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GRÂCE ET RESPONSABILITÉ

 

 

André Gibert

Les sous-titres ont été ajoutés par Bibliquest ; ME 1974 p. 309

 

Table des matières :

1     Le principe de responsabilité

2       Responsabilité d’Adam innocent

3       Responsabilité de la créature, du pécheur

4       Responsabilité de l’enfant de Dieu

4.1          Responsabilité de manifester Christ

4.2      Faire face à la responsabilité en se rejetant sur Christ

4.3          Responsabilité d’avoir une activité positive

4.4      Rôle de la grâce

4.5          Gouvernement et discipline de Dieu

4.6          Tribunal de Christ

4.7      Les immenses richesses de la grâce

 

 

1                    Le principe de responsabilité

Être responsable revient à devoir rendre compte de ses actes et en supporter les conséquences. Le mot de responsabilité ne se trouve pas dans la Parole ni celui de responsable, mais la chose y est d’un bout à l’autre. Peut-être, tout en employant le mot, ne se fait-on pas toujours une idée suffisante de la chose, et des âmes se trouvent par là portées tantôt à une indifférence coupable, tantôt au contraire à un tourment injustifié. Ce que la Parole de Dieu nous montre c’est que tout homme, étant une créature de Dieu, est tenu de se conduire d’une manière qui convienne à la condition dans laquelle il se trouve devant Lui, à qui il doit rendre compte (Rom. 14:12). Mais il s’en faut que cette condition soit la même pour tous.

 

2                    Responsabilité d’Adam innocent

L’homme tel que Dieu l’avait créé était innocent, mais il pouvait tomber dans le péché. Il ne l’a que trop montré. Il était responsable de maintenir sa position en obéissant à son Créateur. Il a mangé de l’arbre de la connaissance du mal et il est tombé, rompant les relations qu’il avait avec Dieu en Éden, lesquelles ne se retrouveront jamais.

 

3                    Responsabilité de la créature, du pécheur

Il est désormais pécheur, assujetti à la mort et au jugement qui la suit. Il a acquis, par la chute, la connaissance du bien et du mal, mais sa volonté pervertie le pousse à accomplir le mal, même s’il se berce de l’illusion de faire le bien. Personne, de toute la descendance d’Adam, ne peut échapper par soi-même à cette condition, ni recouvrer l’innocence perdue. Le principe divin est bien que la vie éternelle est promise à celui qui persévère dans les bonnes oeuvres, et que la colère vient sur le disputeur et le désobéissant (Rom. 2:6-12) ; mais le fait est qu’«il n’y a point de juste», personne qui exerce la bonté, «tous ont péché» (Rom. 3:9-23). La responsabilité de la créature est toujours là, les hommes seront jugés selon leurs oeuvres et dans les secrets de leurs coeurs (Eccl. 12:14 ; Rom. 2:16 ; Apoc. 20:12), mais aucun d’eux ne peut faire face à cette responsabilité. En vain dirait-on : Mais s’ils sont incapables ils ne sont pas responsables ! Funeste confusion. On est responsable non selon ses possibilités ou ses capacités, mais selon la position où l’on se trouve. Quelqu’un qui a emprunté un million et qui l’a dilapidé le doit toujours, même s’il n’a plus un centime, a-t-on dit. Il ne peut être dégagé de sa dette que par un autre, soit le créancier s’il l’annule, soit un bienfaiteur qui la paie. L’homme est ruiné ; il s’est éloigné lui-même de son Créateur, il est déchu de sa position originelle et il ne peut la reprendre. Cela ne lui est pas demandé, et ne peut l’être, ce n’est pas en cela qu’il est responsable, c’est là un fait acquis sur lequel il ne dépend plus de lui de revenir ; mais sa responsabilité de créature demeure, et, hélas, elle a affaire à une volonté qui ne peut se soumettre à Dieu (Rom. 8:7). En vain l’homme religieux multiplie-t-il ses efforts, ceux-ci n’accomplissent pas la volonté de Dieu et n’atteignent ni à sa justice ni à sa gloire. Bien plus encore, ils témoignent que la bonté de Dieu, qui pousse à la repentance, est méprisée. Sans loi ou sous la loi, athées, impies ou religieux, tous méconnaissent la grâce qui seule pourvoirait à leur état. Ils sont perdus. Tels nous étions tous.

