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Commentaire sur Actes 10

 

Briem Christian

Traduit de l’allemand, Commentaire sur Actes 10.
Collection « Un peuple pour Son Nom » partie 5
Ed. Christliche Schriftenverbreitung, CSV, 2006

 

Des variantes de traduction du texte biblique par rapport à la version J.N.Darby sont signalés par un soulignement.

 

 

Table des matières détaillée :

1      Dieu ouvre la porte aux nations — Actes 10:1-48

1.1       Préparation de Corneille pour la bénédiction — Actes 10:1, 2

1.1.1        Converti — mais pas sauvé

1.1.2        « Toi et ta maison »

1.1.3        La vision — Actes 10:3

1.1.3.1     Le message de l’ange — Actes 10:4-6

1.1.3.2     Confiance mutuelle dans le Seigneur — Actes 10:7-8

1.2       Pierre est préparé pour son service

1.2.1        L’extase — Actes 10:9

1.2.1.1     Seul avec Dieu en prière

1.2.1.2     Extase et vision — Actes 10:10

1.2.1.3     Contenu et signification de la vision — Actes 10:11-16

1.3       En route vers Césarée — Actes 10:17-20

1.3.1        L’autorité du Saint Esprit — Actes 10:20

1.3.2        Quand Dieu ouvre des portes — Actes 10:21-23

1.3.2.1     La confiance de Corneille — Actes 10:24

1.4       Dans la maison de Corneille — Actes 10:25

1.4.1        Un hommage rendu à tort — Actes 10:26

1.4.2        Un coup d’œil surprenant — Actes 10:27

1.4.3        Pierre justifie sa venue — Actes 10:28-29

1.4.4        Corneille justifie l’envoi de sa délégation — Actes 10:30-32

1.4.4.1     Présents devant Dieu — Actes 10:33

1.5       Pierre annonce le salut aux nations

1.5.1        Pas d’acception de personnes devant Dieu — Actes 10:34-35

1.5.1.1     Craindre Dieu et pratiquer la justice

1.5.1.2     « Être participant » de l’Esprit Saint — Héb. 6:4

1.5.2        Le témoignage de Dieu — Actes 10:36-37

1.5.2.1     … aux fils d’Israël

1.5.2.2     … Corneille connaissait

1.5.3        Jésus de Nazareth — Actes 10:38-39

1.5.3.1     Actes 10:38

1.5.3.2     Actes 10:39

1.5.4        Témoins de la résurrection de Christ — Actes 10:40-41

1.5.5        La mission confiée aux onze par le Seigneur ressuscité — Actes 10:42

1.5.5.1     Jésus — le Juge

1.5.5.2     Jésus — le Sauveur — Actes 10:43

1.5.6        Le message interrompu — Actes 10:44

1.5.6.1     Le don de l’Esprit

1.5.6.2     Le salut

1.5.6.3     L’Esprit Saint répandu (ou : l’effusion de l’Esprit) — Actes 10:45-46

1.5.6.4     Le parler en langues

1.5.6.5     Le baptême postérieur au sceau du Saint Esprit — Actes 10:47-48a

1.5.6.6     Pierre, hôte de Corneille — Actes 10:48b

1.6       Note finale

 

 

1                    Dieu ouvre la porte aux nations — Actes 10:1-48

Avec le chapitre 10 du livre des Actes nous arrivons à une section très importante de ce livre de la Bible, — une section souvent comprise de travers. Pour pouvoir apprécier son importance et sa portée, il nous faut d’abord jeter un coup d’œil en arrière et nous remettre en mémoire quelques faits.

L’assemblée de Dieu, le corps de Christ, a été formée au jour de la Pentecôte par la descente du Saint Esprit (ch. 2). Au commencement, elle était composée exclusivement de croyants provenant du peuple juif. Mais l’enseignement sur l’unité comme corps de Christ n’avait pas encore été donné. Le fait qu’il devait y avoir un seul corps formé « de Juifs et de Grecs », et que le « mur de clôture » entre eux était déjà détruit par l’œuvre de Christ (Éph. 2 et 4), tout cela était absolument inconnu des croyants au temps du commencement. Il a fallu des années jusqu’à ce que Dieu fasse connaître ces vérités précieuses par l’apôtre Paul, et un temps encore plus long pour que les croyants saisissent et mettent en pratique ces vérités.

Néanmoins Dieu poursuit ses voies. Même si la loi avait été donnée à une seule nation sans exception, l’évangile n’avait jamais été restreint dans Ses pensées. Il devait « être prêché dans toute la création qui est sous le ciel » (Col. 1:23). Toujours quand Dieu opère et partout où Il opère, on ne peut qu’admirer Sa sagesse. Il a Ses voies à Lui, qui peuvent paraître quelquefois difficiles à comprendre. Cependant nous devons nous rappeler Ses paroles d’autrefois : « car comme les cieux sont élevés au-dessus de la terre, ainsi mes voies sont élevées au-dessus de vos voies, et mes pensées au-dessus de vos pensées » (Ésaïe 55:9).

Déjà juste avant Son ascension, le Seigneur Jésus avait parlé de ce que « la repentance et la rémission des péchés devraient être prêchées en Son nom à toutes les nations, en commençant par Jérusalem » (Luc 24:47). Pierre lui-même, l’apôtre de la circoncision, avait parlé devant ses frères juifs de « tous ceux qui sont loin, autant que le Seigneur, notre Dieu, en appellerait à lui » (Actes 2:39). Cependant il apparaît que ni lui ni les autres croyants, n’ont compris cette parole comme un appel à parler au dehors. Nous devons même aller plus loin, et dire : jusqu’au moment où nous nous trouvons maintenant dans le livre des Actes, nous n’avons guère perçu quelque chose de ce que la souveraine grâce de Dieu dans le Seigneur, était apparue en salut à tous les hommes, et non pas seulement aux Juifs (Tite 2:11).

Certainement la persécution à Jérusalem a eu pour effet que l’évangile saute les frontières étroites de la Judée et arrive en Samarie. Puis il y avait eu le prosélyte venu d’un pays lointain, le premier païen à qui Philippe avait annoncé l’évangile de Jésus. Et quelque chose de prodigieux était encore arrivé : Saul de Tarse, le persécuteur de l’assemblée, s’était converti, et était devenu un serviteur dévoué de Celui qu’il persécutait autrefois. Le Seigneur avait appelé ce « vase d’élection » à porter Son nom aussi bien aux nations qu’aux rois et aux fils d’Israël.

Tous ces cas sont des « pas en avant » sur le chemin que Dieu suivait, même s’ils n’étaient guère compris. Comme un phare, ils annonçaient un puissant changement, une révolution que l’apôtre Pierre n’a pas été seul à avoir eu tant de peine à comprendre. Cependant le Seigneur dans Sa sagesse avait justement destiné l’apôtre de la circoncision pour faire connaître publiquement qu’« il n’y a ni Juif ni Grec » (Gal. 3:28), et pour agir selon ce principe, et pour faire connaître que « Dieu ne fait pas acception de personnes, mais qu’en toute nation celui qui le craint et qui pratique la justice, lui est agréable » (10:34-35). Ce n’était pas encore « la révélation du mystère », laquelle restait pour plus tard, et était réservée à l’apôtre Paul (Éph. 3). Mais c’était un pas important dans cette direction.

Dans le chapitre des Actes que nous avons devant nous, on voit comment les croyants des nations ont été introduits non seulement dans le royaume de Dieu sur la terre, mais aussi dans l’assemblée du Dieu vivant, et cela sans devenir Juifs au préalable ni être assujettis à la loi. Jusque-là, ils avaient été « sans droit de cité en Israël », et « étrangers aux alliances de la promesse, étant sans espérance et sans Dieu dans le monde » (Éph. 2:12).

Or l’évangile de la grâce était aussi pour eux en ce temps-là ; et ceux qui furent sauvés par la grâce de Dieu, furent aussi ajoutés à l’assemblée. Dieu seul peut faire cela. Nous pouvons « recevoir » en communion, mais Dieu seul peut ajouter (2:47). Cependant seuls ceux qui ont reçu le Saint Esprit sont introduits dans l’Assemblée, quel que soit l’espace de temps depuis leur nouvelle naissance. Notre chapitre développe aussi la vérité concernant la différence entre la nouvelle naissance d’un côté, le salut et le sceau du Saint Esprit de l’autre côté.

Nous avons déjà remarqué précédemment que Dieu nous accorde en différentes parties du livre des Actes de regarder un petit peu derrière le rideau de la scène. C’est le cas dans ce chapitre. Nous apprenons comment Dieu a préparé le centurion romain Corneille à la visite de Pierre, et comment Il a préparé Pierre à son service dans la maison de Corneille. Tout cela est très beau et attirant pour nos cœurs.

On pourrait en somme intituler ce chapitre : « Pierre et le centurion romain », parce que c’est en rapport avec ces deux personnes que Dieu révèle Ses pensées et les amène à se réaliser. Cependant au sens propre, c’est Dieu qui agit, et non pas l’homme. Dieu poursuit Ses voies, Il ouvre des portes ; et c’est là ce qui réjouit nos cœurs et leur donne la paix.

Avant d’en arriver à Corneille et à sa préparation, je voudrais indiquer la ressemblance frappante entre le prophète Jonas et Simon Pierre, que le Seigneur appelle d’ailleurs « Barjonas » (c’est-à-dire « fils de Jonas », Matt. 16:17). Ces deux hommes étaient des Juifs dans la chair. Tous deux furent envoyés par Dieu aux nations, et tous deux hésitèrent à aller. Tous les deux durent être préparés par Dieu pour exécuter leur mission, et tous les deux s’arrêtèrent à Joppé. Le Seigneur parle de la prédication de Jonas et de ce que les hommes de Ninive se sont repentis à la suite de cette prédication (Matt. 12:41) ; et quand les frères entendirent quelle sorte de prédication de Pierre avait eu lieu à Césarée, et comment Dieu y avait répondu, ils glorifièrent Dieu et dirent : « Dieu a donc en effet donné aux nations la repentance pour la vie » (11:18).

 

1.1   Préparation de Corneille pour la bénédiction — Actes 10:1, 2

L’histoire de Corneille occupe une grande place dans le récit de Luc. Cela souligne l’importance des événements rapportés dans ce chapitre. Comme déjà remarqué, ils constituent un tournant décisif dans les voies de Dieu envers les hommes. La grande question à clarifier maintenant devant tout le monde, était de savoir si les gens des nations ne pouvaient accéder au christianisme qu’en passant par le judaïsme, ou bien s’il y avait pour eux une entrée directe dans le domaine chrétien, celle de la foi en Christ et en Son œuvre. Dieu a bien clarifié cette question dans le cas d’un centurion païen et de sa maison. Il fallait aussi établir nettement, ici et maintenant, que la lenteur des Juifs à saisir le message de l’amour de Dieu pour les perdus, ne ferait pas que Dieu retienne davantage ce message.

« Or, à Césarée, un homme nommé Corneille, centurion de la cohorte appelée Italique, pieux et craignant Dieu avec toute sa maison, faisant beaucoup d’aumônes au peuple, et priant Dieu continuellement » (10:1, 2).

On a en premier lieu la description des circonstances extérieures et des relations de cet homme remarquable. Il habitait Césarée, une ville moderne par comparaison avec Joppé, et dont le nom avait été choisi par Hérode le Grand en l’honneur de l’empereur romain César Auguste. Hérode l’avait construite en dix ans au prix d’une immense dépense, et en avait fait sa ville de résidence. Après lui, c’est le gouverneur romain qui y résida. Jérusalem était le centre religieux, tandis que Césarée était le siège du gouvernement civil. C’était une ville païenne située en bord de mer, bien qu’habitée par beaucoup de Juifs. On se rappelle que Saul était parti de là pour rejoindre Tarse. Plus tard, Paul y passa deux années en prison (9:30 ; 24:27).

Corneille lui-même était un centurion, chef d’une centaine de soldats romains. Son régiment, ou cohorte, n’était pas l’un quelconque de ceux formés de soldats issus de tous les peuples de l’empire, mais il s’agissait de volontaires italiens qui, parmi toutes les troupes romaines, étaient considérés comme les plus fidèles au gouvernement, — une sorte de troupe d’élite. C’est là la meilleure façon de comprendre l’appartenance à la « cohorte Italique ». Chaque cohorte se composait de six centuries, soit 600 hommes, et en tout il y avait 32 cohortes Italiques réparties sur l’ensemble de l’empire romain.

 

1.1.1       Converti — mais pas sauvé

Le plus intéressant pour nous, c’est ce que le Saint Esprit dit de l’état intérieur de ce centurion. Bien qu’il fut païen, un homme issu des nations, il est signalé comme étant « pieux et craignant Dieu ». Réfléchissons à cela : voilà la plus haute Autorité qui décerne ce label à Corneille ! Ce n’était pas une piété d’apparence, ni du simple enthousiasme, mais c’était un cœur authentiquement tourné vers Dieu. La piété de cet homme se faisait connaître entre autres en ce qu’il donnait beaucoup d’aumônes au peuple juif, et priait Dieu continuellement. Plus tard ses propres serviteurs le décrivent ainsi : « Corneille, centurion, homme juste et craignant Dieu, et qui a un bon témoignage de toute la nation des Juifs » (10:22).

Tout cela montre clairement qu’au moment où nous en sommes justement, c’est-à-dire avant que Pierre arrive chez lui, Corneille était déjà un homme converti et né de nouveau. Il est absurde d’admettre que quelqu’un mort dans ses fautes et dans ses péchés (Éph. 2:1, 5), puisse être capable de telles manières de penser et d’agir. À elle seule l’indication qu’il « priait Dieu continuellement », apporte un démenti à tous les mensonges allant dans ce sens. « Voici, il prie », c’est l’indication que le Seigneur a voulu communiquer à son disciple Ananias pour le faire aller vers Saul et trouver en lui un homme complètement nouveau (9:11).

Cependant ce que Corneille ne possédait pas encore, et même qu’il ne pouvait pas posséder, c’était une paix du cœur assurée avec Dieu. Il ne pouvait pas dire que ses péchés étaient pardonnés, et encore moins que le Saint Esprit habitait en lui. Nous avons ainsi devant nous le tableau d’un homme qui certes possédait déjà la vie spirituelle de la part de Dieu, mais qui ne connaissait pas encore ce que l’Écriture appelle le « salut » ou « être sauvé ».

Converti, mais ne connaissant pas le plein salut que le Seigneur Jésus nous a acquis à la croix, voilà la situation de Corneille à cette époque. Or nous ne devons pas penser que le Saint Esprit nous rapporte simplement un état historique, devenu dépassé entre temps, et appartenant maintenant à l’histoire ancienne. Il est bien plutôt à craindre que beaucoup de chrétiens d’aujourd’hui se trouvent justement dans ce même état. Ils croient bien au Seigneur Jésus Christ, — ce à quoi la vie éternelle se rattache absolument (Jean 3:16 ; 1 Jean 5:1). Mais il leur manque l’assurance du salut, parce qu’ils regardent davantage à eux-mêmes, qu’à l’œuvre de rédemption accomplie par Christ. À l’inverse de Corneille, ils auraient pourtant mieux la possibilité de savoir. Cependant la carence en enseignement conforme à l’Écriture d’un côté, et le doute incrédule ambiant à l’égard des déclarations de Dieu de l’autre côté, voilà ce qui est souvent à l’origine de l’état pitoyable où des « croyants » restent bloqués, sans parvenir à une paix consciente avec Dieu. Par ailleurs, si le centurion pieux était mort avant que Pierre lui eût fait connaître le plein salut, il ne serait certainement pas allé à la perdition. « Ne pas aller à la perdition » n’est pas la même chose qu’« être sauvé ».

