'accusateur, l'Éternel le charge de proclamer lui-même du haut de la montagne qu'Il «n'a pas aperçu d'iniquité en Jacob, ni vu d'injustice en Israël». En lisant ce versets 21, on ne peut pourtant s'empêcher de se demander: Comment Dieu peut-il affirmer ce qui est si manifestement contredit par les faits? A-t-il oublié les murmures, les convoitises, l'idolâtrie, la rébellion? Le verset 23 nous apporte la réponse: «Selon ce temps, il sera dit de Jacob et d'Israël: Qu'est-ce que Dieu a fait?» Pendant que le peuple accumulait les faux pas dans le désert, l'Éternel accomplissait l'oeuvre nécessaire pour le rendre propre à entrer dans le pays. Il avait pourvu à tous les péchés des siens en donnant les sacrifices, la sacrificature, le serpent d'airain, autant d'images de l'oeuvre de Jésus. De sorte que si Dieu parle ainsi, ce n'est pas manque de mémoire, ni qu'il passe avec indulgence par-dessus le mal. Mais en contemplant son peuple, il voit son propre ouvrage. Il a constamment devant les yeux l'oeuvre de son Fils et ne serait pas fidèle et juste envers ce parfait Sauveur s'il imputait encore la moindre faute à ceux que Lui a lavés dans son sang (1 Jean 1:9).
Pour prononcer sa troisième prophétie, Balaam s'abstient des précédents sortilèges (verset 1). Homme adonné au spiritisme, instrument habituel des démons, il est contraint de prononcer les oracles que Dieu met dans sa bouche. Et plus Balaam s’obstine, plus le peuple sera béni. Le verset 5 constate non seulement l'absence d'iniquité en Jacob (la grâce), mais l'admirable beauté des tentes d'Israël (la gloire). Au milieu de ces tentes s'élevait celle de l'Éternel lui-même, la demeure de Sa gloire, en sorte que tout le camp était rendu participant de cette gloire. — L'Église est encore dans le désert, mais déjà Dieu la considère selon sa relation glorieuse avec son Fils bien-aimé. Elle est l'Épouse de Christ, revêtue à ses yeux de toutes les perfections de son Époux divin. Et c'est ainsi que nous sommes invités à la considérer. Apprenons à regarder l'Assemblée et chaque frère ou soeur individuellement depuis «le sommet des rochers» (chapitre 23:9), c'est-à-dire de la même manière que Dieu les voit du ciel. Nous en aurons alors une vision toute différente. Nous verrons briller la beauté de la robe de justice dont le Seigneur a revêtu les siens. Nous remarquerons en eux des reflets des gloires de Jésus. Et s'il y a des sujets de peine, que nous ne pourrons pas éviter de voir aussi, ce sera encore une occasion pour admirer la grandeur de la patience et du pardon divins.
Cette dernière prophétie du devin Balaam commence en fait par un oracle à son propre sujet. Combien cet homme est responsable! Delon ses propres déclarations, il entend les paroles de Dieu; il connaît la connaissance du Très-Haut; il voit la vision du Tout-puissant… Malgré ces privilèges inestimables, il tombe. Plusieurs soi-disant chrétiens diront: «Seigneur, Seigneur, n'avons-nous pas prophétisé en ton nom...?» (Matthieu 7:22-23). Mais ils partageront le sort final de Balaam parce que la connaissance des vérités bibliques n'aura pas eu d'effet sur leur conscience. Avoir «les yeux ouverts» pour voir Jésus, mais «pas maintenant» et «pas de près», quel avenir tragique! C'est celui du riche de la parabole contemplant depuis les tourments le bonheur des élus (Luc 16). «Tout oeil le verra» (Apocalypse 1:7), mais pas dans les mêmes conditions. Quand et comment verrez-vous le Seigneur?
Devant «l'homme qui tombe» se déroule tout un panorama prophétique. Une étoile brillante l'illumine: Christ, le roi de gloire. Son apparition correspondra au jugement des nations voisines d'Israël: en premier lieu Moab lui-même. Jésus est cette splendide Étoile du matin, annonçant le lever du jour (Apocalypse 2:28; 22:16 fin). Encore invisible du monde, elle est déjà levée dans le coeur du racheté (2 Pierre 1:19 fin).