 

Pour changer de condition il faut accepter, par la foi, cette inexorable vérité qui nous laisse sans espoir, hormis en la grâce de Dieu. Ceux-là seuls qui reconnaissent leur état de perdition, leur conscience étant éclairée soit par le témoignage de Dieu dans la création soit par la Parole de Dieu, naissent de nouveau. Ils se trouvent ainsi dans une relation avec Lui toute différente de celle d’Adam. Leur salut ne pouvait venir d’eux-mêmes, ils vient de Dieu, qui a promis puis donné un Sauveur, son propre Fils. Non seulement leurs actes, tous entachés de péché, ont reçu leur jugement en Christ leur substitut, mais leur nature même a été condamnée et jugée à la croix. Christ s’est chargé de notre condition, il a assumé toute notre responsabilité d’enfants d’Adam, des pécheurs, et y a mis fin par sa mort. La dette ne pouvait être annulée sans être payée, la justice de Dieu l’exigeait, et son amour envers les hommes l’a payée au prix du sacrifice de Jésus Christ. Voilà ce que le croyant reconnaît avec adoration.

 

4                    Responsabilité de l’enfant de Dieu

Il y a eu des croyants sous toutes les dispensations, car la bonté de Dieu a agi en toutes. Mais quand Jésus est venu, il a apporté la grâce en plénitude, aussi bien que la vérité : aussi, dans le christianisme, nous connaissons Dieu comme Père et le Saint Esprit nous révèle que Dieu nous voit en Christ, mort pour nos fautes, ressuscité pour notre justification, maintenant glorifié à la droite de Dieu. Et «si quelqu’un est en Christ, c’est une nouvelle création» (2 Cor. 5:17). Le croyant n’a plus à craindre le jugement, il a la vie éternelle. Christ vit en lui. Rien ne peut faire qu’il cesse d’être enfant de Dieu. Il n’a plus la responsabilité d’un pécheur, Christ l’en a entièrement déchargé.

Mais il a celle d’un enfant de Dieu.

Et cette responsabilité est aussi durable, aussi inchangeable, que l’est sa qualité d’enfant de Dieu.

 

4.1   Responsabilité de manifester Christ

Ne nous lassons pas de répéter, un chrétien est quelqu’un qui est en Christ, et «comme Il est, lui, nous sommes, nous aussi, dans ce monde» (1 Jean 4:17). Il n’a pas plus la possibilité de perdre sa position qu’il n’avait celle de la gagner, mais il est ici-bas pour donner la preuve de cette condition nouvelle. «Celui qui dit demeurer en Lui doit lui-même aussi marcher comme Lui a marché» (1 Jean 2:6). Il a la vie de Christ afin de manifester Christ. Enfant de Dieu, il est responsable d’«imiter Dieu» en «marchant dans l’amour» comme un de ses «bien-aimés enfants» (Éph. 5:1). Il est «lumière dans le Seigneur» pour marcher «comme un enfant de lumière» (Éph. 8). Élu «pour l’obéissance et l’aspersion du sang de Jésus Christ», il doit marcher comme un «enfant d’obéissance» (1 Pierre 1:14), qui se plaît à faire la volonté de son Père. Cela ne se peut qu’en faisant taire notre volonté propre, l’amour du moi, tout ce qui appartient à «la chair» qui demeure en nous tant que nous sommes ici-bas, et dont nous avons à mortifier les membres, pour vivre dans cet amour et cette obéissance.