 

1.1.2       « Toi et ta maison »

Corneille était pieux et craignait Dieu, pas seulement à titre personnel, mais avec toute sa maison. Dès le début Corneille est vu en liaison avec toute sa maison, c’est-à-dire avec sa famille et ses domestiques. Il les groupait tous autour de lui, il s’entourait d’eux, pour qu’eux aussi viennent dans le domaine de la bénédiction, — une bénédiction qui est toujours étroitement liée à la piété et à la crainte de Dieu. Au cours des événements, le cercle va s’élargir, et nous apprendrons que Corneille aura aussi réuni sa parenté et ses amis proches (10:24).

Combien il est beau que la grande pensée de Dieu « Toi et ta maison » soit rendue visible chez un centurion païen ! Plus tard, Pierre racontera à ses frères comment l’ange a dit à Corneille : « Envoie à Joppé, et fais venir Simon qui est surnommé Pierre ; lui te dira des choses par lesquelles tu seras sauvé, toi et toute ta maison » (11:13, 14). Quand Dieu conduit quelqu’un au salut par la foi en Christ et en Son œuvre, Il indique en même temps qu’Il veut aussi sauver toute sa maison. Quand le geôlier de Philippe demanda ce qu’il devait faire pour être sauvé, il reçut la réponse : « Crois au Seigneur Jésus, et tu seras sauvé, toi et ta maison » (16:30, 31).

Nous rencontrons ce principe avant même le déluge : Avant d’ouvrir la fenêtre du ciel pour le jugement, Dieu avait dit à Noé : « Entre dans l’arche, toi et toute ta maison… » (Gen. 7:1). Hébreux 11 confirme : « Par la foi, Noé… bâtit une arche pour la conservation [= le salut] de sa maison » (Héb. 11:7). Naturellement chacun doit se convertir personnellement, chacun doit croire personnellement, car la foi ne s’hérite pas. Cependant dans Ses propos de grâce, Dieu rattache toujours le croyant à sa maison, à sa famille. Il les voit comme formant un tout qui va ensemble et qu’Il veut amener ensemble sous la bénédiction. N’y a-t-il pas là une profonde consolation ? Et une sérieuse responsabilité ?

L’évangile raconte le cas de deux autres centurions romains en Matthieu 8 et Luc 7. Les deux centurions se souciaient de manière touchante du bien de leur maison ; les deux maintenaient une attitude de confiance intime vis-à-vis de leurs serviteurs. Ils avaient d’autres traits en commun : bien qu’appartenant à une nation païenne, ils aimaient le peuple Juif ; ils ne le méprisaient pas, mais lui faisaient du bien. Même si ce peuple était abondamment foulé aux pieds par les nations, ils continuaient à voir en lui le peuple de Dieu. Quant à leur foi personnelle, elle brillait tant, qu’elle pouvait justement servir de modèle aux Juifs. « Je vous dis que je n’ai pas trouvé, même en Israël, une si grande foi » avait reconnu le Seigneur (Luc 7:9).

Le parallèle entre ces deux hommes est déjà étonnant. Le fait que la Parole de Dieu raconte cela de deux centurions, renferme en soi une leçon toute spéciale pour les croyants d’origine juive. La piété de ces deux hommes païens et leur amour pour la nation juive n’étaient-ils pas propres à balayer les préjugés des croyants Juifs à l’encontre des nations ?

 

1.1.3       La vision — Actes 10:3

« (Corneille)… vit clairement en vision, environ vers la neuvième heure du jour, un ange de Dieu entrant auprès de lui et lui disant : Corneille ! » (10:3).

Ce qui se passe maintenant, a lieu à « la neuvième heure ». C’était l’heure de la prière, comme on l’a déjà vu en rapport avec 3:1 (voir « Un peuple pour Son nom » partie 3, p.16-17). De cette donnée temporelle et du contexte, il ressort que Corneille était justement occupé à prier quand il a vu la vision, et qu’il a reçu une réponse complètement inattendue à sa prière. Corneille dira plus tard qu’il priait dans sa maison à la neuvième heure (10:30). Manifestement Corneille observait les heures juives de prière.

Cela n’a donc pas eu lieu de nuit, mais en plein jour, aux environs de quinze heures dans l’après-midi. Tandis que Corneille priait, il vit soudain en vision, un ange de Dieu en vêtement éclatant (10:30) venir à lui. Sans intervention humaine et sans intermédiaire juif, Dieu lui envoie son ange ; mais celui-ci n’a pas été envoyé pour annoncer l’évangile à Corneille. Dans les pensées de Dieu, la prédication de la bonne nouvelle est réservée à ceux qui ont eux-mêmes fait l’expérience du salut, et qui sont devenus les objets de la grâce. Non, l’ange est venu à Corneille pour lui transmettre un message.

Ici ou là dans le Nouveau Testament, surtout dans le livre des Actes, il est parlé de visions, déjà deux fois dans notre chapitre à lui tout seul. Quand cela correspondait à Ses desseins, le Seigneur a fait occasionnellement voir du surnaturel à des gens par leurs sens naturels ; il s’agissait de choses qu’Il voulait leur révéler. Corneille ne dormait pas, il était au  contraire tout à fait réveillé quand il vit la vision ; et il était tout à fait maître de son esprit et de ses sens. Il a vu de ses propres yeux l’ange venir, et il a reçu ses paroles de ses propres oreilles. Ce n’était ni de l’autosuggestion, ni une illusion, ni un mirage, ni un rêve.

L’ange était effectivement présent, et se tenait aussi réellement devant lui qu’un homme le fait. Quand il s’exprima de façon audible, Corneille perçut sa voix et ses paroles. Si cela plaît au Seigneur, Il peut tirer un peu de côté le voile qui cache le monde qui nous est habituellement invisible. Mais les visions sont soumises à des limitations étroites, dont elles ne débordent jamais.

Le fait que l’ange ait appelé Corneille par son nom, montre clairement que ce messager céleste avait une communication personnelle pour lui.

 

1.1.3.1              Le message de l’ange — Actes 10:4-6

« Et, fixant les yeux sur lui et étant tout effrayé, il dit : Qu’est-ce Seigneur ? Et il lui dit : Tes prières et tes aumônes sont montées pour mémorial devant Dieu. Et maintenant envoie des hommes à Joppé, et fais venir Simon qui est surnommé Pierre ; il est logé chez un certain Simon, corroyeur, qui a sa maison au bord de la mer » (10:4-6).

Jamais auparavant un ange n’était entré chez Corneille. Quand cela eut lieu, celui-ci en fut rempli de peur. Il vit l’être céleste comme fasciné, fixant les yeux sur lui, tendu de tout son être. Partout dans l’Écriture Sainte on peut observer les points suivants en rapport avec ces apparitions : quand des hommes mortels viennent en contact visible avec le monde invisible, ils sont remplis de peur et d’effroi. Inconsciemment ils éprouvent qu’ils ne sont pas de taille à se mesurer à la puissance et à la majesté de l’autre monde. Corneille s’adresse à l’ange en disant « Seigneur », reconnaissant par là sa supériorité. « Qu’est-ce Seigneur ? » lâche-t-il. Nous sentons tout simplement qu’il en a le souffle coupé.

La réponse de l’ange doit l’avoir rempli de consolation et de joie au plus profond de lui-même. En premier lieu il apprend que ses prières et ses aumônes étaient montées en mémorial devant Dieu. Dieu avait pris connaissance en grâce de ses prières et de ses aumônes. Il ne les avait pas oubliées, même si beaucoup de jours s’étaient peut-être écoulés entre temps sans qu’Il ait donné de réponse. Mais maintenant Il s’apprêtait à lui donner la réponse. N’est-ce pas ce qui nous arrive parfois ? Nous avons peut-être supplié depuis longtemps pour une chose auprès de Dieu, et on dirait qu’Il n’a rien entendu. Cependant soyons assurés : quand les prières sont en accord avec Sa volonté, elles montent en « mémorial » devant Dieu, et elles trouvent leur exaucement en Son temps et à Sa manière parfaite. C’est dans ce sens qu’Il s’en « rappelle ». Précieuse grâce de Dieu ! Pensée consolante !

Il n’est pas parlé ici d’une quelconque justice par les œuvres, il faut bien le souligner. C’était bien « des bonnes œuvres » que Corneille faisait, mais il ne les faisait pas pour mériter le ciel. Elles étaient plutôt la preuve, l’« indicateur » pour ainsi dire, de ce qu’il possédait la foi. Comme Jacques (2:18) dit : « Montre-moi ta foi sans œuvres, et moi, par mes œuvres, je te montrerai ma foi ». Les prières et les aumônes de Corneille manifestaient l’état de son cœur. Dieu avait depuis longtemps l’œil sur lui, et avait enregistré sa foi. Il ne peut pas refuser de répondre à une telle foi.

Une chose apparaît encore clairement : Corneille n’a pas prié à la manière officielle des Juifs, qui ressemblait plutôt à du bavardage et à une récitation de Psaumes et d’autres formules établies. Non, il avait supplié Dieu tout à fait franchement pour avoir de la lumière et de la sagesse. C’est la raison pour laquelle Luc utilise un mot pour la prière de Corneille (v. 2 : priant Dieu continuellement ; en grec ‘déomai’) qui signifie supplier, désirer, demander. Il désirait, il suppliait pour obtenir quelque chose de la part de Dieu, et cela rencontre toujours Son bon plaisir qui est d’y répondre. « Il faut que celui qui s’approche de Dieu croie que Dieu est, et qu’il est le rémunérateur de ceux qui le recherchent » (Héb. 11:6). Cependant d’autres qui étaient également pieux et craignant Dieu, n’ont pas reçu de réponse à leurs prières par le moyen d’un ange. Si Dieu dans ce cas a répondu de manière si surnaturelle, c’est qu’Il voulait faire connaître qu’à l’exemple de ce centurion romain, la porte de Sa grâce était désormais ouverte pour tous les hommes.

L’ange lui donne l’ordre d’envoyer à Joppé pour y faire chercher Pierre. Il lui dit chez qui il loge et où se trouve la maison. Combien tout cela est béni et réjouissant ! Le bon Maître, le bon Berger, connaît Ses brebis. Il sait tout à leur sujet, il sait où elles habitent. Et Il peut, si nécessaire, y conduire quelqu’un d’autre. Il veille à ce qu’Ananias n’ait pas de difficulté à trouver Saul de Tarse dans la maison de Judas (certainement un non-croyant). Et pareillement Il aplanit le chemin pour Corneille et ses gens vers Pierre, et inversement. Ni les uns ni les autres ne se connaissaient, et cependant Il les amène les uns aux autres ! Qu’Il se serve d’un ange ou pas, cela ne joue aucun rôle. Nous sommes toujours sous les yeux de bonté et vigilants de notre Seigneur, aujourd’hui autant qu’alors. Ceux qui lui font confiance, Il les dirige et les conduit encore aujourd’hui selon Sa volonté et selon Son bon plaisir, et cela tournera toujours à Sa louange. Sommes-nous assez reconnaissants d’avoir un tel Seigneur de bonté ? Faisons-lui davantage confiance !

L’ange avait ajouté encore quelque chose de plus à Corneille au sujet de Pierre : on n’en trouve le détail qu’au ch. 11 : « Pierre… te dira des choses par lesquelles tu seras sauvé, toi et toute ta maison » (11:14). Cependant nous ne nous occuperons de ce sujet que plus loin, au passage concerné.

 

1.1.3.2              Confiance mutuelle dans le Seigneur — Actes 10:7-8

« Et quand l’ange qui lui parlait s’en fut allé, Corneille, ayant appelé deux de ses domestiques et un soldat pieux d’entre ceux qui se tenaient toujours auprès de lui, et leur ayant tout raconté, les envoya à Joppé » (10:7, 8).

Obéissant jusque dans les détails, Corneille fit ce que Dieu lui avait indiqué par l’ange. Même s’il ne connaissait pas encore la fin de tout, il savait que c’était la réponse de Dieu à ses supplications. Et selon l’expression du Psalmiste « Je me suis hâté, et je n’ai point différé de garder tes commandements » (Ps. 119:60), ainsi aussi Corneille craignait Dieu et gardait Ses commandements.

Comme il avait vu l’ange entrer, ainsi aussi maintenant il le voit s’en aller. Sans en être inquiet le moins du monde, il appelle immédiatement deux de ses esclaves et un soldat pieux. Ils appartenaient à ceux qui avaient spécialement sa confiance, et qui par conséquent se tenaient devant lui. Le choix d’un soldat parmi eux ne signifie pas qu’il y eût un danger particulier sur le chemin. Il n’existait pas de danger pour les deux domestiques. L’explication réside beaucoup plutôt dans ce que ces trois-là ressemblaient beaucoup à leur maître spirituellement, de sorte que Corneille put leur exposer tout ce qui était arrivé avec l’ange, et il pouvait leur faire confiance.

Combien il est béni quand un maître de maison a dans son propre foyer des gens qui sont dans le même état spirituel que lui : des gens « pieux » !

Bien que Corneille eût une position bien au-dessus d’eux, il voyait ces trois-là au même niveau que lui sur le plan spirituel. Il aurait pu leur commander, mais il ne le fit pas. Il attira beaucoup plutôt leur confiance, sachant qu’ils le comprendraient.

C’est ainsi qu’il les envoya pour faire route jusqu’à environ 40 km de Joppé, — un voyage qui allait finalement être pour la plus grande bénédiction de lui et de sa maison.

 

1.2   Pierre est préparé pour son service

Comme le Seigneur avait préparé Ananias pour Saul et Saul pour Ananias, ainsi maintenant Il prépare Pierre pour Corneille après avoir préparé Corneille pour Pierre. Pour que le propos de Dieu se réalise, il fallait mettre ensemble des hommes aussi différents que Pierre et Corneille : un Juif et un païen ! Or la délégation du centurion romain était déjà en route de Césarée vers Joppé.

Nous avons déjà vu que Césarée était une ville empreinte de paganisme, et où pourtant beaucoup de Juifs vivaient. Ce que nous n’avons pas encore considéré, c’est que le christianisme avait déjà atteint cette ville. Philippe l’évangéliste y avait passé en annonçant l’évangile (8:40), et nous pouvons admettre que Philippe s’y était déjà installé à ce moment-là, et non pas seulement plus tard (21:8). Mais il ne fut pas chargé de la mission d’annoncer l’évangile du salut au centurion romain. N’était-ce pas à sa portée, y compris sur le plan purement géographique ? Pourquoi entreprendre un voyage pénible de toute une journée vers Joppé alors qu’un évangéliste confirmé séjournait dans la ville ? Or les pensées de Dieu étaient autres. Philippe avait bien pu apporter l’évangile à l’intendant d’Éthiopie, mais ouvrir le royaume des cieux aux nations ne pouvait être fait que par Pierre. C’est à lui seul que le Seigneur avait confié les clefs à cet effet, et c’est aussi pour cela que les trois envoyés devaient faire route vers Joppé, — ce qu’ils firent avec zèle et ténacité, comme on va le voir tout de suite.