Il faut attendre le chapitre 31:16 pour comprendre ce qui se passe maintenant. Nous y apprenons que, dans l'esprit de Balaam qui a vu lui échapper la récompense tant convoitée, a germé une idée diabolique. Il avait lui-même annoncé que Dieu n'apercevait aucune iniquité ni injustice en Israël (chapitre 23:21). Qu'à cela ne tienne, s'est-il dit, induisons ce peuple à pécher! De cette manière l'Éternel sera bien obligé de le maudire. C'est une nation qui doit habiter seule? (chapitre 23:9). Incitons-la à se mélanger avec les autres peuples. De sorte que Balaam enseigna à Balak «à jeter une pierre d'achoppement devant les fils d'Israël, pour qu'ils mangent des choses sacrifiées aux idoles et qu'ils commettent la fornication» (Apocalypse 2:14). De cette machination ténébreuse résulte la triste et humiliante affaire de Baal-Péor. Comme quoi les invitations du monde sont plus à craindre que ses malédictions! Le peuple tombe dans le piège tendu par Moab et son allié Madian. Il faut le zèle de Phinées pour détourner la colère de l'Éternel et arrêter la plaie. Son attitude reçoit aussitôt sa récompense et nous apprend combien est agréable au Seigneur un jeune homme ou une jeune fille qui, au milieu d'un relâchement moral généralisé, a gardé pure sa voie et a su prendre avec courage position pour Lui.
Quarante ans ont passé depuis le dénombrement du chapitre 1. L'Éternel fait de nouveau relever «la somme de toute l'assemblée des fils d'Israël». La comparaison de ces deux recensements, au début et à la fin du désert, met en évidence les conséquences désastreuses et irrémédiables des fautes commises. La tribu de Siméon plus coupable que les autres dans l'affaire de Baal-Péor a été décimée (chapitre 25:14). Il s'ensuivra une réduction proportionnelle de l'héritage en Canaan puisque, selon les instructions de l'Éternel à Moïse, «...à ceux qui sont peu nombreux, tu diminueras l'héritage» (verset 54). Cette vérité nous parle à tous: Une marche défaillante entraîne pour un chrétien une perte éternelle et peut le priver de sa «couronne» (Apocalypse 3:11). De Ruben à Nephthali, le dénombrement se fait dans le même ordre que la première fois, selon les bannières des tribus (chapitre 2). Le total presque identique (verset 51; chapitre 1:46) fait ressortir la puissance de la grâce d'un Dieu qui a pris en charge cette immense armée de six cent mille hommes, sans compter femmes et enfants, pendant quarante ans à travers le désert. Dieu n'a jamais été dépassé par les besoins des siens et aura soin aussi de chacun de nous jusqu'à notre dernier jour ici-bas.
Nous avons remarqué hier que les hommes seulement devaient être dénombrés. Voici pourtant quelques femmes auxquelles est consacré ici tout un paragraphe et plus loin le chapitre 36 en entier. Qu'ont-elles de remarquable, ces cinq filles de Tselophkhad pour qu'il en soit autant parlé? On pourrait plutôt les trouver bien effrontées d'oser se présenter devant Moïse, Éléazar, les princes et toute l'assemblée, pour réclamer une part d'héritage. Ne sont-ce pas là des murmures comme ceux que nous avons déjà si souvent entendus s'élever au milieu du peuple? Absolument pas! Les murmures exprimaient le regret de ce qu'on laissait en arrière, en Égypte, tandis que la demande de ces femmes est dictée par l'attachement pour ce qui est devant: le pays de la promesse. C'est pourquoi l'Éternel lui-même les approuve hautement. En réponse à Moïse qui «apporte leur cause» devant Lui, il déclare: «Les filles de Tselophkhad ont bien parlé». Quel exemple elles donnent à ceux d'entre nous qui ont eu des parents chrétiens! Demandons-nous si «l'héritage de nos pères»: ce qui a fait l'objet de l'attente fervente des générations précédentes, possède le même attrait et le même prix pour notre coeur (comp. 1 Rois 21:3).