 

4.2   Faire face à la responsabilité en se rejetant sur Christ

Et comment pourrait-il en être ainsi en dehors de la même grâce qui nous a sauvés ? Il s’agit de nous tenir dans la dépendance effective de Celui qui connaît tout, qui peut tout, et qui nous aime. Séparés de Christ nous sommes aussi incapables de faire face à notre responsabilité de chrétiens que nous l’étions de devenir chrétiens par nos propres efforts. Si la conviction que nous sommes responsables ne nous rejette pas sur Christ de qui dépend pour nous toute force, elle nous accablera et nous abattra. Mais si, n’ayant aucune confiance en nous, nous réalisons que nous sommes sans force, et que nous ayons peur de tomber, nous nous cramponnerons à la main qui s’offre. C’est en nous «tenant nous-mêmes pour morts au péché» que nous sommes «vivants à Dieu dans le Christ Jésus» (Rom. 6:11).

 

4.3   Responsabilité d’avoir une activité positive

Vivants, non pas inertes et passifs, mais : «livrez-vous vous-mêmes à Dieu, comme d’entre les morts étant faits vivants» (id. 13). Les ressorts profonds de notre activité sont bien en nous, mais comme le fait d’une vie nouvelle et d’une nature nouvelle ; ils y sont placés du dehors, mis par la puissance qui opère en nous, celle du Saint Esprit. Le même passage de Phil. 2 qui nous enjoint : «Travaillez à votre propre salut avec crainte et tremblement», dit : «car c’est Dieu qui opère en vous le vouloir et le faire, selon son bon plaisir». Le voeu exprimé en Héb. 13:20, 21 est que Dieu «vous rende accomplis en toute bonne oeuvre pour faire sa volonté», et cela ne se peut que si Lui fait «en vous ce qui est agréable devant Lui, par Jésus Christ».

Nos responsabilités, ne nous le dissimulons pas, sont immenses, soit comme individus, soit comme assemblée. Elles diffèrent des uns aux autres selon les tâches que le Seigneur donne et que le Saint Esprit distribue, avec pour chacun les capacités nécessaires. Comme les Lévites porteurs des différentes portions du tabernacle et des objets très saints, nous portons la précieuse charge du nom et de la gloire de Christ dans ce monde ; la mesure de notre responsabilité est là. Y pensons-nous assez ? Mais plus nous prendrons conscience de ces responsabilités plus nous éprouverons que seule la puissance divine est à même d’y satisfaire. Ne l’oublions jamais, Dieu est glorifié par nous dans la mesure où nous le laissons agir en nous. Pour nous maintenir dans cette dépendance obéissante d’où résulte la vie chrétienne en pratique, il faut cette opération intérieure, qui est, en définitive, celle de la grâce de Dieu.

 

4.4   Rôle de la grâce

La grâce de Dieu. Avec la bonté, qui en est la préfiguration dans l’Ancien Testament, n’est-ce pas là le maître mot de l’Écriture ? La grâce nous a sauvés, la grâce affermit le coeur du racheté, la grâce nous enseigne. La puissance de Dieu s’exerce par la Parole de sa grâce pour nous édifier et nous donner un héritage avec tous les sanctifiés (Actes 20:32), la même Parole qui opère en nous pour nous faire discerner et rejeter tout ce qui doit l’être en nous, en même temps que la grâce est exercée en haut, où elle a son trône, par notre divin intercesseur (Héb. 4:11-15). Nous avons à croître en elle (2 Pierre 3:18), à la «retenir», car c’est par elle que nous servirons «d’une manière qui lui soit agréable, avec révérence et crainte», ce Dieu qui «est un feu consumant» pour qui la méprise, outrageant son Esprit (Héb. 12:28, 29 ; 10:29).