 

1.2.1       L’extase — Actes 10:9

« Or le lendemain, comme ils marchaient et qu’ils s’approchaient de la ville, Pierre monta sur le toit pour prier, vers la sixième heure » (10:9).

Les trois envoyés étaient déjà bien avancés. Nous devons admettre qu’ils avaient passé toute une nuit en chemin, à pied naturellement. Ils n’étaient partis qu’après trois heures de l’après-midi, et c’est aux environs de midi le jour suivant qu’ils achevèrent de parcourir le trajet de Joppé à Césarée dont la distance n’est pas considérable.

 

1.2.1.1              Seul avec Dieu en prière

Pendant ce temps-là Pierre était monté sur le toit pour prier tranquillement. Manifestement, il y avait chez les Juifs trois moments déterminés pour la prière : la troisième, la sixième et la neuvième heure. C’est ce qu’indique David quand il dit : « Le soir, et le matin, et à midi, je médite, et je me lamente ; et il entendra ma voix » (Ps. 55:17). La neuvième heure a été mentionnée déjà deux fois dans le livre des Actes (3:1 et 10:3). Juste avant la naissance de Jean le Baptiseur, elle avait acquis une importance particulière dans la mesure où c’est à cette heure du parfum que Dieu avait rompu un silence de 400 ans depuis Malachie, et qu’Il avait envoyé un ange avec un message pour Zacharie, le père de Jean le Baptiseur (Luc 1:10, 11). Ici cependant c’est la sixième heure qui est devant nous. Le seul fait que ce soit justement à ce moment-là que Pierre priait Dieu, montre déjà à quel point il était encore très lié au système juif.

Il semble que Simon le corroyeur (ou : tanneur) ait été trop pauvre pour aménager le haut de sa maison. C’est pourquoi Pierre monta sur le toit plat pour avoir le repos et la tranquillité nécessaires à la prière, et pour être seul avec Dieu. Soit dit en passant, cela met en lumière non seulement le dévouement de l’apôtre, mais aussi sa simplicité et sa modestie. En tout cas, il passa « beaucoup de jours » [JND français : plusieurs jours] à Joppé (9:43) dans ces conditions toutes simples. Cela ne parle-t-il pas à nos cœurs ? Quant à la prière, Pierre manifestait par-là sa dépendance de Dieu, réalisant ce que lui-même avait dit précédemment avec les onze : « Et, pour nous, nous persévérerons dans la prière et dans le service de la parole » (6:4).

Combien tout cela est à imiter ! Certainement nous pouvons prier notre Dieu en tout temps et en tout lieu. Cependant il est bon que nous aussi nous réservions de manière habituelle des moments déterminés pour la prière durant la journée. Il n’est pas non plus mauvais d’avoir un endroit retiré, que nous connaissons bien et où nous ayons l’habitude de parler avec Dieu. La familiarité avec les détails et les conditions nous préserve de la distraction, et facilite la concentration sur la prière.

 

1.2.1.2              Extase et vision — Actes 10:10

« Et il eut très-faim, et voulut manger ; et comme on lui apprêtait à manger, il lui survint une extase » (10:10).

Sur ces entrefaites, Pierre eut faim et tandis qu’il attendait qu’on lui prépare à manger, il lui arriva une extase — un état semblable à celui qui survint à Paul quand il était dans le temple et que le Seigneur lui apparut (22:17). Tandis que dans le cas d’Ananias et de Corneille, il est parlé d’une « vision » (9:10 ; 10:3), ici il est question d’une « extase ». Le mot grec « ekstasis » d’où dérive notre mot « extase » signifie en général un grand étonnement ou aussi un désarroi. Mais ici dans le contexte présent, il décrit le fait d’être hors de soi-même (également 11:5 et 22:17).

Il s’agit bien de quelque chose de semblable à ce à quoi l’apôtre se réfère dans sa seconde épître aux Corinthiens : « Car si nous sommes hors de nous-mêmes, c’est pour Dieu » (2 Cor. 5:13). L’extase est un état dans lequel l’esprit et le sens d’un homme sont sortis de l’environnement naturel et des fonctions naturelles, et deviennent capables de recevoir des impressions surnaturelles et des révélations divines. Un tel état ne peut être suscité que par le Seigneur. Il n’est pas le résultat d’efforts personnels ou d’excitations naturelles, et n’a absolument rien à voir avec les états de transes hypnotiques. Il est très remarquable qu’à la fois Pierre et Paul soient entrés en extase tandis qu’ils étaient en prière (11:5 et 22:17). Corneille a aussi vu une vision justement quand il priait (10:30). C’est ainsi qu’ils étaient dans l’attitude appropriée pour recevoir les instructions divines qu’ils attendaient avec patience.

« Vision » et « extase » ne sont pas deux choses différentes. La « vision » se rapporte davantage à ce qui est effectivement vu ou révélé. L’« extase » décrit davantage l’état dans lequel est celui qui voit ou entend quelque chose de la part de Dieu. Cette distinction est une constatation s’appuyant sur le fait que Pierre était « en perplexité à l’égard de ce qu’était cette vision » (10:17) et « il méditait sur la vision » (10:19), alors que c’était bien une extase qui lui était survenue (10:10). Une fois rendu en Judée, Pierre parla plus tard aux apôtres et aux frères de ce qu’il avait vu une vision dans une extase (11:5). Ici les deux expressions sont étroitement liées.

La fréquence des visions semble diminuer tandis que le Nouveau Testament prenait forme et qu’il fut finalement au complet. On les trouve davantage dans les jours du commencement de l’ère chrétienne avec leur fraîcheur et leur pureté, que dans les derniers jours, des jours d’immense ruine et d’éloignement de la Parole de Dieu. Il peut en être aujourd’hui comme autrefois aux jours d’Éli caractérisés par la faiblesse : « La parole de l’Éternel était rare en ces jours-là ; la vision n’était pas répandue » (1 Sam. 3:1).

 

1.2.1.3              Contenu et signification de la vision — Actes 10:11-16

« Et il voit le ciel ouvert, et un vase descendant comme une grande toile liée par les quatre coins et dévalée sur la terre, dans laquelle il y avait tous les quadrupèdes et les reptiles de la terre, et les oiseaux du ciel. Et une voix lui fut adressée, disant : Lève-toi, Pierre, tue et mange. Mais Pierre dit : Non point, Seigneur ; car jamais je n’ai rien mangé qui soit impur ou immonde. Et une voix lui fut adressée encore, pour la seconde fois, disant : Ce que Dieu a purifié, toi, ne le tiens pas pour impur Et cela eut lieu par trois fois, et le vase fut aussitôt élevé au ciel » (10:11-16).

Dans sa vision Pierre a vu le ciel ouvert. Le temps du verbe est au parfait, en sorte que sa portée est la suivante : le ciel « fut ouvert et resta ouvert ». Du ciel ouvert est descendu un vase comme un grand drap lié par les quatre coins ; il fut dévalé lentement, ou par étapes, sur la terre. Il semble que le vase se posa sur le sol en face de Pierre, de sorte que non seulement il put en identifier le contenu, mais il était à sa portée. Toutes sortes de quadrupèdes, de reptiles et d’oiseaux du ciel étaient dedans. Luc ne mentionne pas ici qu’il y eût des animaux sauvages, mais Pierre en parle plus tard (11:6) ; « toutes sortes », ou plutôt selon le sens littéral : « tous les » quadrupèdes, etc. L’accent est mis sur « tous », ce qui exprime qu’il y avait aussi bien les bêtes considérées comme pures selon la loi de Moïse, que celles considérées comme impures (Lév. 11 ; Deut. 14). Toutes ces bêtes étaient les unes avec les autres dans le drap de lin blanc et pur. C’est ainsi qu’elles sortirent du ciel d’auprès de Dieu.

Soudain une voix du ciel s’adressa à Pierre, lui disant de se lever, de tuer et de manger. Pierre refusa catégoriquement. On voit ici une sainte liberté dans les échanges avec Dieu, comme c’était déjà le cas pour Ananias et Paul. Cela nous rappelle Éph. 3 : « notre Seigneur [= Jésus  Christ], en qui nous avons hardiesse et accès en confiance, par la foi en lui » (Éph. 3:12). Pierre soulève des objections énormes : « Non point, Seigneur ; car jamais je n’ai rien mangé qui soit impur ou immonde » (10:14). Il est choqué à la pensée que Dieu attende de lui de manger quelque chose d’impur.

La réaction de Pierre montre de nouveau clairement à quel point il était encore attaché à l’ancien système Juif. Il fallut l’intervention de Dieu Lui-même pour l’en détacher, lui et les autres croyants du commencement du christianisme. Même les apôtres ont eu besoin d’une longue période de temps pour reconnaître que les ordonnances cérémonielles de la loi n’avaient été données que pour un temps limité. Combien il leur était difficile de comprendre qu’en tant que chrétiens ils n’étaient plus sous la loi, mais que Christ les avait affranchis pour la liberté, eux tous et nous avec eux. « Christ nous a rachetés de la malédiction de la loi ». Par quel moyen ? Parce qu’Il a accompli la loi à notre place ? Non — mais en ce qu’il est « devenu malédiction pour nous (car il est écrit : ‘Maudit est quiconque est pendu au bois’) » (Gal. 5:1 ; 3:13). Beaucoup de chrétiens ont de la difficulté encore aujourd’hui à saisir cette liberté chrétienne que Christ nous a acquise par Sa mort, et d’y vivre.

Au moins deux considérations auraient dû inciter Pierre à la prudence. D’une part c’était Dieu lui-même qui l’avait invité à faire cela. Or jamais Dieu ne demande de faire quelque chose de faux, si ce n’est pour nous éprouver, pour savoir si nous allons refuser ou pas. Dieu ne peut pas être tenté par le mal, et lui ne tente personne de cette manière (Jacq. 1:13). Certainement Dieu teste notre obéissance, mais Il ne le fait pas en nous tendant des pièges ou en nous induisant au mal. Cette manière d’agir est au contraire celle du diable. — D’autre part les animaux dans le drap venaient du ciel d’auprès de Dieu. Pouvaient-ils être impurs ? C’est pourquoi la réponse de Dieu comporte un léger blâme : « Ce que Dieu a purifié, toi, ne le tiens pas pour impur ».

En fait ce qui est indiqué ici dans une vision, est ce que le grand apôtre des nations allait plus tard communiquer aux saints à Éphèse, à savoir que « les nations seraient cohéritières et d’un même corps et coparticipantes de sa promesse dans le Christ Jésus, par l’évangile » (Éph. 3:16). Par nature tous les hommes, Juifs ou païens, sont impurs et par là sont incompatibles avec la gloire de Dieu. Ils n’« atteignent » pas cette gloire (Rom. 3:23). Mais par la force purifiante du sang de Christ, tous ceux qui croient en Christ et en Son sang sont rendus acceptables pour la gloire de Dieu.

C’est aussi l’explication de la toile retirée au ciel avec les animaux. L’assemblée de Dieu n’est pas d’origine céleste, mais sa destination et son avenir sont célestes. Car une fois que son temps sur la terre sera accompli, elle sera enlevée au ciel. En attendant l’évangile de la grâce de Dieu est offert à tous les hommes, qu’ils soient précédemment purs (Juifs) ou impurs (nations) du point de vue cérémoniel, et cet évangile les embrasse tous — tous ceux qui sont purifiés par la foi en Christ (15:9 ; 1 Cor. 6:11). Les quatre coins de la toile font allusion à cette universalité de l’évangile. Le chiffre quatre dans l’Écriture se rapporte à ce qui est universel, mondial (comparer avec l’expression les « quatre bouts de la terre » en Ésaïe 11:12).

Le chiffre 3 apparait également dans notre récit : « cela eut lieu par trois fois ». Tandis que le chiffre 2 parle d’un témoignage suffisant, le chiffre 3 nous parle d’un témoignage complet. Dieu Lui-même rend témoignage d’une manière parfaite de ce qu’Il a purifié parfaitement ce qui était impur. La foi peut se reposer sur ce que nous pouvons dire hardiment : « Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ?... Qui intentera accusation contre les élus de Dieu ? — C’est Dieu qui justifie ; qui est celui qui condamne ? » (Rom. 8:31, 33, 34). Quand la plus haute autorité prononce un jugement, qui pourrait se dresser contre ?

Pierre a-t-il fait fi deux fois et trois fois de l’avertissement sérieux de Dieu ? Il semble bien que oui. Quelle patience Dieu manifeste-t-Il ici à l’égard de Son serviteur ! Préparer Pierre comme prédicateur était manifestement plus difficile que de préparer ses auditeurs. Mais Dieu poursuit Son but et l’atteint. Et finalement Pierre a obéi à la mission que le Saint Esprit lui a donnée, et il l’a alors fait sans hésiter, sans opposer des ‘mais’ et des ‘si’.

 

1.3   En route vers Césarée — Actes 10:17-20

« Et comme Pierre était en perplexité en lui-même à l’égard de ce qu’était cette vision qu’il avait vue, voici aussi, les hommes envoyés de la part de Corneille, s’étant enquis de la maison de Simon, se tenaient à la porte ; et ayant appelé, ils demandèrent si Simon surnommé Pierre, logeait là. Et comme Pierre méditait sur la vision, l’Esprit lui dit : Voilà, trois hommes te cherchent ; mais lève-toi, et descends, et va avec eux sans hésiter, parce que c’est moi qui les ai envoyés » (10:17-20).

Pierre restait dans l’incertitude sur la signification de la vision, et il réfléchissait sur ce sujet. Que signifiait l’avertissement de ne pas considérer comme impur ce que Dieu a purifié ? L’explication répondant cette question se tenait littéralement « à la porte ». Combien Dieu conduit les choses de manière admirable ! Quelle précision dans le déroulement coordonné des différents événements ! Un « timing parfait », dirait-on aujourd’hui. Cela n’avait-il pas déjà été le cas avec Philippe et l’intendant éthiopien ? Ils s’étaient rencontrés exactement au bon moment et au bon endroit.

Cette perfection du timing se répète ici. Juste au moment où Pierre était en perplexité au sujet de la vision qu’il venait de voir et qu’il y réfléchissait, voilà les trois hommes envoyés par Corneille se tenant à la porte. Ils avaient trouvé la maison de Simon, et étaient arrivés à la porte après avoir traversé la cour, et ils avaient appelé à haute voix jusqu’à ce qu’on vienne leur ouvrir. Là-dessus ils avaient demandé si Simon surnommé Pierre séjournait dans la maison.

 

1.3.1       L’autorité du Saint Esprit — Actes 10:20

L’écrivain du récit, Luc, revient à cet endroit sur la personne de Pierre, et montre comment, au milieu de ses réflexions, il perçut la voix de l’Esprit de Dieu. Cette circonstance était si importante, que l’Esprit lui-même intervient en plein milieu pour révéler à Pierre la pleine signification de la vision. « Voilà, trois hommes te cherchent ». Ces paroles montrent clairement que Pierre n’avait pas entendu l’appel des hommes d’en bas, ni qu’on ait prononcé son nom. La première information sur eux provint beaucoup plutôt de l’Esprit de Dieu lui-même.

Or l’Esprit lui dit encore autre chose. « Lève-toi, et descends, et va avec eux sans hésiter, parce que c’est moi qui les ai envoyés ». Ce n’était pas un hasard si les trois hommes étaient arrivés à la maison : Il les avait envoyés lui-même. Pierre devait descendre vers eux sans hésiter, et aller avec eux sans émettre le moindre doute et sans tarder.