L'Éternel entretient maintenant son serviteur Moïse de la fin de sa carrière. À cause de sa faute aux eaux de Meriba, il ne lui sera pas permis de faire entrer le peuple dans le pays. Ce qui inquiète aussitôt l'homme de Dieu, c'est qu'Israël pourrait se trouver sans conducteur. Au lieu de penser à lui-même, il intercède une nouvelle fois pour le peuple en demandant qu'il ne soit pas comme un troupeau sans berger (verset 17). La même pensée occupait le coeur du Seigneur Jésus. Considérons-le en Matthieu 9:36 «ému de compassion» envers les gens qui l’entouraient «parce qu'ils étaient las et dispersés comme des brebis qui n'ont pas de berger». Pourtant n'était-il pas au milieu d'eux, lui le bon Berger? Mais on ne voulait pas de lui.
En réponse à la demande de Moïse, l'Éternel désigne Josué, «un homme en qui est l'Esprit». Dans l'intérieur de la tente, celui-ci a appris dès sa jeunesse à connaître l'Éternel (Exode 33:11). Il a plus tard rempli avec fidélité une mission de haute confiance: l'exploration du pays. Enfin, comme Moïse autrefois, Josué a été formé pendant quarante ans à l'école du désert, la longue école de la patience. Alors seulement Dieu l'appelle pour le service qu'il lui a réservé: introduire le peuple en Canaan.
Dans ces chapitres 28 et 29, les sacrifices ne sont pas classés suivant leur signification, mais d'après les occasions dans lesquelles on devait les présenter. Exerçons-nous, chers enfants de Dieu, à faire de toute circonstance une occasion de rendre grâces (1 Thessaloniciens 5:18).
Au chapitre 29, il est question des offrandes du septième mois et, à partir du versets 12, nous constatons de jour en jour une diminution du nombre des taureaux offerts. Cela suggère les périodes de notre vie pendant lesquelles la personne de Jésus peut, si nous ne veillons pas, perdre peu à peu de son prix pour nos âmes. Prophétiquement, ce chapitre 29 s'accomplira pendant le règne de mille ans. Beaucoup ne se seront soumis que par contrainte à l’autorité du Seigneur Jésus Christ (Psaume 18:44) de sorte qu'un déclin général dans l'appréciation des gloires de Christ aboutira à la révolte finale de Gog et Magog (Apocalypse 20:7...).
Observons le contraste entre la place occupée par l'holocauste (treize taureaux, quatorze agneaux...) et celle du sacrifice pour le péché: seulement un bouc. L'accent est mis en effet sur la pleine et continuelle satisfaction que Dieu trouve en Christ: il est son offrande, son pain, en odeur agréable pour Lui (chapitre 28:2).
Après les sacrifices nécessaires des chapitres 28 et 29, nous trouvons ici les voeux par lesquels on s'engageait spontanément envers l'Éternel. Quand un homme faisait un voeu, il devait obligatoirement l'accomplir. On appelait cela payer ou acquitter ses voeux (Psaume 22:25 et 116:14, 18). Une femme n'était pas aussi responsable si elle vivait avec son père ou avec son mari. Ceux-ci avaient le droit de casser le voeu qu'ils désapprouvaient.
Ce chapitre rappelle la présomption avec laquelle Israël s'est lui-même placé sous la loi, s'engageant à faire tout ce que Dieu avait dit. «Mieux vaut que tu ne fasses point de voeu — conseille l'Ecclésiaste — que d'en faire un et de ne pas l'accomplir» (Ecclésiaste 5:5). D'une manière générale, combien il est important que tout ce que nous décidons puisse être ratifié dans le ciel, approuvé par le Seigneur. Jacques nous enseigne à subordonner tous nos projets à cette réserve: «Si le Seigneur le veut et si nous vivons, nous ferons aussi ceci ou cela» (Jacques 4:15). Et quant aux serments mentionnés dans notre versets 3, le même écrivain enjoint: «ne jurez pas, ni par le ciel, ni par la terre, ni par aucun autre serment; mais que votre oui soit oui, et votre non, non...» (chapitre 5:12; voir aussi Matthieu 5:33 à 37).