 

4.5   Gouvernement et discipline de Dieu

Elle est la «vraie grâce de Dieu», venue avec la vérité, inséparable de la vérité et par là liée à ce que nous appelons à juste titre le gouvernement de Dieu, mais c’est elle qui «règne par la justice» (Rom. 5:21). À nous de nous soumettre, par la foi, à son règne. Le principe de toute responsabilité reste celui du gouvernement divin : «Ce que quelqu’un sème, cela aussi il le moissonnera» (Gal. 6:7, 8). Mais nous apprenons — et nos âmes n’en seraient-elles pas saisies ? — que l’inflexible gouvernement de Dieu envers les siens s’exerce toujours pour leur bien, en discipline paternelle. Il y a pour l’âme qui garde ses commandements la bienheureuse communion goûtée dès ici-bas (Jean 14:21), et le poids éternel de gloire produit à travers et par la tribulation (2 Cor. 4:17). Mais si Dieu emploie la bride et le mors, use de châtiments pour briser notre volonté rebelle, c’est en vue de nous faire participer à sa sainteté (Héb. 12:5-10). Il laisse, selon la loi de ce sage gouvernement, nos erreurs et nos manquements porter leurs tristes fruits dans la mesure où il sait que cela est nécessaire, et même après que nous avons été restaurés. Mais quelles que soient ces sanctions à notre responsabilité, l’âme sondée, pénétrée de salutaire crainte, est confondue de rencontrer non seulement la miséricorde et la bonté qui demeurent à toujours, mais la pure et souveraine grâce de Dieu. «C’est la grâce qui s’élève et demeure au-dessus de tout ce que l’homme est, et qui, par conséquent, produit la confiance, non en soi-même, mais en Dieu comme Celui en la grâce duquel on peut se confier, qui est plein de grâce, parfait en grâce. Cette grâce est au-dessus de tout... Elle crée la confiance selon la mesure dans laquelle elle agit» (J.N.D.).

Dieu veut pour nous le bonheur qui accompagne la confiance et la crainte par lesquelles la foi répond à cette grâce. Faire la volonté de Dieu est le désir de la nouvelle nature, que l’ancienne contrarie constamment. De toutes les sanctions qui peuvent être infligées à nos infidélités, en est-il de plus redoutables et auxquelles le coeur devrait être plus sensible, que la perte de Sa communion ? Qu’en serait-il s’Il nous abandonnait à nous-mêmes ?

 

4.6   Tribunal de Christ

En même temps des récompenses sont promises à la fidélité. Ce sont des encouragements dans le chemin, de même que les avertissements sont brandis pour prévenir nos chutes. Tout sera manifesté devant le tribunal de Christ, où chacun recevra «les choses accomplies dans le corps, selon ce qu’il aura fait, soit bien, soit mal» (2 Cor. 5:10 ; Rom. 4:7 ; 1 Cor. 3:14, 19). Ce sera l’aboutissement des responsabilités d’ici-bas. Les enfants de Dieu comparaissant là ne verront nullement leur qualité d’enfants mise en cause, ils seront déjà semblables à Christ, vêtus de corps glorieux. Mais ce qui sera en cause, c’est la mesure dans laquelle ils jouiront éternellement des bénédictions se rattachant à cette qualité. Tout sera à la gloire de Christ. Mais «si l’ouvrage de quelqu’un ... demeure, il recevra une récompense ; si l’ouvrage de quelqu’un vient à être consumé, il en éprouvera une perte, mais lui-même il sera sauvé, toutefois comme à travers le feu» (1 Cor. 3:14, 15). Est-il concevable que le croyant, connaissant l’amour de Dieu qui est dans le Christ Jésus, passe sa vie présente en se contentant de savoir qu’après tout il sera sauvé, serait-ce comme à travers le feu ? Il aura sacrifié pour de vaines satisfactions temporelles d’inestimables béatitudes éternelles ! Ne désirerions-nous pas avoir la plus riche part possible en Christ ? S’il en est autrement, hâtons-nous d’examiner sérieusement notre état spirituel.

 

4.7   Les immenses richesses de la grâce

Toutefois, ce n’est pas dans cette perspective de récompenses, ici-bas ou là-haut, ou dans la recherche de couronnes, qu’est le secret de la puissance, mais dans le fait de détourner nos regards de nous-mêmes et des choses présentes pour les fixer sur Christ. C’est dans le Christ Jésus que Dieu, déployant les résultats de sa bonté envers nous, «montrera dans les siècles à venir les immenses richesses de sa grâce».