Notez ici l’autorité de Dieu ! Le verset 15 nous a appris que si Dieu purifie quelque chose, cela doit suffire entièrement à l’homme, y compris Pierre. Au verset 20 nous avons le pendant : si l’Esprit commande quelque chose — Il est Dieu comme le sont le Père et le Fils, — si l’Esprit commande d’aller avec ces hommes, alors l’homme, y compris Pierre, doit laisser tomber tous les doutes, et obéir tout simplement.

Ceci est aussi important pour nous aujourd’hui. Si pour une affaire, nous avons l’autorité et l’assentiment de Dieu par Sa Parole, alors toutes les pensées que nous ou d’autres voudraient introduire dans le champ ne sont qu’un déshonneur pour Dieu. Sur la base de l’autorité de Dieu, nous devons nous-mêmes exécuter ce qu’au final nous comprenons, ou ne comprenons pas. Le chemin de l’obéissance est toujours un chemin heureux, même si c’est un chemin dans l’humilité, parce que nous reconnaissons à Dieu la place qui Lui revient, c’est-à-dire la place d’autorité, et alors Lui répond par la bénédiction. Sur un tel chemin Dieu nous accorde aussi la paix intérieure. Ne se chargera-t-il pas Lui-même des conséquences de notre obéissance ? Il en prend la responsabilité. Et en avoir conscience donne une paix profonde, quelle que soit la turbulence des circonstances.

 

1.3.2       Quand Dieu ouvre des portes — Actes 10:21-23

Ce que nous apprenons à partir de maintenant, nous montre avec quelle assurance et quelle sûreté Pierre agit désormais. Il a l’autorité de l’Esprit de Dieu de son côté, et cela lui confère sûreté et fermeté — ce qui se révélera bien nécessaire plus tard, — et aussi tranquillité.

« Et Pierre étant descendu vers les hommes, dit : Voici, moi, je suis celui que vous cherchez ; quelle est la cause pour laquelle vous êtes venus ? Et ils dirent : Corneille, centurion, homme juste et craignant Dieu, et qui a un bon témoignage de toute la nation des Juifs, a été averti divinement par un saint ange de te faire venir dans sa maison et d’entendre des paroles de ta part. Les ayant donc fait entrer, il les logea » (10:21-23a).

Pierre commence par se présenter aux hommes qui le cherchaient et leur demande la raison de leur venue. Il est intéressant de voir que l’Esprit ne leur avait rien communiqué à ce sujet. Il semble que la chose la plus importante était d’abord de rapprocher Pierre et Corneille l’un de l’autre sur la base de la vision. Tout ce qui s’ensuivrait prendrait pas à pas son cours voulu de Dieu, sous la direction et le contrôle du Saint Esprit.

Les envoyés dévoilèrent alors leur mission, et parlèrent à Pierre de Corneille, leur seigneur, comme étant un homme droit et craignant Dieu, et ayant un bon témoignage de toute la nation des Juifs — naturellement des Juifs qui habitaient Césarée et les environs. La mention du saint ange et de la mission donnée de Dieu à Corneille par cet ange, devait avoir pour Pierre une valeur toute particulière. Avait-il bien entendu ? Corneille avait-il été instruit de faire chercher Pierre pour le ramener chez lui ? Cela se recoupait entièrement avec ce que l’Esprit lui avait dit à lui-même : « va avec eux sans hésiter, parce que c’est moi qui les ai envoyés ».

Sans une direction divine, Pierre ne serait jamais allé dans la maison de quelqu’un des nations, pour y loger et participer à des repas non-juifs. Aucun Juif pieux n’aurait jamais fait cela, pour ne pas se rendre impur. À partir de maintenant, Pierre doit avoir compris ce que la vision des nombreux animaux impurs signifiait effectivement. En tout cas le processus de compréhension doit avoir démarré à ce stade. Dieu a de la patience, et Il nous conduit nous aussi pas à pas dans des voies que nous n’aurions peut-être jamais choisies nous-mêmes.

L’Esprit de Dieu n’avait rien dit non plus à Pierre sur la mission particulière qu’il avait à exécuter quand il serait arrivé chez le centurion romain avec les messagers. Il apprend quand même de ces hommes, pour ainsi dire de seconde main, quelle est cette mission : ils devaient entendre des paroles de sa part. Il n’est pas dit quelles paroles, mais ce sont des paroles que l’Esprit Saint lui donnerait d’exprimer, — les paroles de l’évangile, des paroles de salut, comme nous l’apprendrons plus tard (11:14).

Ne ressentons-nous pas combien Pierre a été poussé par Dieu en avant avec puissance et douceur ? Combien il est bon et très approprié pour un serviteur du Seigneur de se laisser pousser de cette manière ! Non seulement Dieu ouvrait aux nations la porte vers Son peuple, mais Il ouvrait aussi à Pierre la porte vers les nations. Quand le Seigneur met devant nous une porte ouverte que personne ne peut fermer (Apoc. 3:8), alors nous pouvons utiliser sans crainte cette porte, et passer par elle.

 

Aujourd’hui tu nous ouvres des portes,

Que nous n’avons pas encore vues,

Qui nous conduira demain ?

Toi, Seigneur, tu y pourvoiras !

 

Ce qui s’est déroulé dans la maison de Simon le tanneur, aurait été tout à fait impensable auparavant : ces hommes païens qui avaient fait un voyage pénible, Pierre les invita à rester avec eux pour le repos du jour et de la nuit, son hôte étant manifestement complètement d’accord. Trois hommes des nations sous un même toit avec l’apôtre Pierre, voilà qui n’avait jamais eu lieu, même parmi les « frères » !

« Et le lendemain, se levant, il s’en alla avec eux ; et quelques-uns des frères de Joppé allèrent avec lui » (10:23b).

Bien qu’ils se missent en route dès le lendemain, le matin bien sûr, il était resté manifestement assez de temps pour que les frères à Joppé s’entretiennent des événements importants. Six frères accompagnèrent Pierre à Césarée (11:12). En tout, cela faisait donc une compagnie de voyageurs de dix personnes. Les frères de Joppé devaient être témoins de ce que Dieu ferait à Césarée aux croyants des nations.

 

1.3.2.1              La confiance de Corneille — Actes 10:24

« Et le lendemain ils entrèrent à Césarée. Et Corneille les attendait, ayant assemblé ses parents et ses intimes amis » (10:24).

Le voyage prit un jour entier. Le soir, les voyageurs ont dû entrer se restaurer quelque part. Le jour suivant, le quatrième depuis le départ des envoyés (10:30), ils arrivèrent à Césarée. Ils étaient déjà attendus par Corneille.

On ne peut guère s’empêcher de penser que Corneille, dans sa confiance en Dieu, avait réfléchi aux détails et fait des plans, et avait donc prévu à peu près le moment où la compagnie de voyageurs allait arriver à Césarée. Il ne doutait pas non plus le moins du monde que Pierre serait parmi les visiteurs. Pourtant, un Juif allait-il vraiment donner suite à l’invitation d’un païen ? Pierre allait-il franchir le seuil de sa maison ? Beaucoup en auraient douté ; mais Corneille pas du tout. Il avait confiance en Dieu, et avait déjà appelé à se réunir sa parenté et ses amis les plus proches. L’assemblée était déjà là, tous ensemble ; il ne manquait que le prédicateur. Tous ceux qui étaient rassemblés étaient manifestement animés des mêmes sentiments que Corneille, et ils attendaient ardemment le messager de Dieu.

Quelles montagnes peut remuer un seul homme enthousiaste avec la force de Dieu ! Corneille n’avait pas seulement lui-même de la foi, mais sa foi était devenue un modèle pour beaucoup dans sa localité, de sorte qu’eux aussi avaient mis leur attente en Dieu. Le zèle et la foi de cet homme ne nous font-ils pas honte ? Il en savait tellement moins que nous au sujet de Dieu ; et pourtant il comptait pleinement sur Celui qui s’était révélé à lui, et il était certain qu’Il allait tout conduire au but désiré. Nous voyons ainsi dans la maison du centurion romain une assemblée réunie, qui attendait non seulement le prédicateur, mais aussi la Parole de Dieu qu’il allait annoncer. Aujourd’hui aussi, allons-nous dans nos réunions dans cet état d’esprit ?

 

1.4   Dans la maison de Corneille — Actes 10:25

« Et comme il arrivait que Pierre entrait, Corneille allant au-devant de lui se jeta à ses pieds et lui rendit hommage » (10:25).

Cette scène ne se déroulait bien sûr pas dans la rue, ni loin de la maison, comme plusieurs le supposent. Il est dit au contraire : « comme il arrivait que Pierre entrait… ». Trois fois nous trouvons ce verbe « entrer » (en grec eiselthein) dans ces quelques versets du texte grec. Au verset 24 c’est Pierre et ses compagnons de voyage qui entrent à Césarée. Au verset 25 c’est Pierre qui entre dans la maison de Corneille, et au verset 27 c’est Pierre qui entre dans la pièce où l’attendaient ceux qui étaient rassemblés.

À ce moment-là, il s’agit donc de l’entrée de Pierre dans une sorte de salle de réception où Corneille attend le visiteur et le rencontre. La tournure de phrase « comme il arrivait » attire l’attention sur le fait que, maintenant, Pierre est entré dans la maison du centurion romain.

 

1.4.1       Un hommage rendu à tort — Actes 10:26

Ce qui arrive maintenant était totalement inhabituel pour un centurion romain ; il se jette par terre devant Pierre, et lui rend hommage. Jamais en temps normal un Romain, et encore moins un Romain dans la position de centurion, ne se serait jeté par terre devant un étranger en lui rendant hommage. Or Corneille le fit, quoiqu’absolument à tort comme nous allons le voir tout de suite. D’un autre côté, cela ne montre-t-il pas combien cet homme était humble et pieux ? Il attendait tellement le message divin qu’il honorait outre mesure celui qui l’apportait.

Nous ne devons pas en déduire que Corneille apportait directement un hommage divin à Pierre. Le mot « proskynéo » (se prosterner, adorer, rendre hommage) est tout à fait utilisé dans un sens inférieur (par exemple en Matt. 18:26), y compris pour marquer de la révérence vis-à-vis d’un membre d’une municipalité. C’est pourquoi traduire « il lui rendit hommage » est bien plus approprié que « il l’adora ». Cependant Corneille, dans l’honneur qu’il rendit, dépassa nettement les bornes de ce qu’un serviteur de Dieu et même un ange peuvent accepter (Apoc. 19:10 ; 22:8, 9).

Il n’est guère besoin de dire que Dieu seul a le droit d’être adoré. Les deux passages d’Apocalypse qui viennent d’être cités, le montrent clairement. « Rends hommage à Dieu », dut entendre Jean quand il tomba dans l’erreur d’adorer un ange. Un hommage tel que celui rendu par Corneille à un homme mortel est absolument hors de place. Le ritualisme qui a très tôt pris place dans la chrétienté, élève les hommes au rang d’autorités et de dignitaires, et confère des titres comme « son Éminence », ou « son Excellence » ou « sa Sainteté ». Le Seigneur Jésus ne nous a-t-Il pourtant pas avertis là-contre en disant : « Mais vous, ne soyez pas appelés : Rabbi ; car un seul est votre conducteur ; et vous, vous êtes tous frères. Et n’appelez personne sur la terre votre père ; car un seul est votre père, celui qui est dans les cieux. Ne soyez pas non plus appelés Maître ; car un seul est votre maître, le Christ » (Matt. 23:8-10).

Pierre agit tout à fait dans l’état d’esprit de son Maître et selon l’esprit de Ses paroles car il est dit :

« Mais Pierre le releva, disant : Lève-toi ; et moi aussi je suis un homme » (10:26).

Pierre n’avait encore jamais été l’objet d’un honneur tel que celui que le centurion romain voulait lui donner. C’est la première fois qu’il lui arrivait quelque chose de pareil. Cependant il le renvoie immédiatement comme inconvenant, avec le rappel que lui aussi n’est qu’un homme.

Combien cela condamne tout le système ritualiste dans la chrétienté ! L’apôtre Pierre, plus tard, dans sa première épître, est justement celui qui nous enseigne sur la sacrificature de tous les saints (1 Pierre 2:4 et suiv.). La pensée qu’il puisse prendre lui-même une place de préséance parmi les croyants ne lui est jamais venue à l’esprit. Ici c’est Pierre lui-même qui aide celui qui s’est jeté à ses pieds à quitter cette position : « il le releva ». Ce petit geste ne va-t-il pas au cœur ? Ce sont souvent ces petits mouvements, à peine remarqués, qui trahissent l’esprit d’un homme.

 

1.4.2       Un coup d’œil surprenant — Actes 10:27

« En conversant avec lui, il entra et trouve plusieurs personnes assemblées » (10:27).

Pierre n’était jamais entré dans la maison de quelqu’un des nations. Mais maintenant en s’entretenant avec Corneille, il entre dans la pièce, et quel coup d’œil émouvant s’offre à lui ! Beaucoup s’étaient rassemblés et, comme il est dit plus tard, « tous présents devant Dieu » (10:33) pour entendre tout ce qui lui était ordonné de Dieu. Pierre n’a-t-il pas dû être profondément touché de voir tant de gens des nations rassemblés avec un seul désir, celui d’entendre de sa bouche les paroles de Dieu ? Ce n’était pas seulement la première fois que l’apôtre franchissait le seuil d’une maison païenne, mais c’était aussi la première fois dans l’histoire de l’humanité que des gens des nations, des païens, étaient rassemblés pour entendre l’évangile de la grâce de Dieu.

Corneille éprouvait profondément le caractère unique et extraordinaire de la situation. C’était en fait la raison de l’hommage qu’il avait voulu rendre, même s’il était allé trop loin. Le fait que Pierre condescende à venir chez lui, un non-Juif, et le fait que Dieu lui envoyait ces messagers bénis dans sa maison, l’ont bouleversé. Il savait qu’il n’était pas digne de tous ces témoignages de faveur de la part de Dieu.

Encore une fois quelle image touchante nous voyons ici ! Pierre et Corneille vont ensemble et s’entretiennent ! De quoi ? Manifestement la délégation du centurion n’avait pas annoncé à Pierre ni que Corneille et sa maison attendaient la venue de Pierre, ni que le cercle était largement agrandi. Il est probable que Corneille ait justement préparé Pierre à cela dans le court entretien sur le trajet jusqu’à la pièce de rassemblement. Dans la dernière partie de la phrase du v. 27, l’écrivain du récit change le temps du verbe de manière inattendue, et il passe du passé au présent, — ce qu’on appelle un « présent historique ».Cela permet de rendre la description particulièrement vivante : « il entra et il trouve plusieurs [ou : beaucoup de] personnes assemblées ». Ces paroles ne reflètent-elles pas une vraie surprise ?

 

1.4.3       Pierre justifie sa venue — Actes 10:28-29

« Et il leur dit : Vous savez, vous, que c’est une chose illicite pour un Juif que de se lier avec un étranger, ou d’aller à lui ; et Dieu m’a montré, à moi, à n’appeler aucun homme impur ou immonde. C’est pourquoi aussi, lorsque vous m’avez envoyé chercher, je suis venu sans faire de difficulté. Je vous demande donc pour quel sujet vous m’avez fait venir » (10:28, 29).

