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Ami, pourquoi es-tu venu ?



Matt. 26:50 + 20:13 + 22:12

 

Briem Christian

Antworten auf Fragen p.424

 

1        Question :

2        Réponse

2.1      [Première constatation : Philos / hetairos]

2.2      [Deuxième constatation : les deux autres passages de Matthieu 20 et 22]

3        [Conclusion]

 

 

1        Question :

Plus d’un lecteur des évangiles a pu s’étonner que le Seigneur Jésus ait appelé « ami » son traître, Judas Iscariote, alors qu’il s’apprêtait à Le livrer :

 

«Ami, pourquoi es-tu venu ?» (Matt. 26:50).

 

Cet homme n’était-il pas un «diable», le «fils de perdition» (Jean 6:70 ; 17:12) ? C’est en ces termes que le Seigneur Lui-même avait parlé de lui. Pourquoi l’appelle-t-Il maintenant «ami» ? Pourquoi une telle appellation amicale, alors que cet homme était sur le point d’accomplir l’un des actes les plus abominables ?

 

2        Réponse

La résolution de cette difficulté est facilitée par deux constatations.

 

2.1       [Première constatation : Philos / hetairos]

La première est que le Seigneur Jésus utilise ici un autre mot grec pour « ami » que celui de Jean 15, par exemple, où Il appelle deux fois les Siens « philoi » = « amis », et qu’Il explique : «Vous êtes mes amis, si vous faites tout ce que Moi je vous commande. Je ne vous appelle plus esclaves, car l’esclave ne sait pas ce que fait son maître ; mais vous, je vous ai appelés amis, parce que je vous ai fait connaître tout ce que j’ai entendu de mon Père» (Jean 15:14, 15).

Le mot « philos » est proprement un adjectif qualificatif qui signifie « aimé, précieux, cher, attaché, lié d’amitié ». En tant que nom, il a alors la signification de «ami, bien-aimé». Lorsque le Seigneur parle de Lazare comme « notre ami » (Jean 11:11) + lorsqu’Abraham est appelé « ami de Dieu » (Jacq. 2:23) + lorsque l’apôtre Jean, à la fin de sa troisième épitre, transmet des salutations de la part d’«amis» et à des «amis», c’est toujours le mot « philos » qui est utilisé. Il s’agit à chaque fois de personnes qui sont aimées.

 

Par contre, le Seigneur Jésus ne s’adresse pas à Judas Iscariote avec le mot « philos », mais seulement avec le terme « hetairos ». Ce mot signifie certes aussi « ami », mais dans le sens de « camarade, copain, compagnon, partisan, accompagnateur ». Judas Iscariote avait effectivement été un compagnon, un adepte extérieurement, un accompagnateur du Maître. Dans cette mesure, ce mot était donc tout à fait approprié à son égard.

 

2.2       [Deuxième constatation : les deux autres passages de Matthieu 20 et 22]

Une deuxième constatation jette encore plus de lumière sur la question. Le mot « hetairos » ne figure que deux autres fois dans le Nouveau Testament, et les deux fois c’est dans l’évangile de Matthieu, et les deux fois en tant qu’interpellation pour s’adresser à quelqu’un. Et dans les deux passages, c’est Dieu qui utilise ce terme, dans une phrase imagée :

 

«Ami, je ne te fais pas de tort» (Matt. 20:13).

«Ami, comment es-tu entré ici, sans avoir une robe de noces ?» (Matt. 22:12).

 

Il n’est en fait pas facile de trouver, dans ces passages, un bon équivalent français pour le grec « hetairos ». Si ce n’était pas le Sauveur, si ce n’était pas Dieu qui le prononçait, « gars » ou « compagnon » serait tout à fait approprié. Il me semble que le mieux, ici, est de dire « homme » : « Homme, je ne te fais pas de tort », etc. Il faut en tout cas nous défaire absolument de l’idée que, dans ces divers cas, il s’agit de remontrances plus ou moins amicales. Bien au contraire, ce sont des mots foudroyants. Chacune de ces trois courtes phrases, débutant par l’interpellation « ami », ressemble plutôt à un coup de fouet qu’à un appel amical. Dans la première parabole (Matt. 20), le maître de la vigne rejette fermement et avec indignation le reproche d’avoir été injuste ; et dans la deuxième parabole (Matt. 22), la question du roi annonce un malheur imminent, raison pour laquelle l’homme eut la bouche fermée.

 

3        [Conclusion]

Manifestement, l’exclamation du Seigneur «Ami, pourquoi es-tu venu ?» porte également ce caractère de fin solennelle. Le mot « ami » n’est pas du tout le signe d’une relation amicale, comme notre façon de parler pourrait le suggérer. Jamais le Seigneur Jésus ne s’est adressé à un autre de ses disciples par ce mot hetairos.

N’est-il pas significatif, et même bouleversant, que dans les trois passages où il apparaît ce mot marque le rejet d’une personne ? Cela ne tient toutefois pas au mot lui-même, mais au contexte dans lequel il est utilisé. La traduction par le mot français « ami » paraît de plus justifiée par le fait que la prédiction du Psaume 55 v.13,14 était en train de s’accomplir : «Ce n’est pas un ennemi qui m'a outragé ... mais c’est toi, un homme comme moi, mon conseiller et mon ami».