À l'instigation de Balaam, les femmes de Moab et de Madian ont entraîné Israël à adorer leurs idoles. L'heure du châtiment a sonné. La vengeance sur les Madianites est impitoyable: ce peuple est presque complètement anéanti. Image pour nous de l'empressement avec lequel nous sommes appelés à «couper» et à «jeter loin de nous» toutes les occasions de chute (lire Matthieu 5:27 à 30). Si nous sentons par exemple qu'une fréquentation présente un danger pour notre âme, n'hésitons pas à la rompre, quoi que l'autre puisse en penser.
Les versets 25 à 54 suggèrent les heureux résultats que nous pouvons attendre en «exterminant» ce qui est en piège à nos âmes. Loin de nous appauvrir (pas un combattant ne manque), c'est l'occasion d'un grand butin spirituel, dont profite «toute l'assemblée» (verset 27) et dont Dieu a sa part sous forme de reconnaissance et d'actions de grâces.
Balaam est, lui aussi, passé au fil de l'épée (verset 8). Il n'a pas connu «la mort des hommes droits» (23:10), et n'a pas joui longtemps de la récompense en échange de laquelle il avait vendu son âme. Telle est la fin d'un chemin pervers, d'un chemin qui conduit à la perdition. «Car que profitera-t-il à un homme s'il gagne le monde entier, et qu'il fasse la perte de son âme?» (Matthieu 16:26).
Parvenus à la frontière de Canaan, les fils de Ruben et de Gad se présentent devant Moïse et devant les princes avec une triste demande: «Ne nous fais pas passer le Jourdain»! (verset 5). Moïse indigné pense aussitôt à Kadès-Barnéa, quarante ans plus tôt. Est-ce encore une fois l'incrédulité, la crainte des géants et des villes fortifiées qui font reculer ces deux tribus? Non pas! Mais une autre raison inattendue: leurs troupeaux! La victoire sur les Madianites a procuré un important butin (chapitre 31). Ruben et Gad en ont eux aussi profité; leurs troupeaux sont à présent «en grand nombre». Alors leurs yeux se portent sur les riches pâturages du pays de Galaad dans lequel ils séjournent, et ils souhaitent s'y établir. Pour eux, une installation immédiate dans des conditions avantageuses et confortables a plus d'attrait que le pays promis par l'Éternel. Beaucoup de chrétiens sont ainsi, le savons-nous? Ils sont sauvés sans doute; ils font partie du peuple de Dieu. Mais les affaires de la vie courante les intéressent plus que l'éternité. Ils ont un christianisme terrestre, un coeur partagé. Le ciel n'a pas pour eux de valeur présente. N'est-ce pas montrer peu d'attachement pour Celui qui s'y trouve?
En proposant d'aider leurs frères à conquérir le pays de Canaan, les fils de Ruben et de Gad montrent du zèle, du courage et même du désintéressement. Tout cela ne remplace pas aux yeux de l'Éternel l'amour pour Lui et pour le pays qu'il a donné. Les guerriers de ces deux tribus connaîtront la terre de la promesse. Ils passeront le Jourdain pour aider leurs frères. Mais leurs femmes et leurs petits enfants n'y entreront pas. Par leur faute, ces derniers ne jouiront pas de la promesse de l'Éternel (chapitre 14:31). Nous nous souvenons que jadis le Pharaon essayait d'empêcher les petits enfants de partir d'Égypte (Exode 10:10). À présent ce sont leurs propres parents qui font obstacle à leur arrivée en Canaan. «Laissez venir à moi les petits enfants — enjoint le Seigneur Jésus — ; ne les en empêchez pas» (Marc 10:14). Il existe, malheureusement, plus d'un moyen pour retenir un enfant de venir à Jésus!