Pierre se considérait comme un Juif, non pas comme un chrétien. Cela confirme ce qui a déjà été dit : les chrétiens du commencement étaient restés Juifs dans leur esprit et dans leur comportement ; et Dieu a eu de la peine à les détacher du système Juif et à les amener aux privilèges de la position chrétienne. D’un autre côté, Pierre part du fait que son auditoire était familier avec le fait qu’il n’était pas permis à un Juif de « se lier à » un non Juif — ce qui correspond à une relation étroite, — ou à « aller à lui » — ce qui est moins grave et correspond à une visite. Les deux verbes « se lier » et « aller » étant au présent, cela indique une attitude habituelle. Or nous chercherions en vain dans la loi de Moïse, l’interdiction directe correspondante. Mais la loi prise dans son ensemble avec toutes ses ordonnances, conduisait plus ou moins à ce résultat. C’est ainsi que les Juifs le comprenaient, et Pierre est assuré que les hommes qui sont devant lui, en tant qu’étrangers, le savaient et avaient donc besoin d’une explication pour justifier son comportement.

En fait, Pierre n’aurait jamais été prêt de son propre chef à rompre avec la manière juive de voir et d’agir. C’est Dieu lui-même qui lui avait montré dans la vision de ne nommer personne pur ou impur au sens juif. Ici la lumière du christianisme commence déjà à luire à ceux qui étaient étrangers à de telles différences. Si quelqu’un demande de quel droit ces différences étaient mises de côté puisqu’elles étaient ordonnées de Dieu, la réponse ne peut être formulée que de la manière suivante : si Dieu dans sa sagesse a introduit de telles différences, n’a-t-Il pas le droit de les ôter, si tel est Son bon plaisir ?

Il semble que la conscience de tout cela s’est progressivement frayé un chemin chez Pierre. C’est pourquoi il était venu à eux sans faire de difficultés quand on était allé le chercher. Cela montre sa confiance en Dieu et en Ses instructions. Maintenant que ce point était mis au clair, Pierre demande directement la raison pour laquelle ils l’avaient fait chercher. Ne le savait-il réellement pas encore ? Ou bien voulait-il simplement l’entendre de leur bouche ?

 

1.4.4       Corneille justifie l’envoi de sa délégation — Actes 10:30-32

« Et Corneille dit : Il y a quatre jours que j’étais en jeûne jusqu’à cette heure-ci, et à la neuvième heure, je priais dans ma maison ; et voici, un homme se tint devant moi dans un vêtement éclatant, et dit : Corneille, ta prière est exaucée, et tes aumônes ont été rappelées en mémoire devant Dieu. Envoie donc à Joppé, et fais venir Simon qui est surnommé Pierre ; il loge dans la maison de Simon, corroyeur, au bord de la mer ; et lorsqu’il sera venu, il te parlera » (10:30-32).

Comme Pierre a donné à ceux qui étaient rassemblés l’explication du pourquoi il était venu à eux malgré sa manière de penser en tant que Juif, pareillement Corneille explique maintenant à Pierre la raison pour laquelle il l’avait envoyé chercher. Les deux explications s’accordent clairement pour mettre en avant que c’est Dieu lui-même qui avait rapproché les deux côtés. C’est aussi ce que Luc, l’écrivain inspiré, veut mettre en lumière de manière incontestable.

Le tableau de ce que Corneille a vécu nous est donné trois fois dans ce chapitre. Une première fois c’est le récit de Luc l’écrivain (10:1-8), ensuite celui des messagers (10:22) et finalement celui de Corneille lui-même (10:30-33). À cette occasion, il mentionne des détails qui n’avaient pas encore été signalés.

Le premier détail est qu’il avait jeûné et prié avant de voir la vision, et que la prière avait eu lieu « dans sa maison », c’est-à-dire de manière privée et cachée. Nous avons vu la même chose chez Pierre. Quelle chose étonnante que prendre soin d’avoir une telle relation personnelle avec Dieu soit le propre non seulement de Pierre, mais également d’un soi-disant païen !

Corneille décrit alors l’ange de Dieu venu vers lui comme « un homme en vêtement éclatant ». Bien que les anges n’aient pas de sexe, ils ne sont jamais décrits dans l’Écriture Sainte comme des femmes ou comme de petits enfants, mais toujours comme des hommes (Luc 24:4) ou des jeunes gens (Marc 16:5). Ces deux images ont une connotation de force et d’autorité. Les anges joufflus que les hommes se représentent, n’ont rien à voir avec ce que l’Écriture Sainte dit des anges : « Vous, ses anges puissants en force, qui exécutez sa parole ! » (Ps. 103:20). Le vêtement éclatant est un signe de gloire céleste et de sainteté. Nous nous sommes déjà occupés de ce que l’ange dit sur les prières et les aumônes de Corneille, et également de la commission qu’il a donnée au centurion romain.

 

1.4.4.1              Présents devant Dieu — Actes 10:33

Cette commission divine suffisait à légitimer l’envoi par Corneille de ses trois familiers à Joppé pour faire chercher Pierre. C’est ainsi qu’il achève de se justifier par ces paroles impressionnantes :

« J’ai donc aussitôt envoyé vers toi, et tu as bien fait de venir. Maintenant donc, nous sommes tous présents devant Dieu, pour entendre tout ce qui t’a été ordonné de Dieu » (10:33).

Comme Pierre qui était venu immédiatement et « sans faire de difficultés », ainsi aussi Corneille avait obéi à la voix divine et avait « aussitôt » envoyé auprès de lui. Quand il dit maintenant que Pierre a « bien fait » de venir, cela fait ressortir sa joie profonde et sa reconnaissance. Paul écrit aux Philippiens en utilisant cette même formule : « Vous avez bien fait de prendre part à mon affliction » (Phili. 4:14).

On trouve alors cette phrase admirable que nous ne pouvons trop laisser agir sur nos cœurs : « Maintenant donc, nous sommes tous présents devant Dieu, pour entendre tout ce qui t’a été ordonné de Dieu ». C’est la dernière chose que l’Écriture Sainte rapporte sur Corneille et sur ce qu’il a fait et dit, et cela mérite qu’on réfléchisse sur chaque mot de cette déclaration.

En grec le « maintenant » accentue aussi le début de la phrase. « Maintenant (ou : par conséquent)… », le moment était donc venu pour Dieu d’agir dans Sa grâce et d’introduire les croyants des nations dans Son assemblée sur la terre. Quelles voies admirables que celles où Dieu s’était engagé pour arriver à ce point, et ce qui va arriver tout de suite devant nous n’est pas des moindres. Jusque-là, chers amis des nations, jusque-là on était tellement loin de ce que le canal de la bénédiction de Dieu pût s’ouvrir aussi pour nous !

Corneille et les siens avaient la conscience d’être dans la présence de Dieu. Ils sentaient combien les yeux de Dieu reposaient sur eux pour les bénir et pour donner une réponse à leur foi. Ils ne savaient pas encore ce que Dieu leur ferait dire, mais ils désiraient entendre tout ce qui serait dit. Ils voulaient l’entendre pour le faire. Pourquoi ? Parce que cela venait de Dieu. Ils attendaient de Pierre qu’il ne leur annonce rien d’autre que ce que Dieu lui avait ordonné. Ainsi ils étaient prêts à tout accepter comme venant de Lui et à y obéir. L’homme qui s’était jeté aux pieds de Pierre, ce même homme ne voyait maintenant en lui (en Pierre) rien de plus, mais rien moins qu’un messager de Dieu par lequel la Parole de Dieu venait à eux.

Quelle attitude grandiose ! Quelle assemblée extraordinaire ! Être dans la présence de Dieu pour entendre Son message ! Ici tout concorde pratiquement : L’attitude de ceux qui sont rassemblés vis-à-vis de Dieu, vis-à-vis de Sa Parole, vis-à-vis de Son serviteur. N’est-ce pas là un modèle frappant pour nous et pour nos réunions d’édification ? Quand nous faisons partie de ceux qui écoutent, demandons-nous si nous attendons tout de la part de Dieu, et si nous sommes prêts à tout entendre et faire ce qu’Il nous fait dire. Réalisons-nous que nous sommes dans Sa présence ? Si nous faisons partie de ceux qui parlent, demandons-nous si nous disons vraiment et seulement ce qui nous est ordonné de Dieu ?

Sans le savoir, Corneille nous montre par ses paroles le modèle d’une assemblée et d’un serviteur, comme Dieu les veut. Puisse cela parler à nos cœurs !

 

1.5      Pierre annonce le salut aux nations

Nous arrivons maintenant au discours important de l’apôtre Pierre par lequel il s’est adressé aux croyants des nations. Si nous le comparons à ceux prononcés auparavant, soit le jour de la Pentecôte soit ensuite devant ses frères juifs, nous sommes frappés par une différence particulière entre toutes : il manque l’appel à la repentance. Les Juifs qui avaient mis à mort leur propre Messie devaient au contraire être appelés à se repentir : « Repentez-vous » (2:38), et « Repentez-vous donc et vous convertissez » (3:19).

Une telle invitation à ceux qui étaient rassemblés dans la maison de Corneille aurait été hors de place, car il s’agissait principalement de gens déjà nés de nouveau ou qui étaient au moins ouverts au message de la grâce de Dieu. Le discours lui-même et la suite de notre chapitre le confirment.

 

1.5.1       Pas d’acception de personnes devant Dieu — Actes 10:34-35

« Et Pierre, ouvrant la bouche, dit : En vérité, je comprends que Dieu ne fait pas acception de personnes, mais qu’en toute nation celui qui le craint et qui pratique la justice, lui est agréable » (10:34, 35).

La tournure de phrase du v. 34 « ouvrant la bouche » introduit habituellement un discours important.

À la suite de tout ce que Pierre a vécu, il reconnaît de plus en plus que Dieu ne fait pas acception de personnes, particulièrement dans ce sens qu’il Lui est égal que quelqu’un soit juif ou issu d’un autre peuple. Dans le sens plus général que Dieu est intègre et n’accepte pas de présents (Deut. 10:17 ; 2 Chr. 19:7), cette vérité était naturellement déjà connue au temps de l’Ancien Testament.

Sous la loi il y avait l’apparence que Dieu n’était que le Dieu d’Israël, et pas le Dieu des nations. Cependant des hommes comme Melchisédec et Job ont montré longtemps avant la loi, qu’il n’en était pas ainsi. Il est vrai que la révélation complète du fait que Dieu ne prend pas seulement soin du peuple juif, mais aussi des nations et qu’Il s’intéresse à elles, ne pouvait être donnée qu’après la venue du Fils de Dieu, et après l’œuvre de la Rédemption qu’Il a accomplie à Golgotha.

Ce n’est que la croix de Christ qui montre de façon irréfutable que les Juifs comme les païens ont péché et ne peuvent pas atteindre la gloire de Dieu. Dans cette mesure, il n’y a « pas de différence » entre eux (Rom. 3:22). Ainsi Dieu offrait maintenant Sa grâce sans discrimination, comme il est dit en Rom. 2 : « Mais gloire et honneur et paix à tout homme qui fait le bien, et au Juif premièrement, et au Grec ; car il n’y a pas acception de personnes auprès de Dieu » (Rom. 2:10, 11).

 

1.5.1.1              Craindre Dieu et pratiquer la justice

En plein accord avec cela, Pierre dit ici : « En vérité, je comprends que Dieu ne fait pas acception de personnes, mais qu’en toute nation celui qui le craint et qui pratique la justice, lui est agréable ». Il est égal pour Dieu de quelle nation quelqu’un provient : si quelqu’un craint Dieu et pratique la justice, Il l’agrée. Corneille et sa maison en étaient des exemples lumineux. Il est évident que la vraie crainte de Dieu et pratiquer la justice ne sont possibles que lorsqu’on est né de nouveau. L’homme naturel en est incapable. Tout cela vient de Dieu, c’est Son œuvre à Lui seul ; et Il la fait non seulement chez des Juifs, mais aussi chez des gens de tous les peuples. Pierre ne veut pas du tout dire ici qu’un païen, qui s’occupe avec un certain sérieux de l’idée qu’il a de Dieu, serait accepté par Lui.

Ni la crainte de Dieu, ni pratiquer la justice ne proviennent des efforts de l’homme naturel. Un non-croyant ne connaît rien de la crainte de Dieu, comme il est écrit : « Il n’y a point de crainte de Dieu devant leurs yeux » (Rom. 3:18). Car « L’insensé a dit dans son cœur : Il n’y a point de Dieu » (Ps. 53:1). La vraie sagesse au contraire commence par la crainte de l’Éternel (Prov. 9:10 et 1:7). La vraie crainte de Dieu ne doit pas être confondue avec la peur de Dieu. Ce serait se tromper complètement quant à Dieu. La vraie crainte de Dieu a bien plutôt à faire avec la conscience que Dieu est un juge juste et qu’Il suit des voies en gouvernement et en éducation avec les Siens. Les croyants de l’Ancien comme du Nouveau Testament étaient animés de cette crainte de Dieu qui accompagne toujours la vraie foi et l’obéissance.

En ce qui concerne pratiquer la justice, il ne s’agit pas de ce que les gens du monde se représentent par-là, ni de ce qui constitue des « bonnes œuvres » à leurs yeux. Non, il s’agit de cet effort pratique du croyant vers la justice, la foi, l’amour, la paix, dont il sera parlé plus tard à Timothée (2 Tim. 2:22). C’est la lutte pour être en accord avec Dieu en ce qui concerne notre vie et notre comportement comme croyant.

Corneille nous en donne un exemple à imiter. D’ailleurs si un homme pécheur veut pratiquer la justice, il ne peut le faire qu’en se repentant devant Dieu de ses péchés et de sa vie de perdition, et en saisissant le salut par l’obéissance de la foi, — ce salut que Dieu lui offre dans Son Fils Jésus Christ. Voilà le premier pas sur le chemin de la vie.

 

1.5.1.2              « Être participant » de l’Esprit Saint — Héb. 6:4

C’est ainsi que seule la foi vivante amène quelqu’un, qu’il soit Juif ou Grec, à craindre Dieu et à pratiquer la justice. Corneille et les siens, qui appartenaient à ce dernier groupe, en sont la preuve la plus claire. Ils se confiaient en Dieu selon la lumière qu’ils avaient à Son sujet jusque-là. Ils avaient reçu une vie nouvelle et divine, mais ne possédaient pas encore le Saint Esprit. Si quelqu’un ne comprend pas la différence entre la nouvelle naissance et la réception du Saint Esprit, tout ce chapitre reste pour lui une énigme.

Recevoir le Saint Esprit n’est pas la même chose que devenir participant de l’Esprit Saint, ce dont il est parlé en Hébreux 6:4. Dans ce passage il ne s’agit pas, comme on l’admet souvent à tort, de gens qui ont été scellés du Saint Esprit et qui cependant iraient à la perdition. Non, il s’agit de gens qui ont pris la position de chrétiens, qui ont été baptisés et sont ainsi entrés en possession des bénédictions extérieures du christianisme. Mais du fait qu’ils ne se sont jamais repentis, ils n’ont reçu ni la vie éternelle, ni le Saint Esprit. Pour de telles personnes il est vrai qu’il est possible de retomber, c’est-à-dire d’apostasier.

C’est en rapport avec cela qu’il est important de remarquer et de comprendre qu’aussi bien Héb. 6 que Héb. 10 se rapportent directement à des Juifs qui, après avoir adopté extérieurement le christianisme, l’ont de nouveau abandonné sous la pression de la persécution et sont retournés au judaïsme. Beaucoup de gens ont compris ces chapitres 6 et 7 de travers, et sont entrés, à cause de cela, dans une grande détresse.

