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« VOICI, JE ME DISAIS... » — 2 Rois 5

 

Bremicker E.A.

ME 1999 p. 109-114

Table des matières :

1       L’amère expérience de Naaman

2       Les raisons de la déception

3       Idées humaines concernant le salut

4       L’aide de Dieu — nos réflexions

 

 

1         L’amère expérience de Naaman

Un homme se tient devant la porte du prophète Élisée. C’est un homme haut placé, venu de la Syrie voisine, accompagné d’une grande délégation. Pourtant, la mission de cet officier de haut rang (il est le chef de l’armée syrienne) n’est pas d’ordre politique ou diplomatique. Cet homme est confronté à une difficulté personnelle grave : il est atteint d’une maladie incurable. Tous ses succès militaires ne comptent plus, car c’est maintenant de sa vie qu’il s’agit. Les médecins qu’il a consultés ne peuvent pas l’aider. Il est atteint de la lèpre, maladie inguérissable et sans espoir.

Mais un trait de lumière est apparu à l’horizon. Une jeune fille du peuple d’Israël, une prisonnière de surcroît, a donné un conseil à sa femme : il devrait aller vers le prophète en Israël ; lui pourrait l’aider. L’homme s’est mis en chemin. Après quelques détours, il se tient finalement, sans doute anxieux et impatient, devant la porte de l’homme de Dieu.

Mais voici que Naaman, le Syrien, s’est aussi imaginé très concrètement de quelle manière il devait être guéri. Il y avait réfléchi et avait conclu que le prophète Élisée devait le recevoir avec les honneurs dus à son rang, invoquer solennellement son Dieu et enfin promener sa main sur la peau malade.

Mais quelle déception ! Il n’y a point de réception solennelle, point de marques de respect. Le prophète Élisée n’envoie à la porte que son serviteur. Et pire encore est le message transmis : le grand homme de Syrie devrait se baigner sept fois dans le Jourdain. Traite-t-on ainsi un homme qui est habitué à ce que tout lui obéisse ? Rempli de colère, il se détourne et se prépare à rentrer chez lui.

 

2         Les raisons de la déception

Arrêtons-nous un instant à ce point-là du récit. Chaque lecteur de la Bible connaît bien la fin heureuse de l’histoire de Naaman, mais ce n’est pas cela qui nous occupe maintenant. Demandons-nous pourquoi Naaman est devenu ainsi furieux ? Une des raisons est vraisemblablement que son moi a été blessé. Comment osait-on agir ainsi avec lui, comment pouvait-on lui demander de se baigner dans un cours d’eau d’Israël, alors que les fleuves de sa patrie lui semblaient bien meilleurs ? Qu’allaient penser les gens ?

Une autre raison est sûrement que l’invitation d’Élisée lui semblait trop facile. Il était prêt à faire quelque chose de grand, à dépenser une fortune. N’avait-il pas exprès emporté avec lui de l’argent et de nombreux cadeaux ? Ce que le prophète demandait était vraiment trop bon marché.

Mais une troisième raison nous apparaît. Naaman était venu avec des idées préconçues très précises, et les choses se déroulaient tout autrement. Il confesse : « Voici, je me disais... » C’est de là que vient toute sa déception. Ce que le prophète lui a fait transmettre était trop différent de ce qu’il s’était imaginé. Déçu et vexé, il s’en retourne furieux. Si ses serviteurs ne l’avaient pas ramené à la raison, il serait mort de sa maladie.

 

3         Idées humaines concernant le salut

Les quelques mots de Naaman : « Voici, je me disais... », illustrent l’état d’esprit de beaucoup aujourd’hui.

En premier lieu, nous pouvons les appliquer aux incroyants qui cherchent à résoudre le problème de leur culpabilité et de leurs péchés. La lèpre dont Naaman était atteint est en effet une image du péché qui sépare l’homme de Dieu. Il n’existe qu’une solution à ce problème : c’est celle que Dieu a donnée. Le seul moyen de salut est la mort de Jésus sur la croix. « Il n’y a de salut en aucun autre ; car aussi il n’y a point d’autre nom sous le ciel, qui soit donné parmi les hommes, par lequel il nous faille être sauvés » (Act. 4:12). Il n’y a qu’un seul chemin, pas deux.

Nombreux sont ceux qui, aujourd’hui, ont de la peine à s’engager sur ce chemin. Ils ne veulent pas accepter simplement ce que Dieu dit. Comme Naaman, ils se sentent blessés dans leur moi. Comme lui, ils trouvent que ce chemin est beaucoup trop facile et ils ont leurs propres idées sur la façon dont ils peuvent être sauvés. Combien de fausses voies de salut existent aujourd’hui ! Elles sont à la mesure de la fantaisie et des pensées des hommes, mais elles ne mènent jamais au but.