Dans le riche territoire de Galaad les troupeaux vont incontestablement prospérer. Au contraire pour les familles, ce sera la décadence, comme le montre l'histoire de ces tribus. — Chers amis, qu'est-ce qui est le plus important? La prospérité de nos affaires ou celle de notre âme? Elles sont loin d’aller toujours ensemble.
Arrivés à la frontière du pays, Moïse et les fils d'Israël sont invités à se retourner, à porter leurs regards en arrière. Que de chemin parcouru depuis la grande nuit de la Pâque! À côté d'heureuses ou même de glorieuses étapes — Pi-Hahiroth et le passage de la mer Rouge, Élim avec ses sources et ses palmiers — que de noms sonnaient douloureusement: Sin et ses murmures, Rephidim et ses contestations, Sinaï avec le veau d'or, Kibroth-Hattaava avec les convoitises et la triste affaire des cailles... Ils jalonnent misérablement le parcours du désert comme autant de leçons nécessaires pour apprendre à Israël — et à chacun de nous — à connaître peu à peu son coeur. Sans doute le peuple aurait-il souhaité effacer quelques-uns de ces noms de son itinéraire. Moïse aurait eu des raisons personnelles pour passer sous silence Kadès, avec les eaux de Meriba. Eh bien, ce n'est pas possible! Nous ne pouvons pas faire disparaître les fautes passées ni revenir en arrière pour recommencer une seule heure de notre existence. Mais ce que nous pouvons faire, c'est nous souvenir des leçons apprises en chemin, de la patience qui nous a supportés et de la miséricorde de Celui qui nous a tout pardonné.
Le vent du désert a depuis longtemps effacé les traces du long pèlerinage. Mais dans le livre de Dieu chaque pas a été enregistré: «Et ils partirent et campèrent... et ils partirent et campèrent...». Quelques versets vite lus résument quarante années et un nombre égal d'étapes dont beaucoup ne sont mentionnées qu'ici. Mais bien que nous n'en sachions rien de plus, Dieu a tenu à inscrire chaque nom dans son saint Livre, comme pour nous rappeler ce touchant verset: «Lui, ne voit-il pas mon chemin, et ne compte-t-il point tous mes pas?» (Job 31:4).
Pour nous aussi, le temps a effacé le souvenir de la plus grande partie de notre passé. Pourrions-nous même dire sans rien oublier ce que nous avons fait hier? Mais le Seigneur en a gardé la trace. Rien ne lui a échappé. Il y a comme un film qui a été pris de notre vie entière, sans aucune coupure. Lors du «tribunal de Christ» (2 Corinthiens 5:10), ce film sera projeté sous nos yeux dans la pleine lumière de Dieu. Pensée bien sérieuse! Si c'était maintenant, aucun de nous ne pourrait le supporter. Mais près de Jésus nous ne connaîtrons ni honte ni crainte de jugement. Il ne restera place que pour le sentiment inexprimable de la grandeur de sa grâce, source d'une adoration éternelle.
Après avoir regardé en arrière avec Israël, l'Éternel l'invite à porter ses yeux en avant sur le but de son long voyage. Certaines personnes sont sans cesse occupées du passé. Elles regrettent ceci ou cela, ou bien se vantent de ce qu'elles ont fait. Ce qui doit occuper le croyant c'est ce que Dieu a fait. Il peut donner dans son coeur mille réponses à la question de Balaam: «Qu'est-ce que Dieu a fait?» Mais en même temps il regarde devant lui, en direction de sa patrie. Les limites de l'héritage étaient tracées pour Israël par la même main divine qui avait dirigé son voyage.
Pour nous enfants de Dieu, c'est la maison du Père qui nous a été préparée. Le Seigneur ne nous laisse pas à ce sujet dans l'incertitude. S'il en était autrement, il nous l'aurait dit. Il y a plusieurs demeures dans la maison de son Père où il est allé nous préparer une place (Jean 14:2).
À Israël, l'Éternel n'indique que le contour, les frontières de son pays. Et le chrétien de son côté, n'en sait guère davantage sur sa céleste patrie. La Bible ne nous décrit pas le ciel. Mais ce que nous en savons, nous suffit. C'est la maison du Père, de notre Père. Le Seigneur Jésus s'y trouve et nous y serons toujours avec lui.