J’ai eu à cœur d’aborder ce sujet afin qu’aucun vrai chrétien ne se laisse jeter par l’adversaire dans la peur qu’un croyant aille finalement quand même à la perdition, sous prétexte que ce serait ce que dit Héb. 6. Non, ce passage ne parle pas du tout de croyants, pas plus que 1 Tim. 4 où il est question d’apostasier de la foi (la foi chrétienne) (1 Tim. 4:1-3).

 

1.5.2       Le témoignage de Dieu — Actes 10:36-37

« Vous connaissez la parole qu’il a envoyée aux fils d’Israël, annonçant la bonne nouvelle de la paix par Jésus Christ (lui est Seigneur de tous), ce qui a été annoncé par toute la Judée, en commençant par la Galilée, après le baptême que Jean a prêché » (10:36, 37).

Sans entrer de plus près dans les détails de ces versets, deux affirmations nous frappent particulièrement : Dieu a envoyé la Parole de la bonne nouvelle de la paix aux fils d’Israël. C’est le premier fait qui mérite notre attention. Le second : Corneille et ses amis connaissaient cette parole.

 

1.5.2.1              … aux fils d’Israël

Quand le Seigneur Jésus est venu sur la terre, Il n’était « envoyé qu’aux brebis perdues de la maison d’Israël » (Matt. 15:24). Ce n’est qu’à elles que Dieu fit annoncer la bonne nouvelle de la paix par Jésus Christ. Les nations n’étaient pas prises en considération. « Ne vous en allez pas sur le chemin des nations » avait ordonné le Seigneur aux douze, et « n’entrez dans aucune ville de Samaritains ; mais allez plutôt vers les brebis perdues de la maison d’Israël » (Matt. 10:5, 6).

Pierre fait remarquer par-là que le témoignage de Dieu par le Seigneur Jésus lui-même, a commencé en Galilée, après son baptême par Jean Baptiste. L’évangile de Marc décrit cela de cette manière « Mais après que Jean eut été livré, Jésus vint en Galilée, prêchant l’évangile du royaume de Dieu, et disant : Le temps est accompli, et le royaume de Dieu s’est approché : repentez-vous et croyez à l’évangile » (Marc 1:14, 15). Ce témoignage a aussi été répandu par toute la Judée. Notez-bien « par toute la Judée », et pas plus loin !

 

1.5.2.2              … Corneille connaissait

En ce qui concerne le deuxième point, Corneille et ses amis étaient familiers avec ce témoignage et avec les événements en Israël. D’une manière ou d’une autre, ils en avaient entendu parler, et à cause de cela vraisemblablement, ils avaient aimé la nation juive et ils lui avaient fait du bien. Mais il y avait une chose qu’ils savaient exactement : ce message de paix n’était pas pour eux. C’est une preuve directe de la piété de Corneille de ne pas avoir osé revendiquer cela pour lui-même, sachant que ce n’était valable que pour les fils d’Israël. Cette clarté, cette modestie méritent l’admiration. Il n’a aucunement cherché à devancer Dieu, ni à faire quelque chose qui ne lui appartenait pas. Car jusqu’à ce moment-là, Christ n’avait pas encore été publiquement annoncé aux nations. Mais comme nous l’avons vu, Corneille était convaincu que, d’une manière ou d’une autre, ce salut atteindrait un jour aussi les nations. Et il ne s’était pas trompé.

Pierre avait déjà parlé de ce que Dieu ne fait pas acception de personnes. C’était une première indication de ce que Dieu se tournait vers les nations. Maintenant il ajoute quelque chose d’essentiel en parlant de Jésus Christ : « Lui est Seigneur de tous ». Christ n’est pas seulement Seigneur des Juifs, mais Il est Seigneur de tous. Les yeux de l’apôtre Pierre étaient ouverts à l’égard de cette vérité. Cependant avant de faire un pas décisif en avant, étant enseigné de Dieu, il présente d’abord à ses auditeurs la personne et l’œuvre du Seigneur, et il les rend familiers en peu de mots avec Sa vie, Sa mort et Sa résurrection.

 

1.5.3       Jésus de Nazareth — Actes 10:38-39

1.5.3.1              Actes 10:38

« Jésus qui était de Nazareth, comment Dieu l’a oint de l’Esprit Saint et de puissance, lui qui a passé de lieu en lieu, faisant du bien, et guérissant tous ceux que le diable avait asservis à sa puissance ; car Dieu était avec lui » (10:38).

Oui, le contenu du témoignage de Dieu, c’est Jésus — « qui était de Nazareth ». Même si cette qualification évoque le mépris qu’Il a connu de la part de Son peuple — « peut-il venir quelque chose de bon de Nazareth ? », — pourtant « Dieu l’a oint de l’Esprit Saint et de puissance ». Tout cela nous montre le Seigneur Jésus comme un vrai homme. Ce n’est que de ce point de vue qu’Il a pu être oint de l’Esprit Saint et de puissance. L’onction a eu lieu en rapport avec Son baptême au Jourdain par Jean le Baptiseur, c’est-à-dire juste avant Son entrée dans le ministère public. L’Esprit de Dieu est descendu comme une colombe et est venu sur Lui (Matt. 3:16). La Parole de Dieu qualifie aussi ce processus mystérieux de « sceau » : « c’est lui que le Père, Dieu, a scellé » (Jean 6:27).

D’un autre côté Jésus Christ est aussi absolument Dieu, tout comme le Père et tout comme le Saint Esprit. Nous trouvons ces deux côtés présentés de manière si belle dans l’offrande de gâteau qui nous parle de la vie parfaite et consacrée à Dieu du Seigneur en tant qu’homme. Quand l’offrande de gâteau était cuite au four, elle devait être un gâteau sans levain pétri à l’huile, et des galettes sans levain ointes d’huile (Lév. 2:4). La première offrande (pétrie à l’huile), montre que Lui, y compris comme homme, possédait et possède intrinsèquement le Saint Esprit. Engendré par le Saint Esprit, Il était dès sa naissance « la sainte chose » (Luc 1:35 ; Matt. 1:18, 20). La seconde offrande (ointe d’huile), met l’accent sur l’autre côté que nous avons devant nous en Actes 10 : le Saint Esprit a été donné au Seigneur Jésus, de sorte que le Saint Esprit est « venu sur Lui », afin qu’Il fasse les œuvres de Dieu dans cette puissance du Saint Esprit. Voilà tout, pour ces préfigurations étonnamment précises de notre Seigneur et Sauveur.

Quel tableau admirable du Seigneur Jésus et de Son œuvre tracé ici par Pierre, même s’il est bref ! Faisant du bien de lieu en lieu. Combien ce sommaire est vaste et vrai ! Jean le déclare en adorant à la fin de son évangile : « Il y a aussi plusieurs autres choses que Jésus a faites, lesquelles, si elles étaient écrites une à une, je ne pense pas que le monde entier pût contenir les livres qui seraient écrits » (Jean 21:25).

Pierre souligne particulièrement un point : « guérissant tous ceux que le diable avait asservis à sa puissance ». C’est un tableau de la guérison des possédés. Combien la nécessité de telles guérisons jette une lumière crue sur l’état de l’homme sans Dieu, autrefois comme aujourd’hui !

Tout ce que le Seigneur Jésus a fait, et qu’Il a fait dans la puissance de l’Esprit, cela manifestait que Dieu était avec Lui. Fait béni ! En rapport avec le ch. 7 v. 9, nous nous sommes déjà occupés de ce qu’autrefois aussi Dieu avait été avec Joseph (voir « Un peuple pour son nom — partie 4, p.124-125 »). Les pharisiens eux-mêmes savaient qu’Il était venu de Dieu ; car personne ne pouvait faire les miracles qu’Il faisait si Dieu n’était avec lui. C’est ce que reconnut l’un d’entre eux, Nicodème (Jean 3:2). Or le Seigneur lui-même rend ce témoignage : « Et celui qui m’a envoyé est avec moi ; il ne m’a pas laissé seul, parce que moi, je fais toujours les choses qui lui plaisent » (Jean 8:29).

 

1.5.3.2              Actes 10:39

« Et nous, nous sommes témoins de toutes les choses qu’il a faites, au pays des Juifs et à Jérusalem ; — lequel aussi ils ont fait mourir, le pendant au bois » (10:39).

Pierre met l’accent sur ce « nous » qui désigne lui-même et les autres apôtres comme témoins. Eux seuls étaient témoins oculaires de tout ce que le Seigneur Jésus avait fait ; les six frères venus de Joppé ne l’étaient pas. Avec ce terme « nous » insistant, qui fait la contrepartie du « vous » (également insistant) du v. 36, l’apôtre assure ses auditeurs que ce que eux savaient de Jésus était la pleine vérité.

Alors il parle quand même de la mort du Seigneur, mais il ne la mentionne qu’en une seule phrase, au surplus une proposition subordonnée. Les Juifs dans le pays desquels Jésus avait fait tant de bien sans mesure, et parmi lesquels Il avait si parfaitement déployé l’amour de Dieu — c’était justement ces Juifs qui avaient mis à mort Jésus en Le pendant au bois. Voilà la réponse qu’ils Lui ont donnée ! Par le fait qu’ils L’ont pendu au bois, ils ont montré clairement qu’ils L’estimaient comme anathème pour Dieu (voir Deut. 21:23 ; Gal. 3:13 ; Actes 5:30). Quel témoignage rendu d’un côté à la haine de l’homme contre Dieu, et d’un autre côté à la grâce de Dieu envers l’homme ! « Là où le péché abondait, la grâce a surabondé » (Rom. 5:20).

Dans l’Écriture l’œuvre de Dieu est souvent mise en contraste avec l’action de l’homme. Dans ce livre des Actes, nous avons déjà eu souvent l’occasion de le voir. Pierre parle dans sa première épître de la « pierre… rejeté par les hommes, mais choisie et précieuse auprès de Dieu » (1 Pierre 2:4). C’est ainsi que nous voyons toujours à nouveau comment Dieu a devant Ses yeux le meilleur pour l’homme, et comment l’homme accomplit le pire contre Dieu. Les versets suivants de notre texte montrent de nouveau ce contraste.

 

1.5.4       Témoins de la résurrection de Christ — Actes 10:40-41

Pierre a parlé jusque-là de ce que le Seigneur Jésus avait fait, puis de ce que les Juifs ont fait. Maintenant il se tourne vers ce que Dieu a fait :

« Celui-ci, Dieu l’a ressuscité le troisième jour, et l’a donné pour être manifesté, non à tout le peuple, mais à des témoins qui avaient été auparavant choisis de Dieu, savoir à nous qui avons mangé et bu avec lui après qu’il eut été ressuscité d’entre les morts » (10:40, 41).

Tout ce que l’homme a fait au Seigneur Jésus, Dieu l’a transformé en son contraire. L’homme L’a tué, tandis que Dieu L’a ressuscité. L’homme L’a déshonoré de toute manière, tandis que Dieu L’a couronné de gloire et d’honneur dans le ciel.

Remarquons cependant la manière dont Pierre s’exprime ! En mettant l’accent sur « Celui-ci », il signale le Seigneur Jésus comme étant l’objet de l’action de Dieu, et il concentre en un tout ce qui a été dit jusque-là à Son sujet, spécialement qu’Il a été mis à mort, ayant été considéré comme anathème. Or c’est justement Celui-ci que Dieu a ressuscité au troisième jour. Quel fait simple et glorieux ! Qui peut en mesurer la valeur et la portée ? Avec ce fait tout le christianisme subsiste ou tombe. C’est le pivot et la pierre angulaire de l’évangile.

Encore une chose qui mérite d’être soulignée : ici la résurrection de Christ est attribuée à Dieu, c’est Dieu qui L’a ressuscité. Au verset suivant, elle est attribuée au Seigneur Jésus, Lui est ressuscité d’entre les morts. Les deux côtés sont également vrais. L’un révèle qu’Il est Homme, l’autre qu’Il est Dieu.

Cependant Dieu a fait davantage : Il a rendu le Ressuscité visible, de sorte que des hommes ont pu Le voir. Ce don de la grâce de Dieu n’a pas été en faveur de tout le peuple, le peuple incrédule, mais seulement de témoins choisis par Dieu à l’avance dans ce but. Le Seigneur Jésus a été vu par eux quarante jours durant, s’étant présenté Lui-même vivant, avec plusieurs preuves assurées (1:3). Ces diverses apparitions du Seigneur ont servi à confirmer et à témoigner de la véracité de sa résurrection.

Comme témoins, Dieu ne pouvait pas utiliser n’importe qui, en tout cas pas ceux qui avaient pendu au bois Son Fils et qui ont persévéré ensuite dans l’incrédulité et dans l’inimitié contre Lui. Non, Dieu a fait un choix de Son propre chef, Il s’est choisi les témoins qu’Il a estimé appropriés pour cette tâche d’honneur. C’est ainsi que, quand Pierre dit « nous », cela signifie spécialement les onze apôtres, et il continue : « nous qui avons mangé et bu avec lui après qu’il eut été ressuscité d’entre les morts ». S’agissant des témoins supplémentaires de Sa résurrection mentionnés en partie en 1 Cor. 15:5-8, nous ne savons rien, et nous ne pouvons guère admettre qu’ils aient mangé et bu avec le Seigneur ressuscité. Mais quant aux apôtres, nous savons que le Seigneur leur est apparu plusieurs fois, et que c’est devant leurs yeux qu’Il est monté au ciel (Luc 24:36-43).

Nous pouvons nous représenter l’impression faite par les paroles de l’apôtre sur ses auditeurs. Bien sûr ils avaient déjà entendu parler de la résurrection de Christ. Mais ici quelqu’un en parle qui, avec ses compagnons, a connu et accompagné le Seigneur durant Sa vie, quelqu’un qui a vécu les événements de Sa mort et de Sa résurrection, qui a mangé et bu avec le Ressuscité. Ces hommes savaient de quoi ils parlaient. N’avaient-ils pas écouté la voix de leur Seigneur et Maître : « Voyez mes mains et mes pieds ; — que c’est moi-même ; touchez-moi, et voyez ; car un esprit n’a pas de la chair et des os, comme vous voyez que j’ai » (Luc 24:39, 40). Alors Il leur avait montré Ses mains et Ses pieds. Pouvaient-ils oublier cette scène et ces stigmates ? Et comme preuve supplémentaire de ce qu’Il était un vrai homme, et de ce qu’Il était le Même qu’ils avaient connu auparavant, Il avait mangé devant eux un morceau de poisson cuit et un peu d’un rayon de miel. Dans Son corps de résurrection, Il n’avait pas besoin de prendre ces aliments terrestres, mais s’Il l’estimait désirable, Il pouvait le faire. Et ici Il l’a fait pour montrer à Ses disciples qu’Il était réellement vivant. C’est le Même Jésus, le Même Seigneur, le Même en résurrection !

Or ce Seigneur leur avait donné une mission. C’est sur ce sujet que l’apôtre va maintenant parler.

 

1.5.5       La mission confiée aux onze par le Seigneur ressuscité — Actes 10:42

« Et il nous a commandé de prêcher au peuple, et d’attester que c’est lui qui est établi de Dieu juge des vivants et des morts » (10:42).