C’est que le diable s’ingénie à donner aux hommes de nouveaux moyens imaginaires par lesquels ils pourraient trouver le salut. C’est toujours l’homme lui-même qui veut ou doit faire quelque chose pour cela. Mais devant Dieu, tous ces efforts sont vains. Peu importe ce que nous pensons, nous. Ce qu’il faut, c’est que nous nous engagions sur le chemin de salut que Dieu a donné. Avec un « Voici, je me disais... », on ne peut que se perdre. Nous devons accepter ce que Dieu dit, même si cela diffère complètement de ce que nous avons pu imaginer.

 

4         L’aide de Dieu — nos réflexions

Cependant, les paroles de Naaman constituent aussi un avertissement pour nous croyants. Comment nous comportons-nous quand nous avons une difficulté ? Nous nous tournons peut-être vers Dieu, nous le prions, mais en même temps, n’avons-nous pas souvent des idées déjà faites sur la manière dont il devrait nous aider ? Et alors nous sommes déçus quand Dieu répond de façon différente. Nous disons comme Naaman : « Voici, je me disais... ».

Marie et Marthe, les deux sœurs de Béthanie, étaient en grand souci. Leur frère Lazare était malade. Pleines de confiance, elles se tournent vers leur Maître : « Seigneur, voici, celui que tu aimes est malade » (Jean 11:3). Elles ne disent rien de plus, mais au fond de leur cœur — la suite du récit de Jean 11 nous le montre — elles s’étaient imaginé que le Seigneur viendrait tout de suite guérir Lazare. Elles avaient réfléchi et étaient arrivées à cette conclusion. Il ne leur était pas venu à l’esprit que le Seigneur pouvait agir tout autrement. Et à cause de cela, il y eut d’abord la déception et la tristesse, puis, lorsque le Seigneur intervint, un grand étonnement. Mais par cette résurrection, elles apprirent à connaître la gloire du Fils de Dieu d’une façon toute nouvelle.

Cela signifie-t-il que nous ne devons pas réfléchir ? Très certainement pas. La capacité de penser sainement est un don du Créateur, pour lequel nous pouvons être reconnaissants. Mais nous ne devons pas devenir esclaves de nos pensées. En fait, elles n’évoluent que dans un cadre très limité. En tant qu’êtres humains, nous sommes liés au temps et à l’espace. Les expériences du passé nous amènent à tirer des conclusions pour le futur. Mais la logique humaine n’est pas la logique divine. Dieu n’est limité ni dans le temps ni dans l’espace, et ses possibilités ne se heurtent à aucune barrière. « Mes pensées ne sont pas vos pensées, et vos voies ne sont pas mes voies, dit l’Éternel : car comme les cieux sont élevés au-dessus de la terre, ainsi mes voies sont élevées au-dessus de vos voies, et mes pensées au-dessus de vos pensées » (És. 55:8, 9). Souvent, nous cherchons désespérément toutes les solutions possibles et oublions que Dieu nous réserve peut-être une surprise. Sa manière d’intervenir sera peut-être complètement différente de tout ce que nous avons pu supposer.

N’avons-nous pas tendance à vouloir apporter nous-mêmes quelque chose à la solution de nos problèmes ? Nous demandons bien l’aide de Dieu, mais nous réfléchissons en même temps à toutes les initiatives que nous pourrions encore prendre. Et Dieu doit alors nous faire sentir notre incapacité.

Considérons un autre exemple : Le peuple d’Israël s’était rassemblé pour le combat contre les Philistins. Le géant Goliath avait enlevé au roi Saül et à ses troupes tout espoir de victoire. Ils tremblaient de peur. C’est alors que David, jeune berger, entre en scène, prêt à se présenter contre le géant. Et que fait le roi Saül ? Il n’a ni foi ni confiance en Dieu. Il calcule selon son raisonnement humain. Il réfléchit et arrive à la conclusion que ses armes ont une certaine utilité. David peut-il s’avancer au combat sans aucune aide de sa part ?

Mais peu de temps après, David donne à Goliath la bonne réponse. Il dit : « Toute cette congrégation saura que ce n’est ni par l’épée, ni par la lance, que l’Éternel sauve » (1 Sam. 17:47). L’épée et la lance étaient, selon le raisonnement humain, les seules armes par lesquelles Goliath pouvait être vaincu. Mais elles ne l’étaient pas pour Dieu. Il avait des possibilités bien différentes. David comptait avec cela, au contraire de Saül et du peuple.

« Voici, je me disais... » Avec cette disposition d’esprit, nous vivrons maintes déceptions. Faisons paisiblement confiance à notre Dieu, sans limiter ses possibilités d’intervention à nos capacités de réflexion. Nos situations extrêmes ne font que fournir à Dieu des occasions de manifester sa puissance. Cette pensée devrait toujours nous redonner du courage, et surtout quand nous ne voyons plus d’issue. Notre Dieu en a toujours une.