Dans ce pays de Canaan, à l'intérieur des limites qui viennent d'en être tracées, chaque tribu recevra sa possession à l'exception des fils de Lévi. D'après la prophétie de Jacob, ceux-ci devaient être dispersés en Israël à cause de la méchante conduite de leur père (Genèse 49:7). Mais, par la grâce de Dieu, ce châtiment tournera en bénédiction. Quarante-huit villes réparties dans tout Israël seront attribuées aux fils de Lévi. Chaque tribu devra leur en donner proportionnellement à son héritage. Ainsi ces Lévites, serviteurs de l'Éternel et de leurs frères, chargés en particulier d'enseigner la loi, seront amenés par leur dispersion à exercer leur ministère au profit de tout le peuple.
Il est ensuite question des villes de refuge pour l'homicide. La loi dans toute sa rigueur réclamait le sang pour le sang, qu'il ait été répandu avec intention, par haine, ou au contraire involontairement. Mais pour répondre à ce dernier cas, l'Éternel avait donné une promesse en même temps que la loi (lire Exode 21:12, 13). Il s'était engagé à fournir un asile où le responsable de la mort d'autrui serait autorisé à fuir pour sauver sa vie. Belle illustration du refuge que Dieu offre au pécheur coupable et qui nous rappelle que «Christ est la fin de la loi pour justice à tout croyant» (Rom. 10:4).
Sous son aspect prophétique, la ville de refuge pour l'homicide abrite le peuple juif qui a crucifié son Messie sans mesurer la portée de son crime (Luc 23:34). Il est depuis lors gardé providentiellement par Dieu loin de son héritage jusqu'à la fin de la période actuelle, c'est-à-dire tant que Christ est sacrificateur selon le type d'Aaron.
En fait c'est l'humanité tout entière qui est coupable de la mort du Fils de Dieu. Mais, dans son infinie miséricorde, Dieu a fourni à l'homme un refuge contre Sa propre colère, et ce refuge n'est autre que la victime elle-même. Jésus est celui «qui nous délivre de la colère qui vient» (1 Thessaloniciens 1:10).
Représenté dans ce chapitre à la fois par la victime et par la ville de refuge, Christ l'est d'une troisième manière, par le grand sacrificateur dont la mort marquait le moment du retour dans l'héritage en pleine sécurité (verset 28).
Le verset 31 affirme qu'aucune rançon si élevée fût-elle, ne pouvait se substituer pour l'homicide au moyen de salut auquel l'Éternel avait pourvu. Ni argent, ni or (1 Pierre 1:18), ni oeuvres quelconques (Éphésiens 2:9) ne peuvent remplacer pour le pécheur l'abri qu'il trouve en Jésus Christ. «Il n'y a de salut en aucun autre;...» (lire Actes 4:12).
Nous retrouvons les cinq filles de Tselophkhad que nous connaissons déjà. Ici ce sont les chefs de la tribu de Manassé qui reparlent à Moïse et aux princes de cette question d'héritage en apparence de minime importance. De quoi s'agit-il? Chaque tribu devait posséder son propre territoire. Mais dans les cas comme celui-ci où une femme en recevait une part, son mariage avec un homme d'une autre tribu aurait fait passer l'héritage à cette tribu de son mari. Il ne devait pas en être ainsi. Moïse règle ce problème de la part de l'Éternel. Les mariages se feraient entre personnes de la même tribu. Jeunes gens et jeunes filles qui appartenez au Seigneur, cette instruction vous concerne! Le mariage peut vous faire perdre la jouissance de votre héritage céleste. Si celle ou celui avec qui vous pensez vous unir un jour, n'a pas la même part que vous, ne vous engagez à aucun prix dans un tel chemin!
Il est remarquable que ce livre du désert se termine sur cette note concernant l'héritage. En effet le Jourdain n'était pas encore franchi. N'avait-on pas largement le temps d'y penser? Telle n'est pas la pensée de Dieu. Il nous entretient dès à présent de notre patrie céleste, car son désir est que notre coeur en soit occupé.