La mission confiée aux apôtres par le Seigneur ressuscité visait en premier lieu « le peuple ». Ce terme désigne incontestablement Israël, comme déjà au v. 41. C’est pourquoi au premier abord, Corneille et ses amis des nations pouvaient ne pas s’être sentis concernés, ni particulièrement consolés par ces paroles, puisque la prédication ne s’adressait pas à eux.

 

1.5.5.1              Jésus — le Juge

Bien qu’Israël fût le destinataire du message, son contenu allait bien au-delà d’Israël. Si Pierre fait certainement allusion à la mission donnée par le Seigneur au ch. 1 v.8, à savoir qu’ils devaient être Ses témoins en commençant par Jérusalem, il fait ressortir ici un point fort particulier de leur témoignage : Ce Christ est établi de Dieu juge des vivants et des morts.

Tous les hommes doivent un jour rendre compte à Dieu de leurs actions, et Il se tient « prêt pour juger les vivants et les morts » (1 Pierre 4:5). Le Père n’a-t-Il pas donné tout le jugement au Fils (Jean 5:22) ? C’est pourquoi personne n’échappe à Jésus Christ, tout homme a à faire avec Lui une fois ou l’autre. L’auditoire de la maison de Corneille devait entendre cela, et tous les hommes d’aujourd’hui doivent aussi y être attentifs : Dieu « a établi un jour auquel il doit juger en justice la terre habitée, par l’homme qu’il a destiné à cela, de quoi il a donné une preuve certaine à tous, l’ayant ressuscité d’entre les morts » (17:31). Dans la dernière épître qu’il a écrite, Paul rend encore une fois témoignage de ce que Christ va juger vivants et morts (2 Tim. 4:1).

Peut-être sommes-nous surpris de ce que Pierre commence par parler du Seigneur Jésus comme juge, et seulement ensuite comme Sauveur. Cependant pensons à ceci : le Seigneur avait été ici-bas, mais il avait été rejeté par les hommes ! C’est pour cela que Dieu L’a établi juge sur eux. Grâce lui soit rendue de ce qu’il y a une porte de sortie, un chemin pour échapper au jugement ! Mais tout homme doit d’abord être amené un jour à reconnaître qu’il a mérité le jugement. Comment voudrait-on croire ou comment doit-on croire au salut si l’on n’a pas préalablement été convaincu qu’il y a un jugement sur tout mal ? Le jugement et le salut sont développés tous les deux dans l’Évangile.

L’Écriture Sainte montre sans équivoque et en toute gravité, que chaque individu de la famille humaine doit avoir à faire avec Jésus, soit en tant que Sauveur, soit en tant que juge. Bienheureux ceux qui appartiennent à la troupe de ceux qui croient en Lui et en sa Parole ! Ils ont la vie éternelle et ne viennent pas en jugement, mais ils sont passés de la mort à la vie (Jean 5:24). Certes ils doivent aussi être manifestés devant le tribunal de Christ (2 Cor. 5:10), mais cela n’inclut aucun jugement dans leur cas.

Il en va autrement pour les incrédules (ou : non croyants). Eux aussi doivent être manifestés devant le tribunal de Christ, mais pas en même temps, et dans un autre but. Leur manifestation signifie un jugement selon la scène solennelle devant le grand trône blanc qu’Apocalypse 20 montre clairement (Apoc. 20:11-15). Alors le Seigneur Jésus sera juge des morts. Pour recevoir leur sentence éternelle, les injustes seront préalablement ressuscités au seuil de l’éternité, puis ensuite jetés dans l’étang de feu parce qu’aucun d’eux ne sera trouvé inscrit dans le livre de vie. Malheur éternel, sort bouleversant !

Le Seigneur Jésus sera aussi le juge des vivants. Plus de mille ans avant le jugement des morts, au commencement de Son règne, le Fils de l’Homme viendra du ciel dans Sa gloire, et tous les anges avec Lui. Alors « il s’assiéra sur le trône de sa gloire », et Il jugera les nations vivantes selon leur comportement vis-à-vis des messagers Juifs. Le roi prononcera le droit et séparera les brebis d’avec les boucs. Les uns, en tant que « bénis de Son Père », hériteront du royaume et entreront dans la vie éternelle, tandis que les autres iront dans les « tourments éternels » (Matt. 25:31-46).

Il n’y aura pas de jugement général, commun à tous, à la « fin du monde » comme on l’admet trop souvent. Les Saintes Écritures n’étayent nulle part une telle pensée ; bien au contraire ! Quand on compare le jugement devant le grand trône blanc avec le jugement des vivants, on trouve qu’ils diffèrent de manières multiples et fondamentales : quant aux personnes concernées, quant à la manière d’apprécier, quant à l’époque, quant au lieu, et quant à la sorte de sentence. Dans tous les cas cependant, il s’agit d’un jugement final et éternel.

 

1.5.5.2              Jésus — le Sauveur — Actes 10:43

Pierre dit maintenant quelque chose d’admirable sur cette personne de la Déité qui sera un jour le juge des vivants et des morts. C’est comme s’il faisait pénétrer une lumière claire à travers des nuages sombres et menaçants.

« Tous les prophètes lui rendent témoignage, que, par son nom, quiconque croit en lui reçoit la rémission des péchés » (10:43).

Ce verset est un résumé délicieux de l’évangile, de la bonne nouvelle de la grâce de Dieu. Juste au moment où les hommes ont mis à mort Jésus et L’ont pendu à un bois (10:39), — Lui qui est Seigneur de tous (10:36), — Dieu L’a ressuscité (10:40) et L’a établi, non seulement comme juge des vivants et des morts (10:42), mais aussi comme seul Sauveur des pécheurs (10:43). Si quelqu’un veut échapper au jugement, il doit L’accepter par la foi, comme son Sauveur personnel. Pierre présente expressément « Celui-ci », duquel il a tant parlé, comme l’objet de la foi : « quiconque croit en lui ».

Alors qu’il était encore en train de parler, il semble que Pierre a reçu une nouvelle lumière de la part de Dieu, de sorte qu’il a saisi de plus en plus clairement les tenants et aboutissants. Il avait déjà franchement confessé au début : « En vérité, je comprends que Dieu ne fait pas acception de personnes ». Et maintenant il ajoute que tous les prophètes de l’Ancien Testament rendent témoignage de ce que Christ est Sauveur, le seul Sauveur, et qu’à la foi en Lui se rattache la rémission [ou : pardon] des péchés. Combien Pierre comprenait maintenant beaucoup mieux les prophètes, mieux qu’auparavant ! Voilà la somme de leur témoignage : « que, par son nom, quiconque croit en lui reçoit la rémission des péchés ».

Oui les prophètes avaient écrit et s’étaient informés au sujet de ce salut, un salut des âmes, comme quelque chose de futur (1 Pierre 1:10). Or maintenant ce salut était annoncé — une bénédiction accessible à tout homme [c’est-à-dire à quiconque] ! En fait, c’était un nouveau chapitre de l’histoire de l’humanité qui s’ouvrait.

Combien est réjouissant ce mot « quiconque » ! C’est ici la première fois qu’il apparaît en relation avec ce sujet dans ce livre de la Bible : Quiconque croit en Lui, qu’il soit Juif ou non Juif, reçoit par Son nom la rémission des péchés. La même vérité sera exprimée de manière doctrinale plus tard dans le Nouveau Testament : « La justice de Dieu est manifestée… par la foi en Jésus Christ envers tous, et sur tous ceux qui croient » (Rom. 3:21, 22).

Le Seigneur Jésus n’a-t-Il pas aussi déjà utilisé ce terme « quiconque » si étendu ? « Car Dieu a tant aimé le monde, qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse pas, mais qu’il ait la vie éternelle » (Jean 3:16). Et encore à la dernière page de la Bible, Dieu invite sans discrimination quiconque a soif du salut : « Et que celui qui a soif vienne ; que celui qui veut prenne gratuitement de l’eau de la vie » (Apoc. 22:17). Mais ici, à Césarée, dans la maison du centurion romain, c’est la première fois que la grande vérité de la rémission [ou : pardon] des péchés était annoncée. Pour la première fois le plein salut était offert aux nations.

On reçoit la rémission des péchés « par son nom ». Son nom est, dans la main de Dieu, pour ainsi dire le moyen par lequel Il libère le pécheur de sa dette, de sa culpabilité. Si nous nous rappelons ce que signifie « son nom » — la pleine révélation de ce que le Seigneur Jésus est dans Sa personne et dans Son œuvre pour Dieu et pour nous — alors nous pouvons comprendre cela plus facilement. Il n’y a pas de rémission (ou : pardon) autrement que « par son nom ». Par cette expression le Saint Esprit ne vise pas l’autorité ou la puissance de Son nom, comme c’est le cas dans d’autres contextes, mais la révélation de ce que le Seigneur Jésus est et de ce qu’Il a fait en notre faveur. Or cela est en relation étroite avec la foi en Lui (« quiconque croit en lui »). La foi est le côté subjectif et personnel ; elle est ce qui est nécessaire de notre côté. Le nom de Jésus est le côté objectif, indépendant de nous ; c’est ce qui rend possible pour Dieu de nous accorder la rémission des péchés. En Luc 24:47 « Son nom » est la base sur laquelle la repentance et la rémission des péchés doivent être prêchée à toutes les nations — une pensée semblable, même si elle n’est pas strictement identique.

En prononçant cette dernière parole, Pierre ouvrait doucement, mais de manière hautement efficace, la porte de l’évangile aux nations dont les représentants étaient assis devant lui, sous la forme de son auditoire dans la maison de Corneille. C’était en fait une heure extraordinaire quant à la propagation de l’évangile !

Remarquons aussi avec quelle sagesse Dieu parle par Ses serviteurs ! La forme de discours varie beaucoup, mais elle correspond toujours à l’état intérieur de l’homme, et aux circonstances dans lesquelles il se trouve. Effectivement le témoignage qui est donné à l’un, peut être complètement hors de place pour un autre. C’est ainsi qu’à Lystre et à Athènes, devant des auditoires païens, Paul ne se référait pas aux Saintes Écritures (14:15-17 ; 17:22-31). Mais dans les synagogues, il prouvait aux Juifs « à partir des Écritures » que Jésus est le Christ (17:1-3).

Devant Corneille, Pierre s’appuie sur les écrits des prophètes, parce qu’il parlait à quelqu’un né de nouveau, et à des gens qui reconnaissaient l’autorité des Écritures sur eux-mêmes. Car incontestablement cet auditoire était tout à fait prêt pour la prédication de l’évangile. Ils se trouvaient déjà dans une attitude de foi, avant même d’entendre l’évangile de leur salut. Le seul problème est qu’ils ne se trouvaient pas encore sur le terrain chrétien. On reviendra sur ce sujet à la fin du chapitre.

 

1.5.6       Le message interrompu — Actes 10:44

Nous pouvons admettre que ce qui figure dans ces versets est tout ce qui a été dit par Pierre. Manifestement il voulait continuer à annoncer davantage la Parole (11:15), mais il en fut empêché par ce qui est intervenu à ce moment-là. Ce qui avait été exprimé « était suffisant, l’œuvre était accomplie.

« Comme Pierre prononçait encore ces mots, l’Esprit Saint tomba sur tous ceux qui entendaient la parole » (10:44).

Quel événement extraordinaire et unique ! Pierre, justement envoyé par Dieu en mission, annonce l’évangile, et voilà que Dieu lui coupe la parole, et continue à parler à Sa manière à Lui, pleine de puissance : Il envoie le Saint Esprit sur ces croyants des nations, et même sur eux tous. Le mot « tomba » (« l’Esprit Saint tomba ») décrit aussi bien le caractère soudain que le fait lui-même que l’Esprit soit venu de Dieu, d’en haut.

 

1.5.6.1              Le don de l’Esprit

Ces hommes devaient déjà avoir assimilé directement les paroles du salut. Car dès qu’ils entendent pour la première fois que ce salut était aussi pour eux, ils reçurent sans hésiter le message avec foi. Et c’est non moins sans hésitation que Dieu répond à leur foi en faisant venir l’Esprit Saint sur eux. Le Saint Esprit n’est pas reçu autrement que « de l’ouïe de la foi » (Gal. 3:2). Autrement dit : le Saint Esprit est donné uniquement sur le principe que ce qui est entendu est reçu avec foi ; exprimé encore autrement : la parole prêchée est « entendue » avec foi. C’est justement ce qui était en train d’avoir lieu dans la maison de Corneille.

 

1.5.6.2              Le salut

Tout cela est une belle illustration de ce qui est développé doctrinalement en Éphésiens 1:13, et nous rencontrons ici la même succession que là : écouter, croire, être scellé. On doit d’abord entendre la Parole de vérité, l’évangile du salut, et cela n’a naturellement pas lieu sans prédication (« Et comment entendront-ils sans quelqu’un qui prêche ? », Rom. 10:14). Et quand on entend, on doit croire ; on doit se soumettre à ce message avec foi. Si c’est le cas, alors Dieu scelle le croyant avec le Saint Esprit de la promesse. Dieu met son sceau sur lui, et par ce moyen Il le caractérise comme lui appartenant.

Dieu ne donne le Saint Esprit qu’à ceux qui Lui obéissent (5:32) — non pas à ceux qui le demandent ou qui s’efforcent de l’avoir ou s’en donnent de la peine, mais à ceux qui lui obéissent (*). Corneille et ses parents et ses amis n’avaient pas demandé à Dieu le don de l’Esprit. Mais ils se soumettaient par la foi au message que « par son nom, quiconque croit au Seigneur Jésus reçoit la rémission des péchés ». Ils comprenaient et croyaient que la propitiation avait eu lieu par le moyen du sacrifice de Jésus pour eux. Et Dieu leur donne en réponse à cette foi « le même don » que celui fait aux Juifs croyants en son temps à la Pentecôte — « le même don qu’à nous… » dira plus Pierre à ses frères Juifs, « … nous qui avons cru au Seigneur Jésus » (11:17).

 

(*) Cette déclaration n’est pas en contradiction avec ce qui est dit en Luc 11:13. En Luc 11 il est question du don originel de l’Esprit au jour de la Pentecôte. Le Seigneur encourageait Ses disciples à le demander. En tous cas ils avaient à attendre « la promesse du Père » (1:4). Tout cela se rapporte à un événement qui n’a eu lieu qu’une fois, c’est-à-dire la descente fondamentale de l’Esprit Saint à la Pentecôte ; et cela ne peut pas ni ne peut être répété.

 

À la possession de ce don se rattache la conscience du salut. Maintenant que Corneille et ses amis ont connu la personne et l’œuvre du Sauveur, et aussi les résultats de l’œuvre de propitiation pour eux-mêmes, ils pouvaient alors se réjouir de la paix avec Dieu (Rom. 5:1). Ils étaient maintenant sauvés au sens propre du Nouveau Testament — non pas seulement convertis, non seulement nés de nouveau, mais sauvés. Le salut signifie la libération des conséquences du péché, mais il signifie aussi que l’on sait ce qui en est, et qu’on se réjouit de cette position. Car c’est effectivement une position connue et présente que la grâce de Dieu nous confère. Avoir la vie spirituelle est une chose, être sauvé en est une autre. C’est une part bienheureuse que de posséder le salut de l’âme (ou : un salut d’âmes) (1 Pierre 1:9) !

 

1.5.6.3              L’Esprit Saint répandu (ou : l’effusion de l’Esprit) — Actes 10:45-46

Examinons d’un peu plus près de quelle manière le Saint Esprit est donné. D’abord notre regard est attiré par la surprise des frères venus de Joppé avec Pierre.

« Et les fidèles de la circoncision, tous ceux qui étaient venus avec Pierre, s’étonnèrent de ce que le don du Saint Esprit était répandu aussi sur les nations, car ils les entendaient parler en langues et magnifier Dieu » (11:45, 46).

Combien ce chapitre doit nous intéresser, nous qui ne sommes pas des « croyants de la circoncision », mais qui sommes issus des nations ! Corneille et ses amis étaient autrefois « sans Christ, sans droit de cité en Israël et étrangers aux alliances de la promesse, n’ayant pas d’espérance, et étant sans Dieu dans le monde » (Éph. 2:12). Cependant, quel changement puissant est intervenu ! Ils reçurent quelque chose de plus grand que ce qui avait jamais été promis à un Juif, — ils furent scellés du Saint Esprit de la promesse.

Il s’agissait là du même don qu’à la Pentecôte, à savoir que la Personne du Saint Esprit fait Son habitation dans les croyants. Lors de la Pentecôte, le Saint Esprit est venu sur tout un groupe de croyants, et ici il en a été de même. Jamais auparavant, et jamais depuis, on n’a entendu que tout un groupe de croyants soit attentif à la prédication de la grâce, accepte l’évangile du salut, et reçoive le Saint Esprit à la suite de cela. Les croyants de la circoncision qui étaient venus avec Pierre s’étonnèrent de ce que le don du Saint Esprit était répandu aussi sur ceux des nations.

Notons la diversité et la multiplicité des expressions décrivant cette grande bénédiction ! En 10:44, le Saint Esprit est tombé sur eux ; en 10:45 il est répandu sur eux ; en 10:47, ils reçoivent le Saint Esprit ; en 11:17, il s’agissait du don du Saint Esprit. Il est aussi parlé du baptême du Saint Esprit en 11:16, mais cette expression se rapporte à ce qui s’est passé précédemment, c’est-à-dire la descente fondamentale du Saint Esprit au commencement de la période chrétienne (ch. 2). C’est de cela que Pierre se souvint en voyant comment maintenant les croyants des nations recevaient le Saint Esprit. En fait par rapport aux croyants juifs, ils n’avaient une part moindre en rien, ni en retrait pour rien !

Les expressions « l’Esprit Saint répandu » ou « effusion de l’Esprit Saint » sont équivalentes et méritent une attention particulière. L’une ou l’autre de ces expressions est utilisée pour ce qui s’est passé au jour de la Pentecôte à Jérusalem avec les croyants de la circoncision (2:33), et ici une de ces expressions est utilisée pour ce qui s’est passé à Césarée avec les croyants des nations (10:45). C’est la seconde et dernière fois dans l’époque chrétienne où il est dit que l’Esprit Saint a été répandu où qu’il y en a eu une effusion. Certainement il y aura une nouvelle effusion de l’Esprit après l’établissement du règne de mille ans ; les prophètes en parlent (És. 32:15 ; 44:3 ; Éz. 39:29 ; Joël 3:1, 2). Mais ce n’est pas la même chose que l’habitation personnelle du Saint Esprit aujourd’hui, et j’ai déjà cherché à montrer précédemment pourquoi les expressions « effusion de l’Esprit » ou « Esprit répandu » sont quand même utilisées (voir « Un peuple pour son nom », parties 1 et 2, p.195-198).

 

1.5.6.4              Le parler en langues

Nous avons déjà réfléchi en détail sur le parler en langues, et je désire ici renvoyer à ce qui a déjà été dit (voir « Un peuple pour son nom », parties 1 et 2, p.161-167). Un point particulièrement important est à soulever encore une fois : le parler en langues a été, pour les Juifs présents, la preuve extérieure que les croyants des nations avaient reçu le Saint Esprit.

Cette confirmation de la réception du Saint Esprit, nous ne la trouvons que dans le livre des Actes : au commencement à Jérusalem (ch. 2) ; ensuite en Samarie (ch. 8), bien que ce ne soit pas mentionné expressément ; ensuite à Césarée (ch. 10), et aussi à Éphèse (ch. 19). Par le fait que des croyants « parlaient en langues », c’est-à-dire dans des langages qu’ils n’avaient jamais appris — cela eut lieu d’abord avec des Juifs, puis avec des Samaritains, et enfin avec des païens, — Dieu montrait de manière non équivoque que toutes les différences entre eux étaient ôtées. Un seul Esprit habitait en eux tous, — un seul Esprit bien qu’il y eût plusieurs langues !

On a soutenu que dans ce ch. 10, il n’était pas question comme au ch. 2 d’« autres langues » (10:4), mais qu’il était seulement dit qu’« ils les entendaient parler en langues », et que l’adjectif « autre » manque. C’est pourquoi ici, à Césarée, il ne s’agirait pas de langues humaines. Cependant un tel argument ne tient pas la route. Que devraient être ces langues sinon d’autres langues humaines ? Pierre et Corneille devaient parler grec entre eux, et le discours de Pierre a dû être tenu en grec. Les frères de la circoncision venus avec Pierre entendirent les croyants des nations se mettre à parler dans l’une ou l’autre langue et magnifier Dieu dans ces langues. Cela a rendu manifeste que Dieu « ne fait aucune différence entre nous (les croyants issus des Juifs) et eux (les croyants issus des nations) » (15:9). Toutes les barrières étaient ôtées.

Corneille et ses amis reçurent le don du Saint Esprit directement d’en haut sans intermédiaire humain, sans imposition des mains de l’apôtre, sans circoncision préalable. Voilà, depuis, la manière normale. Depuis ce temps-là, le corps de Christ a pris sa forme propre voulue de Dieu : il est composé de croyants des Juifs et de croyants des nations. Ce corps existe encore aujourd’hui sur la terre. Dieu en soit loué !

D’un autre côté, le corps de chaque croyant individuellement est aussi le temple du Saint Esprit, et l’apôtre Paul ajoute « qui est en vous, et que vous avez de Dieu » (1 Cor. 6:19). Qui pourrait mesurer la grandeur du don de l’Esprit, qui peut en être assez reconnaissant ?

 

1.5.6.5              Le baptême postérieur au sceau du Saint Esprit — Actes 10:47-48a

« Alors Pierre répondit : Quelqu’un pourrait-il refuser l’eau, afin que ceux-ci ne soient pas baptisés, eux qui ont reçu l’Esprit Saint comme nous-mêmes ? Et il commanda qu’ils fussent baptisés au nom du Seigneur » (10:47, 48).

Le baptême d’eau, le baptême chrétien vint à la suite. Il suivit le sceau du Saint Esprit. C’est l’inverse de ce qui s’était passé au commencement (à la Pentecôte), dans le cas des croyants Juifs. Ils ont dû d’abord être baptisés avant de pouvoir recevoir le don du Saint Esprit (2:38). Pourquoi cette différence ? Parce que les croyants Juifs, sans être baptisés pour le nom de Jésus Christ, restaient liés au peuple rebelle des Juifs, c’est-à-dire le peuple qui avait crucifié le Seigneur de gloire. Par le baptême, ils se mettaient ouvertement du côté du Crucifié, et ils se « sauvaient de cette génération perverse » (2:40). Dieu attendait qu’ils se soumettent au baptême, qu’ils rompent leurs liens avec ce peuple sur lequel Son jugement était suspendu. Ce n’est qu’alors qu’ils reçurent le don de l’Esprit.

Aujourd’hui pour les croyants des nations, il existe un ordre différent, et celui-ci nous est présenté dans Corneille et ses amis. Dieu leur a fait annoncer l’évangile de leur salut ; ils l’ont reçu, et là-dessus ils ont été scellés du Saint Esprit. Ils sont ainsi devenus membres du corps de Christ (1 Cor. 12:13, 14), et toutes les bénédictions spirituelles ont été leur part, dans le Christ Jésus, — avant d’être baptisés. Le baptême n’a pas fait partie de l’annonce de l’évangile de la grâce. Il ne confère pas la vie, ni n’est un sacrement, ni un moyen de grâce.

Cependant, pour les croyants des nations, ce pas était quand même nécessaire. Par le baptême d’eau, ils devaient entrer publiquement du côté de Celui qui a été rejeté ; ce n’est que de cette manière qu’ils pouvaient prendre leur place comme disciples du Seigneur sur la terre, et qu’ils pouvaient faire connaitre publiquement qu’ils étaient ensevelis avec Christ (Col. 2:12).

Il en est ainsi jusqu’à aujourd’hui. En ce qui concerne la position extérieure dans le monde, on n’est pas sur le terrain chrétien tant que l’on n’a pas été baptisé. Tous mes lecteurs devraient réfléchir à cela avant toute chose, surtout ceux qui ont déjà cru au Seigneur Jésus, mais qui n’ont pas encore fait ce pas. « Qu’est-ce qui m’empêche d’être baptisé ? » (8:36), c’est ainsi qu’ils peuvent s’exprimer. Voilà le désir d’une bonne conscience devant Dieu (1 Pierre 3:21).

Quand il est dit ensuite dans notre texte : « Alors Pierre répondit… » (10:47), cela veut sans aucun doute dire qu’en face de la situation présente Pierre a donné une réponse avec un sens plus vaste, — c’est une locution ou manière de s’exprimer souvent utilisée.

J’ai souvent fait observer que le baptême est un privilège ; cela est souligné par les paroles : « Quelqu’un pourrait-il refuser l’eau, afin que ceux-ci ne soient pas baptisés ? ». Ils avaient reçu le Saint Esprit comme les croyants Juifs au commencement. Qui, dès lors, pouvait les priver du privilège du baptême chrétien ? Dieu les avait reçus, et avait imprimé Son sceau sur eux. Pouvait-on oser ne pas les recevoir dans le domaine chrétien ? C’est pourquoi c’était tout à fait la pensée de Dieu que ces croyants des nations soient maintenant reçus formellement parmi les chrétiens, — par le moyen du baptême au nom du Seigneur.

Pierre a compris cela, et c’est ainsi que Luc poursuit son récit et dit : « Et il commanda qu’ils fussent baptisés au nom du Seigneur » (10:48a).

Cette phrase fait ressortir encore clairement deux choses dans ce qui a été dit. D’un côté : il y a un commandement de baptiser. Le commandement ici, est expressément pour celui qui baptise, et non pas pour celui qui est baptisé (comparer aussi Matt. 28:19). Il me semble que bien des fois nous perdons de vue ce côté des choses. C’est la responsabilité de ceux que Dieu a utilisés pour la conversion des gens, de se soucier qu’ils soient aussi admis au baptême.

À cette occasion, il est toujours sage de conseiller aux nouveaux convertis de beaucoup lire les Actes des Apôtres et l’épître aux Romains. Ces livres présentent les vérités fondamentales du Nouveau Testament qui sont si importantes justement pour les jeunes croyants.

La deuxième chose qui ressort de ce verset 10:48a, c’est que Pierre n’a pas baptisé lui-même, il a fait baptiser par quelqu’un d’autre. Il ne réside aucune force mystérieuse dans l’acte du baptême, au point qu’il ne pourrait être exercé que par certains hommes particuliers, même des hommes comme Pierre. Non, le baptême ne fait pas partie du service proprement dit de l’évangile. C’est la raison pour laquelle Christ n’a pas envoyé l’apôtre Paul baptiser ; et c’est pourquoi il pouvait dire : « Je rends grâces à Dieu de ce que je n’ai baptisé aucun de vous … » (1 Cor. 1:14-17).

Pour résumer : je voudrais faire remarquer que, dans le récit que nous avons sur Corneille et son histoire, il y a quatre points qui ressortent, — quatre bénédictions qui, sous cette forme et dans cet ordre, sont vraies et typiques pour tous les enfants de Dieu du temps de la grâce :

1.     La conversion de l’homme par la grâce de Dieu. Corneille était déjà converti avant les événements rapportés en Actes 10.

2.     L’annonce et la réception par la foi de la vérité que le pardon (ou : la rémission) des péchés est lié à la foi au Seigneur Jésus.

3.     Le sceau (ou : scellement) du croyant par le don du Saint Esprit.

4.     La réception formelle dans le domaine extérieur chrétien par le baptême d’eau.

 

1.5.6.6              Pierre, hôte de Corneille — Actes 10:48b

« Alors ils le prièrent de demeurer là quelques jours » (10:48b).

Quelle belle note finale pour ce chapitre ! La confiance était née entre ces gens d’origines diverses, et qui ne se connaissaient pas auparavant. Dieu lui-même les avait conduits l’un vers l’autre et unis en Christ.

Combien les croyants des nations ont dû brûler en apprenant encore davantage de Christ et de sa vérité par le moyen de cet instrument béni de Dieu ! Nous pouvons admettre que Pierre a volontiers donné une suite favorable à leur souhait de rester quelques jours auprès d’eux.

Il est vrai que c’était pour lui quelque chose d’était rendu « impur », mais encore il était resté là, et il avait habité dans la maison de Corneille et mangé leur repas, qui n’étaient rien que de l’impureté aux yeux des autres Juifs. Mais Pierre ne s’inquiétait plus de tout cela. Il avait appris la leçon de Dieu.

Il n’en était pas ainsi des frères de la circoncision. Peu après ces événements, ils saisirent l’occasion de ce comportement pour disputer avec lui et lui reprocher d’être entré chez des incirconcis et d’avoir mangé avec eux (11:2, 3).

Pourtant quelle journée excellente cela a été pour toute l’église de Dieu quand Pierre s’est défait, pour sa part, des préjugés juifs et des barrières juives, et a ouvert aux nations la porte de la foi ! Et quelle communion précieuse a été sa part et sa joie avec ses amis des nations dans la maison de Corneille ! Certes cela n’a duré que « quelques jours », cependant ceux-ci ont été inoubliables tant pour son hôte qui le recevait que pour lui. Ils se retrouveront dans l’éternité.

 

1.6      Note finale

Nous venons d’avoir devant nous trois chapitres (8 à 10) importants et lourds de contenu. Ils sont liés ensemble par un même fil de pensée, resté masqué jusqu’ici, et que j’aimerais faire ressortir en achevant cette section.

Au temps de Noé, Dieu envoya le déluge et Son jugement sur le monde impie de l’époque. Ceux qui échappèrent au moyen de l’arche furent le patriarche et ses trois fils avec leurs femmes : Sem, Cham et Japheth. Ces trois ont été à l’origine de trois grandes familles de l’humanité, à partir desquelles toute la terre a été peuplée (Gen. 9:19). Cette descendance des fils de Noé est présentée en détail dans le ch. 10 de la Genèse.

Or il est très précieux de voir que quand l’évangile a été annoncé au commencement de l’ère chrétienne, Dieu a manifesté l’élévation de Son caractère en ce qu’Il a amené au salut des individus provenant de chacune de ces trois familles. Le chapitre 8 nous montre la conversion de l’Éthiopien qui appartient à la famille de Cham. Au chapitre 9 nous trouvons la conversion de Saul de Tarse, représentant de Sem. Et au ch. 10 nous avons finalement la conversion du centurion romain Corneille. Il est issu de la famille de Japheth.

Déjà au tout commencement de l’Évangile, Dieu a tiré un représentant de chaque famille, et lui a accordé Son salut.

Y a-t-il quelque chose de plus clair pour montrer combien la grâce de Dieu est universelle et illimitée ? Cette manière d’agir de Dieu requiert notre plus grand respect, et même notre adoration.